I/ Qu’est-ce que l’Art-Thérapie ? 1. Définition Le mot art est un mot polysémiq
I/ Qu’est-ce que l’Art-Thérapie ? 1. Définition Le mot art est un mot polysémique, au regard de l’antiquité, il « éduque » et a le pouvoir d’élever les hommes vers la beauté. En ce sens, il provoque des effets relationnels entre les hommes. Et déjà, puisque pour s’intégrer à un groupe, à une collectivité, l’homme doit s’exprimer, communiquer, l’art catalyse le rapprochement des hommes entre eux, facilitant la reconnaissance. Dans le cadre des rituels funéraires, il laisse une emprunte, rassure, apaise les âmes. Au regard du monde contemporain, la notion d’esthétisme vient renforcer et recodifier la notion de beauté. Les Beaux Arts étant le trait d’union entre la subjectivité de ce qui est considéré comme beau, (d’où la nécessité d’écoles d’art, où les techniques artistiques sont étudiées) et l’objectivité qui est relative au respect de ces techniques classiques et reconnues de toute la communauté des hommes. Ainsi, l’utilité d’un ouvrage d’art (aux arts et métiers, on apprendra à construire un pont) ou la beauté des créations artistiques permettent de différencier artisanat et art (beaux arts). En revanche, l’Art-Thérapie est une méthode d'utilisation du potentiel d'expression artistique d'une personne à des fins thérapeutiques (soin psychique) ou de développement personnel. L'art-thérapie est effectivement une médiation dite "muette", qui peut utiliser comme support exégétique et étayant, divers media tels que la peinture, la sculpture, le dessin, la photographie, le modelage, le vêtement, le chant, la voix, le théâtre (psychodrame, jeu de rôles), ou même la danse… Cependant, cette diversité de moyens répond à l'application rigoureuse d'une méthodologie analytique spécifique. Ainsi, quand le patient ne peut pas toujours formuler aisément ce qui le gêne au plus profond de lui, celui-ci, sous la conduite d'un art-thérapeute, va utiliser une médiation artistique comme possible expression de ce qu'il ne peut nommer avec des mots, afin de se libérer des entraves et croyances limitantes. Selon la Fédération Française des art-thérapeutes (Non accréditée par l'État), « L'art-thérapie est une pratique de soin fondée sur l'utilisation thérapeutique du processus de création artistique. » On parle également de l'utilisation de « médiations artistiques », qu'elles soient plastiques (Peinture, argile, collage, dessin, etc.) ou corporelles (théâtre, danse, etc...) par exemple. Le terme "médiation" pris dans ce sens pouvant englober un champ plus large que l'art-thérapie, et inclure également les pratiques des psychomotriciens (Qui peuvent parfois se recouper avec celles des art-thérapeutes), le jeu, le sport, les médiations culturelles comme les œuvres d'art... 2. Historique. Les débuts de l’art-thérapie moderne remontent au début des années 1900, lorsque les psychiatres se demandèrent tout d’abord s’il existait une relation entre l’œuvre produite réalisée par le patient et sa maladie. À la même époque, les enseignants en Art Plastiques remarquèrent que les dessins libres et spontanés des enfants constituaient en fait, une sorte d’autobiographie qui communiquait des messages significatifs au niveau émotionnel et symbolique. Ce sont ces deux domaines d’intérêt qui furent à l’origine de la création d’une discipline distincte, l’art-thérapie dans les années 30. La fondation de l’art-thérapie au Canada est l’œuvre de quatre figures pionnières: Marie Revai, de Montréal, et Martin Fischer de l’Ontario, Irne Dewdney et Selwyn Dewdney. Elle y est une discipline très utilisée, on constate une grande dynamique des échanges de spécialistes sur des forums internationaux par exemple. Cependant, n’oublions pas que l’art thérapie est une méthode que l’on doit à Sigmund Freud. Pour lui, tout est miroir, en sachant toutefois que le langage objectal qui se dégage d’une œuvre d’art, aussi modeste soit elle, nécessite des études de psychanalyse ainsi qu’une cure personnelle afin de ne pas projeter lors de l’interprétation de la réalisation art thérapique. Selon Freud, " la pulsion sexuelle met à la disposition du travail culturel des quantités de forces extraordinairement grandes " ; il nomme " cette capacité d'échanger le but sexuel originaire contre un autre but, qui n'est plus sexuel mais qui lui est psychiquement apparenté, capacité de sublimation ".La création devient en quelque sorte une dynamique transcendantale du principe d’idéalisation, du pouvoir expressif (une sorte d’acte pouvoir). Par ailleurs, l’influence de Carl G.Jung (1875-1961), psychiatre suisse, qui voit dans l’activité artistique du patient une prise en charge de son processus de guérison, est ressentie non seulement en Europe mais aussi en Amérique du Nord. Pour Jung, le fait que le patient soit en mouvement, absorbé par sa création artistique, plutôt que de le laisser passif face aux interprétations de son analyste, selon lui, l’imaginaire du patient est en effet mobilisé ce qui le rend responsable de son propre cheminement, sa capacité de poser subjectivement une