L’imaginaire perceptible dans le cinéma fantastique de Tim Burton Impact de la
L’imaginaire perceptible dans le cinéma fantastique de Tim Burton Impact de la technologie sur la scène filmique Achour Mejda Résumé La technologie cinématographique est un facteur primordial qui contribue à la matérialisation de l’imaginaire des réalisateurs du fantastique. Plus précisément, nous allons aborder l’impact de la technologie sur l’imaginaire cinématographique fantastique de Tim Burton qui baigne dans un enchevêtrement du réel et de l’irréel, fondé sur une conception filmique entre la rationalité et l’irrationalité fictive. Ainsi, notre recherche va nous permettre de découvrir les astuces et les différentes modalités techniques, technologiques, conceptuelles et artistiques. Ces modalités sont les moyens de transposition qui transforment l’imaginaire immatériel, imperceptible, invisible Burtonien en un univers cinématographique prolifique, onirique, perceptible, polysémique et universel. Mots clés : l’imaginaire perceptible, le cinéma, le surréalisme, Tim Burton. Pour citer cet article : L’ESAC- Université de Carthage Al-Sabîl : Revue d’Histoire, d’Archéologie et d’Architecture Maghrébines – N°6 - 2018 2 Introduction Quand nous fermons les yeux, nous n’avons aucune relation visuelle entre nous- même et le monde extérieur. En revanche, notre liaison devient auditive, olfactive et tactile. Nous pouvons percevoir les choses grâce aux indices des autres sens qui formeront par la suite une image latente dans notre cerveau. Donc nous imaginons la forme, la matière, la texture… de cette chose. Mais lorsque nous ouvrons les yeux une autre réalité apparaît qui pourrait être l’absence totale. Nous remarquons alors que le visible est intimement lié à l’invisible sans pour cela qu’il y ait une liaison évidente avec la réalité. La pensée n’est pas le réel mais elle peut se concrétiser lorsque nous la voyons et qu’ensuite nous la touchons. L’homme exprime ses pensées sous forme de défoulement oratoire matérialisé par la voix, et expressif, par une action ou même une illustration. Les preuves de l’existence de la pensée seront donc visibles, perceptibles et palpables. Mais quand elles restent sous une forme latente dans le cerveau, elles seront refoulées en images irréelles, immatérielles, impalpables, imaginaires et invisibles dans l’inconscient. Le fantastique provient de l’imaginaire humain, plus précisément de nos fantasmes, rêves et cauchemars. Puisque ces derniers selon Freud sont les images de notre intériorité. Donc le but de cette recherche est de savoir comment lire et décoder un message simplexe, réel et irréel, à travers les films fantastiques de Tim Burton, et ainsi de voir et d’analyser l’impact technologique sur les scènes cinématographiques en termes d’évolutions techniques et graphiques entre 1984 et 2012. Pour déterminer le corpus, il faut connaître la démarche de notre analyse. Nous essayons de décortiquer et d'analyser les images et les séquences des films fantastiques à travers ses composantes et ses caractéristiques techniques, graphiques et conceptuelles. Cette démarche cherche une éventuelle relation entre les codes et formes visuels et les messages conceptuels transmis par le réalisateur du fantastique. En effet l'analyse s’effectuera sur deux versions du film fantastique « Frankenweenie » l’une de 1984, l’autre de 2012, réalisées à partir d’un seul scénario, mais conçues selon deux technologies différentes. L’image filmique fantastique passe par un long processus pour arriver à transmettre les concepts et les idées du réalisateur à toutes les générations. Cet article interroge les relations qui existent entre les signes du réel perceptible et les signes irréels dans le cinéma fantastique de Tim Burton. Quelle est la différence entre l’imaginaire et le réel ? Que signifie l’imagination créatrice ? Qu’est-ce que l’imaginaire perceptible ? Qu’est-ce qu’une image filmique fantastique ? Comment pouvons-nous réussir à transmettre l’imaginaire perceptible à travers un film fantastique ? Quels sont les moyens techniques et conceptuels de l’imaginaire fantastique chez Tim Burton ? Comment pouvons-nous sentir la différence entre l’imaginaire filmique et le monde réel ? 3 Quel est l’impact de l’évolution technologique dans la représentation de l’imaginaire perceptible dans l’image fantastique de Tim Burton ? L’imaginaire perceptible et le fantastique I. L’imaginaire perceptible L’imaginaire1 vient du mot image et n’existe que dans l’imagination. C’est la faculté de produire des images mentales. Il est considéré comme le fruit du cerveau humain et se manifeste sous forme d’images latentes inspirées de la réalité et liées à plusieurs facteurs attachés au passé vécu et à l’environnement socioculturel et psychologique de l’individu. Ces images sont des représentations de scènes ou de mythes qui sont indissociables de la réalité. En effet, chacune de ces images se fonde sur des concepts polysémiques2 sociaux et en même temps individuels. Ces multiples sens possèdent des caractères communs