PUBLICATIONS DE LKCOLIÎ FRANÇAISE DEXTUÈME-ORIENT L'ART GRECO-BOUDDHIQUE DU gan

PUBLICATIONS DE LKCOLIÎ FRANÇAISE DEXTUÈME-ORIENT L'ART GRECO-BOUDDHIQUE DU gandhAra irUDE SUR LES ORIGINES DK L'INFLUENCE CLASSIQUE DANS L'ART BOUDDHIQUE DE L'INDE ET DE L'EXTRÊME-ORIENT PAR A. FOUCHER TOME II SECOND FASCICULE : L'HISTOIRE. — CONCLUSIONS AVEC 125 HXUSTRATIONS ET 1 PLANCHE PARIS IMPRIMERIE NATIONALE ÉDITIONS ERNEST LEROLX, RUE BONAPARTE, 28 MDGGCGXXII QUATRIEME PVUTIE. LHISTOIHE. CHAPITRE XV. LES OliKilM-S \)E I.KCOLE DU G.VNDHÂRA. Alix statues et aux bas-reliefs, sculptés dans la pierre de schiste ou modelés dans le mortier do chaux, ajoutez de très nombreuses monnaies, de rares intailles et quelques objets d'or, d'argent et de cuivre''' : vous aurez épuisé tout ce qui nous reste des productions de l'école indo-grecque du Nord-Ouest de l'Inde. Des fresques qui, nous dit Hiuan-tsangf-', couvraient à profusion les vantaux des portes et des fenêtres et les murs des couvents bouddhiques, le climat de l'Inde a eu depuis longtemps raison, et nous ne conser- vons aucun espoir d'eu retrouvei- jamais au Gandhàra le moindre vestige. Les grottes de l'Afghanistan, à défaut des tumuli de Bac- tres, nous en rendront-elles un jour quelques fragments? Ou faudra- t-il à tout jamais nous contenter, pour en prendre une idée du moins approximative, des plus anciens spécimens de |)eintures murales récemment découverts dans l'Asie centrale? C'est le secret de l'avenir. Pour I instant, il convient de rappeler une lois de plus que, dans nos collections de sculptures gandhàriennes, nous possé- ''' On trouvera encore cjuelijues spé- logirnl Sitrveij of India, Animal Itcimit ciniens île poterie publiés par MM. J. H. ii)0'2-3, fig. ai et p. 180). Mabshali, et J. Pli. VoGEL à la suite de <^' Mém., 1, [i. 67; Records, I, p. 7A : leurs Excavations at Chdisadda (Arcliii'o- Travcis, p. i/t-. (;(\nnun. - 11. -jli L'auteur, se trouvant actuellement en mission sur le terrain de ses recherches, se réserve de publier ultérieurement un appendice contenant, outre un index général des deux volumes et un répertoire des principales œuvres de la sculpture gandhà- rienne, les corrections et additions reconnues nécessaires. /iO"2 LKS ORIGINES DE L'ECOLE DU GANDH\RA. dons seulement les débris mutilés d'un des deux grands tronçons (le l'art indo-grec • Parenthèse sur la peinture. — On ne saurait douter, en effet, que le répertoire des peintres n'ait été au moins aussi étendu et aussi varié que celui des sculpteurs; et rien d'ailleurs ne prouve que plus d'un de nos artistes n'ait manié tour à tour, et avec la même aisance, le pinceau, le ciseau et l'ébauchoir. Assurément il se marque chez les vieux traités de discipline une tendance déjà toute puritaine — ou, si l'on préfère, toute musulmane — à prohiber les représentations d'hommes ou de femmes pour ne tolérer sur les murs des cellules monastiques que de simples motifs décoratifs : mais un passage du Lolus de Ja Bonne Lot prouverait clairement, s'il en était besoin, qu'artistes et donateurs n'avaient pas reculé devant la figuration du Maître lui-même C. Bien d'autres témoi- gnages écrits nous entretiennent d'images de piété ou de scènes de légende : seulement c'est ailleurs qu'au Gandhara que nous devons en chercher la confirmation figurée. Pour rencontrer une de ces fr Roues de la transmigration n qui, selon le Dmjâvadâna, étaient reproduites sur la paroi du vestibule à Tontrée de tous les monas- tères, il nous faut descendre jusqu'au fragment qui en subsiste encore sous l'une des vérandas d'Ajantâ (-1 De même, nous avons dii attendre les fouilles heureuses de Sir Aurel Stein dans les parages désertiques du Lob-nor pour retrouver un redet du pathé- tique tableau représentant le Viçvantnra-jdiaka, que Song Yun a •mcore vu au Gandhara et qui, nous assure-t-il, arrachait des larmes même aux barbares '''. Mais c'est l'une des trouvailles faites ])ar MM. Griinwedel et von Le Coq sous les décombres des temples ''' Cullavngga, vi. 3, d; Lolus de la ''' M.-A. Stein, Riiiiis oJ désert Calhay, /)'o«J!e Lo/, li;i(l. Biinoi F, p. .33, si. 85. 1, f\g. i/iG-i'^y. — SoNr, Yit\', Irad. '- Cf. t. I, p. aGô , pour tes référentes Ed. Chavanxes. dans te liiilhilii ilo l'Ecole (lire naUirellenienl h la ligne 19 Tdonze- française d'Exlrèmc-Orienl, lit, p. h-io au lieu de rrliuil'î). ou Béai., Ihiddlilst Records ofthe llcs/eni LES ORIGINES DE L'ÉCOLE Di: (lANDIÙRA. 