Alcools de Guillaume Apollinaire 1913 En avril 1913, Guillaume Apollinaire publ

Alcools de Guillaume Apollinaire 1913 En avril 1913, Guillaume Apollinaire publie Alcools, une sélection concertée de sa production poétique de 1898 à 1913. Paru aux éditions Mercure de France à Paris en peu d’exemplaires, cette première version est caractérisée par l’illustration du frontispice réalisée par Pablo Picasso (cf. page précédente). La reliure est quant à elle plus tardive. Créée « à la manière » de Picasso par Micheline de Bellefroid, la couverture représente un portrait d’Apollinaire. GUILLAUME APOLLINAIRE Quelques repères biographiques Guillaume Apollinaire est l’un des principaux poètes français du début du XXe siècle. De son vrai nom Wilhelm Apollinaris de Kostrowitsky, il est d’origine polonaise et naît à Rome en 1880. Dès 1901, après ses études et alors qu’il travaille pour subvenir aux besoins de sa famille, il publie ses premiers poèmes. À la même époque, il est engagé comme précepteur dans une famille d’aristocrates allemande. Ce séjour en Allemagne lui inspirera d’ailleurs certains poèmes, contes et articles dont il se servira par après en France. De retour à Paris en 1903, il devient rédacteur en chef de deux revues, parmi lesquelles le Festin d’Esope, dont il est l’un des fondateurs. Au même moment, tout en publiant d’autres poèmes, Apollinaire se lie d’amitié avec des hommes de lettres, tels que Max Jacob, et des artistes, tels que Pablo Picasso. Menant ainsi une double activité de critique d’art et de poète, Guillaume Apollinaire vit de sa plume et s’affirme comme un © Musée royal de Mariemont. Peinture de Marie Laurencin représentant Apollinaire et ses amis, 1907. De gauche à droite : Pablo Picasso, Fernande Olivier, Guillaume Apollinaire et Marie Laurencin. écrivain d’avant-garde. De 1905 à 1913, il entreprend la rédaction à la fois de romans érotiques, d’œuvres en prose, de poèmes, d’essais théoriques et de manifestes sur l’art contemporain. En 1914, il est envoyé au front. Cette épreuve lui inspire de nombreuses lettres et poèmes dont ses premiers « calligrammes ». Blessé à la tempe par un éclat d’obus, Apollinaire quitte définitivement le front et se remet pleinement à l’écriture. A cette époque, il met en scène un « drame surréaliste » et participe à une conférence sur l’ « esprit nouveau ». L’année 1918 est cependant une année tragique pour l’écrivain qui est notamment atteint de la grippe espagnole. Affaibli par la guerre et les récentes maladies, il meurt la veille de l’Armistice, le 9 novembre 1918, laissant une œuvre originale, révélatrice d’une nouvelle vision du monde et de nouvelles orientations poétiques. Guillaume Apollinaire en relation avec les avant-gardes Très tôt, Guillaume Apollinaire révèle une originalité qui l’affranchit de toute influence d’école et fait de lui l’un des précurseurs de la révolution littéraire de la première moitié du XXe siècle. Il illustre en effet la mutation qui s’est opérée dans la poésie française entre 1900 et 1920, période de renouveau pour les arts et l’écriture, notamment avec l’émergence du cubisme, du futurisme et du dadaïsme. Chantre de toutes les avant-gardes artistiques, Apollinaire milite pour le renouveau de l’art et combat en faveur des initiatives les plus neuves de la peinture. Après Baudelaire, et comme lui, le poète a voulu exalter la peinture de son temps. C’est par sa rencontre avec la peintre aquarelliste Marie Laurencin en 1908 qu’Apollinaire est introduit dans les milieux artistiques parisiens d’avant-garde. La période qui suit, caractérisée par un renouveau créateur, dont témoignent des poèmes comme Le Brasier ou encore Les Fiançailles, prouve l’influence durable de Laurencin sur l’écrivain. Devenu défenseur de cet « art nouveau », il entretient des liens d’amitié avec de nombreux artistes et les soutient dans leur parcours artistique. On sait qu’il loue le talent de Pablo Picasso, qu’il est le premier à célébrer l’art naïf du Douanier Rousseau, qu’il parle avec admiration de Matisse, qu’il réalise la préface de la première exposition de Georges Braque, qu’il voyage en Angleterre avec Picabia,… Il défend également le talent d’un peintre italien, fondateur du mouvement artistique appelé la « Peinture métaphysique » : Giorgio De Chirico. Cet artiste réalise, entre autres, un portrait d’Apollinaire dénommé Portrait prémonitoire de Guillaume Apollinaire (cf. annexe pour plus d’informations). C’est auprès des cubistes qu’Apollinaire va surtout jouer un rôle. Assistant à la gestation de ce mouvement artistique, il en devient un des animateurs et théoriciens des plus fervents. Ami de Picasso, de Derain, de Vlaminck et souvent présent au Bateau-Lavoir (atelier parisien de Picasso), il suit de près cette nouvelle peinture. Il fait connaitre les artistes, les défend et les suit dans leurs continuelles recherches, avant d’en définir quelques-uns des principes. De la même manière, Apollinaire est aussi intéressé par le futurisme, tant littéraire que pictural. L’écrivain a en effet rédigé