UNIVERSITÉ DE PARIS. TRAVAUX ET MÉMOIRES DE L'INSTITUT D'ETHNOLOGIE. –XVII. Mgr
UNIVERSITÉ DE PARIS. TRAVAUX ET MÉMOIRES DE L'INSTITUT D'ETHNOLOGIE. –XVII. Mgr RENE ILDEFONSEDORDILLON Grammaire et Dictionnaire Langue des Iles Marquises Marquisien-Français INSTITUT D'ETHNOLOGIE de la PARIS 191, RUE SAINT-JACQUES (5e) 1931 Copyright by INSTITUT d'Ethnologie. – 1931 Le dictionnaire Marquisien-Français et Français-Marquisien que nous livrons aujourd'hui au public est le fruit de trente-cinq années de travaux. Notre tâche était d'autant plus difficile et pénible que nous n'avions aucun devancier. Il nous a fallu avoir constamment le calepin à la main pour recueillir les mots avec leurs diverses acceptions. L'arrivée de nouveaux mots, de nouvelles accep- tions nous a obligé à remettre cent fois l'ouvrage sur le métier. Nous avons longtemps mûri la vraie signification des mots nous avons scruté, discuté même, avec un soin scrupuleux, les diverses significations des mots en les poursuivant jusque dans leurs plus grandes extensions. Enfin, nous nous sommes efforcé de rendre notre travail digne de ce que doit être tout dictionnaire véritable le dépôt fidèle des richesses et du génie d'une langue. Nous le croyons complet, autant qu'un dictionnaire peut l'être. Pour rendre notre travail profitable à ceux qui ont la noble ambition de con- naître, d'apprendre, de parler cette langue, nous le faisons précéder de la gram- maire Marquisienne qui lui sert en quelque sorte d'Introduction, et sans laquelle on serait longtemps à marcher à tâtons. De plus, ne voulant pas faire de notre Dictionnaire un simple squelette, nous avons voué une attention religieuse à l'enrichir d'exemples tirés non pas de notre cru, mais recueillis de la bouche même des Kanaks. Il n'est point, en effet, de Dictionnaire où la multiplicité des exemples soit plus nécessaire, nous dirons plus essentielle, qu'un Diction- naire Marquisien-Français et Français-Marquisien, à cause de ce grand nombre de locutions figurées que possède la langue française et que la langue Marqui- sienne ne peut rendre qu'en les réduisant au sens propre, de manière que celui qui ignorerait combien diffère sur ce point le génie des deux langues, se ren- drait à tout moment ridicule et même inintelligible en faisant des traductions littérales. Nous n'avons oublié non plus, ni les idiotismes, ni les mots nouveaux. PRÉFACE. PRÉFACE Nous avertissons qu'il y a un très grand nombre de mots qui pourront pa- raître ne pas se trouver dans le Dictionnaire et qui s'y trouvent cependant. Ce sont les mots qui commencent surtout par les particules had et haka, pa, ta, qui servent à former des verbes comme on peut le voir dans la grammaire. Exemples dkadka, léger, had dkadka, rendre léger, alléger; paà, mûr, haka pad, faire mûrir kuku, pointe quelconque dont on se sert pour faire des lanières de feuilles de pandanus, pakuku, faire des lanières kete, panier, takete, mettre dans des paniers; pona, nœud, tapona, faire des nœuds. Nous nous sommes con- tentés d'énumérer leurs principaux composés, surtout ceux qui présentent quelque difficulté, car on n'emploie pas indifféremment had et haka. Le génie de la langue veut tantôt had pour certains mots et tantôt haka pour d'autres. Il en est de même des mots qui se composent i° des diminutifs aie, ana. Exemples heé, marcher, ate heé, marcher lentement iti, peu, ana iti, très peu 2° de kai, qui exprime une habitude. Ex. kouad, gronder, kai kouad, qui ne cesse de gronder, de grommeler; 30 de le particule pi, qu'on ajoute à certains mots dont elle ne change pas les sens, mais auxquels elle donne une certaine force, une certaine grâce, comme dans piâkadka, pidke, dke, pidhiâhi 40 de la particule euphonique a. Ex. lia mate i tu'u kiko a mata, j'ai mal aux yeux; à tuaki i tenei tumu a ehi, renversez ce cocotier. Nous faisons encore la même observation au sujet des adjectifs qui forment leur pluriel en doublant tantôt leur première syllabe, tantôt leurs deux premières syllabes, tantôt en doublant la syllabe du milieu, tantôt en se répétant en entier. Si nous avions voulu faire la nomenclature de tous les adjectifs qui sont susceptibles de redoublement celles des verbes qu'on peut former à l'aide des particules had, haka, ta celle des diminutifs ate, ana celle des mots qui ex- priment une habitude à l'aide de la particule kai, celle encore de la particule explétive a nous aurions pu tripler amplement notre dictionnaire mais pour 'simplifier nous avons préféré, en général, mettre les composés au mot générique, et