interprétation de sa production. Dans son livre « la guérison psychologique », il affirme que seule la personne elle-même a le pouvoir de guérir et nous étudierons dans une autre partie de ce travail, comment l’œuvre contribue à renforcer le moi. Tout ceci sera repris par les courants phénoménologiques (relatif à l’étude des phénomènes et à la philosophie) et existentiels. L’approche gestaltiste fondée par Fritz et Laura Perls dans les années 50. Ce qui sera repris par Janie Rhyne, art thérapeute américaine qui développera sa propre « gestalt art experience ». Dolto avait beaucoup utilisé les dessins d’enfants, comme moyen de communication non verbal ; le processus de production de l’image crée parle de son créateur et aide à comprendre son expérience, les émotions qui l’habitent, ses conflits intérieurs, facilite l’accès à son univers et permet d’explorer ce qui le trouble, le touche, ses souffrances et ses blocages. Dans un tel contexte, l’art thérapie permet de mieux connaitre et de comprendre l’autre, afin de l’aider à apaiser son anxiété, à surmonter sa douleur, tout autant que de l’assister dans un processus de transformation et d’évolution psychologique. Si l’art brut peut-être considéré comme présidant à l’origine de l’art thérapie, il fut d’abord un courant artistique. Celui-ci fut développé par Jean Dubuffet, peintre et sculpteur au milieu du XXème siècle, il recherchait la naïveté et la spontanéité de celui qui n’avait pas de formation artistique. Il a recueilli les œuvres de personnes provenant de différents milieux, entre autres d’hôpitaux psychiatriques. Il a ensuite exposé ces productions dans des galeries pour faire reconnaitre la beauté de cette forme d’art exclue jusqu’alors des milieux artistiques. Ainsi, dans les années 1940 avec le surréaliste André Breton, qui lui aussi s’est intéressé à l’expression de l’inconscient à travers la création artistique, comme l’écriture automatique ou la peinture, il fonda « la compagnie de l’art brut ». André Breton Ceci contribue à la reconnaissance d'un art "hors les normes", en dehors des normes académiques et des circuits habituels de l'art, ainsi que l’affirmation de liens entre création artistique et expression de l'inconscient. Rappelons que parmi les premiers à s’intéresser à l'expression de la pathologie mentale à travers l'art, on peut citer Marcel Reja (1873-1957) qui, en 1901, publie "L'art malade: dessins de fous", puis le livre "L'art des fous" en 1907. En 1922, Hanz Prinzhorn publie l'ouvrage "Expression de la folie. Dessin, peinture, sculpture d'asile", dans lequel il étudie des productions (Cinq mille dessins) de patients hospitalisés en psychiatrie. Son approche est basée sur la Gestaltung, la psychologie de la mise en forme. En 1922, Walter Morgenthaler, médecin, en 1921 publie "A Psychiatric Patient as Artist", un livre de référence sur l’art psychopathologique. Il publie aussi une monographie d'Adolf Wölfi, patient qui a réalisé une très grande quantité de dessins et collages. En 1950, a lieu la première exposition internationale d'art psychopathologique à l’hôpital Sainte- Anne, à Paris à l'occasion du premier congrès mondial de psychiatrie. Y sont exposées 2000 œuvres plastiques (Dessins et peintures) créées par 350 malades mentaux. En 1955 parait le livre "L'art psychopathologique" de Robert Volmat consacré à l'exposition de 1950. Tableau d'Adolf Wolfli En 1959, Robert Volmat fonde, avec Jean Delay, la société internationale de psychopathologie de l'expression (Celle-ci existe encore sous le nom de "Société internationale de psychopathologie de l'expression et d'art-thérapie». Celle-ci donnera naissance en 1964 à la société française de psychopathologie de l'expression sous la présidence du docteur Gaston Ferdière qui existe encore sous le nom de "Société française de psychopathologie de l'expression et d'art-thérapie". Parmi les psychanalystes ayant contribué à faire connaître l’art thérapie, on citera : Anna Freud (1895-1982), qui dans son ouvrage, Le traitement psychanalytique des enfants (1945), évoque l'utilisation du dessin comme un « moyen de communication privilégié capable de susciter chez l'enfant des associations d'idées ». Ainsi que Marion Milner qui évoque la notion de médium malléable. Cette notion est reprise de nos jours par René Roussillon, psychologue clinicien et professeur à l'université Lyon 2. Au cours de la seconde moitié du 20 e siècle, les art-thérapeutes s’organisèrent de plus en plus, en créant des programmes universitaires de 2 e cycle, des associations professionnelles et en réalisant des journaux contribuant à la reconnaissance de cette thérapie. L’Association Canadienne d’Art Thérapie a été fondée en 1977. Un an plus tard, l’Université Concordia commença à offrir des cours en art-thérapie et mit en place un programme de maîtrise en 1983. L’Association des Art Thérapeutes du Québec (Quebec Art Therapy Association) a été fondée en uploads/s3/ quid-art-therapie.pdf
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- Publié le Jul 22, 2021
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