L’antitradition futuriste, manifeste édité en 1931, et soutenu des artistes tels que Filippo Tommaso Marinetti. Ces liens qu’entretient Apollinaire avec les avant-gardes artistiques vont ainsi avoir une grande influence sur son œuvre. Au contact des peintres, l’écrivain a ainsi élargi le champ de la poésie en englobant les principes fondateurs à la fois du cubisme et du futurisme. Il devient notamment le porte-drapeau de l’ « esprit nouveau », où il exalte la modernité, tout en se réclamant des valeurs traditionnelles. PICASSO, APOLLINAIRE ET LE CUBISME Guillaume Apollinaire est un des habitués et un fervent défenseur des avant-gardes artistiques. Ami proche de Pablo Picasso depuis 1905, il écrit énormément sur le cubisme. En 1913, il publie notamment « Méditations esthétiques, Les peintres cubistes » dans lequel il compile certains de ses articles, préfaces de catalogues d’exposition et comptes- rendus journalistiques. Cet ouvrage est considéré comme un véritable évangile de cette nouvelle esthétique. Il y défend surtout Picasso, dont les visions artistiques ont une grande influence sur la production littéraire d’Apollinaire, autant dans ses récits poétiques que prosaïques. Le cubisme est un mouvement significatif de l’histoire de l’art moderne. Il s’est développé de 1907 à 1914 dans l’atelier parisien de deux artistes, l’un espagnol, l’autre français : Pablo Picasso et Georges Braque. Le cercle d’artistes accueilli par ces deux peintres au Bateau-Lavoir est assez vaste et élitiste. Il comprend des poètes, des romanciers, des critiques d’art, des peintres, des sculpteurs,… Basé sur les recherches picturales de Cézanne et les arts primitifs, le cubisme apporte une révolution dans le domaine de la représentation, comparable à l’utilisation de la perspective par les peintres de la Renaissance. Cette quête d’une nouvelle représentation s’est déroulée en trois étapes. La première, appelée cubisme cézanien, s’épanouit entre 1907 et 1910. Elle permet aux artistes de représenter un objet tridimensionnel sur la surface plane bidimensionnelle du tableau, un peu à la manière de Cézanne (cf. Les demoiselles d’Avignon de Picasso). Le cubisme analytique est la deuxième phase de ce développement. Jusqu’en 1912, les artistes analysent de manière systématique et scrupuleuse certains objets. Ceux-ci sont déconstruits, désagrégés en une multitude de facettes de couleurs ternes où les jeux d’ombre et de lumière sont extrêmement présents (cf. Le joueur de Guitare de Picasso). La troisième étape est le cubisme synthétique. S’épanouissant de 1912 à 1914, il se caractérise par la revalorisation de la couleur et par la réintégration d’éléments reconnaissables grâce à la technique du collage. Les objets ne sont plus déconstruits à l’extrême. Les facettes représentées sont choisies par les artistes dans un but précis, dans un but esthétique (cf. Guitare et bouteille de Bass de Picasso). Picasso, Les demoiselles d’Avignon 1906-1907 Huile sur toile Picasso, Le joueur de guitare 1910 Huile sur toile Picasso, Guitare et bouteille de Bass 1913 Technique mixte sur bois Couverture d’Alcools réalisée par Micheline de Bellefroid. ALCOOLS ET SES CARACTÉRISTIQUES CUBISTES Alcools est un recueil de poésie écrit par Apollinaire pendant une grande partie de sa vie. Publié en 1913, cet ouvrage témoigne des innovations littéraires des avant-gardes. Le titre Alcools associe la poésie à un paradis artificiel, où toute forme de rationalité est interdite. Ce recueil explore des thèmes variés dont, entre-autres, le sentiment amoureux (cf. La chanson du Mal Aimé), l’érotisme adolescent (cf. L’Ermite), la célébration des objets quotidiens et de la ville moderne (cf. Zone), ou encore la solitude (cf. Le Pont Mirabeau) et la diversité du monde et des personnes qui nous entourent (cf. Le Voyageur).  Poèmes disponibles en ligne sur inlibroveritas : http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre5652.html  Versions lues par Apollinaire des poèmes : Le pont Mirabeau et Marie sur http://www.ina.fr/audio/P12027213/guillaume- apollinaire-le-pont-mirabeau-marie.fr.html La profondeur des émotions décrites est contrebalancée par les innovations formelles mises en place par Apollinaire. À cet égard, Alcools se situe entre tradition et modernité. Les innovations poétiques sont nombreuses. Elles se manifestent dans l’abolition pure et simple de toute forme de ponctuation, du discours linéaire et de l’utilisation quasi systématique du présent. Les poèmes d’Apollinaire racontent des instants et des impressions sans construction logique ou descriptive apparente. Ils ressemblent davantage à un collage, où un ensemble cohérent de faits est fragmenté et ensuite recomposé afin de valoriser le caractère essentiel des phénomènes. La rationalité du discours est dès lors mise de côté pour laisser place à une structure poétique basée sur les rimes, les assonances, les allitérations et les leitmotivs. Le parcours uploads/s3/ guillaume-apollinaire-alcools.pdf

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