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HAL Id: hal-01386319 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01386319v3 Submitted on 5 Mar 2018 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Le vidéoclip, de la forme cinématographique brève au médium autonome Antoine Gaudin To cite this version: Antoine Gaudin. Le vidéoclip, de la forme cinématographique brève au médium autonome. Sylvie Périneau. Les formes brèves audiovisuelles, des interludes aux productions web, CNRS Editions, 2013, 978-2-271-07201-6. http://www.cnrseditions.fr/cinema/6819-les-formes-breves-audiovisuelles- sous-la-direction-de-sylvie-perineau-.html. hal-01386319v3 LE VIDÉOCLIP : DE LA FORME BRÈVE CINÉMATOGRAPHIQUE AU MÉDIUM AUTONOME Antoine Gaudin Version très légèrement modifiée par rapport à l’original (corrections de pure forme) Vieux d’une trentaine d’années seulement, sous la définition qu’on lui attribue aujourd’hui – une composition d’images qui se superpose à un morceau musical préexistant afin d’en assurer la promotion auprès du public des chaînes de télévision1 (et, depuis quelques années, d’Internet) – le clip-vidéo2 est sans doute une des formes brèves audiovisuelles les plus représentatives de notre contemporanéité. C’est l’une des plus omniprésentes en tous les cas : en plus du médium télévisuel où le clip occupe des « niches » spécifiques, il est abondamment diffusé sur Internet et dans de nombreux espaces publics. Bref, le clip tient une place non négligeable dans notre environnement d’images quotidien ; il constitue également un secteur singulier de création audiovisuelle, qui se fonde sur un rapport musique/image spécifique, où la plastique musicale, venant en premier, imprime à l’image ses principes de construction, ses qualités propres de rythme, de texture et de tonalité3. En ce sens, le vidéoclip constitue aujourd’hui un laboratoire où se tentent des configurations musico-visuelles passionnantes, un véritable art pop (c’est à dire séduisant, éphémère4, industriel) fonctionnant comme une structure expérimentale au cœur du 1 Postérieur à la vidéo musicale et à certaines formes d’associations entre musique et images tentées dans le cinéma expérimental, la comédie musicale ou le dessin animé, le vidéoclip, au sens strict, apparaît au début des années 1980 avec les premières retransmissions de la chaîne MTV. Le « genre » a néanmoins pu recevoir une définition plus extensive que celle que l’on retient aujourd’hui, qui permet de remonter à une origine plus ancienne de l’association entre musique et images dans le champ cinématographique (BRENEZ, N., 2007). 2 N.B. : il est possible de visionner très facilement, sur le site youtube.com, la totalité des œuvres citées dans cet article. 3 En comparaison des bandes musicales référencées que l’on trouve au cinéma (emploi de musiques préexistantes dans les films), dans le clip, le texte visuel, créé a posteriori, entre dans une relation de secondarité et de dépendance avec le texte musical, caractérisé, dans l’extrême majorité des cas, par son intangibilité : celui-ci est « donné », une fois pour toutes, dans sa version originale, il est intouchable, on ne peut a priori pas le retravailler, le couper, l’arranger, charge aux images de s’adapter à sa durée, sa structure, ses mouvements, sa couleur tonale, ses dynamiques, ses textures, etc. Si cet aspect crucial n’a pas forcément d’effet perceptif direct et avéré (nous pouvons ignorer, en regardant une œuvre audio-visuelle, si elle a été pensée en fonction de la musique ou si c’est la musique qui a été rajoutée aux images), il n’en demeure pas moins très important dans le cas du vidéoclip : notre savoir latent sur le médium conduit à recevoir les œuvres sous l’angle de la subordination de la bande-images à la bande-musique. 4 Ce caractère éphémère s’estompe un petit peu avec le développement des dernières technologies de communication, d’échange et d’archivage de fichiers informatiques. À l’ère du Web 2.0 en général et de YouTube en particulier, le clip est désormais une forme qui se constitue une « mémoire » virtuelle (il est possible de retrouver en quelques clics des dizaines de milliers de vidéoclips tournés dans les trente dernières années), en partie indépendante des desiderata des chaînes spécialisées et de la pression de l’actualité des dernières nouveautés. système industriel de production des œuvres culturelles. C’est en tenant compte de ce statut spécifique que je propose d’examiner le clip, sur le plan historique et esthétique, à partir de trois questions relatives à sa brièveté : - La notion de « forme brève » supposant souvent un « modèle long » à l’aune duquel on juge cette brièveté (POPPELARD, M.