M e s sage s qu i s se de Pi e r r e B ou l e z Collection « L’Académie en poch

M e s sage s qu i s se de Pi e r r e B ou l e z Collection « L’Académie en poche » Xavier Luffin, Religion et littérature arabe contemporaine (2012) François De Smet, Vers une laïcité dynamique. Réflexion sur la nature de la pensée religieuse (2012) Richard Miller, Liberté et libéralisme ? Introduction philoso- phique à l’humanisme libéral (2012) Véronique Dehant, Habiter sur Mars ? (2012) Jean Mawhin, Les histoires belges d’Henri Poincaré (2012) Baudouin Decharneux, La religion existe-t-elle ? (2012) Jacques Siroul, La musique du son, ce précieux présent. De Pythagore aux technologies numériques (2012) Collection « Mémoires » Musique et sciences de l’esprit. Actes de colloque (2012) L’idéologie du progrès dans la tourmente du postmodernisme. Actes de colloque (2012) www.academie-editions.be Jean-Marie Rens Messagesquisse de Pierre Boulez Lorsque matériau, temps et formes s’harmonisent préface de pierre bartholomée Publié en collaboration avec Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 1000 Bruxelles, Belgique www.academie-editions.be www.academieroyale.be Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Véronique Dehant Volume 9 ISBN 978-2-8031-0323-2 Dépôt légal : 2012/0092/16 © 2012, Académie royale de Belgique Crédits Photo de couverture : Paul Klee, Rhythmisches, 1930. Paris, Musée national d’Art moderne – Centre Pompidou. Inv. AM 1984-356 (détail). ©Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN–Grand Palais/ Bertrand Prévost. Conception et réalisation : Grégory Van Aelbrouck, Académie royale de Belgique Impression : IPM Printing SA, Ganshoren Vous pouvez écouter les extraits sonores mentionnés dans l’ouvrage en vous rendant sur la page suivante : http://bit.ly/127Z25R Préface À l’école d’un chef-d’œuvre « Je plains les poètes que guide le seul instinct ; je les crois incomplets … Il est impossible qu’un poète ne contienne pas un critique » 1. Pierre Boulez est membre associé de la Classe des Arts de l’Académie royale de Belgique depuis le 4 mai 1995. Compositeur phare de son temps – le nôtre –, interprète hors pair, il a contribué de manière décisive au renouvellement des outils permettant de « penser » la musique et, peut-être, à travers elle, le monde. Dès avant les années 1950, il a eu de nombreux contacts en Belgique. Ses rencontres et échanges avec Pierre Froidebise, Henri Pousseur, Célestin Deliège, Marthe Pendville puis André Souris, Marcelle Mercenier et, quelques années plus tard, Hervé Thys, Robert Wangermée et Georges Caraël ont posé les jalons d’un renouvellement de la création et de la pratique musicales dans notre pays. Dès avant leur publication, ses premières œuvres ont été jouées à Bruxelles tandis qu’il mettait celles d’Henri Pousseur au programme des concerts du 1 Charles Baudelaire, cité par Pierre Boulez in P. Boulez, Penser la musique aujourd’hui, Paris, Gallimard, 1963 (rééd. 1987). 8 Messagesquisse de pierre boulez Domaine Musical, à Paris, où il engageait Marcelle Mercenier, pianiste, et André Souris, chef d’orchestre. C’est une mezzo soprano belge, Jeanne Deroubaix, qui, en 1964, a, sous la direction de Boulez, enre- gistré une de ses œuvres emblématiques, Le Marteau sans Maître, qu’une autre mezzo belge, Lucienne Van Deyck, allait bientôt reprendre à Bruxelles, à Liège, Londres, Cologne et Belgrade, avec l’ensemble Musiques Nouvelles, lequel poursuivrait sans tarder son aventure boulezienne en donnant, à Bruxelles, la première belge d’Éclat. Les années 60, c’était aussi la naissance à Bruxelles d’une biennale internationale, Reconnaissance des musiques modernes, dont, à chaque session, Pierre Boulez dirigeait les mémorables concerts inaugural et de clôture. La radio était généreusement partie prenante de tous ces événements qui bouleversaient la vie musicale belge. Un vent de modernité soufflait, alors, sur nos contrées. Bruxelles accueillait non seulement Boulez mais Messiaen, Stockhausen, Berio, de Pablo (qui, eux aussi, seraient bientôt associés à la Classe des Arts de notre Académie royale), Cage, Kagel, Amy, Eloy. Le public découvrait leurs œuvres les plus récentes et celles de Ligeti puis, bientôt, celles de Schnittke, Denisov, Boesmans et bien d’autres. Michaël Gielen était à la tête de l’Orchestre national. Avant de les publier, Célestin Deliège avait réalisé des séries d’entretiens radio avec Pierre Boulez pour 9 Préface ce qui s’appelait alors le Troisième programme. Il suivait attentivement l’évolution d’une œuvre dont il mesurait l’importance fondatrice et à laquelle il allait bientôt consacrer de grands textes qui font aujourd’hui référence. Compagnon des premières heures, Henri Pousseur, membre, lui aussi, de notre Classe des Arts, entrete- nait, pour sa part, une correspondance suivie avec Pierre Boulez qui avait dirigé plusieurs de ses œuvres en Belgique, en France et aux États-Unis. Mais la roue tourne et, au fil des ans et