Philippe Guisgand, Centre d'Etude des Arts Contemporains, Lille 3. 20/02/11 A p
Philippe Guisgand, Centre d'Etude des Arts Contemporains, Lille 3. 20/02/11 A propos d’Anne Teresa De Keersmaeker Les raisons d’un choix Lorsque j’ai entrepris ma thèse de doctorat en « Esthétique, théorie et pratique des arts » à l’Université de Lille 3, mon projet théorique et pratique consistait à étudier en quoi l’expérience physique du spectacle vivant pouvait influer sur l’utilisation du langage dans l’analyse et l’interprétation des œuvres chorégraphiques. Je passe ici sur l’argumentation qu’on retrouvera au tag « Lecture fonctionnelle du corps dansant : http://perso.univ- lille3.fr/~pguisgand/?En_savoir_plus ». Se centrer sur un seul artiste paraissait la solution la plus intéressante pour illustrer et tester ma démarche d’approche du spectacle chorégraphique. Sur la base de cette méthodologie de lecture du corps, le choix des œuvres s’imposait car j’avais la chance d’avoir dansé plusieurs extraits du répertoire de Rosas, la compagnie d’Anne Teresa De Keersmaeker (notamment Rosas danst Rosas, Achterland et la Grande Fugue). En tant que danseur, la danse de Keersmaeker était bien celle que j’aurais aimé interpréter, et par conséquent habiter et explorer en tant qu’univers. En tant que spectateur aussi, j’étais enthousiasmé par bon nombre de ses créations qui continuaient de m’offrir ce plaisir musculaire immédiat qui distille une irrésistible envie de bouger. 2 Par ailleurs, l’observation de l’évolution du paysage chorégraphique européen a renforcé mon choix du répertoire de la compagnie Rosas comme objet d’étude. La chorégraphe belge a traversé avec succès les vingt années de la “jeune danse” qui closent le vingtième siècle en Europe. Aux côtés de Jan Fabre, Wim Vandekeybus ou Alain Platel, et malgré les dangers qu’une forme d’institutionnalisation lui fait courir, elle demeure une figure de proue de la danse contemporaine. Cette image de marque adhérant à son œuvre aurait pu rendre son travail désuet tant ces dernières années (1995-2005) font figure de période charnière ; période marquée par un éclatement des pratiques corporelles, mais aussi par un désintérêt des chorégraphes pour la gestuelle dansée (citons par exemple Jérôme Bel, Xavier Le Roy ou Alain Buffard). Rupture assez logique d’une génération avec une nouvelle danse européenne et anglo-saxonne parfois essoufflée de s’être centrée principalement sur le mouvement. Or Keersmaeker semble avoir résister au chant des sirènes avant-gardistes qui ont déplacé leur problématique de recherche artistique du corps dansant au corps tout court, rendant au final ses interrogations artistiques autour du mouvement et de la musique quasi-originales. Mon élan pour ces œuvres se conjuguait avec d’autres raisons plus pratiques qui créaient une conjoncture très favorable au choix de la chorégraphe flamande : à l’exception de la petite brochure écrite par Marianne Van Kerkhoven et Rudi Laermans1, je n’avais pas trouvé de quoi nourrir mon envie de perception globale de l’artiste. L’exposition Rosas XX 2, organisée à Bruxelles pour fêter les vingt ans de la compagnie, m’est apparue comme une interpellation et une invitation à effectuer un travail de fond sur l’ensemble de ce parcours. A cet espace ouvert s’ajoute une proximité géographique permettant d’être rapidement au contact des sources les plus proches, le siège de la compagnie, de l’ensemble de musique contemporaine Ictus (avec lequel elle a fréquemment partagé la scène) et de l’école P.A.R.T.S, qu’elle a fondé en 1995, étant installés tous deux à Bruxelles. Enfin, ce choix m’a permis de profiter d’une structure solide car le statut international de l’artiste et la résidence permanente de Rosas dans la capitale européenne font de leur lieu d’installation une imposante organisation, possédant des archives très complètes et accessibles ainsi qu’une activité d’édition des œuvres sous forme de captation des spectacles. C’est pourquoi j’ai choisi d’effectuer ma recherche à l’aide des écrits, des captations ou des recréations audiovisuelles fournis par la compagnie. Mais l’enjeu est moins historique et documentaire qu’esthétique. Je ne souhaite pas me livrer ici à un exercice d’admiration, le 1 Marianne VAN KERKHOVEN et Rudi LAERMANS, Anne Teresa De Keersmaeker, Bruxelles, Vlaams Theater Instituut, coll. « Kritisch Theater Lexicon », 1998. 2 Exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, du 20 octobre 2002 au 5 janvier 2003. 3 travail universitaire n’ayant pas de finalité hagiographique, et Anne Teresa De Keersmaeker n’ayant nul besoin de cet exercice. Si cependant, comprendre c’est aussi se comprendre, alors cette entreprise a aussi vocation à éclairer mon jugement de goût ; ce choix devient dès lors nécessaire. Pendant quatre ans, j’ai ainsi eu la chance de pouvoir m’immerger dans le monde chorégraphique de l’artiste flamande, assistant aux spectacles, interrogeant les danseurs, suivant des stages pratiques de répertoire, étudiant une masse de documents écrits et audiovisuels au siège de la compagnie. J’ai ainsi tenté d’apprivoiser progressivement cet univers artistique, au point de devenir sans m’en rendre vraiment compte « la mémoire de Rosas, vu de l’extérieur », comme l’a écrit Johanne Saunier, une interprète