-D., 2008), de quoi le clip serait-il une forme abrégée ? - À partir de quel degré d’émancipation par rapport à ce modèle « long », la forme brève peut-elle être reconnue comme une forme « autonome » ? - Quelles sont les conséquences « positives » de la brièveté sur la poétique du vidéoclip ? En ce qui concerne la première question sur la forme longue de référence, la réponse ne saurait être unique. Il faudrait commencer par préciser que la durée d’un vidéoclip est, dans la plupart des cas, la même que celle du morceau musical dont il est chargé d’assurer la promotion. On pourrait certes en déduire que la longueur du clip est simplement contrainte par son dispositif de production et sa fonction de communication, et ne pas s’interroger au-delà de ce constat ; ou alors, si l’on introduit la question de la brièveté, et si l’on considère le clip comme la forme réduite de quelque chose, on pourrait proposer qu’il constitue aussi bien une courte émission de télévision, ou un court spectacle musical. Mais lorsqu’on examine l’histoire de ses premiers développements en tant que forme institutionnalisée (selon la définition intensive donnée en début d’article), au début des années 1980, tout indique que, pour les acteurs les plus influents du secteur, une forme longue en particulier a fait office de référence à l’aune de laquelle on ressentait – de façon souvent négative – la brièveté du vidéoclip. Cette forme longue de référence, c’était le cinéma de fiction. Souvent considéré comme un rejeton « impur » du cinéma, le clip en était alors perçu comme une forme dérivée. Il est vrai que, dès qu’il a eu l’ambition de proposer autre chose qu’une représentation filmée de l’artiste musical en train de « performer »5, le clip a lorgné vers le cinéma de fiction et l’a constitué comme un modèle à imiter, en cherchant à condenser en quelques minutes son « langage » et ses codes de mise en scène. C’est ainsi que se signale, dans les premières 5 Aux tout débuts de la chaîne MTV, les maisons de disque lui offraient souvent des bouts de concert montés ou des images de l’artiste ou du groupe en playback live, plutôt que de véritables créations ad hoc. années, l’ambition artistique au sein du secteur : même s’ils ne sont pas toujours ceux qui rencontrent le plus grand succès, les clips les plus estimés sont ceux qui s’apparentent à des courts-métrages narratifs, comme le fameux Thriller réalisé par John Landis pour Michael Jackson (1982). Comme par effet de réduction de la « grande » à la « petite » forme, le sur-découpage, les faux raccords, les ellipses, etc., se sont ainsi affirmés comme les figures imposées d’une narration concentrée à l’extrême (LALANNE, 2000). De manière significative, les réalisations les plus prestigieuses sont également les plus longues : dans cette démarche d’imitation à l’égard du cinéma, en effet, la brièveté est vécue comme une tare, une contrainte à dépasser – ne serait-ce que pour pouvoir déployer une structure narrative digne de ce nom. Le début des années 1980 est ainsi l’époque des Talkies, « superproductions » du clip qui peuvent durer en moyenne entre dix et quinze minutes (une demi- heure pour les plus longs) et qui présentent quelques caractéristiques notables : - D’abord, les Talkies excédent de loin la durée du morceau musical d’origine, et n’hésitent pas à remettre en question son intégrité. Le morceau n’est plus une donnée intangible à laquelle doit s’adapter la bande-image, il est au contraire soumis à toutes sortes de manipulations et de déstructurations (la « danse des zombies » de Thriller est, par exemple, effectuée au son de l’extension et de la mise en boucle du break rythmique du morceau original), et fait l’objet d’arrêts ou de reprises commandés par le contexte narratif. - Ensuite, les Talkies reconstituent la tripartition sonore (CHION, M., 1985), comme dans les films, en incorporant à leur bande-son des bruits diégétiques et des voix dialoguées. Thriller repose ainsi sur un principe d’alternance entre scènes musicales et scènes dialoguées, les premières incorporant en outre toutes sortes de bruitages extérieurs au morceau musical : bruit des pas des personnages, de la terre meuble soulevée par la sortie des zombies, etc. Ainsi convoqué de façon ponctuelle, le morceau musical perd relativement de l’importance. - Par ailleurs, les Talkies développent des constructions narratives relativement classiques, uploads/s3/ le-videoclip-de-la-forme-cinematographique-breve-au-medium-autonome.pdf
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- Publié le Fev 08, 2022
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