Antigone (Sophocle) Pour les articles homonymes, voir Antigone. Antigone (en gr

Antigone (Sophocle) Pour les articles homonymes, voir Antigone. Antigone (en grec ancien Ἀντιγόνη / Antigónê) est une tragédie grecque de Sophocle dont la date de création [2] se situe en 441 av. J.-C. Elle appartient au cycle des pièces thébaines, avec Œdipe roi et Œdipe à Colone, décrivant le sort tragique d'Œdipe (roi de Thèbes) et de ses descen- dants. Dans l'économie du cycle, Antigone est la dernière pièce, mais elle a été écrite avant les autres. 1 Résumé Antigone fait part à sa sœur Ismène de son intention de braver l'interdiction émise par le roi Créon (leur grand- oncle) d'accomplir les rites funéraires pour leur frère Polynice — tué par son autre frère Étéocle lors d'une ba- taille où chaque frère voulait la mort de l'autre pour de- venir roi de Thèbes et où chacun d'eux perdit la vie. An- tigone risque la mort. Tout en reconnaissant la justesse du geste, Ismène refuse de la suivre dans cette entreprise (« je cède à la force, je n'ai rien à gagner à me rebel- ler »[3]). Alors qu'Antigone s’en va accomplir ce qu'elle estime être son devoir religieux, Créon développe devant le chœur des vieillards thébains — des conseillers, représentant la sagesse — sa philosophie politique (le service de la cité, le bien du peuple) et se propose à l'épreuve du comman- dement et des lois. Il y glisse une menace voilée adres- sée au Coryphée, le soupçonnant de corruption (au ser- vice des esprits rebelles). Il faut noter que lors du règne d'Œdipe, Créon menait une vie de fortune tranquille, comme un roi, sans toutefois devoir se soucier de toutes les angoisses du pouvoir. Le Garde vient alors informer le roi de la violation de son décret, sans toutefois connaître l'identité du coupable. Le Coryphée suggère à celui-ci que son interdiction était peut-être excessive (« Cette affaire-là pourrait bien être envoyée par les dieux »). Créon se fâche et lui ordonne le silence. Le Garde, lui, est accusé d'être complice de l'auteur du forfait rapporté, de cacher son identité, et cela « pour de l'argent ». Le roi le menace des pires sévices s’il ne ramène pas rapidement un coupable afin de s’inno- center. C'est dans un mélange de soulagement et de réticence (« il y a une chose qui importe avant tout : sauver sa peau ») que le Garde revient accompagné d'Antigone, prise en fla- grant délit de récidive. L'affrontement est immédiat et to- tal : la jeune fille affirme l'illégitimité de l'édit royal en se réclamant des lois divines, non-écrites et éternelles, tan- dis que Créon soutient que les lois humaines ne peuvent être enfreintes pour des convictions personnelles et qu'en outre, Polynice était un paria qui s’était associé aux enne- mis de la cité. Après que la jeune fille a justifié sa lutte par l'amour fraternel, exposant ainsi sa motivation fondamen- tale (« je ne suis pas faite pour vivre avec ta haine, mais pour être avec ceux que j'aime »), il finit par disqualifier sa nièce sur un critère sexiste : ce n'est pas une femme qui fera la loi. Quand Ismène réapparaît, c'est pour s’entendre accuser par son grand-oncle d'avoir participé à la cérémo- nie mortuaire ou, du moins, d'en avoir eu connaissance sans dénoncer (ce qui ferait d'elle une complice). Elle ex- prime son désir de partager le sort de sa sœur. Celle-ci refuse, la jugeant intéressée (terrorisée à l'idée de se re- trouver seule survivante de sa famille), mais l'obstination d'Antigone à revendiquer son acte dans sa totale culpabi- lité pourrait être une marque d'orgueil. Créon, exaspéré par ce comportement, les traite de folles et les fait placer en réclusion. Puis arrive Hémon, le fils de Créon et fiancé de la condamnée. Le jeune prince s’enhardit à déclarer à son père qu'il se trouve dans l'abus de pouvoir en refusant « les honneurs que l'on doit aux dieux », commettant ain- si une « faute contre la justice » mais, surtout, en refu- sant d'écouter la voix du peuple qui elle, réclame qu'on épargne Antigone. Encore une fois, et peut-être toujours avec une part d'orgueil, Créon réitère que la justice et ses conséquences s’applique à quiconque agit à son encontre, sans ajouter qu'à l'origine, le peuple Thébain avait cer- tainement soif qu'on les venge des maux infligés par Po- lynice. Finalement, il soutient que le comportement de Hémon est sans aucun doute influencé par l'amour qu'il porte à la condamnée (« Créature dégoûtante, aux ordres d'une femme »). Il conclut le débat par des injonctions à l'obéissance inconditionnelle que