Dossier pédagogique Comédie de Genève www.comedie.ch Maria Da Silva +41 22 8O9
Dossier pédagogique Comédie de Genève www.comedie.ch Maria Da Silva +41 22 8O9 6O 76 mdasilva@comedie.ch mardi, mercredi, jeudi et samedi à 19h., vendredi à 20h dimanche à 17h lundi relâche, ainsi que le dimanche 6 mars. 01-20.03.2016 L'Opéra de quat'sous musique Kurt Weill texte Bertolt Brecht mise en scène Joan Mompart direction musicale Christophe Sturzenegger 2 L’Opéra de quat’sous constitue l’une des plus belles portes d’entrée dans l’univers brechtien. Les élèves y trouveront un lien direct avec la société dans laquelle ils évoluent – de la mendicité à laquelle ils sont, pour certains, quotidiennement confrontés, à une dénonciation plus générale de l’exploitation de la pauvreté. Pour les professeurs, L’Opéra de quat’sous sera l’occasion d’aborder tout à la fois la révolution dramaturgique développée par Brecht, la musique de Weill – considérée comme « dégénérée » par les nazis –, mais aussi des questions politiques et sociales d’une actualité forte. - Quelques pistes d’analyse constitueront une introduction à l’œuvre : le contexte de sa création, son succès, ses enjeux, son style, le rôle des songs, ses références, ses échos avec le monde dans lequel nous vivons ; - Un lexique à l’usage des non-brechtiens clarifiera les concepts de « théâtre épique », de « distanciation », de « song », de « Gestus », de « Lehrstück », de « culinaire » ; - La note d’intention de Joan Mompart, suivie d’un entretien et d’images du décor, nous feront entrer dans les coulisses de la création ; - Une étude approfondie de L’Opéra de quat’sous à la lumière des théories de Brecht sur le théâtre épique tentera de montrer en quoi ce théâtre s’inscrit en contradiction avec la théorie développée par Aristote, notamment dans La Poétique ; - Trois pages consacrées à Kurt Weill retraceront ses débuts, et donneront une idée de ce que pouvait être la vie d’un jeune mucisien politiquement engagé dans l’Allemagne des années 1920 (des années sombres, des années de faim, de crise économique), avant sa fuite en France en 1933 (où les préjugés antisémites n’épargneront ni l’homme ni sa musique), puis aux États-Unis ; - Signalons quelques documents d’importance que nous avons recueillis pour ce dossier : • une lettre de Weill qui élucide le concept de « théâtre musical » ; • un extrait de L’Opéra des gueux de John Gay dont Brecht s’est inspiré ; • le texte de l’un des derniers songs de la pièce (La Ballade de Merci, mis en regard avec La Ballade des pendus de Villon) ; • des extraits d’études de Brecht par Roland Barthes et Bernard Dort. L'OPÉRA DE QUAT'SOUS Présentation du dossier L'OPÉRA DE QUAT'SOUS 3 Distribution.......................................................................................................................P4 Présentation et pistes d’analyse......................................................................................P5 Petit lexique à l’usage des non-brechtiens....................................................................P9 Note d’intention par Joan Mompart.................................................................................P12 Entretien avec Joan Mompart...........................................................................................P14 La scénographie de Cristian Taraborrelli......................................................................P17 L’Opéra de quat’sous et le théâtre épique......................................................................P19 L’Opéra des gueux..............................................................................................................P23 Kurt Weill : compositeur...................................................................................................P25 De François Villon à Weill et Brecht..............................................................................P29 Brecht par Roland Barthes...............................................................................................P30 Brecht par Bernard Dort...................................................................................................P31 Biographies......................................................................................................................P33 Sommaire 4 L'OPÉRA DE QUAT'SOUS musique : Kurt Weill texte : Bertolt Brecht mise en scène : Joan Mompart Basé sur la traduction par Elisabeth Hauptmann de « L’Opéra des gueux » de John Gay Traduction française : Jean-Claude Hémery avec : Carine Barbey, Charlotte Filou, Jean-Philippe Meyer, François Nadin, Lucie Rausis, Thierry Romanens, Brigitte Rosset, Philippe Tlokinski Orchestre : Simon Aeschimann (guitares), Lionel Walter et Baptiste Berlaud (trompettes), Nicolas Curti (percussions), Wolfgang Hanninger (saxophones et clarinette), David Rey (trombone), Christel Sautaux (bandonéon), Vincent Thévenaz (claviers, piano, harmonium), Jérôme Thomas (saxophones et flûte), Petya Todorova (contrebasse) Direction musicale : Christophe Sturzenegger Collaboration artistique : Hinde Kaddour Scénographie : Cristian Taraborrelli assisté de Roberta Monopoli Lumière : Laurent Junod Univers sonore : Jean Keraudren Costumes : Amandine Rutschmann et Irène Schlatter Maquillage, coiffures, postiches : Katrin Zingg Accessoires : Valérie Margot