L’art peut-il « changer la vie » ? Retour sur le Musée Précaire Albinet DOSSIER

L’art peut-il « changer la vie » ? Retour sur le Musée Précaire Albinet DOSSIER DOCUMENTAIRE Un cycle de dix rencontres-débats proposé par le Master Projets Culturels dans l'Espace Public Université Paris I Panthéon-Sorbonne. En partenariat avec HorsLesMurs Ouvert aux artistes, urbanistes, acteurs culturels, étudiants, chercheurs, artivistes, architectes, élus, et à tous les membres du genre urbain que ces questions stimulent... Chaque vendredi soir, du 26 janvier au 30 mars 2007 à la Sorbonne, amphi Bachelard, de 19h à 21h. Entrée libre sur réservation. Inscription et programme détaillé > www.art-espace-public.c.la Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, dans le cadre du Temps des Arts de la Rue L’art peut-il « changer la vie » ? Retour sur le Musée Précaire Albinet. Dossier documentaire Rencontre-débat art espace public - 2 mars 2007 – Paris - La Sorbonne 2 L’art peut-il « changer la vie » ? Retour sur le Musée Précaire Albinet Au printemps 2004, dix chefs d’œuvre du Musée National d’Art Moderne (signés Dali, Duchamp, Mondrian, Warhol...) quittent le centre Georges Pompidou pour rejoindre des baraquements Algeco dans un quartier populaire d’Aubervilliers. Pendant deux mois, l’artiste Thomas Hirschhorn a inventé le « Musée Précaire Albinet », un lieu d’échanges et de rencontres où « l’art peut, l’art doit, l’art veut… changer la vie » selon ses propres mots. Trois ans plus tard, nous sommes retournés voir les habitants du quartier et les acteurs de ce projet manifeste, pour tenter d’en comprendre les enjeux et les réalités, et de saisir ce que fut ce « lieu utopique » de rencontre entre art et société. Avec Thomas Hirschhorn, artiste plasticien, Yvane Chapuis, co-directrice des Laboratoires d’Aubervilliers, Nour Eddine Skiker, travailleur social dans le quartier du Landy, Coraly Suard, réalisatrice du film Jours tranquilles au Musée Précaire Albinet, et des habitants ayant participé au projet. Vendredi 2 Mars 2007, de 19h à 21h, à la Sorbonne. Cette rencontre-débat est organisée par Marion Blet, Antoine Cochain, Dalila Habbas, et Sébastien Radouan, étudiant(e)s au sein du Master Projets Culturels dans l’Espace Public de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, avec la collaboration de Mickael Gaudin Lech, étudiant en Master Cinéma à Paris I. Cette rencontre-débat est présentée dans le cadre du cycle de rencontres-débats art espace public, proposé par le Master 2 Projets Culturels dans l'Espace Public de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, sous la houlette de Pascal Le Brun-Cordier, professeur associé, directeur du Master. En partenariat avec HorsLesMurs, centre national de ressources des arts de la rue et des arts du cirque. Avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication, dans le cadre du Temps des Arts de la Rue. Programme complet du cycle > www.art-espace-public.c.la Le Master Projets Culturels dans l'Espace Public > www.univ-paris1.fr/article3583.html Le Journal de bord du Master > http://masterpcep.over-blog.com Site de HorsLesMurs > www.horslesmurs.asso.fr Site du Temps des Arts de la Rue > http://tempsrue.org Partenaires médias : paris-art.com — Stradda, magazine de la création hors les murs L’art peut-il « changer la vie » ? Retour sur le Musée Précaire Albinet. Dossier documentaire Rencontre-débat art espace public - 2 mars 2007 – Paris - La Sorbonne 3 Présentation des invités Artiste suisse, Thomas Hirschhorn est né à Berne en 1957, mais vit et travaille à Aubervilliers dans le quartier du Landy, où s’est réalisé le Musée Précaire Albinet. Son engagement milite en faveur de plus de justice et d'égalité. Il se refuse à l'astreinte exclusive des lieux culturels et tient à confronter son travail dans les musées, galeries commerciales, mais aussi dans la rue. Pour ce faire, il développe depuis une quinzaine d'années des projets dans l’espace public. Ses œuvres plastiques, sculpture ou construction, possèdent une esthétique pauvre et marginale, à partir de matériaux simples comme le carton, la bande adhésive ou le papier aluminium. Elles sont souvent conçues pour être montrées dans la rue. Thomas Hirschhorn veut être en accord avec l’espace public. Il estime cela difficile, mais nécessaire : « en tant qu’artiste avec un projet dans l’espace public je dois donc forcément être d’accord avec la réalité ». Il affirme: « Le Musée Précaire Albinet veut être un manifeste concret sur le rôle de l’artiste dans la vie publique ». Commissaire d'exposition et critique d'art, Yvane Chapuis s'intéresse plus particulièrement aux formes performatives de l'art contemporain. Elle a été co- commissaire de la Biennale d'art contemporain de Lyon en 2001 et a dirigé le numéro spécial d'Art Press consacré