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Margaux COUTURAS La musique en établissement gériatrique ESM Bourgogne Franche-

Margaux COUTURAS La musique en établissement gériatrique ESM Bourgogne Franche-Comté 2020-2021 Margaux COUTURAS La musique en établissement gériatrique Directeur de mémoire : Jean Tabouret ESM Bourgogne Franche-Comté 2020-2021 Je remercie l’Ehpad La Castelbourdinoise pour m’avoir permis d’effectuer ma première expérience professionnelle en tant que personnel soignant dans un établissement gériatrique, sans laquelle je n’aurai probablement pu découvrir mon intérêt pour le public âgé. Je remercie Madame Renaud, directrice de l’Ehpad La Castelbourdinoise, pour le temps qu’elle m’a consacré et tous les conseils qu’elle m’a apportés. Je remercie particulièrement l’Ehpad Saint-François de m’avoir fait confiance dans la construction de mon projet musical et m’avoir permis de l’entreprendre. Je remercie chaleureusement Eloïse Diguet, Marie-Noëlle Faudot et Béatrice Beaudoux pour toutes les réponses qu’elles ont pu m’apporter et leur aide durant l’élaboration de mon projet musical. Un grand merci à Jean Tabouret, toujours à l’écoute des étudiants, qui a permis l’écriture de ce mémoire. Je tiens à remercier tous les résidents de l’Ehpad Saint-François qui ont accepté avec plaisir de participer à mon projet. Pour finir, un immense merci à tous les résidents de l’Ehpad La Castelbourdinoise qui m’ont donné envie de travailler auprès des personnes âgées et avec qui j’ai passé des moments inoubliables. 5 Sommaire Introduction…………………………………………………………………………………….7 I) La musique et la personne âgée………………………………………………………9 La personne âgée : comprendre ses peurs, ses besoins………………………………….10 Cerveau, mémoire et musique…………………………………………………………….12 Le cerveau âgé……………………………………………………………………………...13 L’influence de la musique sur le cerveau………………………………………………...14 L’influence de la musique sur l’autisme, les maladies motrices et neurodégénératives………………………………………………………………………...15 L’influence de la musique sur les personnes ayant subi un Accident Vasculaire Cérébral…………………………………………………………………………….............17 La musique provoque parfois des émotions inattendues………………………………..18 Savoir être à l’écoute de la personne âgée………………………………………………..19 II) Le projet musical en établissement gériatrique…………………………….22 Envisager un projet………………………………………………………………………...22 Quelle(s) musique(s) pour les personnes âgées ?..............................................................23 Préparer un projet…………………………………………………………………………..25 Le déroulement du projet………………………………………………………………….26 Un support musical ?............................................................................................................27 Un instrument adapté aux personnes âgées………………………………………………29 III) Maladies neurodégénératives, démences, troubles de la mémoire...32 La personne démente………………………………………………………………………33 L’apprentissage de la musique est-il encore envisageable ?............................................34 La maladie d’Alzheimer et les démences………………………………………………...34 La maladie de Parkinson…………………………………………………………………..35 Conclusion……………………………………………………………………………………...38 Sources….……………………………………………………………………………………….40 Annexes……………………………………………………………………………………...41- 45 6 7 Introduction Jusqu’au XVIIème siècle, la musique joue un rôle important dans le domaine religieux. En effet, de très grands compositeurs tels que Bach, Mozart ou Haydn, dédient leurs œuvres à des messes ou des requiem. Ainsi, la musique orne les évènements religieux, mais aussi toutes les fêtes populaires. Ce n’est qu’après la création de l’opéra que le public écoute la musique de manière silencieuse, l’ouverture d’un opéra ayant pour but de faire taire le public. Le concert apparaît. La plupart des personnes qui sont aujourd’hui âgées, ont reçu une éducation musicale soit à l’église, soit à l’école. Elles sont particulièrement sensibles aux mélodies populaires, chantées autrefois dans le but d’exprimer les joies, les préoccupations, les douleurs ou encore les souffrances du peuple, notamment en période de guerre. Dans les années 1900, la télégraphie sans fil et le phonographe apparaissent. Il est alors possible de communiquer à distance grâce à l’alphabet morse, et d’enregistrer sa propre voix. Ce n’est que dans la seconde moitié du XXème siècle, que le microsillon, ou plus communément appelé le vinyle, est commercialisé, permettant d’écouter des enregistrements à domicile. Aujourd’hui, grâce aux casques, aux enceintes portatives ou encore aux téléphones portables, nous pouvons écouter la musique sans limite, où bon nous semble. Pourquoi ne serait-ce pas le cas en établissement gériatrique ? Lors de jobs étudiants durant l’été, j’ai eu l’occasion de travailler en tant qu’Agent de Service Hospitalier (ASH) au sein de l’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (Ehpad) La Castelbourdinoise, à Château-Bourdin (79). Cette expérience m’a particulièrement touchée et m’a permis d’avoir un premier contact avec les personnes âgées, et notamment d’aller au- delà des préjugés que nous pouvons avoir sur elles. Lors de cette expérience, j’ai constaté que les personnes âgées sont tout à fait aptes à pratiquer de nombreuses activités mentales et