TIARE EN OR OFFERTE PAR LA VILLE D'OLBIA AU ROI SAITAPHARNÈS PLAl'iCHES I-V Le

TIARE EN OR OFFERTE PAR LA VILLE D'OLBIA AU ROI SAITAPHARNÈS PLAl'iCHES I-V Le monument qui fait l'objet de cette notice ne saurait être pré- senté ici comme inédit. La tiare d'or offerte par les habitants d'Olbia au roi scythe Saitapharnès a rapidement conquis la célébrité ct per- sonne n'ignore que l'int{~rèt historique du monument, sa valem d'art, n'ont pas été seuls Cil cause. Dénoncée comme une œuvre de faussaire, énergiquement défendue d'autre part, elle a provoqué des discussions retentissantes; peu de monumcnts antiques ont compté à leur actif - ou Il leur passif - en un court espace de temps une « littéra- ture » aussi considérable 1. Aujourd'hui ces polémiques sont sinon 1. Voici, par ordre chronologique, la liste dl's principaux articles consacrés à la lia!'!' du Louvre: Ih:no:\ DE Yll,I.EFOSSE, COllljltPo\" J'eJ/dus de tAcad. dl's /w·cr., 18\l(i, p. 1:1:J-U2, a\"l'C planche en phototypie. L'Ami des Monuments, X, 189fi, p. HiG. - E.l\hCllO:'\, Lf! parl/re (,t la lial'ed'Olbill; ail Mu.<ée du Louvre, Gaz, dl's Beaux-Arts, 1"1' mai 1896, p. H3. - Ai'iIJHf: F.\I.IZf:, l'Avenir artistique el littéraire, I:i aVl'il 18!Hi. - R. FOHHEH, Illllslrir/e leitung, fi juin 1891;. li MONUMEl\'TS ET MÉMOIRES. éteintes, du moms assoupies. Les adversaires de l'authenticité ont fourni tous leurs arguments. Il semble donc que le moment soit venu de réunir tous les éléments du débat, de soumettre les objections à une nouvelle critique, et d'exposer l'ensemble des preuves qui, pour tout esprit non prévenu, peuvent confit'met' l'authenticité de la pièce d'orfèvrerie acquise par le Musée du Louvre. 1 Après les descriptions qu'en ont données MM. Héron de Villefosse, Michon, Th. Reinach et Lechat, la forme et le décor de la tiare sont déjà bien connus. Nous devons cependant les examiner à notre tom, ne ft'lt-ce que pOlir compléter la description de détail; il est d'ailleurs nécessaire que les lecteurs de Ilotre article aient ulle idée précise de l'ornementation tri~s riche qui fait du monument d'Olbia un chef- d'œuvre de ciselure. Nous conservons, pour le désigner, le mot de « tiare» devenu en quelque sorte populait'e, Mais Il vrai dire le mot « casque» serait plus exact. Cette coiffm'e rappelle beaucoup moins la tiat'e persique ou - Mitthril. rI/·, k. k. O/'c,trJ'i'fich . .IfuSPl/lilS (fil' Kunst 1/l/d Indl/stl'ÏI', XI, 111%, p. 7:l et Hi!!. - FI:IITW.E~(iJ.EII, /lic Tia/'/l (!l''\ [{œl/iys Saitaji/Ulmes, COSII/opolis, l. III, n° Il. aoùt 111!l1i. p. ili2. - Ih:IlO)i OE \'II.LEFOSSE, /I/:pOIlSf' f/ JI. Furlll'/I'l/yl!'}', COSII/opolis, spptcmhl'p 1l1(1li, el Joul'nal df'S IM/mts, li aoùl 111%. - P. FOI'f.AIIT, C. R . ..1('((11. dl's fI/SC/' .. ï aoù!. 189/j, p. :lOli. - F. K(II\I'I", supplr-menl ,l,' Lllf!l(,IIIf'ill~ Zf'ituny,18 :loùt '11I!lo, et Hi septembre ,111%. - Sùppl('nll'iii dl' la Post dl' Berlin, 2:i llOiltlll!)(). - S. Ih:l1oL\clI, The dispuled tiaria in tile 1.011/'/'/', I//f' Nation, 2ï aOtlt 18!HL - l'II. HEIi'nCII, POIII' la tiare d'Olbia, ()a~. des H(,(///J'-Al'ls, J "1' seplembre 1 Il!H). - FCR'l'W.I'::'\';I.EH, Intel'lIIf'z:i, H.r!.'/ll's. Ge!rïslc!tle Goldar- bpilf!