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Tous droits réservés © Les Éditions Intervention, 2003 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 21 juil. 2019 14:06 Inter Art actuel Tranches radicales dans l’année d’art 2002 au Québec Guy Sioui Durand Numéro 84, printemps 2003 URI : https://id.erudit.org/iderudit/45953ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Éditions Intervention ISSN 0825-8708 (imprimé) 1923-2764 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Sioui Durand, G. (2003). Tranches radicales dans l’année d’art 2002 au Québec. Inter, (84), 4–33. Tranches radicales dans l'année Les horizons de la mondialisation et des incursions in situ balisent ce regard critique sur l'art actuel au Québec en 2002. Si la perspective élargie de la géopolitique artistique est devenue incontournable, la proximité réhabilite les fondamentales échelles humaines et locales de tout cet art en contexte réel. Les sommets économico-politiques de Kananaskis, de Johannesbourg et les palabres pour la ratification des accords de Kyoto sur l'environnement ont été quelque peu éclipsés par la mise en route de la machine de guerre yankee contre l'Irak et le terrorisme diffus, et par les horreurs au quotidien du conflit israélo-palestinien. Ils définissent cependant de façon macrosociétale tous les enjeux vécus, réfléchis ou imaginés de survie. De plus, derrière les volets économiques et militaires de l'actuelle vague de mondialisation très médiatisée, se profile l'expansion d'un modèle unidimensionnel de culture de masse et une velléité de faire de l'art un marché ouvert sans tenir compte des différences (ethnies, régions, minorités, etc.). L'émer- gence de « zones » d'alternative politique en art n'y est pas étrangère. Ajoutons-y les avancées scientifiques (et commercia- les) du clonage humain et autres manipulations biogénétiques des cellules, des fruits, des légumes et autres organismes vivants. Un lot de questionnements éthiques relativise les paramètres de la normalité et du naturel. L'obsolescencedu corps, et par là nos repères identitaires, définirait aussi une autre tendance à laquelle s'intéressent bien des protagonistes de l'art Dans la plupart des régions du Québec, de Carleton à Hull en passant par Montréal, Sorel, la Beauce, Lévis, la Côte-du-Sud, Saint-Jean-Port-Joli et Métis, de Val-David à Aima en bifurquant par Juliette, Shawinigan, Québec, Baie-Saint-Paul et Jonquière, plus de trente « zones événementielles » (symposiums, événements, festivals, résidences) ont mis en branle des thémati- ques interrogatrices, des œuvres énigmatiques et autres conduites-situations déroutantes (voir le tableau ci-contre). Une dualité « art engagé/art dégagé » a actualisé « localement » certaines facettes de cette conscientisation des enjeux planétaires de l'écosystème, a investi de manière critique l'espace urbain habité (avec comme corollaires les exclus, les sans- abri, les squatters et autres marginaux dans la cité) et a accéléré « l'indiscipline » comme art immédiat questionnant l'iden- tité (art action, art in situ et créations multimédias). Trois parties et tendances les recoupent : - la première met le cap vers ces conduites-situations explicitement comme . Des stratégies nouveau genre, de nouveaux acteurs hors des réseaux organisés rejoignent ceux qui se font solidaires des luttes sociales locales, notamment quant à l'avenir de l'écosystème et à la survivance humaine des communautés périphériques ; - la deuxième vogue parmi d'autres zones événementielles d'art non explicitement engagées. Indépendamment des con- traintes et/ou des thématiques de création, voilà de l' au sens où se rencontrent des œuvres inventives, innovatri- ces, déroutantes de par leur virtuosité (poétique, technologique, formelle) et/ou leur esthétique « engageante » ; - la troisième isole, dans ce contexte généralisé d'art immédiat, le fort courant d'art action dont le souffle hybride d'expé- rimentation, entre relations à échelle humaine et interactivités multimédias, a pris de l'ampleur en 2002. La conclusion rend hommage à ce géant que fut Jean-Paul RIOPELLE. « Passant l'arme à gauche », i l aura néanmoins mar- qué l'année 2002 de son empreinte unique, c'est-à-dire iconoclaste, rejoignant en cela la dialectique de l'art social en cours. De l'art engagé En 2002, d'inédits « activistes » ont fait « leur marque » dans le champ de l'art. Ces praticiens nouveau genre ont pour nom DIA, Engrenage noir, Cagibi international. Décorateurs engagés, Biblio-vélo, Clan destin, NAPALM, le Collectif pour une loi sur l'élimination de la pauvreté et le Collectif d'adoption des rivières. D'autres comme l'ATSA (l'Action Terroriste Socialement Acceptable), les Ateliers convertibles, Dare-Dare, la Galerie FMR, Folie/Culture, déjà connus pour leur engagement dans la cité, ont récidivé. Une première trame d'art engagé, liée à la géopolitique mondialisante et aux luttes écologistes, a imprégné la vie culturelle et artistique au Québec. Cette trame environnementale