Edmond Forest Littérature musicale IV 000-000, groupe 0 Guide d’interprétation

Edmond Forest Littérature musicale IV 000-000, groupe 0 Guide d’interprétation de Maï (Ryo Noda) Travail présenté à Michel Tétreault Cégep de Saint-Laurent 11 mai 2022 Table des matières Introduction……………………………………………………………………p.5 Section 1 : Contexte de composition……………………………….p.6 Sous-section 1.1 : Ryo Noda……………………………………………p.6 Sous-section 1.2 : Contexte historique…………………………….p.7 Sous-section 1.3 : Exigences techniques de l’époque ……..p.8 Section 2 : contexte culturel d’interprétation …………………p.11 Sous-section 2.1 : arts traditionnels japonais………………….p.11 Sous-section 2.2 : histoire japonaise de l’ère Heian……..….p.13 Conclusion……………………………………………………………………..p.13 Médiagraphie………………………………………………………………..p.14 Annexe I : notation contemporaine ………………….……………p.15 Annexes II : poème……………………………………………..………….p.15 3 Mes remerciements à mes amis qui m’ont supporté dans ce projet comme jamais, à mon professeur de littérature musicale Michel Tétreault pour avoir attisé d’avantage ma passion de la musique contemporaine et à mon professeur Louis- Philippe Bonin pour m’avoir aidé à, je l’espère, rendre justice à l’œuvre dont il est question. Je tiens également à remercier M.Noda d’avoir accepté de répondre à mes nombreuses questions, m’aidant grandement à avoir les informations les plus exactes possibles sur lui et sur sa pièce. 4 Introduction Au XXe siècle, le monde est un terrain de jeux pour les musiciens. Les barrières de la distance et des cultures s’effritent peu à peu, et la musique se libère tranquillement des conventions occidentales qui l’encadraient depuis des siècles. La liberté et l’exploration est plus que jamais prisée. D’ailleurs, plus l’on s’approche de l’an 2000, plus le phénomène s’amplifie. Cela est dû à un bien plus grand accès au voyage non seulement pour les européens, mais également pour les citoyens des autres pays orientaux, américains et africains. Les artistes de partout dans le monde ont donc la chance de poursuivre leur éducation auprès des plus grands maîtres de leur époque. Les exemples de ces échanges culturels ne manquent pas. Pensons par exemple à Qigang Chen, un des plus grands compositeurs Sino-contemporains et ancien élève de Messiaen, ou à Claude Vivier, québécois ayant étudié auprès de Stockhausen en Allemagne et passionné de l’art du gamelan indonésien. Un autre compositeur moins connu qui incarne très bien ce concept d’artiste « international » est Ryo Noda, saxophoniste japonais ayant voyagé aux états-unis et en France afin de parfaire sa maîtrise de l’instrument. Il est reconnu au sein de la communauté du saxophone classique pour son écriture qui fusionne efficacement le style d’avant-garde des années 70’ à celui de la musique traditionnelle japonaise. Les œuvres de cet artiste posent cependant un défi double. Elles exigent non seulement un bon niveau à l’instrument afin d’exécuter avec précision le côté très écrit des pièces contemporaines (rythmique complexe, microtonalité, techniques étendues, etc.), mais nécessitent également des connaissances approfondies de la culture et des normes esthétiques japonaises, largement différentes de celles auxquelles nous sommes habitués. La pièce sur laquelle ce document se penche, « Maï » (1976) (voir discographie) pour saxophone alto solo, comprends elle aussi ces obstacles. C’est donc dans le but de réunir en un seul document plusieurs outils pour surmonter les obstacles du morceau pour saxophone seul que ce texte voit le jour. Cela permettra en outre de synthétiser ma recherche sur le sujet afin de m’assurer une compréhension exhaustive de celui-ci. Dans un premier temps, je discuterai du contexte dans lequel Maï a été écrite. Cette section inclura une biographie détaillée de Ryo Noda, des détails sur le courant artistique auquel l’œuvre se rattache ainsi qu’un survol de l’état du saxophone « classique » et des techniques essentielles de l’époque. Ensuite, je me pencherai sur les notions culturelles nécessaires à une interprétation adéquate selon les normes japonaises. Il sera question de l’histoire narrative de la pièce ainsi que d’un art traditionnel japonais exerçant des influences notables sur la composition : le shakuhachi (尺八). Une synthèse résumera finalement les différentes applications des notions vues précédemment. 