//' Die Tirll'a !lps SaÎlaplwl'Ilrs im LO/It'I'f', p. 111-92,1 S9fi. - HOLl.EAUX, L'inscription dt· Irl liaJ'(' dl' Saitaphal'II/\.\·, R!'I'. arc//., L XXIX,IIl!lli, p. Hill-iiI. - LI':CIlAT, /lelJ/ie rI!'s I~II/flrs yrl'l1 1(('" , IIl!'li, nO< :1:i-:3Ii, p.lil. - 1 L\l;SEIl , IIr·rI. pltil. lI'udwnschri/I, 9 jan- vicl' 1897, p. :in. - E. \'0:'\ STEH" La conlNIf/rOI/. des o"jets d'art al/tique dans la Russie l/1':"idio/la{e, cOl/férence Flill' rUl Xc COl/yrh arl'II/:oloyiqlle rl lIiga le 2 aO/lt 18%. (En russe.) Saint-Pt'tcl'shourg, impl'iIl1'\ <:hcz W, S. Balaselle\\', ·t 119ï , :n p. in-Il. Analysé Pl reproduit cn partie dans la /Jiort. phil. 1V0chl'llsrilri(t, 22 jlli111897, p. i6\.-7li8. - FUIlT- WcEI\GLEIl, Supplément de l'Allgell/f>ùœ ZeitulI!J, 21 juin 1897. - LECHAT, Revue des Éludf'.\· ,qrf'cqw's, jllillPl 1 S9ï. p, :1112-38'L TL\lIE EN OH. 7 orien talc que le T.D,o~ grec, cn formc dc moitié d'œuf, POl'té pal' les Diolicurcs, ct les mOIlUlllents gl'ces nOlis appl'cUHent que cCl'tainli casques de bl'onze offraient la mêmc (lpparene(~ 1. Cc n'est pas d'ailleurs la pre- mière fois qu'on trouve dans la Russie mét'idionalc un casque de luxe exécuté sur le modèle du "D,ljç gt'cc. On connaît le beau cas(lue d'oJ', l'ithelllent orné de palmettes grecques, de volutes ct de feuillage d'acanthc, (l'Ii a été tt'Ouvé dans un tombeau, à Ak-Bouroun, près de Km'tch (fig. 'l). C'est unc Œuvre gl'ecqllc de la tin du IV" siècle ~ ct dont le possesseUl' était lut Grce, cal' le même tombeau contcnait les fragments d'une amphore panathé- lIaïque. Si, pour lc prin- cipe de la décoration , il offrc avec le monument du Louvrc des différenccs notablcs que nous expli- querons plus loin, il nous fait voir que cette forme de coiffure n'avait rien l'w. 1. d'insolitc pour les habitallts des rilles grecques du Bosphore cillunél'im. La tiare du Louvre mcsure en hautem' 170 millimètres et le dia- mètre à la base est dc 18 ccntimètres, A l'intérieur, elle était gal'llie i .. h'lIne hOlllmr coilré d'lIl1 eaS(JlH' l"lIliquc, BEl'il'iDOHF, Griech. /lnd sici!. Vasrnbilder, pl. XXXIX. Casque Clinique suspendu dans le champ de la cOlllposition, Jalu'ouch des arclt. /1/0/ ., IV, p. ::HiO. Dans l"arliele jJioskul'el/ (HOSCHEII, ].f'xikoll, p. 1172) M. Furt- \'l'l1glt'r dit ([Ut' [cs Lacé,lénllmil'lIs portaieul le 1t('.o; l'II l'atll]mgue et cite le texte de Thucydide, Ir, 3. Le savant at'chéologue il commis une illadyertanee. II ne s'agit pas du "n.o;, mais de la houc (,,·r).(,;) que, faute de niSCS, les Lacédémoniens Iruns)l0delll SUI" leur' dos pour éle"cr ,II''; fol"lilicalions de ('allllla~lIe . :J. Compte rendu de la COII/illission arch. de Saint-Pé/eJ'I>·bouJ'.q, -1 Sïti. pl. Il, reproduit pHI' Ellrcu PEIIl'iICE, Gl"lech. PferdegeschiJ'J', S(),·, l'J'ogl". ZUI/l Willcktdmallllsfcstl', 1S!lti, p. 11. Cf. TOLSTOï, l(Ol'iIlAKOF, S. REEUcn, Antiquités de la flussie méridiollale, p.i!), fig. 1)6. 