c'est là qu'on doit les y chercher. Il est à peine besoin de dire que tous nos missionnaires nous ont prêté leur bienveillant concours pour ce travail. Quant à la valeur intrinsèque de notre travail, et aux services qu'il est ap- pelé à rendre, nous renvoyons à l'appréciation qui en a été faite par le R. P. Gérauld (Pierre Chaulet), il y a quelques années. EXPLICATION DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGNES. a = actif. N* tient lieu du nom propre, soit pour adj. adjectif. les personnes, soit pour les lieux. adv. = adverbe. n. = nom. anat. = anatomie. onom. = onomatopée. art. = article. pl. = pluriel. bot. = botanique. prép. = préposition. artill. artillerie. pois. = poisson. conj. = conjonction. pron. = pronom. e. ou E. = mot employé uniquement dans red. = redoublement. le groupe Est des Iles Marquises. s. = substantif. esp. = espèce. sing. = singulier. exp. fig. = expression figurée. t. = terme, fig. = figure. v. = verbe et voyez. gram. = grammaire. voy. = voyez. interj. = interjection. tient lieu du mot qui fait le sujet de m. = masculin. l'article. méd. = médecine. j| sépare les différents sens du mot. m. n. = mot nouveau. Institut d'Ethnologie. DORDILLON. i GRAMMAIRE DE LA LANGUE DES ILES MARQUISES. INTRODUCTION. Pour jeter un plus grand jour sur les principes que nous avons réunis dans cette Grammaire, nous dirons ici quelques mots de la langue polyné- sienne et des principaux dialectes qui en dérivent. Le polynésien pur a son alphabet composé de 15 caractères, savoir io con- sonnes et 5 voyelles. Les voyelles sont a, e, i, o, u. Les consonnes sont g, h, k, m, », p, r, t, v. Le temps a introduit du changement dans un grand nombre de mots. Beau- coup de termes qui sont encore. les mêmes ont varié leur signification d'autres l'ont conservée, mais diffèrent, soit par l'élision d'une ou de plusieurs consonnes, soit par le changement d'une ou de plusieurs voyelles ou consonnes, soit par le redoublement de la première, ou des deux premières syllabes, ou même de celles qui les terminent. En Nouvelle-Zélande on a conservé toutes les lettres de l'alphabet primitif. Dans l'Archipel de Mangareva on a supprimé le f et le h l'un et l'autre est remplacé par un petit coup de gosier que la glotte fait sentir en pointant fai- blement la voyelle suivante. Ainsi au lieu de fala, bouche, on écrit et l'on pro- nonce dd, et aiai, au lieu de ahiahi, soir. A Tahiti et dans les îles, de la Société on a rejeté le k et le g. On supplée à ces deux caractères par l'accent et le petit coup de gosier, dont nous venons de parler exemple tadta, homme, au lieu de tangata lira, rouge, au lieu de kura. On change aussi dans quelques mots le h en lad, au lieu de had. Aux îles Sand *ich le g est remplacé par le n, le k et le t et dans certains mots l'a par l'o. LANGUE DES ILES MARQUISES Aux Marquises, de même que l'Archipel se divise en deux groupes, l'un Sud- est et l'autre Nord-ouest, de même la langue se divise en deux dialectes bien distincts l'un de l'autre, mais non pas néanmoins de telle sorte qu'on ne puisse se comprendre d'un groupe à l'autre. De plus, chacun de ces dialectes admet, dans le même groupe, des variantes d'île à île et de vallée à vallée. Ainsi, dans le groupe Nord-ouest, on dira à Uapou koutu, crabes, et à Nuùhiva kaitako à Uapou kenana, homme, et à Nuûhiva, énana. A la même île Nuùhiva, dans la vallée de Taiohaé, on dit mako, espèce de requin, et mango dans la vallée de Taipi. Ces différences ne sont cependant sensibles pour la plupart que de groupe à groupe celles qui existent d'île à île, ou de vallée à vallée, ne consistent guère que dans la suppression d'une ou de plusieurs lettres, ou dans le chan- gement d'une lettre en une autre lettre, comme on peut s'en convaincre en par- courant la liste des variantes que nous avons mise à la fin de cette Grammaire. Chaque fois que la variation des mots a fait exception à une règle générale p nous avons eu soin de l'indiquer. Lorsqu'une règle nous a paru douteuse, ou qu'il nous eût été difficile de l'établir d'une manière claire et précise, à cause de ses trop nombreuses exceptions, nous nous sommes contenté de l'indiquer par des exemples. Quant au plan que nous avons suivi dans l'exposition de ces prin- cipes, on le trouvera détaillé dans la table des matières. De l'Alphabet.' L'Alphabet de la langue des îles uploads/s3/ grammaire-et-dictionnaire-de-la-langue-des-iles-marquises-de-mgr-rene-ildefonse-dordillon-1808-1888-n0415071-pdf-1-1.pdf
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