5 Contexte de composition Les musiques d’une époque sont fortement influencées par celle-ci. Par exemple, la musique classique de Mozart est très conventionnelle et respecte plusieurs règles précises, exprimant le conformisme et l’élitisme du temps de la monarchie. Similairement, la connaissance du contexte dans lequel les pièces plus contemporaines ont été écrites permet une compréhension approfondie des normes du temps. Cela permet par la suite d’avoir une idée plus claire de ce que le compositeur entendait au travers de ce qu’il écrivait. Ces notions s’appliquent bien évidemment à Maï. Ryo Noda (野田 燎) Impossible de parler d’une œuvre sans parler de l’artiste qui se cache derrière elle. Dans le cas de Maï, c’est à Ryo Noda qu’on doit cette magnifique pièce. Encore actif aujourd’hui, ce compositeur-interprète a un parcours aussi inspirant que révélateur sur sa démarche artistique. Né à Amagasaki au Japon en 1948, Noda est un musicien extrêmement impliqué dans son milieu. Dès sa jeunesse, il est ambitieux et voit grand. Comme de fait, après l’obtention de son diplôme à l’Osaka College of Music en 1972, il n’est toujours pas satisfait : le Japon, à l’époque, n’avait pas la même culture du saxophone qu’aujourd’hui, et les perspectives d’enseignement étaient limitées. Il a pourtant eu la chance d’apprendre auprès d’Arata Sakaguchi, un des 5 pionniers du saxophone classique nommés au 6e Congrès Mondial du Saxophone en 1979. C’est tout de même en quête de connaissances et de perfectionnement qu’il se rend aux États-Unis pour étudier auprès de Frederick Hemke. Il s’agit de l’un des plus influents saxophonistes américains de l’époque, et c’est à lui que nous devons d’avoir convaincu des compositeurs comme Muczynski, Creston et Heiden d’écrire pour notre instrument fort peu populaire sur la scène classique. Le prodige japonais entame donc une certification auprès du grand maître américain, duquel il apprit les rudiments des techniques étendues qui commençaient à peine à naître à l’époque. Il les appliques en outre dans une de ses premières compositions qui sera publiée plus tard, improvisation I. Il part en France avant la fin de ses études ; Il est décidé à les poursuivre auprès d’un des plus grands maîtres du saxophone français, à savoir Jean-Marie Londeix. Jean-Marie Londeix est un des plus influents saxophonistes de l’histoire. Comme l’explique la recherche de Michael Christenson (voir bibliographie), la Sonate d’Edison Denisov qui lui est dédiée en 1967 a montré au monde le potentiel du saxophone contemporain, et lui a permis de se tailler une place auprès des instruments qui étaient déjà utilisés dans ce courant comme la flûte et le piano. En étudiant à ses côtés, Noda obtint sa certification de compositeur et d’interprète en 1975 avec ses œuvres les plus connues à ce jour, ses improvisations. Composées entre 1972 et 1974 à raison de une par année, ces trois courtes pièces démontrent l’expertise du compositeur de Maï lorsqu’il est question d’appliquer la stylistique japonaise au saxophone. Puisant également dans un large éventail de techniques étendues, elles présentent un défi rafraichissant 6 pour les interprètes de l’époque. Elles sont dédiées à Londeix et publiées en 1975. Compte tenu la popularité que ces compositions lui valurent, il finit par s’installer en France, là où la scène du saxophone est la plus développée. Durant son séjour, le musicien ne reste pas oisif. Bien au contraire! Il compose d’autres morceaux pour saxophone(s), les plus connus étant Murasaki no fuchi (1981), Phoenix (1983), et bien sûr Maï (1975). Il participe également à de nombreux événements en tant qu’interprète, notamment à l’IRCAM, au « Festival d’automne à Paris », et au musée d’art moderne de Paris. Il interprète en échange international, en 1981, une œuvre composite mélangeant le théâtre Nô à sa musique d’avant-garde habituelle dans le spectacle Kiyotsune, acclamé par les critiques du New-York Times et de Le Monde. Il se donne aussi en concert à Berlin, à New-York et à Montréal. Après une dizaine d’années d’activité sur la scène internationale, Noda se retire à Osaka au Japon en 1986, où il vit encore à ce jour. Depuis son retour dans son pays natal, l’artiste se consacre à une application plus pratique de la musique : la thérapie musicale. Il obtient son doctorat en médecine de l’Université Nihon en 2004 avec une spécialisation en musicothérapie. Depuis, il est invité à donner des ateliers et des conférences un peu partout en Europe et en Asie. Il n’a pas pour autant délaissé le saxophone : son dernier album Les yeux clos (voir discographie) sorti en 2021 montre que même à 73 ans, le grand musicien reste virtuose et allumé. Contexte historique Comme mentionné plus tôt, Maï est composée en 1975 à Paris. Dans ces années, la musique « Pop » prenait de plus en plus de place. Épuisés de refaire toujours les mêmes styles de musique, les artistes de ce genre imitèrent ce qui s’était passé plus tôt dans la musique classique, après la mort de Webern : Ils tentèrent de réinventer les standards. Ce processus créa plusieurs genres comme le rock progressif ou l’avant-pop qui, à l’époque faisaient partie de l’avant-garde. Un peu à la manière de ces courants populaires, les œuvres de Noda s’inscrivent dans la tradition « Londeixienne » de conception du répertoire. Selon le maître français, l’innovation était la seule issue pour le saxophone: face aux uploads/s3/ lmus4-mai-eforest.pdf

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