- Tristan MURAIL Treize couleurs, Winter fragments, Bois flotté - Ici, une autr
- Tristan MURAIL Treize couleurs, Winter fragments, Bois flotté - Ici, une autre sorte d'unité, plus immédiatement lisible, et tellement séductrice… Fut un temps où cette mention introductive eût entraîné le rejet, à tout le moins l'extrême méfiance des esprits exigeants. Mais nous naviguons sur d'autres eaux, et pouvons goûter – ou faire goûter – sans remords ces voyages aux liquides longueurs, sans crainte de nous faire attacher (oreilles bouchées par la cire d'Ulysse) au mât des embarcations qui vont sous le vent des Sirènes. L'alliance des vagues sonores de l'informatique et de l'instrumentarium à l'ancienne (cordes, clarinette, flûte, trombone, piano) s'accomplit avec raffinement mais aussi selon des perspectives d'ensemble qui rendent justice au propos musical d'un Tristan Murail en correspondances permanentes avec l'histoire picturale. Les images arrêtées que sont a priori des tableaux s'étendent ici dans un temps cher à l'école musicale des " spectraux ", et non seulement étiré mais parfois (Bois flotté) mis en miroir de matières plus brutales ou fractionnables. Ce qui rend plus accessible ce récit musical, c'est la référence à des peintures (Breughel, bien sûr, pour Winter, Monet pour Treize couleurs ; mais qui donc – abstraction française, du côté de Soulages – pour Bois flotté ?) qu'aime un assez large public. On est ici loin de la dramaturgie métaphysique et glaciale ou brûlante que choisit d'habitude Hugues Dufourt, chez Goya, Lucas de Leyde ou Pollock… Même si l'évocation de quelque Grand Bleu transcendé paraît exagérément ironique, cette écriture par vastes processus plastiques (les géologues parleraient de nappes de charriage…) a aussi pour fonction d'éveiller à un éloquent monde du silence et aux frénétiques déferlements qui le recouvrent. On est alors d'autant plus sensible à certains éclatements sonores inquiétants, à des craquements à la jonction de sections temporelles, comme pour un commentaire de René Char : " affres, détonation, silence "). L'ensemble est magnifiquement mené par Fabrice Pierre en une réussite qui consacre le rigoureux travail du groupe Les Temps Modernes, instrumentistes et enseignants qui oeuvrent parmi nous entre Rhône et Saône. (ACCORD / Una Corda / MFA LC 00280) uploads/s3/ murail-bois.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mai 12, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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