à la danse en 2002. Elle a également été rédactrice en chef adjointe de la revue Mouvement. Depuis 2001, elle co-dirige les Laboratoires d'Aubervilliers, lieu de production et de recherches artistiques pluridisciplinaires. Dans ce cadre, elle a développé un programme d'intervention artistique dans l'espace public dont l'objectif est d'expérimenter la capacité de l'art à exister hors des espaces qui lui sont dévolus. Elle a été commissaire du Musée Précaire Albinet de Thomas Hirschhorn et a piloté la réalisation de l'ouvrage consacré au projet. Auteur et réalisatrice, Coraly Suard est à l’initiative en 1999 avec Jean Brolly, collectionneur et galeriste, de la création de l’association ARTFILMS. Son objet est de proposer une rencontre entre le citoyen et l’art contemporain via le support audiovisuel à travers l’élaboration d’une collection de films représentatifs de la création de notre époque. ARTFILMS compte à son catalogue une trentaine de films documentaires, de 5 à 52 minutes, dont Rencontre avec l’art contemporain : Thomas Hirschhorn en 1999, Deleuze Monument en 2000, et Jours tranquilles au Musée Précaire Albinet en 2004. Coraly Suard a collaboré avec de nombreux artistes et institutions dans le monde. Travailleur social dans le quartier du Landy depuis 1995, Nour Eddine Skiker dirige la maison des jeunes Rosa Luxemburg de l’Office municipal de la jeunesse d’Aubervilliers (OMJA). Il connaît pratiquement tous les jeunes qui ont été impliqués dans le projet Musée Précaire Albinet. Il a cru à ce projet dés le départ. Il dit qu’à titre personnel, il a beaucoup appris sur l’art grâce à ce projet et est convaincu qu’on peut apprendre à tout moment grâce aux autres. L’art peut-il « changer la vie » ? Retour sur le Musée Précaire Albinet. Dossier documentaire Rencontre-débat art espace public - 2 mars 2007 – Paris - La Sorbonne 4 Cadrage Le Musée Précaire Albinet est un projet de l'artiste Thomas Hirschhorn réalisé au printemps 2004 à l'invitation des Laboratoires d'Aubervilliers. Le projet proposait d'exposer des œuvres clés de l'histoire de l'art du XXe siècle au pied de la Cité Albinet dans le quartier du Landy à Aubervilliers, un quartier pauvre situé à quelques minutes de Paris. Pendant huit semaines, ont été présentés des travaux de « huit artistes dont l'utopie était de changer le monde » : Malevitch, Dali, Le Corbusier, Mondrian, Léger, Duchamp, Beuys, Warhol. Les oeuvres exposées étaient des oeuvres originales appartenant aux collections du centre Pompidou, du Musée National d'Art Moderne et du Fonds National d'Art Contemporain. Le choix des artistes n’était pas arbitraire : ils tiennent une place importante dans la vie de Thomas Hirschhorn, qui affirme en les exposant hors du centre Pompidou le processus de changement que peut engager l’art. Le musée était construit à partir de deux bâtiments Algeco accolés, avec des matériaux précaires : scotch, palettes, bois, bâches. Il comprenait une salle d'exposition, une bibliothèque, un atelier et une buvette. Le musée vivait au gré des ateliers d’art plastique et d’écriture, des conférences, des sorties culturelles, des repas communs, du vernissage hebdomadaire. Pour les habitants, ce furent huit semaines « de rêve » 1, huit « petites semaines » 2 du printemps 2004 qui ont transformé la vie du quartier. L’effusion qu’il y avait autour du projet a rendu pour certains sa fin difficile à accepter. L’artiste était très présent sur le site, l’œuvre Musée Précaire Albinet se faisait au quotidien. Thomas Hirschhorn employait régulièrement des termes guerriers en parlant de son projet : « Je veux et je dois être un guerrier, je n’ai pas le choix. L’art combat avec intensité et dans l’urgence, il est destiné à être agressif, offensif » 3. C’est avec cette énergie qu’il rappelait son statut d’artiste et non pas de travailleur social : « Le musée précaire Albinet est un projet artistique, et donc il suit les règles de l’art et pas la logique de l’action sociale » 4. Le musée était voué à disparaître physiquement. Le mot « précaire » désignait ainsi l’aspect fluctuant, imprévisible et temporaire de l’œuvre. Toutefois, l’artiste expliquait que le projet artistique continuerait à vivre dans les esprits et dans toutes les manifestations le concernant : « Le projet artistique ne s’arrête jamais. Je ne sais pas où l’art peut s’arrêter. L’art est infini. L’art a une possibilité d’impact à très long terme » 5. Fin 2006, Thomas Hirschhorn a exposé à la biennale d’art contemporain de Séville une installation intitulée « RE – Musée Précaire Albinet ». Marqué par son œuvre, il a voulu comprendre ce que le Musée Précaire Albinet était pour lui. 1 Nathaniel Herzberg, « Quand l'art agite la cité », uploads/s3/ le-musee-precaire-albinet.pdf

  • 51
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager