Roland Barthes - Mythologie. Résumé / Analyse : Le mythe aujourd’hui. Roland Ba
Roland Barthes - Mythologie. Résumé / Analyse : Le mythe aujourd’hui. Roland Barthes [ 1915 – 1980 ] est un acteur majeur de la discipline des sciences de l’information et de la communication. Sémiologue, il a eu un regard neuf et moderne sur notre appropriation des mythes contemporains que sont la publicité, la mode, la presse. De là, dans Mythologies, il décortique notre société et la décrypte. [ on retrouvera plus bas quelques billets sur ces décryptages ] Dans la seconde partie de son essai, il s’intéresse au mythe. Et à nous de s’y intéresser, car il est sous-jacent à notre monde d’aujourd’hui. Qu’est-ce qu’un mythe ? « Qu’est ce qu’un mythe aujourd’hui ? je donnerai tout de suite une première réponse simple : le mythe est une parole ». Le mythe est un système de communication, c’est un message. Ce n’est pas une idéologie, ou un concept. C’est un moyen de communication ; c’est une forme. Le mythe ne se définit pas par l’objet de son message , mais par la façon doit il le profère. Roland Barthes entreprend dans son essai de définir les structures formelles du mythe. Support sémiologique du mythe : écrit, verbal et non écrit, non verbal. En préalable, Roland Barthes définit ce qui peut faire l’objet d’un mythe. Tout peut être objet de mythe. Le mythe est un message. En ce sens, il peut être autre chose qu’oral. Il peut s’appuyer sur le discours écrit, la photographie le cinéma, le sport, les spectacles, la publicité « Dans la perception, l’image et l’écrit ne sollicitent pas le même type de conscience ». et dans l’image, le schéma ou la caricature sont déjà une représentation, des matières déjà travaillées. Ces images présupposent une conscience signifiante. On peut déjà raisonner sur elles, indépendamment de leur matière. L’image est ainsi écriture. L’essai de Roland Barthes s’attache ici à toute unité significative qu’elle soit verbale ou visuelle. Le mythe comme système sémiologique. La mythologie, comme étude d’une parole, est une partie de la sémiologie. Ce que Saussure a postulé, comme la « vaste science des signes ». La sémiologie est une science des formes ; elle étudie des significations indépendamment de leur contenu. ▪ Définition de la sémiologie. Signifiant vide, signe plein. Toute sémiologie postule un rapport entre 2 termes : le signifiant et le signifié. Un troisième terme est primordial, le signe, qui est la corrélation entre ces 2 termes, qui les unit. Exemple du bouquet de roses : Des roses sont le signifiant ; le signifié est la passion. Roses et passion existent séparément. C’est le signe du bouquet de roses qu’on offre, qui joint les deux, et définit ce message de la passion. « Sur le plan de l’analyse il ne faut pas confondre les roses comme signe ; le signifiant est vide , le signe est plein. Il est un sens. » De même, le signifiant « caillou noir » peut avoir plusieurs signifiés. C’est un signe qu’il devient, lorsque je le charge d’un signifié ( la condamnation à mort par exemple ). « Pour Saussure, la langue est le signifié. Le signifiant c’est l’image acoustique ( d’ordre psychique ). Le mot est le signe qui relie les deux. Système sémiologique second. Dans le mythe, on retrouve ces 3 termes : signifiant, signifié, signe. Il se base sur une chaîne sémiologique qui existe avant lui. « C’est un système sémiologique second ». Le mythe, système sémiologique second Les signes ( langue proprement dite, photographie, peinture, affiche, rite, objet ), se ramènent à une pure fonction signifiante. Ils sont la matière qui servira au mythe, par un signifié qu’on lui associera ». Dans le premier système sémiologique, on y trouve le système linguistique, la langue. Que Roland Barthes définit par « langage-objet ». Car le mythe se saisit de ce langage-objet pour construire son propre système. Dans le second, le mythe est un méta-langage. Le mythe est en effet une langue, qui s’appuie sur des signes du premier. ( langue ou images ). Deux exemples de parole mythique. ▪ L’écolier devant la grammaire latine. Soit la phrase « quia ego nominor leo« , que lit l’écolier dans un lycée français. Il y a ambiguité dans la proposition : les mots veulent simplement dire « car moi je m’appelle lion ». Seulement, la phrase est là pour signifier autre chose : je suis un exemple de grammaire destiné à illustrer la règle d’accord de l’attribut » La phrase ne signifie d’ailleurs aucun sens pour l’écolier : elle n’est pas là pour me parler du lion et de son