Des Chaumières 144e ANNÉE – HEBDOMADAIRE N° 3491 4 AOÛT 2021 ISSN : 0750-4039 I

Des Chaumières 144e ANNÉE – HEBDOMADAIRE N° 3491 4 AOÛT 2021 ISSN : 0750-4039 Il y a en Crète comme une flamme […], quelque chose de plus puissant que la vie et la mort Nikos Kazantzakis 2 Actualité Caruso, la voix du siècle Il fut acclamé de son vivant sur les scènes du monde entier. Depuis, la voix de l’illustre ténor n’a connu aucune rivale. ©BIANCHETTI / LEEMAGE par Marie Servain E n 1986, le chanteur italien Lucio Dalla lui rendait hom- mage avec une composi- tion originale, sobrement intitulée Caruso. Un succès repris des dizaines de fois dans le monde. Parmi les interprétations les plus mémorables, celles de ses dignes successeurs, Luciano Pavarotti, en 1989, et Andrea Bocelli, en 1994. Puis celle de Florent Pagny, qui s’est hissée à la deuxième place du Top 50 en France, début 1996. Chacun à sa façon a honoré l’ar- tiste italien Enrico (né Errico) Caruso, considéré de son vivant – et plus encore sans doute depuis sa mort – comme la plus belle voix de tous les temps. Cet organe sans équivalent, la future star, passionnée par le chant, l’a travaillé dès ses 10 ans. Avantagé par une bouche très large et des cordes vocales plus longues que la normale, Enrico s’inscrit dans le registre du « ténor drama- tique ». Avec le chef d’orchestre Vincenzo Lombardi, il apprend à positionner son larynx et à pous- ser sa voix dans les aigus sans la casser. Le jeune chanteur d’opéra atteindra ainsi des sommets, au sens propre comme au figuré… Né à Naples le 25 février 1873, c’est depuis les États-Unis qu’il se fait connaître dans le monde entier. Dès ses premiers enregistrements en 1902 et, avec l’arrivée du pho- nographe que tous les foyers s’ar- rachent, il est l’artiste masculin le plus écouté et le mieux payé du monde. Incontournable dans la sphère classique, Enrico Caruso l’est aussi avec des airs plus populaires, italiens et américains. Il estime néanmoins, dans son livre L ’Art de chanter, que « passé 50 ans, un grand artiste doit avoir la dignité de faire ses adieux à son public lorsqu’il est encore en pleine possession de ses possibilités ». Il tiendra parole un peu plus tôt et malgré lui… Malade, il s’éteint le 2 août 1921 à l’âge de 48 ans, sur ses terres napolitaines. • Cent ans après sa mort, le 2 août 1921, le ténor italien Enrico Caruso figure toujours comme l’une des plus grandes voix lyriques de tous les temps. SOMMAIRE HEBDOMADAIRE N° 3461 – 4 AOÛT 2021 NOTRE COUVERTURE : Le monastère des saints Michel et Gabriel en Crète (Grèce). Photo : iStock 2 Actualité par Marie Servain Caruso, la voix du siècle 4 Exposition par Sandrine Tournigand Juliette Roche sort (enfin) de l’ombre 8 L’almanach d’août par Sabine Hébert 10 Nouvelle par Cécile Debon L ’homme que j’ai aimé 18 Le monde religieux par Karine Touboul Giovanni Fornasini, le prêtre qui a dit non à la barbarie 20 Agenda médical par Sandrine Catalan-Massé Et si vous dépassiez vos peurs ? 22 Feuilleton par Gabrielle Adam Théâtre au village 28 Nos jeux de la semaine par Laurence Tournay 30 Femme d’exception par Astrid Delarue Élisa Deroche, une femme dans l’air… du temps 32 Toute une vie par Astrid Delarue Louis Vuitton, une histoire du luxe à la française 34 Feuilleton par Ginette Briant Suspicion 41 Cartes postales 43 Vos poésies 44 Série par Noëlle Yvrard 44 – Mon cœur à son passé renonce 50 La bonne cuisine par Caroline Alice Tartare, ceviche, carpaccio… Petits plats (presque) sans cuisson 54 Nos amis les animaux par Karine Touboul Le dauphin, un incroyable animal social 56 Allons au jardin par Noémie Vialard Géants ou nains, les bambous sont partout 59 Le musée en clair par Sandrine Tournigand 60 Le musée des Veillées Abonnements Pour les abonnements et les changements d’adresse, s’adresser à Les Veillées des Chaumières Abonnements, 59898 LILLE Cedex 9. Tél. 01-46-48-48-99 Par Internet: www.kiosquemag.com Une publication du groupe Reworld Media ÉDITEUR REWORLD MEDIA MAGAZINES (SAS) 40, avenue Aristide-Briand – 92220 Bagneux Directeur de la publication: Gautier Normand Actionnaire: Président Reworld Media France (RCS Nanterre 477 494 371) Tél. accueil : 01-41-33-50-00 RÉDACTION redaction.veillees@reworldmedia.com Directrice de la rédaction: Stéphanie Pic Rédactrice en chef: Annie Viaud Assistante de la rédaction: Patricia Molnar Cheffe de service fiction: Valérie Dufils Secrétaire générale de la rédaction: Anne Dumoulin Première secrétaire de rédaction: Annie Touzé Courrier des lecteurs: Ouarda Akdache oakdache@reworldmedia.com Première rédactrice graphiste: Soifia Hanami Rédactrice graphiste: Ouarda Akdache Iconographe: Christian Rousselet DIRECTION-ÉDITION Directeur exécutif: Germain Perinet Directrice adjointe aux activités presse: Charlotte Mignerey ABONNEMENT ET DIFFUSION Directrice marketing direct: Catherine Grimaud Cheffe de marché senior: Laurence Latil Directeur des ventes: Christophe