de la compagnie. Cette aimable dédicace, griffonnée au coin d’une page un soir d’après spectacle, se transforme aujourd’hui en invitation pressante : cette mémoire doit être perpétuée, c’est pourquoi je la prolonge sous forme de bloc-notes, restant – autant que faire se peut – au plus près de l’actualité créatrice de Rosas. Ce bloc-note est un work in progress. Il commence là où s’arrête ma thèse à laquelle on pourra se reporter pour les pièces antérieures à 2002. Il témoigne des raisons pour lesquelles, au fil des années, Anne Teresa De Keersmaeker est bien demeurée ma chorégraphe “contempo-reine”. L’activité du chercheur Mon activité de chercheur autour de cette artiste consiste aujourd’hui à réfléchir sur les implications de son œuvre, à travers des articles, des communications, des ateliers pratiques, des conférences en direction de publics divers, du scientifique à l’amateur-spectateur Les livres Les fils d’un entrelacs sans fin. La danse dans l’œuvre d’Anne Teresa De Keersmaeker, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Esthétique et sciences des arts », 2008. http://www.septentrion.com/livre_aff.asp?id=1074 Anne Teresa De Keersmaeker, Palermo, L’Epos, coll. “Dance for word/Dance forward”, 2008. http://www.lepos.it/home/php/schede/scheda_libro.php?id_lepos_libro=1095 4 Les articles thématiques Danse, architecture, composition : « De Keersmaeker : la emoción de la estructura », Cairon (Madrid) n° 12, 2009, 97-106 (publication bilingue espagnol/anglais). Publication de l’article en français On a souvent dit que De Keersmaeker vénérait la complexité, qu’elle était fascinée par l’infinie déclinaison des structures. Il est vrai que ses scénographies affichent encore fréquemment d’étranges trames, matérialisées par de longues droites, des courbes spiralées, des étoiles, des pointillés… Lire la suite : http://perso.univ-lille3.fr/~pguisgand/downloads/Emotion%20de%20la%20structure.pdf Danse et musique : « Rendre visible », Filigrane n° 2, second semestre 2005, 69-85. Anne Teresa De Keersmaeker est une chorégraphe contemporaine atypique, continuant de tisser des liens étroits entre danse et musique, là où nombre d’autres danseurs de sa génération ont cessé d’approfondir ce questionnement. On dira d’elle qu’elle a “vraiment” cherché à faire dialoguer sa danse avec toutes les musiques. Mais, une fois pointés les refus simultanés d’illustration et de séparation qui caractérisent toutes ses œuvres, ce “vraiment” demeurera un espace à explorer. A travers l’analyse d’une des pièces de la chorégraphe belge, nous avons voulu identifier cette relation entre musique et danse. Mais cet examen est aussi un prétexte à nous interroger sur la manière dont le langage sur l’art nous révèle à nous- mêmes, dans le sillage de la pensée de Merleau-Ponty… Lire la suite : http://perso.univ-lille3.fr/~pguisgand/downloads/Article%20Guisgand_Plouvier.pdf « Corps d’écriture », (en collaboration avec Jean-Luc Plouvier), Repères n° 20, Biennale du Val-de-Marne, novembre 2007, 17-21. Chez Anne Teresa de Keersmaeker, la question de la musique renvoie immédiatement à celle de la composition : la chorégraphe se saisit de la structure musicale pour penser une structure chorégraphique complexe. Mais une analyse plus précise révèle qu’au fil du temps, la chorégraphe a évolué dans son approche des oeuvres musicales et dans son désir de musique, infléchissant doucement sa stratégie jusqu'à la retourner… 5 Lire la suite : http://perso.univ-lille3.fr/~pguisgand/downloads/Article Guisgand_Plouvier.pdf Danse et cinéma : « De Keersmaeker : quand l’image révèle le style », Vertigo hors série “Danses”, Images En Manœuvres Editions, octobre 2005, 53-56. Anne Teresa De Keersmaeker n’est pas seulement une chorégraphe. Elle a créé de nombreuses formes spectaculaires, mêlant théâtre, opéra, musique, chant et cinéma pour ériger la danse en intermédiaire de tous ces arts. Son œuvre s’apparente à une guirlande composée de fils qui s’entrelacent, faisant apparaître plus distinctement ceux qui sont proches de la périphérie, et rendant discrets ceux qui plongent vers l’âme de la corde pour lui donner direction et solidité. L’image est un des brins de ce tressage permanent. Avec elle, la chorégraphe entretient depuis plus de vingt ans des rapports fréquents et multiples. Lire la suite : http://perso.univ-lille3.fr/~pguisgand/downloads/Tippeke%20image%20matrice.pdf Danse et théâtre : « Des corps contre les mots. A propos de Quartett d’Heiner Müller par Rosas et TG Stan (1999) », Etudes théâtrales (Louvain-la-Neuve) n°47/48, 2010, 152-157. Les artistes flamands du spectacle vivant contemporain ont en commun un goût pour la transdisciplinarité : acteurs, danseurs, musiciens, cinéastes et plasticiens forment, loin des incertitudes politiques, de petites communautés. Cependant, même s’ils s’entourent d’une équipe, chacun d’eux élabore ses partis pris de manière relativement isolée. La chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker n’échappe pas à cette règle. Lire la suite : http://perso.univ-lille3.fr/~pguisgand/downloads/Quartett.pdf Quelques communications « De uploads/s3/ sur-anne-teresa-de-keersmaeker.pdf
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- Publié le Dec 27, 2021
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