nom. Sa vrai signification c’est d’être présence d’un accord de l’attribut. La phrase « moi je m’appelle lion », a plusieurs signifiés. Ici elle a pour signifié l’exemple de grammaire. C’est la corrélation du signifiant et du signifié qui donne la signification globale. ▪ Le soldat noir de Paris Match. Chez le coiffeur, je vois en première page de Paris Match la photographie d’un soldat noir vêtu d’un uniforme français faisant le salut militaire sous le drapeau français. La photographie a un sens, celui du soldat qui fait le salut. Ce qu’elle signifie, en second lieu, c’est que la France est un grand Empire, que chacun de ses fils sert, sans distinction de couleur. « Je me trouve donc devant un système sémiologique majoré : il y a un signifiant formé lui même déjà d’un système préalable ( un soldat noir fait le salut militaire ) ; il y a un signifié ( c’est ici un mélange de francité et de militarité ). Il y a enfin une présence du signifié au signifiant. » Roland Barthes formalise ici la terminologie des mots signifiants/ signifié/signe dans chacun des deux systèmes sémiologiques. Puisque ces mots ont une portée différente selon leur niveau de lecture ( comme illustré sur le schéma plus haut ) : le signe du premier système sémiologique , qui devient signifiant du mythe est appelé forme. le signifié du mythe est appelé concept. Le signe final est appelé signification du mythe : La forme. La forme, vide et pleine Le signifiant du mythe, la forme, est ambivalent. il est à la fois : ▪ sens : plein d’un côté. Issu du premier système sémiologique, étant un signe, le signifiant a déjà une réalité « sensorielle » : il existe par lui même. A la différence du signifiant ( du premier système ), linguistique : celui ci n’est que juxtaposition de caractères alphabétiques arbitraires , ou sons d’une phrase. Ici, le signifiant a un sens déjà complet : il a une histoire, un passé, une mémoire. ▪ forme : vide de l’autre côté. En devenant signifiant du second système, le sens se vide, il s’appauvrit. Illustration par l’Exemple : Dans l’exemple de la phrase « qui a ego nominor leo », au départ la proposition est une richesse, une histoire : je suis un animal, un lion, je suis dans tel pays, je reviens chasser. Et puis forme du mythe, la proposition devient abstraite. On éradique l’histoire du lion, pour la réserver à un exemple de grammaire. Axiome : la forme ne réduit pas le sens. Elle ne fait que l’appauvrir, l’éloigner. Elle le tient à disposition. Le sens sera pour la forme comme une réserve instantanée d’histoire dont le mythe se nourrit. Définition du mythe : c’est ce jeu incessant de cache-cache entre le sens et la forme qui définit le mythe. Attention : la forme du mythe n’est pas un symbole : le nègre qui salue n’est pas le symbole de l’Empire Français, il a trop de présence pour cela. L’image est trop riche, trop « vécue » et a bien une signification dans son premier signe. On n’a pas édulcoré la photographie en lui retirant les détails propres à cet individu ( sa montre, etc..) . On dira plutôt que l’image est empruntée. Le concept. Le concept est le signifié du mythe. Il est déterminé, intentionnel : « il est le mobile qui fait proférer le mythe ». Contrairement au signifiant qu’est la forme, le concept n’est nullement abstrait : il est plein d’une situation. Illustration par l’exemple : Dans l’image du noir qui salue, comme forme, le sens en est appauvri. Comme concept de l’impérialité française, le sens est riche, lié à la totalité du monde : à l’histoire de la France, ses aventures coloniales, ses difficultés. Attention : le savoir contenu dans le concept est un savoir confus, formé d’associations molles, informes, instables, nébuleux. Et nullement abstraite ou purifié. Le concept est un signifié, et peut avoir plusieurs signifiants. L’exemple de l’accord sur l’attribut latin peut avoir des milliers de phrases différentes pour l’illustrer. Le concept lui est quantitativement pauvre, face à la diversité des signifiants. Peu de concepts véhiculés, sur multitude de signifiants. « Cette répétition du concept à travers des formes différentes permet de déchiffrer le mythe. « C’est l’insistance dans une conduite qui livre son intention ». Historicité du mythe. Les concepts mythiques se font, et se défont dans le temps. uploads/s3/ mythologies-roland-barthes.pdf
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- Publié le Nov 18, 2022
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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