Chantrel FABRICATION Directeur des opérations industrielles: Bruno Matillat Directrice de la fabrication: Isabel Delanoy Chefs de fabrication: Daniel Rougier, Agnès Châtelet Prépresse: Sylvain Boularand, responsable de service ; Christophe Guérin, responsable de service adjoint Impression: Rotochampagne, 11, rue des Frères-Garnier, 52000 Chaumont DÉPÔT LÉGAL: août 2021 PRIX AU NUMÉRO: 2,20 € N° ISSN: 0750-4039 N° CPPAP: 0218 K 80260 AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL Origine du papier Allemagne Taux de fibres recyclées 80% Certification PEFC Impact sur l’eau Ptot 0,006 kg/tonne Les manuscrits non insérés dans Les Veillées ne sont pas rendus à leurs auteurs. Dans nos textes de fiction, toute ressemblance avec des situations, des personnes ou des patronymes existant ou ayant existé serait purement fortuite. 4 Exposition Juliette Roche sort (enfin) de Portrait de l’artiste à Serrières (vers 1925). Huile sur carton. F ille de l’homme d’État Jules Roche et épouse du cubiste Albert Gleizes, Juliette Roche aurait pu profiter de son nom pour faire parler d’elle. Peintre et écri- vaine, elle préféra pourtant res- ter dans l’ombre, se jouant des normes et des conventions. C’est à cette femme iconoclaste, farou- chement indépendante et féministe que le musée des Beaux-Arts de Besançon consacre une rétrospec- tive. La première en France. Les raisons de cette méconnaissance par les historiens d’art sont mul- tiples. «Intégralement détenues par la Fondation Albert Gleizes, ses œuvres sont peu accessibles. Par ailleurs, aucune n’est datée, ce qui rend compliquée la reconsti- tution de son parcours», explique Christian Briend, conservateur au Centre Pompidou, à l’initiative de cette rétrospective. Déployée sur deux étages, l’exposition bison- tine réunit près de quatre-vingts peintures dont la majorité a été restaurée pour l’occasion. Une femme dandy Née en 1884 dans un milieu favo- rable aux arts et aux lettres, Juliette Roche envisage très tôt une double carrière, artistique et littéraire. «Ses débutssonttributairesdesaforma- tion auprès de petits maîtres aca- démiques, Edmond Borchard puis Charles-Frédéric Lauth», relève Rarement exposée de son vivant, Juliette Roche, l’épouse du cubiste Albert Gleizes, fait l’objet d’une première rétrospective au musée des Beaux-Arts de Besançon. L’occasion de découvrir le parcours d’une artiste anticonformiste qui côtoya les mouvements avant-gardistes du début du XXe siècle. DÉPÔT DE LA FONDATION ALBERT GLEIZES AU MUSÉE ESTRINE, SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE, ADAGP , PARIS 2021 sort (enfin) de 5 l’ombre Jardin animé des Méjades à Saint-Rémy-de-Provence (vers 1945-1950). Huile sur toile. par Sandrine Tournigand DÉPÔT DE LA FONDATION ALBERT GLEIZES AU MUSÉE ESTRINE, SAINT- RÉMY-DE-PROVENCE, ADAGP , PARIS 2021 Christian Briend. En témoigne un sai- sissant double autoportrait qui ouvre le parcours. Peint au revers d’un pay- sage, Juliette Roche se représente vêtue d’un faux col. «Avec cette excentricité vestimentaire, exclusi- vement réservée aux hommes, la jeune femme souhaite être assimi- léeàlafiguredudandy», commente le commissaire d’exposition. À cette époque, la jeune femme côtoie les Nabis: Maurice Denis, Paul Sérusier ou Félix Vallotton. À leur contact, elle multiplie les expé- rimentations et s’essaie à la touche divisée et au coloris lumineux d’un Paul Signac. En 1911, année de son entrée à l’Académie Ranson, où enseignent ses amis nabis, elle intensifie sa palette et ose la cou- leur pure, comme en témoigne la peinture qu’elle consacre à une séance de nu. «Sous une lumière électrique, rappelant les intérieurs de Van Gogh, des femmes de tous les âges s’adonnent à ces séances informelles que l’Académie Ranson propose le soir aux amateurs», décrit Christian Briend. Dès ses débuts, elle aime peindre des scènes de rue à Paris ou à Serrières, un village ardéchois qu’elle connaît bien pour y avoir passé son enfance et dont son père est le premier magistrat. Les lieux de loisirs ou d’activités spor- tives ainsi que les jardins publics font partie de ses thèmes de pré- dilection. Des jeunes mères et des nourrices surveillent du coin de l’œil des enfants au parc, de vieilles dames cancanent escortées de leurs animaux de compagnie, une femme rondelette et un clochard affamé se tournent le dos sur un banc public… Avec ces scènes de genre teintées d’étrangeté, Juliette Roche se détache de ses mentors impressionnistes ou nabis. Elle apprécie aussi de repré- senter les petits métiers parisiens, loueuses de chaises, marchandes de draps, épiciers ou bouquinistes, sous des traits parfois caricatu- raux. Son intérêt pour les milieux populaires éloignés du sien la dis- tingue des autres. Des boxeurs et artistes noirs, très rarement repré- sentés dans la uploads/s3/ les-veillees-des-chaumieres-4-aout-2021.pdf

  • 9
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager