Construction d'espace et régime de signification : genèse – apocalypse Publié e
Construction d'espace et régime de signification : genèse – apocalypse Publié en ligne le 27 février 2009 Notes de la rédaction : Communication du 21/01/09 Sommaire : 1 - Régime d’espace dans Gn 1 Vers le Jour 1 Le ciel pour séparer La terre dévoilée et investie Des ‘signes’ sur le ciel. Grouillements dans la mer… Retour au septénaire… En guise de bilan d’une lecture. 2 – Régime d’espace dans l’apocalypse. Parcours d’ensemble Pour conclure et pour continuer… Texte intégral : Il s’agit dans cet exposé de présenter un travail d’analyse ou de lecture d’un corpus particulier extrait de la Bible, d’y décrire les formes de construction de l’espace, et les opérations qui les caractérisent, en faisant l’hypothèse que ces formes et ces opérations présupposent et manifestent une sémiotique, une constitution particulière du sens, de son émergence et de sa limite1. Les notes présentées ici dans le cadre du projet de réflexion du séminaire sur l’espace ont un caractère encore exploratoire et sans doute inachevé. Je propose de comparer, ou de mettre en parcours, aux limites, aux bornes du corpus biblique la construction de l’espace, dans le 1er chapitre de la Genèse (1er récit de création) et dans le livre de l’Apocalypse de Jean, dernier livre du corpus. L’Apocalypse lui-même nous invite à cette mise en parcours puisqu’il mentionne, concernant l’espace, une « création nouvelle ». Gn. 1,1 : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre Ap. 21,1 : Puis je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Le premier ciel en effet et la première terre s’en sont allés, et de mer, il n’y en a plus. Mais l’Apocalypse ne se présente pas comme l’opposé ou l’inverse de la Genèse. Il n’y a pas antagonisme narratif, ou contradiction, entre deux programmes de « création » ; il y a une redistribution de la création première et de ses éléments (terre, ciel, mer) au nom même de la sémiotique singulière et de la forme d’espace, qui organisent la création en Genèse. On peut alors faire l’hypothèse que l’Apocalypse mène à son terme, ou bien manifeste (« apocalypse » = révélation), la sémiotique sous-jacente à la disposition de l’espace en Genèse. Pour entrer dans cette perspective, nous considérons le discours biblique comme un discours intransitif (en reprenant la définition qu’en donne J. Geninasca), ou plus précisément nous soulignons cette dimension dans notre analyse : ces textes ne se limitent pas à la production d’une « impression référentielle » ou la représentation d’un « monde du texte », ils manifestent les conditions, ou des conditions, de structuration et de manifestation du sens, et cela intervient pour nous dans la considération que nous portons aux éléments figuratifs de l’espace et aux formes qui les articulent dans le texte. L’exposé consistera surtout (et seulement) en quelques observations – encore partielles - sur les textes, plus développées sur Gn 1 (texte plus court) et plus diffuses dans un parcours de lecture du livre de l’Apocalypse2. Elles nous permettront de dégager le régime sémiotique qui nous semble soutenir ces constructions, une sémiotique « figurale » (ou du « signifiant ») qui est aussi une sémiotique du corps3 et de l’énonciation en deçà du signifié. La question qui se pose est celle d’un discours qui suppose une sémiotique ou une « rationalité » qui manifesterait les conditions d’émergence et de limite du « sens ». Deux textes corrélatifs. Gn 1 et Apocalypse manifestent abondamment l’espace et, en tant que récits de « création », ils élaborent cet espace, mais ils ne le font pas vraiment (ni seulement) pour fournir un cadre pour des acteurs ou un champ de présence pour des instances d’énonciation. Les grandeurs figuratives d’espace sont plutôt ici les pôles des relations et opérations sous-jacentes à leur disposition. Dans les deux textes, la structure spatiale est en cause, soit parce qu’elle s’élabore dans la 1ère création, avec des formes spécifiques, soit parce qu’elle semble se déconstruire dans l’Apocalypse pour la manifestation d’une forme sémiotique singulière. Dans les deux textes, l’organisation de l’espace est relative à un faire, une création, mais cette création n’est pas un programme finalisé par des valeurs à promouvoir ou à acquérir. L’activité créatrice est une pratique, ou un geste plus qu’un programme : on ne sait pas à quoi sert la création du ciel et de la terre, ni pourquoi elle a lieu, ni à quoi elle répond4. Dans les deux cas, la création de l’espace réfère à une énonciation, à un acte de parole, au point que – on y reviendra – les éléments de la création (et les grandeurs spatiales en