de fond aura été observable aussi bien lors des grands sommets économico-politiques (l'antiglobalisation) que dans la formation de collectifs ponctuels d'artistes, la thématique d'événements d'art et le retour en force du documentaire vidéo. Une seconde trame se compose de plusieurs zones événementielles d'activisme artistique là où les luttes de groupes sociaux contre la crise du loge- ment, la pauvreté, l'exclusion des marginaux, pour la place des jeunes et la démocratie des citoyens ont fait contrepoids à l'ordre régnant. « Penser globalement et agir localement » Il se pourrait que ces collectifs d'artistes en protestation qui ont adopté des rivières lors d'une manifestation sur la place publique pour les soustraire à l'exploitation et que les vidéastes qui ont produit des documentaires dénonçant la deforestation, la mégaproduction porcine et le harnachement des rivières par des centrales hydroélectriques privées aient non seulement largement contribué aux luttes citoyennes et à la conscientisation populaire, mais encore esquissé la reformulation du contre-projet de société comme alternative. Cette équité à proximité rejoindrait les tenants de l'antimondialisation économiste au profit de développement durable, de simplicité volon- taire et de commerce équitable pour toute la planète. Faire de l'art en confluence avec les réseaux et organismes prônant une alternative. Nous n'avons plus affaire à des mouvements sociaux régionaux, mais à un véritable phénomène social total contre la globalisation. La figure d'Hubert REEVES, comme celle de MARCUSE en 1968, a surgi comme le chantre de cette nouvelle utopie contre-sociétale postmoderne en ce début des années 2000. R E E V E S affirme : On n'a pas le droit d'être pessimiste parce que sinon ça ira encore plus mal. Même si on est très préoccupé et habité de doutes, il ne faut pas baisser les bras. C'est notre devoir de continuer. Il ne s'agit de rien de moins que sauver l'humanité3. d'art 2002 au Québec Guy SIOUI DURAND Hull House/Boat : Occupations symbiotiques_(Axe Néo-7) Montréal Mémoire vive (Dare-Dare) La Demeure (Optica) La Biennale de Montréal (CIAC) Ville pe in titre (Marc Séguin) Le Mois de la performance_(La Centrale) Une Journée sans pub (Les Décorateurs engagés) Abri Bec (Cagibi international) Agora festifL(DIA) L'Urbaine Urbanité_(Galerie FMR.) Granby Instants ruraux (Troisième Impérial) La Beauce Les Artistes-Installateurs (Collectif Artistes-Installateurs) Sorel Éphémérides 2 (CEG) Val-David Espace efOeuxité (Fondation Derouin) Joliette Champignon convertible (Ateliers convertibles) Shawinigan 5 ' Festival de théâtre de rue (FTRS) Lévis Sémaphores (Regart) Côte-du-Sud Eh bien dansez maintenant (Folie/Culture) Métis L'Internationale des jardins (Jardins de Métis) Carleton H,0 moTerre (Vaste et Vague) Baie-Saint-Paul 2 0 ' Symposium d'art contemporain_(Centre d'art Baie-Saint-Paul) Chicoutimi Les Mille Mémoires à venir (Séquence) Jonquière ArTbord : Circulations (Côte-Cour) Aima Ensemencement d'idées_(Interaction Qui/La Corvée) Québec /IbriBec (Cagibi international) Agora contre la pauvreté (Collectif pour une loi éliminant la pauvreté et l'exclusion) Émergence : Cirque (îlot Fleurie) Lascas : arte mexicano actual (Le Lieu et les centres d'artistes) Rencontre internationale d'art performance (Le Lieu/réseaux) Festival de l'humour noir (îlot Fleurie) Au-delà de la forme (AVCI/Bande vidéo) Dépossession ( F o l i e / Cuit lire) Paysages et autres fictions (Biennale d'art actuel. Maison Hamel-Bruneau) I De cette conjoncture sociétale, certaines manifestations internationales d'art ont fait écho en 2002. Je les mentionne pour indiquer d'entrée de texte en quoi et comment ce qui s'est passé au Québec, donc expérimenté et visible ici, participe pleinement et souvent de manière originale aux mêmes enjeux planétaires : près de Lima au Pérou, la fabuleuse sculpture environnementale When Faith Moves Mountains : Project for Geological Displacement de Francis ALYS, résidant de Mexico, a changé l'environnement en modifiant une montagne le 11 avril 2002. Imitant le travail du vent dans les endroits arides, l'artiste s'est associé à une « chaîne humaine » en marche sur son flan. Les déplacements même infimes du sable, des cailloux et de la terre, accélérant le cycle naturel d'érosion par volonté d'art, ont réellement modifié la montagne ! Au Québec comme on le verra, des artistes oeuvreront en faisant de l'eau leurs enjeux imaginaire et écologique, rejoignant en cela les palabres au sommet de Johannesbourg. À Kassel (Allemagne), la présen- tation largement médiatisée de la méga documenta 11 sera entièrement traversée par une sélection d'œuvres majoritairement de créations vidéos. Du Canada, The Nunavut Series présentaient la vie d'une famille du village d'Igloolik uploads/s3/ tranches-radicales-dans-l-x27-annee-d-x27-art-2002-au-quebec-par-guy-sioui-durand.pdf
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- Publié le Sep 22, 2021
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