1 INTRODUCTION AU DROIT PRIVE ET A LA THEORIE GENERALE DES OBLIGATIONS NOTES DE
1 INTRODUCTION AU DROIT PRIVE ET A LA THEORIE GENERALE DES OBLIGATIONS NOTES DE COURS 2004-2005 (mises à jour en mai 2008) Jean-François JEUNEHOMME, Avocat au Barreau de Liège, Professeur invité à HEC-Ecole de gestion de l’Université de Liège Avec la collaboration de Marc ALEXANDRE, Chef de travaux à HEC-Ecole de gestion de l’Université de Liège 2 3 PARTIE I. INTRODUCTION GENERALE Chapitre l. Préambule et bibliographie 1. Préambule Qu’est-ce que le droit ? Nous tenterons de répondre à cette question. L’étudiant a probablement déjà une petite idée de la réponse, mais certainement faudra-t-il la remettre en cause. Pourquoi donner un cours de droit aux étudiants en sciences de gestion ? Parce que le droit imprègne notre vie quotidienne et spécialement la « vie des affaires ». Une entreprise vend, achète, loue, emprunte, construit, crée, fournit des services, engage et licencie du personnel, se restructure, paie des impôts, fusionne, absorbe, émet des actions, obtient des aides publiques, ... et parfois est déclarée en faillite ou mise en liquidation. Autant d’opérations, de phénomènes que le droit régit, qu’on le veuille ou non. De même, de notre naissance à notre décès, le droit imprègne, règle notre vie privée et professionnelle. Quel doit être le contenu de ce cours de première année ? Il semble que la réponse soit fonction de plusieurs éléments. Voici les principaux : Il ne s’agit pas, à HEC-ULG, de former des juristes, mais spécialement des gestionnaires d’entreprises, privées ou publiques. Il faut donc ouvrir l’esprit des étudiants à un phénomène omniprésent, leur donner des informations précises, dans l’optique de leurs futures activités et leur apprendre à comprendre et à apprendre. Il faut préparer les étudiants aux matières juridiques qu’ils étudieront dans leur cursus : droit commercial, droit social, droit fiscal, … Il faut construire les fondations : pour parler d’un contrat de bail commercial, d’un contrat de travail, de la taxation d’une vente d’immeuble, il est indispensable d’avoir découvert au préalable le contrat, sa formation, ses effets, son exécution et connaître les conséquences de son inexécution. L’objectif de l’enseignement : former des gestionnaires, mais avant tout inviter l’étudiant à la réflexion et à l’analyse qui permettent d’appréhender les difficultés, à défaut de les résoudre. 4 T elles sont les lignes directrices de ce cours de droit. * * * * Le cours est intitulé « Introduction au droit privé et à la théorie générale des obligations ». Il fait l’objet des présentes notes. Comme je l’ai annoncé plus haut, les étudiants de HEC, Ecole de gestion de l’Université de Liège, auront, au fil de leur formation, des cours de droit commercial, de droit social, de droit fiscal, notamment. Avant d’étudier ces matières, des fondations doivent être mises en place. Le présent enseignement se veut l’une de ces fondations. Ainsi, pour comprendre tel contrat commercial ou tel contrat de travail et les règles qui s’y appliquent, la connaissance des règles générales applicables à tous les contrats semble être un préalable obligé. Quel sera l’objet de notre cours? Essentiellement, les droits de créance et, accessoirement, leur mise en œuvre. Le droit de créance, nous le reverrons, est le pouvoir d’exiger d’une personne l’accomplissement d’une prestation ou une abstention. Le titulaire du droit de créance se nomme « créancier ». Son interlocuteur est le « débiteur ». A la créance dans le chef du premier correspond la dette ou l’obligation dans le chef du second. Les obligations (ou les droits de créance, selon le point de vue auquel on se place) ont différentes sources. Nous étudierons spécialement une source d’obligation : le contrat (voir infra, chapitre 1 de la deuxième partie). Nous envisagerons aussi, mais plus brièvement, une autre source : la responsabilité extra-contractuelle, régie par les articles 1382 à 1386bis du code civil (infra, chapitre 2 de la deuxième partie). Enfin, nous présenterons en quelques mots les autres sources d’obligations (infra, chapitre 3 de la deuxième partie). Le contrat fait naître des obligations (et bien sûr aussi des droits). Vous commandez à un menuisier la fabrication et la pose de châssis de fenêtre pour tel prix convenu. Un contrat (une convention) a été conclu; le menuisier a maintenant l’obligation de fabriquer les châssis et de les placer conformément aux règles de l’art, dans le délai que les parties ont fixé. De votre côté, vous devrez donner l’accès à votre immeuble pour permettre la réalisation des travaux et en payer le prix selon les modalités arrêtées. Que de difficultés d’ordre juridique peut engendrer cette situation assez banale. Le contrat a-t-il été valablement formé ? Quels sont ses effets ? Peut-on refuser de l’exécuter ? 