d’une car- rière extrêmement absorbante, Pierre Boulez s’est fait de plus en plus rare en Belgique où un projet avait mûri de longue date, celui d’organiser une cérémonie officielle pour sa réception à l’Académie royale de Bel- gique. Ce projet devait, enfin, se concrétiser en lien avec le Colloque international Messiaen, la force d’un message de mai 2012 auquel Boulez avait accepté de prendre la parole. La séance officielle de réception offrait l’excellente occasion de programmer un peu de musique. De la musique de Boulez ! Une jeune virtuose belge, Marie Hallynck, violoncelliste, y jouerait Messagesquisse pour violoncelle solo et six violoncelles avec un groupe de collègues du Conservatoire royal de Bruxelles. Messagesquisse, une œuvre passionnante et très significative composée en 1976 sur le nom du chef d’orchestre et grand mécène suisse Paul Sacher. Une œuvre aux codes et résonances multiples sur laquelle 10 Messagesquisse de pierre boulez un compositeur belge, Jean-Marie Rens, a beaucoup travaillé, ce qui avait incité le Collège Belgique à lui demander d’y consacrer une grande conférence intro- ductive. Retenu aux États-Unis pour raisons de santé, Pierre Boulez a malheureusement dû renoncer à sa participa- tion au colloque Messiaen et la séance de réception a été annulée. Mais la conférence-analyse de Jean-Marie Rens a été maintenue. Illustrée par de nombreux exemples joués en direct, elle a suscité un tel intérêt que le projet de la publier s’est rapidement imposé. Le défi était de taille : ouvrir un auditoire essen- tiellement composé de mélomanes non instruits de théorie et de techniques d’écriture aux arcanes d’un texte musical complexe aux caractères esthétiques très particuliers. Jean-Marie Rens avait déjà donné d’excellentes preuves de ses capacités d’analyste et de communica- teur. Voilà bien des années que, parallèlement à ses travaux de composition, il travaille sur les techniques d’analyse qu’il enseigne au Conservatoire de Liège et auxquelles il a consacré un remarquable ouvrage péda- gogique. Il a également donné beaucoup de son temps et de son énergie à la création et au développement de la Société belge d’analyse musicale. Formé au Conservatoire royal de Bruxelles, notamment à l’école des œuvres telle que l’ensei- gnait son maître Jean-Claude Baertsoen, il a, ensuite, participé à plusieurs stages des Académies « Acanthes » 11 Préface où, après avoir assisté aux cours donnés par Olivier Messiaen et Toru Takemitsu, il a suivi ceux de Pierre Boulez. Ses travaux procèdent à la fois d’une connaissance approfondie des systèmes musicaux et d’une réflexion personnelle sur la modernité. Nous sommes heureux de présenter ici le texte de son analyse de Messagesquisse assorti de nombreux exemples graphiques et sonores, ces derniers acces- sibles via un lien internet. Il faut souligner l’indépendance et la rigueur de l’attitude analytique de Jean-Marie Rens qui, parce qu’il est compositeur et familier tant des incursions dans l’imaginaire que de la démarche, du geste poïé- tique, sait que l’analyse a des limites et que, comme Pierre Boulez l’a écrit dans Penser la musique au- jourd’hui : « il reste primordial (…) de sauvegarder le potentiel d’inconnu enclos dans un chef-d’œuvre. » Novembre 2012. Pierre Bartholomée, Président de l’Académie et Directeur de la Classe des Arts Introduction Lorsque le Collège Belgique m’invita à donner un cours ou plus précisément un concert-analyse consacré à Messagesquisse de Pierre Boulez, j’accueillis ce projet avec intérêt et enthousiasme. Parler d’une œuvre que j’aime particulièrement, dans le cadre du colloque consacré à Olivier Messiaen, ne pouvait que me réjouir. Si l’enthousiasme fut mon premier sentiment, au moment de me mettre au travail il a très vite laissé place à l’angoisse. En effet, comment parler d’une mu- sique complexe à des mélomanes sans passer par l’ar- senal des outils analytiques généralement utilisés avec des musiciens – outils qui supposent bien entendu une connaissance de la théorie musicale, mais aussi de la lecture de la musique ? Le challenge était lancé : arriver à faire entrer un auditeur non-musicien dans une pièce de la seconde moitié du XXe siècle. Le sentiment d’an- goisse, bien passager il est vrai, s’est transformé alors en une excitation extrêmement positive. Le texte proposé ici s’articulera en quatre moments bien distincts. 14 Messagesquisse de pierre boulez Le premier sera consacré à un petit portrait de Pierre Boulez. Nous dirons également quelques mots sur les raisons du titre de la conférence donnée le 3 mai 2012 au Collège Belgique et qui a été conservé dans le cadre de cette contribution. Le deuxième moment présentera le projet compo- sitionnel et donc la genèse de Messagesquisse, mais également les stratégies générales mises en œuvre : instruments, forme, … Une troisième partie, la plus conséquente, uploads/s3/ rens-pierre-boulez-pdf.pdf

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