Beaux Arts I 3 L’ exposition – passionnante – intitulée «Paysages français – Un
Beaux Arts I 3 L’ exposition – passionnante – intitulée «Paysages français – Une aventure photographique (1984-2017)», programmée jusqu’au 4 février à la Bibliothèque nationale de France, révèle combien l’État a négligé, voire ignoré, au cours des trente dernières années, nos banlieues. Car, parmi les travaux exposés, issus pour la plupart de commandes publiques (d’organismes nationaux ou territoriaux), très peu concernent ces villes périphériques. Si cela n’a pas empêché certains artistes de s’intéresser au sujet, tels JR et ses fresques mettant en scène les habitants de Clichy-Montfermeil, Alain Bublex et ses Contributions au Grand Paris ou Mathieu Pernot et ses séries consacrées aux grands ensembles, l’absence de commande publique sur la banlieue peut paraître obscène. Le photojournaliste Reza me confiait ainsi récemment que les différentes demandes de subvention qu’il avait adressées au ministère de la Culture afin de former des jeunes de banlieue à la photographie et de recueillir ainsi leur regard sur leur quartier lui avaient toutes été refusées ! Or cette situation aboutit à un criant déficit d’images. Ce que ne montre pas l’exposition, ce sont notamment ces entrées de villes et de villages, aujourd’hui totalement défigurées par la prolifération de zones commerciales et de panneaux publicitaires. Une lacune visuelle d’autant plus étonnante que le phénomène a été largement traité dans d’autres pays, tant le graphisme, la forme, les couleurs et les slogans saturant ces espaces en disent long sur notre époque. De même, ces «Paysages français» présentent très peu de visages, de silhouettes, c’est-à-dire très peu de la diversité des Français, exception faite des travaux de Raymond Depardon. Ce que révèle donc l’exposition, c’est l’urgence de reconduire une mission similaire à celle menée par la Datar (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) qui, de 1984 à 1988, grâce à ses directeurs François Hers et Bernard Latarjet, avait demandé à 29 photographes tels que Robert Doisneau, l’Américain Lewis Baltz ou encore l’Italien Gabriele Basilico de donner leur vision de la France. Ces points de vue subjectifs constituent un patrimoine photographique riche et unique dont notre société a encore besoin. La Datar ayant été dissoute en 2014, il appartient aujourd’hui – plus que jamais – à l’État de fixer l’image de la France des années à venir. Pour valoriser cette forme de photographie sociologique, mais aussi pour enrichir notre patrimoine culturel en révélant une autre France, multiple et riche ! Une première étape, en ce sens, a été lancée en 2016 par le ministère de la Culture, qui a confié à l’établissement public de coopération culturelle Médicis-Clichy- Montfermeil et au Centre national des arts plastiques la conduite d’une commande photographique intitulée «Les regards du Grand Paris». Le principe : sélectionner, après un appel à candidatures, plusieurs photographes émergents chaque année (jusqu’en 2026) afin qu’ils livrent des représentations urbaines et sociales inédites du Grand Paris. Espérons que de nombreuses autres commandes et expérimentations artistiques suivront ! Des banlieues sans images et une France sans visage ! L’ÉDITO de Fabrice Bousteau Beaux Arts I 5 138 Ils font l’actu Axel Vervoordt : l’esthète ouvre son musée-promenade près d’Anvers 140 Les acteurs du marché La tribune de Damien Leclère 142 La cote de l’art L’art d’investir dans la pierre (préhistorique) 144 Tendance Quand la photographie sort du cadre 146 Conseils d’achat 3 figures de la photographie en 3D 148 Adjugé ! 3 enchères fraîches 150 Calendrier des expositions 154 La visite en BD de François Olislaeger SOMMAIRE N°403 JANVIER En couverture Egon Schiele Homme debout (Autoportrait) Son attitude nonchalante, son regard aguicheur un brin mélancolique, son manteau orange qui l’enveloppe et le révèle… Tout attire dans ce dessin d’Egon Schiele (1890-1918), artiste entier et sans tabou. Les rétrospectives que vont lui consacrer Vienne et Liverpool pour le 100e anniversaire de sa mort font partie de notre sélection des expositions à ne pas manquer en ce premier semestre 2018. De Tintoret à Delacroix, de Monet à Kupka, de Raoul Hausmann à Sheila Hicks, suivez le guide ! 1914, gouache et crayon sur papier, 46 x 30,5 cm. 6 Vu Arrêt sur images 12 L’essentiel de l’actualité en France Jim Dine donne 26 œuvres au Centre Pompidou 14 Fin de partie pour le musée Art ludique ? 