les fils doivent aux pères, le peuple à son chef. Hémon quitte brusquement les lieux en proférant une promesse morbide que Créon interprète, à tort, comme une menace contre sa vie. Tirésias sera le dernier adversaire de ce triple affronte- ment. Le devin est venu dévoiler au roi que les dieux n'approuvent pas son action et qu'il en pâtira pour la cité si Antigone n'est pas libérée et Polynice enterré. Créon insulte Tirésias en l'accusant de s’être vendu aux complo- teurs qui en veulent à son pouvoir. Mais, secoué par les sombres prédictions du devin aveugle, lequel ne s’est ja- mais trompé, il se ravise et écoute la voix de la sagesse pour finalement procéder aux funérailles de son neveu 1 2 2 CARACTÈRES DES PERSONNAGES avant d'aller délivrer Antigone de la grotte au fond de laquelle elle avait été emmurée vivante « avec assez de nourriture pour ne pas offenser les dieux ». Il est hélas trop tard car la fille d'Œdipe, non-contente de devoir sa mort à souverain obstiné, s’est pendue à l'aide de ses vê- tements. Hémon, qui l'avait rejointe avant Créon, tire son épée et, après avoir tenté quelques coups furieux contre son propre père, se la plonge dans le corps pour mourir auprès de sa bien-aimée. En retournant au palais, Créon apprend que son épouse, Eurydice, vient elle aussi de se tuer, le messager annon- çant le suicide de Hémon lui ayant délivré son message peu avant. Il est anéanti par cette série de catastrophes (« désastre venu de nos propres plans ») et n'aspire plus qu'à une mort rapide (« Débarrassez cet endroit d'un propre à rien »). Le Coryphée tire la leçon de cet « entête- ment qui tue », un entêtement ou plutôt, une démesure qui pousse le destin à la vengeance (sinon par la mort, d'une manière bien pire) pour rétablir l'équilibre des choses : un concept qui s’applique aussi bien à Antigone qu'à Créon, dans ce cas-ci. 1.1 Arbre généalogique 2 Caractères des personnages Cette section ne cite pas suffisamment ses sources. Pour l'améliorer, ajouter en note des références vérifiables ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source. C'est en allant à l'encontre des traditions que Créon bou- leverse l'ordre des choses (lui-même poussé à cela par les actes de Polynice et la malédiction des Labdacides) : il garde l'âme d'un mort (Polynice) chez les vivants en ne lui offrant pas les derniers hommages et fait mourir une femme (Antigone) dont l'heure n'était pas venue ; il em- piète ainsi sur le rôle des dieux ! Mais Antigone aussi bou- leverse l’ordre : elle n'agit que pour son frère en oubliant les Thébains et les tourments qu'ils ont subis par la main de Polynice le traître. De plus, elle n’a pas d'enfants, ce qui est hors du commun pour l'époque. Il existe une vé- ritable dualité entre Créon et Antigone, ils partagent une fierté orgueilleuse et sans compromis qui les pousse tous deux dans leur obstination, leur solitude et leur certitude, faisant d'eux de purs héros sophocléens. C’est l’idéalisme contre le réalisme politique, les violences de Polynice contre l'enterrement d'un frère — l’un ne se comprend que par rapport à l’autre : honorer Étéocle se- rait banal si l'on accordait le même honneur à Polynice. C'est la lutte de l’État contre la famille, le respect univer- sel contre l'amour personnel, la vie contre la mort. Anti- gone, c'est la tragédie des oppositions et, surtout, celle de la justice sociale : Créon et Antigone sont inébranlables par rapport à leurs convictions personnelles, convaincus de faire le bien. Ainsi, l'un comme l'autre sont-ils respon- sables de la tragédie. De plus, comme l'a montré Jacqueline de Romil- ly, Créon ne pense que par opposition et évidences (hommes/femmes, opposants/alliés) qui le conduisent à la tyrannie, quitte à contredire ses beaux discours initiaux. Il veut la cohésion et tout se détruit, sa famille comme l’État, car il souille la cité et veut se substituer au divin. Antigone et Créon, c’est l’affirmation de soi qui exclut les autres, ce qui implique la solitude, caractéristique du hé- ros supérieur au commun des mortels. Hémon et Ismène sont quant à eux les représentants d’une position humaine et conciliante, leur mort signifie leur échec, l'impossibilité de modérer les pulsions quasi pathologiques des deux héros.[réf. souhaitée] Toutefois, Jean Anouilh, dans son adaptation en un acte de cette tragédie, fait ressortir de manière plus évidente l'obligation que Créon a de uploads/s3/antigone-de-sophocle-article-wikipedia-4-pages-102-ko.pdf

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