identifiables par la majorité des récepteurs qui ont vécu dans des environnements similaires. C’est pour cela que les signes et les symboles présents dans l’image sont facilement décodés par l’observateur. Cependant, d’autres signes et codes de l’image restent flous et inconnus, car il y figure des codes personnels propres à la psychologie du créateur. Selon Jean-Paul Sartre, l’imaginaire est lié à la psychologie et à la phénoménologie de l’imagination, cette dernière retraçant les théories de l’image mentale depuis Descartes. L’imagination apparaît sous forme physique et mentale. Les limites perçues entre le réel et l’imaginaire paraissent totalement évidentes et claires car l’imaginaire produit une rupture totale avec la réalité et le monde réel. Cela est le résultat de la distinction par notre conscience humaine, comme l’affirme Jean-Paul Sartre lorsqu’ « il distingue trois types de conscience »3 . « Sartre distingue alors clairement la perception et l’image produite par mon esprit. L’image, issue de la conscience imageante, n’est pas la réalité, elle n’est pas 1 « L’imaginaire fait appel à l’imagination et constitue la capacité à former des images mentales, visuelles voire sensorielles, à nous représenter un monde fictif, imaginatif, irréel. ». Chloé Mousset-Becouze, 2014, p. 28. « Au sens courant, l’imaginaire est le domaine (et le produit) de l’imagination entendu comme faculté créative. Pratiquement, le mot est alors employé comme synonyme de « fictif », « inventé », et opposé à réel. En ce sens, la diégèse d’une œuvre de fiction est un monde imaginaire. ». Jacques Aumont et Michel Marie, 2002, p.107. 2 Un terme ou une image polysémique peut contenir plusieurs sens et signification. 3 Il distingue trois types de conscience dont nous pouvons faire l’expérience : la conscience perceptive, la conscience réflexive et la conscience imageante. La perception est la conscience qui nous permet d’observer les objets du monde réel ; c’est une première approche, une première appréhension de ce monde et des objets qui le constituent. L’objet traité par notre conscience perceptive n’est cependant pas perçu dans sa totalité mais selon certains points de vue. Dès lors, de cette première appréhension découle un savoir de l’objet qui s’acquiert relativement lentement lorsque celui-ci est soumis à notre conscience perceptive. Il existe une infinité de rapports entre les choses du monde, c’est-à-dire qu’une chose peut être perçue d’une multitude de manières, selon divers points de vue lors de notre observation. Notre connaissance de l’objet perçu se constitue en fonction de ces rapports, aussi illimités soient-ils, mais il nous est impossible de saisir complètement tous les rapports possibles que nous pouvons avoir avec l’objet étudié. La chose perçue s’offre au fur et à mesure à nous, il y a donc une possibilité que nous découvrions de nouvelles caractéristiques la concernant et ce, à chaque nouvelle observation. Finalement, Sartre parle d’une forme de passivité de la conscience puisqu’elle ne fait que traiter un objet qui lui est donné d’une manière spécifique. La conscience réflexive va se pencher sur « la façon dont cet objet est donné » et la certitude des données tirées de l’objet en question. 4 l’objet qu’elle représente : elle n’est qu’un rapport à l’objet dont l’observateur a fait l’expérience. »4. L’objet perçu est l’objet qui existe dans la réalité et qui ne dépend pas de notre conscience. Par la suite, notre conscience imageante dessine l’image de l’objet sous forme d’image latente ou bien image mentale5 et l’enregistre dans notre subconscient. Dès que nous percevons, après un certain temps, un indice relié à l’image latente enregistrée, ce dernier stimule notre conscience imageante qui fera la liaison entre cet indice réel et l’image enregistrée dans notre subconscient et se transformera par la suite en une conscience imageante. Cet indice est nommé analogon. « Sartre définit l’analogon comme un « objet matériel qui sert pour la manifestation de l’objet imagé ». La fonction imageante est ainsi basée sur cette matière que Sartre nomme « analogon 5 ». L’imagination diffère et se divise en une imagination reproductrice qui est une reproduction similaire et une traduction conforme à l’image réelle. La deuxième est l’imagination créatrice qui change, crée et innove pour donner un autre aspect de la réalité. Notre imaginaire peut rester dans notre subconscient sous forme de refoulement, comme il peut se défouler sous différents conditions et facteurs, par le biais du « stimulus » ou « l’analogon » et à travers plusieurs moyens artistiques ou autres tel que la musique, le dessin, la peinture ou bien les rêves, les cauchemars ou les fantasmes. L’acte de l’imagination consiste à piocher dans une référence picturale gravée dans nos mémoires, qui provient des multiples enregistrements d’images perceptibles de la vie de uploads/s3/ burton-version-essabil.pdf
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- Publié le Dec 14, 2022
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