8 MOl\"UIENTS ET MÉMOIRES. d'une coiffe d'étoffe dont quelques morceaux ont été consel'vés. Un petit cl'oehet de bronze, placé intérieurement sous la pointe de la tiare, soutenait la coiffe; sur les bords elle était maintenue par un fil qui passait à travers une sél'ie de trous percés à intervalles réguliers, et habilement dissimulés entre deux zones d'ornements. Toujours à l'in- térieur, quatre petits clous de bronze, placés symétriquement deux par deux, servaient à fixer la jugulaire de cuil' dont il n'est pas resté de traces. Le poids de la tiare, y COlllpt'is les clous, est de 443 gramlllCS. Or, suivant la remarque dc M. Brullo Kcil, c'est lit, il pcu de chose près, le poids de la mine euhoïque, employée ù Olbia pOUl' les matit-res d'or '. L'ornementation, Il'a\'êlillée au repoussé ct reprise au ciselet, cst d'unc richesse extt'aordinaire, avec un tel luxe de détails ct de figures qu'au premier aspect elle donne l'imprcssion d'une œuvre où l'orfèvre a déployé toutes ses ressources et visé ù l'opulence du décor, sans se laisser arrNer par des scrupules de sobriété. La partie essentielle consiste en deux zones d'illégale grandeur, couvertes de figures; mais les éléments de pure ornementation jouellt un rôle considérable, et ils sont disposés avec un art qui défie toute critique. Au bord de la tiare court une rangée d'élégantes palmettes de pur style grec réunies par des postes, et encadrée entre des cordons annelés. Plus haut, des oves cernent la zone inférieure. Au-dessus est figurée une ligne de murailles avec ses tours cl'énelées ct ses cOUt,tines. C'est là, on le verra plus loin, un des éléments les plus significatifs; mais, dès à présent, il faut remarquer l'heureux effet de ce décor architectural qui coupe fort à propos la tiare en deux sections, et d'oil semble surgir la partie supérieure de la calotte avec sa courbe plus accusl·C. Le haut de la grande zone il personnages, qui sc développe au- dessus de la ligne des lllurailles, est occupé par un mince cordon flexueux, dessinant une série de cœurs et de boucles, où s'insèrent des palmettes. C'est la transition nécessaire entre le métal nu du fond et t. Ih~~o Km., Hermes, t. XXXII, p. lO~. Cf. Tl!. RE1:'iACII, Revue des t'Il/des grecques, 1897, p. 384, Ilote 1. L'observation de :\1. Bruno Kcil a d'autant plus d'intérêt qu'il est de ceux qui mettent encore en doute l'authenticité de la tiare. FI". _. JO MONUMENTS ET MÉMOIRES. les rinceaux qui s'épanouissent au-dessus d'une guirlande de feuillages. Ici la zone est ajourée et c'est sur le fond sombre de la coiffe que se détachait une opulente floraison de tiges d'acanthe tordues en souples volutes. Puis vient une zone pleine, couverte d'ornements imbriqués en forme de plumes, et enfin une nouvelle zone ajourée, composée de palmettes redressées. La pointe de la tiare est ornée d'un serpent en- roulé sur lui-même et dont la tête affleure à l'une des palmettes. Chose curicuse: au milieu de ces ellI'oulements se dresse une seconde tête, ouvrallt une gueule armée de crocs, menaçante, prête à mordre. Com- ment justificr cette bizarrerie? Quand nous exposerons, dans les pages suivantes, les procédés de la fabricatioll, on se rendm compte que les nécessités de la techniquc expliquent tout. Le corps du serpent, avec sa tête normale, a été cxécuté, comme le reste, au repoussé. Le tra- vail terminé, l'orfèvre a ajouté cette seconde tête, pour corriger, fùt-ce uploads/s3/ tiare-en-or-offerte-par-la-ville-d-x27-olbia-an-roi-saitapharnes.pdf

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