16 Sur la planète 18 Restitutions d’œuvres : la France s’engage 20 Architecture Snøhetta, cas d’école 22 Jouer à bloc le décalage 24 Design L’objet culte : la Borne béton de Le Corbusier 26 Tendance : le style Madame Claude 28 Constance Guisset fait son show 30 Livres L’histoire de l’art aux rayons X 34 Cinéma L’Apocalypse joyeuse d’un peintre de Varsovie 36 Spectacle et musique Berlioz dynamité par Terry Gilliam 38 La recette d’art d’Alain Passard Le chou-d’œuvre de James Ensor 40 Philo Traduire pour faire rempart à la barbarie 42 La chronique de Nicolas Bourriaud L’exposition, cette ringardise 44 En couverture Les 50 plus belles expositions de 2018 66 L’histoire du mois Joan Mitchell & Jean-Paul Riopelle, les amants terribles de l’abstraction 74 Rétrospective au Centre Pompidou César, la casse internationale 80 Exposition à la National Gallery Le gris, couleur à sensations 88 Entretien avec Pierre & Gilles «Bernard Buffet nous a beaucoup marqués» 90 Dossier Femmes artistes : la fin du cauchemar ? 100 Enquête Salvator Mundi : les dessous de la vente du siècle 106 Rétrospective à la Panacée Jacques Charlier, l’esprit farceur 110 Portfolio La stupéfiante beauté des Moches au musée du quai Branly GRANDS FORMATS 117 Musées & centres d’art 118 Les nouveautés de janvier 119 Trois raisons d’aller au Louvre-Lens 120 Les expositions incontournables 122 Cap vers le Japon ! 124 Millet superstar 126 Louise Bourgeois, douleur au poing 128 L’odyssée des utopies 130 Galeries Nos 3 expositions coups de cœur 132 Week-end arty Vienne, un parfum 1900 JOURNAL GUIDE DES EXPOSITIONS 137 MARCHÉ & POLITIQUE CULTURELLE Soyez les premiers à vous connecter sur www.beauxarts.com/partenaires/ et gagnez : PRIVILÈGE ABONNÉS 20 DVD Paul Gaguin «Je suis un sauvage» aux éditions Arte 6 I Beaux Arts par Malika Bauwens «Zabaltuna !» En arabe tunisien, cela signifie : «Vous nous avez envahis par vos ordures ! » Mohamed Oussama Houij, qui a ainsi baptisé son projet artistique, précise : «C’est ce que diraient nos ancêtres s’ils voyaient ça.» Ce qui indigne ce jeune Tunisien, ce sont les montagnes de déchets qui jonchent les rues de son pays : «Ils sont tellement incrustés dans le paysage que ça ne choque même plus.» Pour alerter l’opinion, l’ingénieur diplômé en génie sanitaire convoque les personnages de peintures orientalistes, qu’il colle sur une vue réelle, photographiée au hasard de ses déplacements et légendée de proverbes tunisiens. Le photomontage ci-dessus emprunte sa figure principale au Couscous en Kabylie, une huile sur toile peinte en 1879 par Jean Raymond Hippolyte Lazerges (1817-1887). La jeune femme est transposée dans la médina de Tunis, au sol couvert de détritus. Le dicton est le suivant : «Prépare-lui son couscous, il reprendra ses habitudes.» Comprenez, indique l’artiste : «Chassez le naturel, il revient au galop.» Et nos rêves, à la benne ? N’en jetez plus ! Mohamed Oussama Houij Sans titre, 2017 zabaltuna.tumblr.com VU Exposition 20 octobre 2017 › 25 février 2018 IMAGE: MALICK SIDIBÉ, MADEMOISELLE KADIATOU TOURÉ AVEC MES VERRES FUMÉS, 1969. COURTESY GALERIE MAGNIN-A, PARIS. © MALICK SIDIBÉ. GRAPHISME © AGNÈS DAHAN STUDIO 261, boulevard Raspail 75014 Paris fondation.cartier.com 8 I Beaux Arts par Marie Darrieussecq L’artiste américain Asad Raza a installé un court de tennis dans une église baroque milanaise désacralisée. Le titre de l’œuvre, Untitled (Plot for Dialogue), invite à voir l’échange de balles comme une métaphore pacifique, sous les tableaux du XVIe siècle protégés par des filets, entre deux statues ramasseuses de balles. Michel Serres rappelle que la religion est, selon l’étymologie, «ce qui nous rassemble ou relie en exigeant de nous une attention collective sans relâche». Une finale à Roland-Garros ressemble donc à un rite religieux : tous ces visages se tournant ensemble au même moment, d’un joueur à l’autre, de set en set, sans quitter des yeux la sainte balle… Le philosophe poursuit en disant que le contraire de la religion, c’est la négligence : même étymologie, mais au négatif. Laisser passer les balles prend alors un tout autre sens. Regarder ailleurs. Ne pas participer. Refuser ce collectif-là. L’indifférence, parfois plus forte que la dérision ou le blasphème. Jeu, set et messe Asad Raza Untitled (Plot for Dialogue), église San Paolo Converso, Milan, 2017 VU P R O G R A M M E , I N S C R I P T I O N E N L I G N E L E C O L E VA N C L E E FA R P E L S . C O M DÉCOUVRIR. APPRENDRE. S’ÉMERVEILLER. 10 I Beaux Arts par Auguste Schwarcz Que se passe-t-il quand deux reines de la transformation opèrent ensemble pour un projet photo ? Connue pour ses portraits de femmes à la beauté si lisse qu’elle rappelle la froideur terrifiante de mannequins de vitrine, l’artiste Valérie Belin a fait appel au talent d’Isamaya Ffrench, une uploads/s3/ beaux-art 1 .pdf
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- Publié le Jui 13, 2021
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