Janv. - févr. 2020 vol. 15 no 3 EDDY FIRMIN GREG PAYCE GUILLAUME LACHAPELLE Cou

Janv. - févr. 2020 vol. 15 no 3 EDDY FIRMIN GREG PAYCE GUILLAUME LACHAPELLE Couverture / Cover : Eddy Firmin, (détail), 2019, céramique, mur végétal artificiel, émail / ceramic, artificial plants, enamel. Crédit photo / photo credit: Guy L’Heureux Design graphique / Graphic design : Michael Patten | Janv. - févr. 2020 vol. 15 no 3 | Les Éditions Art Mûr ISSN 1715-8729 Invitation. Impression / Printing : Deschamps MOT DES DIRECTEURS | A WORD FROM THE DIRECTORS La nouvelle année est un moment charnière important pour nous, nous en profitons pour faire un bilan de l’année, ce qui nous permet de modifier nos objectifs au besoin. Nous sommes très heureux des résultats et des projets que nous avons réalisés en 2019, avec une participation à quatre foires et la présentation de 25 expositions, dont cinq à Berlin. Nous entamons donc la nouvelle année avec contentement, le gros projet de cette année sera sûrement la 5ième édition de la Biennale d’art contemporain autochtone (BACA), nous éprouvons beaucoup de fierté à voir ce projet que nous avons initié en 2012 évoluer et devenir une entité indépendante avec une ampleur toujours plus grande. Pour ce qui est de notre espace à Berlin, nous n’avons pas renouvelé notre bail et avons décidé d’opter pour une nouvelle formule dont nous vous ferons part dans les mois à venir. Mais notre désir de développer le marché européen demeure une priorité, nous serons d’ailleurs à Londres en janvier pour participer à London Art Fair, nous y présenterons le travail de Judith Berry en solo. L’année 2020 sera certes bien remplie comme en fait foi la programmation de janvier. Nous sommes fiers d’accueillir en ce début d’année Eddy Firmin, Guillaume Lachapelle ainsi que Greg Payce récipiendaire du Prix Saidye- Bronfman en 2013. Ce sera avec un immense plaisir que nous vous accueillerons à partir du 11 janvier pour débuter la nouvelle année du bon pied. Bien à vous, Rhéal Olivier Lanthier François St-Jacques Du 11 janvier au 22 février 2020 / January 11 – February 22, 2020 Vernissage : Le samedi 11 janvier 2020 de 15 h à 17 h / Opening reception: Saturday, January 11, 2020 from 3 p.m. to 5 p.m. Eddy Firmin : Carillon décolonial: une Histoire de famille Le marronnage d’Eddy Firmin. Texte de Françoise Vergès Corpo-politique et praxis. Text by Dominique Fontaine. English Revision by Nancy Wallace Greg Payce : Transfiguration Texte d’Anaïs Castro Text by Anaïs Castro Guillaume Lachapelle: Vitesse d’échappement Texte de Vincent Arseneau Text by Andrea Valentine-Lewis TABLE DES MATIÈRES | TABLE OF CONTENTS Art Mûr. 5826, rue St-Hubert, Montréal (QC) Canada, H2S 2L7, 514 933-0711, www.artmur.com Les artistes et la galerie tiennent à remercier / The artists and the gallery would like to thank : Black p. 04 p. 06 p. 10 p. 12 p. 18 p. 20 L M M J V S D 10 18 10 18 12 20 12 20 12 17 F F The new year is an important turning point for us, as we take the opportunity to take stock of the past year, which allows us to readjust the situation and modify our objectives if necessary. We are very pleased with the results and projects we achieved in 2019, with participation in four fairs and the presentation of 25 exhibitions, including five in Berlin. We are therefore entering the new year with satisfaction, this year’s major project will surely be the 5th edition of the Contemporary Native Art Biennial (BACA), we are very proud to see this project, which we initiated in 2012, evolve and become an independent entity with an ever-increasing scope. As for our space in Berlin, we have not renewed our lease and have decided to opt for a new formula, which we will inform you about in the coming months. But our desire to develop the European market remains a priority, and we will be in London in January to participate in London Art Fair, where we will present Judith Berry’s work as a solo artist. The year 2020 will certainly be well-filled, as the January program shows. We are proud to welcome Eddy Firmin, Guillaume Lachapelle and Greg Payce, the recipient of the 2013 Saidye Bronfman Award. It will be with great pleasure that we will welcome you on January 11 to start the New Year on the right foot. Yours sincerely, Rhéal Olivier Lanthier François St-Jacques EDDY FIRMIN : CARILLON DÉCOLONIAL une Histoire de famille 4 Eddy Firmin , 2019 platre, bois, insectes, animaux empaillés, bibelots racistes, cornes céramiques, impression 3d et 2d / plaster, wood, insects, stuffed animals, racist knick-knacks, ceramic horns, 3d and 2d printing dimensions variables / variable dimensions crédit photo / photo credit: Guy L’Heureux Le marronnage d’Eddy Firmin Texte de Françoise