'i03 du Turfan, qui nous apporte peut-être la vérification de toutes la plus inattendue. Hiuan-tsang nous raconte en passant qu'il y avait sur le côté Sud de l'escalier Est du atùpa de Kaniska, près de Pèsliawar, une image peinte du Buddha, naturellement haule de seize pieds*'', et qui présentait cette particularité de se scinder en deux au-dessus de la ceinture. Bien entendu, sur ce cas extraordi- naii'e une légende s'était greffée. Un peintre, racontait-on, à qui deux pauvres donateurs avaient payé chacun une pièce d'or, n'avait exécuté qu'une seule figure sur leur double commande; et comme ses clients en demeuraient un peu interloqués, soudain le torse de l'image se dédoubla miraculeusement pour la justification de l'artiste et l'exultation des fidèles. On eût peut-être découvert sans trop de peine à ce phénomène arlislique une explication plus rationnelle : la plus simple paraît d'admettre qu'après la réfection des peintures qui décoraient la paroi gauche de cet escalier, la partie supérieure d'une ancienne image avait reparu par tran.spa- rence sous le nouveau badigeon. Mais peu importe : le point inté- ressant est que sur les bannières qui pendaient jadis aux voûtes des temples du Turkestan et qui se sont conservées jusqu'à nous sous une couche protectrice de terre, on a déjà retrouvé deux reproductions de l'image miraculeuse de Pêshawar avec son double corps enté sur une seule paire de pieds'-). On ne risque donc pas d'exagérer — ce clioix d'exemples con- cordants le prouve — ni l'importance locale de la peinture gandhâ- rienne, vu que son œuvre comportait, au même titre que celle de la sculpture, des décors, des scènes légendaires et des images; ni non plus son influence au-dehors, puisqu'elle a été imitée jusque dans ses bizarreries et, pourrait-on dire, ses verrues. On ne sau- rait non plus trop regretter sa totale destruction. Se serait-elle World, I, p. cm. — Le \ içvanUiru-jd- contrées occukiilales , I, p. iio ou Biid- lalca est également rej)résenlé dans la dliisl Records of llie Western World, I, grotte XMl d'Ajantà. p. 102. Une des images du Turfan a ''' Cf. t. II, p. 3h\. été puliliéu [lar Von Le Coq, Cliotscho, ''' lIlUAN-TSANO, ]Iêmoires sur Ici pi. '10 a. AO^i LES ORIC.INES DE L'ÉCOLE DU GANDHARA. bornée à nous dmiiier, avec quelque chose de plus familier et de plus vivani, lo pendant en couleurs de nos pierres sculptées, que cet élément de comparaison nous eût été des plus précieux. Mais nous avons des raisons de croire qu'avec elle nous avons perdu mieux encore : au point de vue artistique, de ^éritables chefs- d'œuvre, supérieurs aux meilleurs bas-reliefs; au point de vue historique, de non moins irremplaçables lumières sur les origines mêmes de l'école. Quand on constate le rôle considérable que la i)einture a joué dans l'adaptation de l'art antique aux besoins spé- ciaux du Christianisme, on ne peut s'empêcher de se demander si ce n'est pas également le pinceau libre et prompt des peintres hellé- nistiques qui a le premier ménagé la ti'ansition nécessaire entre le répertoire classique et l'imagerie particulière du Bouddhisme. Les sculpteurs, toujours plus routiniers et lents à s'émouvoir, n'auraient fait, dans cette hypothèse, que repuendre en matériaux plus du- rables les créations des peintres indo-grocs, si bien que nous ne connaîtrions guère que de seconde main l'objet direct de nos études. Imaginons, pour préciser les idées, une situation analogue à celle où nous nous trouverions si les peintures des Catacombes étaient perdues et que nous n'ayons conservé, comme premiers spécimens de l'art chrétien, que les sarcophages du m" siècle. Ces considérations peuvent expliquer tantôt nos tâtonnements et nos incertitudes, et tantôt, au contraire, l'assurance avec laquelle nous avons tout de suite établi le catalogue du répertoire et la formule quasi immuable de chaque sujet!') : elles doivent assurément peser d'un poids très lourd sur la suite de notre enquête historique. Nous atteindrons vraisemblablement , à l'aide des documents dont nous disposons, un état assez voisin des débuts de l'art gréco-bouddhique : mettons-nous bien dans l'esprit la possibilité — et même la vrai- semblance — que la disparition de son œuvre peinte nous dérobe à jamais la période initiale de ses essais. ''' ce. iiolniiiiiiciil I. Il . |i. ;5'iB cl 370 et. iiii coniraiic, l. I, ji. (joi el 61 7. LES ORIGINES DE L'ÉCOLE DU GANDHARA. 'lOÔ Objet et plan de notre enquête historique. — Ceci bien eiileiidii, il va de soi que le plus zélé des archéologues ne peut utiliser pour ses recherches que ce que les fouilles ont rendu; et, par suite, notre tache se trouverait terminée si, dès la première ligne, nous n'avions promis d'étudier lécole du Gandhâra non seulement dans son œuvre, mais encore dans ses origines et dans son influence : c'est l'engagement qu'il se fait lcm[)s de Icnir. 11 peut sembler qu'un exposé en uploads/s3/foucher-lart-greco-bouddhique-du-gandhara.pdf

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