5 Que faire si le menuisier tarde ? S’il travaille mal ? Et que fera-t-il, lui, si vous ne le payez pas ? Quant à la responsabilité extra-contractuelle (encore appelée aquilienne ou quasi-délictuelle), elle se rencontre à tout instant de la vie quotidienne. Un automobiliste débiteur de priorité heurte un véhicule circulant sur la voie prioritaire; il cause, par sa faute, un dommage au propriétaire de ce véhicule. L’article 1382 du code civil lui fait obligation de réparer ce dommage. Votre enfant de 12 ans blesse un compagnon de jeu par maladresse, mais sans intention malveillante, il y a faute (par hypothèse). L’article 1384 du code civil vous fait obligation de réparer le dommage ainsi causé par la faute de votre enfant mineur d’âge. Et peut-être lui-même est-il tenu à indemnisation de la victime. Que ce soit d’un contrat ou d’une faute extra-contractuelle, des obligations sont nées. Elles doivent être exécutées. C’est l’attente légitime du créancier. Supposons, et ce sera souvent le cas, que le créancier et le débiteur soient en désaccord sur l’existence de l’obligation, sur son contenu ou sur son montant. Le recours aux tribunaux sera probablement inéluctable. Revenons encore un instant à notre créancier : il a obtenu d’un tribunal la condamnation de son débiteur, par exemple, à lui payer telle somme à titre de dommages et intérêts (réparation du préjudice, contractuel ou extra-contractuel). Comment la récupérera-t-il si le débiteur ne la lui verse pas spontanément ? Nous venons que le créancier dispose d’un droit de gage général sur le patrimoine de son débiteur et qu’il peut procéder à diverses saisies pour aboutir à ses fins. Nous verrons aussi que notre droit met à la disposition du créancier des mécanismes (les sûretés, voir infra, chapitre 7 de la deuxième partie) qui lui donneront plus de chances d’obtenir l’exécution de l’obligation, et d’autres qui lui permettent de contrecarrer des manoeuvres frauduleuses de son débiteur (celui-ci pourrait être tenté d’organiser, fut-ce en apparence, son insolvabilité ; voir infra, n° 45 et 46). Ainsi, en résumé et pour l’essentiel, nous étudierons deux sources d’obligations et nous verrons succinctement comment mettre en œuvre les droits de créance corrélatifs. 6 Notes : 7 2. Orientation bibliographique Il ne peut être question de donner ici une bibliographie exhaustive relative aux matières qui seront abordées. Seuls quelques ouvrages et examens de jurisprudence, parmi tant d'autres, seront cités ici a) Ouvrages Coipel, M., Eléments de théorie générale des contrats, Story Scientia, 1999; David-Constant, S., Théorie générale des obligations, 3 fascicules, Presses universitaires de Liège; De Page, H., T raité élémentaire de droit civile belge, spécialement tomes II et III, 3e` édition, Bruylant, 1964 et 1967; Dieux, X., Fontaine, M., Foriers, P .A., `t Kint, F ., Parmentier, C. et Van Ommeslaghe, P ., Les obligations contractuelles, Editions du Jeune Barreau de Bruxelles, 1984; DIEUX, X. et alii, Les obligations contractuelles, Editions du Jeune Barreau de Bruxelles, 2000; Fagnart, J.L. et alii, Responsabilités, T raité théorique et pratique, Story Scientia, 1999; Fontaine, M. et Ghestin, J., Les effets du contrat à l'égard des tiers, comparaisons francobelges, L.G.D.J. 1992; Foriers, P .A. et alii, Les contrats spéciaux, Editions Formation permanente CUP, 1999; Foriers, P .A. et alii, Vente et cession de créance, Editions Formation permanente CUP, 1997; Foriers, P .A., La caducité des obligations contractuelles par disparition d'un élément essentiel à leur formation, Bruylant, 1998; François, L., Le problème de la définition du droit, Faculté de droit de Liège, 1978; François, L., Le cap des tempêtes, Bruylant, 2001 ; Hansenne, J., Introduction au droit privé, Story-Scientia, 1990; Jassogne, C., Forges, M., Leclercq, J.F ., Mougenot, R. et Van Wuytswinkel, M. T raité pratique de droit commercial, Story Scientia, 1990; Les Novelles, Droit civil, tome IV, 2 vol., Théorie générale des obligations, Larcier, 1957 et 1958; Simon, L. et alii, Les obligations en droit français et en droit belge, convergences et divergences, Bruylant et Dalloz, 1994; Vanwijck-Alexandre, M. et alii, Le bail : questions diverses, Formation permanente CUP, 1999; Verheyden-Jeanmart, N. et alii, Le droit de la preuve, Editions Formation permanente CUP, 1997; Vieujean, E. et alii, La prescription, Editions Formation permanente CUP, 1998; Weill, A. et T erre, F ., Droit civil, Les obligations, 4è, édition, Dalloz, 1987; Wéry, P . et alii, La théorie générale des obligations, Editions Formation uploads/S4/ 5385-bdc-635-caf.pdf
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- Publié le Oct 23, 2022
- Catégorie Law / Droit
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