physiques, contrairement à ce que l’on pourrait penser, et en plus, en sont demandeuses. En outre, j’ai été confrontée au manque de temps du personnel soignant en Ehpad et au réel manque d’activités et de vie sociale des résidents. Pourtant, il s’agit d’un véritable besoin pour ne pas sombrer dans la dépression ou la régression corporelle, que de continuer à tisser des liens sociaux et à apprendre de nouvelles choses à tout âge. Depuis, je continue, chaque été, à travailler auprès de personnes âgées, qui, chaque jour, m’en apprennent davantage sur elles. Il m’a semblé tout à fait naturel de combiner ma passion pour la musique et la pédagogie, avec mon envie de travailler avec un public âgé, et notamment résidant en établissement gériatrique. Qui plus 8 est, « la musique s’apprend à tout âge » selon Yolande Moyne-Larpin1 et « à n’importe quel âge de la vie on a besoin de prendre plaisir, et la musique […] c’est du plaisir » selon Hélène Rakotondrabe2, responsable de la Vie Sociale à la Résidence Côte de Nacre en Normandie. 1 MOYNE-LARPIN Yolande : Musique au fil de l’âge, les techniques psychomusicales en gérontologie, Paris, Desclée de Brouwer, 1994 2 BARBATO Jean-Philippe : « Animation : un atelier musical en maison de retraite », 2016, https://www.youtube.com/watch?v=_3OYEP_yAnc 9 I) La musique et la personne âgée C’est durant la grossesse que les bébés perçoivent les premiers sons. Ils ressentent les pulsations cardiaques de leur mère, qui sont très régulières, comme un tempo, et entendent les voix de leur famille. Quelques mois plus tard, sans pourtant être capable de comprendre le langage parlé, un enfant est capable de reconnaître sa mère parmi d’autres grâce au timbre de sa voix. Il ressent également, grâce à l’intonation utilisée, les émotions vécues par son interlocuteur : la joie, la colère, etc. De la même façon, nous reconnaissons les émotions d’une personne ne parlant pas notre langue grâce à l’intonation qu’elle emploie. De surcroît, plus une personne est fragile émotionnellement, plus elle est sensible aux intonations. De nombreuses personnes âgées sont blessées ou émues par l’intonation de leur interlocuteur bien que ce dernier ne les ait ni insultées ni maltraitées. On constate que la musique d’un mot semble avoir encore plus d’importance que son sens. C’est pourquoi le travail d’un orthophoniste repose sur l’intonation et non sur le sens des mots. D’ailleurs, les personnes aphasiques ou ayant subi un AVC, récupèrent d’autant plus facilement leur capacité à parler avec cette méthode, plutôt qu’une autre. La musique est un des rares arts ne représentant pas le réel, au contraire de la peinture ou de la sculpture. Elle ne possède ni couleurs visuelles, ni formes géométriques et seul son déroulement temporel nous permet d’imaginer une histoire, un sens. On peut dire qu’elle possède son propre langage. Ainsi, chaque personne peut imaginer comme bon lui semble ce que la musique représente ou raconte, ce qui n’est pas le cas pour un mot, ayant un sens concret. La musique est partout, il est possible de fermer les paupières pour ne pas voir quelque chose, mais on ne peut pas échapper totalement à un son ou aux ondes sonores. Apprendre à comprendre les sons, la musique, permet de pouvoir se les approprier et les utiliser à bon escient. La musique peut notamment réveiller des souvenirs oubliés par les personnes âgées. Cet apprentissage ne devrait pas faire peur aux adultes ou aux seniors car ils sont davantage capables de faire preuve de patience et de persévérance. Ils progressent donc plus vite qu’un enfant, tandis que ce dernier a une meilleure capacité à retenir de nouvelles informations. Au travers de ce mémoire, nous tenterons de répondre à plusieurs problématiques concernant l’apprentissage de la musique chez les personnes âgées. Comment mettre en place un projet musical au sein d’un établissement gériatrique dans le but que les résidents apprennent à jouer d’un instrument ? Qu’en est-il des personnes atteintes de maladies neurodégénératives, peut-on procéder de la même manière ? 10 La personne âgée : comprendre ses peurs, ses besoins La vie d’une personne se divise en plusieurs étapes. Il y a l’enfance, suivie de l’adolescence lorsque l’enfant commence à être autonome. Arrive ensuite l’âge adulte, l’adolescent est alors prêt pour devenir à son tour parent. La « vieillesse », quant à elle, est une période qui se sépare en plusieurs phases. Il y a d’abord l’âge de la retraite, qui, le plus souvent est en continuité avec l’âge adulte, et le « grand âge », symbolisé par la perte d’autonomie progressive. « L’âge de la fragilisation » représente la transition entre ces deux phases, qui peut être extrêmement rapide, comme durer de nombreuses années. Durant ce processus, la vie sociale de la personne âgée a une grande influence sur son degré d’autonomie. En effet, durant mes années lycée, j’ai résidé chez une dame de 86 ans. Odette était particulièrement active physiquement et socialement, ce qui semblait l’aider à garder toute son autonomie dans son quotidien. À la suite de mon départ, Odette est malheureusement tombée en dépression, ce qui l’a obligée à quitter son appartement et à entrer dans un foyer logement hors du centre-ville. uploads/s3/ memoire-margaux-couturas 1 .pdf