Production : Comédie de Genève Coproduction : Llum Teatre, Les 2 Scènes-Scène Nationale de Besançon, Théâtre 71- Scène Nationale de Malakoff Avec le soutien de : Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture, Fondation Leenaards, Corodis et Loterie Romande L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. Tournée en Suisse et France du 23.03 au 24.05.2016. L'OPÉRA DE QUAT'SOUS 5 PRÉSENTATION Après l’immense succès de On ne paie pas, on ne paie pas ! de Dario Fo, le metteur en scène Joan Mompart s’attaque à l’un des chefs-d’œuvre de Brecht. De scènes parlées en chansons – plusieurs d’entre elles sont devenues de véritables tubes –, L’Opéra de quat’sous dénonce avec une joie grinçante les inégalités, l’exploitation de l’homme par l’homme, interroge les valeurs et les hiérarchies sociales. C’est une pièce- monde, dont les questions ont traversé le siècle comme pour mieux venir nous frapper de plein fouet. Sur scène, un orchestre, et deux clans qui s’affrontent. Celui des mendiants, mené par Peachum, qui invente des slogans capables de parler « au cœur le plus racorni ». Celui des voleurs, mené par Mack. Entre les deux, des flics corrompus et des putains amoureuses. PISTES D’ANALYSE Contexte de la création Lorsque L’Opéra de quat’sous est créé en 1928 au Theater am Schiffbauerdamm de Berlin, Bertolt Brecht a trente ans, Kurt Weill en a vingt-huit. Inspirée de L’Opéra des gueux de Johann Christoph Pepusch et John Gay, l’œuvre connaît un succès immédiat, en Allemagne et dans toute l’Europe. Un an après la première, quatre mille représentations ont lieu dans cinquante théâtres et, en 1932, la pièce est traduite dans dix-huit langues. Des débits de boisson et des marques de papiers peints s’accaparent le succès en se baptisant du nom de la pièce. Interdite par les nazis en 1933 – comme l’ensemble des œuvres de Weill et de Brecht –, elle sera rejouée à Berlin dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en août 1945. Parler du monde L’Opéra de quat’sous fait partie de ces œuvres qui viennent résonner aux endroits qui nous préoccupent, qui viennent « jeter une éclaircie » sur ce que Vitez nommait, parlant de la fonction du théâtre, « l’inextricable vie » : c’est une œuvre qui parle de notre monde et de ses préoccupations avec la légèreté et la distance nécessaires pour nous permettre d’activer une pensée, une réflexion qui nous entraîne au-delà de son apocalypse annoncée – la pensée contre la tétanie, et contre le lamento. L’Opéra de quat’sous, ce sont des questions sociales, politiques et économiques, qui sont de notre temps : la misère, la mendicité, le vol à la petite semaine, l’exploitation de la pauvreté. On y voit cohabiter deux moyens de subsister : le commerce de la charité et la criminalité organisée, situés dans les rouages d’une probable monarchie constitutionnelle, déconnectée de ses pauvres, de son peuple. D’un côté, certains travaillent à communiquer, tâchent de trouver l’argumentaire et le visuel qui « parlera au cœur le plus racorni » pour attirer l’aumône. D’un autre, on organise ce qui reste de matière grise pour voler. Les autres, tous les autres – en définitive, le reste – Présentation et pistes d'analyse L'OPÉRA DE QUAT'SOUS 6 se vendent au plus offrant. Ce qui frappe d’emblée, c’est le traitement que Brecht réserve à ce monde peuplé des plus « déshérités des déshérités ». Pas de drame, pas de larmes. Rien de pitoyable, aucune trace de misérabilisme. Nous sommes dans un univers de comédie et de carnaval1. Dès la première scène, le ton est donné, et l’on voit Peachum, le patron de la société « L’Ami du mendiant », régler ses comptes en homme d’affaires, se plaindre du pouvoir de persuasion trop évanescent des slogans les plus convaincants, distribuer des faux-moignons à son personnel, décliner les « cinq types fondamentaux de misère capables d’émouvoir le cœur de l’homme », réprimander sa femme Celia pour avoir mal réalisé les fausses taches de l’un des costumes destinés au personnel de l’entreprise « Peachum et Cie ». La fantaisie, et le rire, règnent. Mais soudain, au milieu de cette avalanche de faux- moignons et de parodies de discours poignants, un « éclat de vérité », qui touche au cœur : quand Filch, le petit nouveau, auquel Peachum vient d’attribuer le costume du « pitoyable aveugle », demande pourquoi il ne pourrait pas plutôt avoir celui du « jeune-homme-qui-a-connu-des-jours-meilleurs ». Réplique de Peachum : « Parce que personne ne croit aux misères véritables de personne, mon fils ». Derrière le carnaval, la parodie, la fantaisie, se dessine la vraie tragédie d’un jeune homme qui a tout perdu. Et Peachum de rappeler – plus tardivement dans la pièce, à l’acte III – à son équipe : « Vous seriez tous en train de crever dans les cloaques de Turbridge si je n’avais pas consacré mes nuits blanches à chercher le moyen de tirer un penny de votre misère. » Les songs Dans l’œuvre, les « éclats de vérité » sont souvent là où on les attend le moins, et notamment au moments des songs – ces fameux songs que Brecht qualifiait de « didactiques »2. Les personnages semblent y atteindre à une vérité plus noble, plus haute, plus belle. uploads/s3/ 149181-opera-dossier-pedago.pdf
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- Publié le Sep 24, 2022
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