particulier) peuvent être considérés comme des « grandeurs discursives », des « signifiants » mis en œuvre pour cette énonciation singulière. Dieu dit : « Lumière » et la lumière fut Je fais toutes choses nouvelles… Je suis Alpha et Omega Il semble bien alors que les deux textes installent la création dans l’ordre du langage et des conditions d’une énonciation5. Il reste à voir en quoi cela peut se manifester dans les jeux d’espace et dans une construction d’espace qui serait à observer comme une forme de discours. Genèse et Apocalypse entretiennent des rapports structurels et des rapports de forme. Ces deux textes sont aux deux extrémités du corpus biblique, ils en marquent les bornes, initiale et terminale. Faut-il alors envisager un grand parcours narratif qui couvrirait l’ensemble du corpus biblique ? Mais quelle pourrait en être la forme ? Transformation entre deux états ? Accomplissement ou achèvement d’un état initial dans un état terminal ? Manifestation (dévoilement) d’un état latent 6? Genèse et Apocalypse sont structurés par la même forme discursive : le septénaire. Gn 1 dispose la création en sept jours, Apocalypse développe une succession de septénaires : les sept lettres aux sept anges des sept églises (2,1-3,22) ; les sept sceaux qui ferment le livre et que l’Agneau ouvre successivement (6,1-8,1) ; les sept trompettes sonnées par les anges (8,6-11,19) et les sept coupes versées sur la terre (16,1-21). Il s’agit toujours de septénaires un peu particuliers qui ne développent pas simplement des listes continues, comme des énumérations, mais des formes structurées en 6 + 1. Le septième élément vient à part et les événements qui occupent l’espace entre 6 et 7 viennent rompre l’effet de la série en introduisant des isotopies différentes. Entre les deux livres, on peut observer une construction / déconstruction de l’espace. C’est la mesure de ces opérations dans et sur l’espace qui peut conduire aux hypothèses des sémiotiques sous-jacentes. 1 - Régime d’espace dans G N 1 Gn 1 propose la mise en espace du « ciel et de la terre » (« Au commencement, Dieu fit le ciel et la terre »). Le ciel et la terre ne sont pas à prendre d’emblée comme des grandeurs spatiales ou spatialisées ; il s’agit de la position, dans le discours, d’une figure relative à un acte initial (faire) qu’il faudra ensuite associer à l’acte initial (dire) qui déploie leur disposition. Ciel et terre sont là comme des grandeurs disponibles pour l’acte de discours qui les instaure comme des grandeurs figuratives spatiales relativement à la sémiotique (ou rationalité) que présuppose leur agencement. De « ciel et terre », totalité posée (d’emblée diversifiée ou partagée : ciel / terre), on va faire un espace construit, à partir des relations définies entre les éléments et des opérations constitutives appliquées sur les grandeurs sélectionnées. Ces relations déterminent des positionnements spatiaux élémentaires (dimension, direction, orientation) qui mettent en place les axes de la figurativité et vont poser des questions relatives aux centres de perspective et aux modes de présences qu’ils laissent apparaître. Ces relations déterminent des rapports sémiotiques en inscrivant les figures spatialisées dans des corrélations distribuées entre plan d’expression et plan du contenu telles que ces grandeurs sont susceptibles de « faire signe », ou de devenir l’occasion d’une semiosis. Ces relations s’installent dans l’ordre syntagmatique du discours, dans la forme du septénaire, et dans la transposition temporelle de l’espace. L’élaboration de l’espace ouvre la constitution de la temporalité. On verra comment la séparation (spatiale) lumière / ténèbre est recatégorisée dans les distinctions jour/ nuit, soir/matin qui ouvrent la possibilité singulière d’ « un jour ». Vers le Jour 1 La totalité posée (ciel-terre) est l’objet d’une première opération discursive qui laisse à part le « ciel » pour mettre en série : terre – abîme – eau, qui acquièrent des caractéristiques spatiales de positionnement : l’abîme est couvert par l’obscurité l’eau est couverte par l’esprit de Dieu sans qu’on sache si une axiologie prend en compte une opposition entre obscurité et esprit de Dieu. On retiendra que c’est le positionnement relatif qui fait entrer dans la spatialité. Quelques questions restent posées pour situer ces éléments : Abîme et Eau sont-ils des constituants ou des « parties » de la Terre (« la terre était informe et vide : l’obscurité couvrait l’abîme et l’esprit de Dieu planait sur les eaux »), ou des entités déjà installées au « moment uploads/s3/ construction-d-x27-espace-et-regime-de-signification.pdf
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