Vergès L’ancrage ne signifie pas l’immobilité, l’impossibilité de bouger mais plutôt de se déplacer, de voyager, d’aller vers l’inattendu, l’étrangeté tout revenant à ce qui reste fondamental. Dans ces va et vient, entre d’où nous venons – une histoire, une langue, des mémoires, des paysages, des mots, des pensées, des sons—, que nous emportons avec nous comme traces, fragments, et ce que nous découvrons—une histoire, une langue, des mémoires, des paysages, des mots, des pensées, des sons—se construit un itinéraire dans lequel nous puisons des images, des idées, des questionnements. Pour Eddy Firmin, dit Ano, cet ancrage est l’esclavage colonial, ce qu’il a fabriqué et soit l’être humain noir objet de commerce, et toutes les formes de résistance à sa brutalité. Originaire de la Guadeloupe, colonie française esclavagiste des Antilles, devenue « département d’outre-mer » français, Eddy Firmin se dit « d’une bossale autrement dit d’une femme esclavagisée qui n’est pas née dans la colonie mais d’une femme née africaine et déportée « sur une colonie », d’une bossale, d’une femme née en Afrique et déportée sur une colonie. Dès lors, le cadre de sa pensée et de sa créativité ne peut être celui de la pensée occidentale de la raison et de l’ordre car l’esclavage colonial est désordre, il bouleverse, nie, récuse, tout ce que l’Occident proclame comme étant sa fondation soit l’égalité de principe entre les êtres humains. Il transforme le corps de la captive/du captif africain en « meuble », autrement dit compté dans les registres au même titre qu’une table ou une chaise. «Hors de ce cadre (occidental), toutes les autres pensées sont censées se soumettre, car la raison est l’objet de la peur de l’esclave, l’objet de son malheur», dit Ano. Descendant de bossale, Ano marronne. Quand les esclaves marronnaient, elles/ils mettaient en acte leur refus radical de ce qui était présenté comme aussi naturel que le jour et la nuit, la mise en esclavage d’êtres humains, en s’échappant pour quelques heures, quelques jours, ou des années de la plantation. La naturalisation de l’esclavage et donc de son corollaire le racisme était l’œuvre de toutes les institutions occidentales, la loi, l’église, la culture, l’état, les arts auquel le vocabulaire raciste apportait un langage. C’est ce voile que les marronnes/marrons déchiraient faisant apparaître le mensonge, la violence, la brutalité du monde plantationnaire. C’est ce que fait Ano dans ses œuvres et ses performances. Il fonde son travail sur un « corps-politique du savoir », une épistémologie qui part de la matérialité des choses tangibles et intangibles qui nous entourent et du corps. Il est donc évident que la temporalité de l’artiste ne peut être celle de la temporalité linéaire qui sous tend l’idéologie d’un progrès pour toute l’humanité, compte tenu d’une part que cette promesse de progrès ne concerne pas l’ensemble de l’humanité et d’autre part que le contenu de ce progrès est questionnable vu qu’il se fonde sur l’exploitation brutale de personnes et l’extraction destructrice des ressources de la terre. Pour la théorie décoloniale, le passé pèse toujours sur le présent, la décolonisation se poursuit contre les épistemicides, le racisme et le sexisme. Eddy Firmin, dit Ano, accompagne ce processus avec son travail d’artiste, d’activiste et de penseur. 1. Éric Clément, « Eddy Firmin dit Ano : l’esclavage d’hier à aujourd’hui », 16 décembre 2019, La Presse, consulté le 16/12/2019, https://www.lapresse. ca/arts/arts-visuels/201702/20/01-5071411-eddy-firmin-dit-ano-lesclavage- dhier-a-aujourdhui.php 6 7 p. 7 Eddy Firmin , 2019 céramique, plastique, métal et papillons / ceramics, plastic, metal and butterflies dimensions variables / variable dimensions crédit photo / photo credit: Guy L’Heureux Corpo-politique et praxis Text by Dominique Fontaine English Revision by Nancy Wallace The first decades of the 21st century shaped the period of reconfiguration of the world order, according to Pedro Pablo Gómez1, into three options: rewesternalization, dewesternalization and the decolonial option. Eddy Firmin’s artistic practice follows a trajectory that ranges from the decolonization of knowledge and aesthetic theory to the decolonial option or aesthetic decoloniality. The basis of this approach is based on the Gwoka (the practice of art and knowledge specific to the islands of Guadeloupe), a global artistic practice of resistance that is part of a Caribbean epistemology. Eddy Firmin’s work is a complex and heterogeneous practice that encompasses painting, sculpture, video, installation, poetry and performance, thus questioning uploads/s3/ vol15-numero3.pdf

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