Houssaye, Arsène (1815-1896). Histoire de la peinture flamande et hollandaise,

Houssaye, Arsène (1815-1896). Histoire de la peinture flamande et hollandaise, par Arsène Houssaye. 1866. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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II. l'OIiliMKK \;T C", KIT'. > \ IN I- BKNOIT, 7 HISTOIRE DE LA PEINTURE FLAMANDE ET H0LUHI5E PAR , ^ARSÈNE HOUSSAYE PARIS JULES HETZEL, ÉDITEUR RUEDE MÉNARS ET RUE HICHELIEU AUX BUREAUX DE L'ARTISTE REVUE DE PARIS LA HAVE: K. FUHRI. — AMSTERDAM : BUFFA. —BRUXELLES : VANDALE, GÉRCSEZ, 1)ECQ MDCCCLXVI INTRODUCTION. DE LART. DO BEAU DANS LES ARTS. LE BEAU IDÉAL. LE BEAU PITTORESQUE. DES DESTINÉES DE L'ART. NAISSANCE DE L'ART, CHEZ LES FLAMANDS ET CHEZ LES HOLLANDAIS. LES POETES ET LES HISTORIENS EN FLANDRE ET EN HOLLANDE. LE COMMENCEMENTET LA FIN. I. L'Art, dans sa mission suprême, doit aspirer sans cesse à l'infini en gravissant cette montagne invisible qui descend jusqu'à nos pieds et qui s'élève jusqu'à Dieu. C'est sur cette âpre mon- tagne que fleurit l'Idéal. Mais l'art a plus d'une route ouverte devant lui; s'il manque de souffle pour atteindre aux plus hauts sommets, il suivra la Vérité qui sort du puits toute nue et toute ruisselante encore. L'idéal, la vérité, l'exécution, voilà les trois caractères de l'art, trinité qui fait les chefs- d'oeuvre; mais, après Dieu, quel est le radieux inspiré, sinon Raphaël, qui a rassemblé les trois faces de l'immortelle beauté? On ne demande pas tant de force, tant de grâce, tant d'âme et tant d'éclat pour saluer un chef-d'oeuvre. Il ne faut pas exiger des artistes, même des grands artistes, ce qu'ils ne peuvent donner. Permettez à l'un d'être un peintre savant et philosophe, à l'autre d'être un peintre tendre, suave et délicat; à celui-ci d'être un poète épris de la forme, à celui-là d'être un panthéiste amoureux de tout ce qui vit, sans chercher à comprendre. Avant la main qui exécute, on placera toujours le front qui pense, les yeux de l'âme avant les autres. La pensée, c'est le génie : c'est surtout là que le grand artiste se révèle; car la pensée, c'est Dieu qui la donne. La pensée n'a point d'entraves; comme l'aigle de Jupiter, elle a tout 1 2 HISTOIRE DE LA PEINTURE l'espace devant elle; elle parcourt la terre et s'élève jusqu'aux splendeurs invisibles; 'elle est souveraine maîtresse du monde. L'exécution, fille de l'étude, est l'art matériel; elle porte les chaînes de l'imitation; elle est emprisonnée par les règles, les écoles, les modes même. Mais, précisément à cause des périls qui l'entourent, il faut la traiter avec un grand respect : le sculp- teur grec, lorsqu'il traduisait la beauté dans le marbre, n'était-il pas grand comme Homère traduisant dans ses vers les passions humaines? Hoogstraeten (1) et Hagedorn (2) ont raconté cette histoire : A Leyde, Kniphergen, Van Goyen et Percellis, trois peintres de paysage et de marine, discutaient souvent, au fond de la taverne enfumée, pour faire prévaloir qui son dessin, qui sa couleur, qui sa manière. Dans ce temps-là, il n'y avait pas de critique d'art, ce qui n'empêchait pas de faire des chefs-d'oeuvre. N'ayant point toutes créées les théories prêchées par les livres et par les journaux, on ne pouvait guère discuter longtemps. La phraséologie de l'art se résu- mait en quelques mots; on s'enthousiasmait, on s'injuriait et on buvait de la bière. Un jour que Kniphergen, Van Goyen et Percellis ne trouvaient plus d'injures à se dire, Van Goyen proposa de donner raison à celui d'entre eux qui du matin au soir ferait le meilleur tableau. La gageure fut acceptée; on appela des amis sans nombre pour décider dé la lutte. Kniphergen fut le premier à l'oeuvre : c'était un paysagiste qui reproduisait avec une grande vérité les sites, les eaux, les bois, les lointains. Il jeta un arbre sur la toile avec magie, comme s'il l'eût détaché tout entier de sa palette. Après avoir planté l'arbre, il créa le terrain; il fit le nuage avant de faire le ciel; il suspendit le rocher avant d'élever la montagne : pareil à ces rimeurs à qui la rime seule donne l'idée, Kniphergen trouva son paysage par hasard. Van Goyen ne se demanda pas non plus ce qu'il allait faire. Il commença par répandre sur la toile toutes les couleurs les plus opposées. « Quand j'ai le chaos, disait-il, la lumière vient. » En effet, on vit bientôt sortir de son pinceau, sur cette toile confuse, une rivière, une prairie, des vaches vivantes, un clocher lointain; en un mot, tout ce qui avait frappé ses yeux dans ce bon pays hollandais. Il n'avait pas pensé, mais il avait cherché. Cependant Percellis était depuis deux heures devant son chevalet, immobile, silencieux, sans donner un coup de pinceau. On commençait à le plaindre tout bas, surtout en voyant l'ardeur aveugle de Kniphergen et la hardiesse heureuse de Van Goyen; mais, au soleil couché, Percellis surprit et enthousiasma les juges par la beauté de sa marine. Il y avait dans cette oeuvre, dans cette mer houleuse, dans ce vaisseau perdu sur l'immensité, dans ce ciel obscurci où le soleil se montrait sous la nue, je ne sais quoi de grandiose qui frappait l'âme autant que les yeux. Les juges de la taverne donnèrent gain de cause à Percellis, c'est-à-dire à l'idée. L'art existe beaucoup par la variété. Il ne faut pas le restreindre à un seul caractère; il faut (1) ÉcoledePeinture,livre IV. (2) Conrad Walther. —Dresde, 1760. FLAMANDE ET HOLLANDAISE. 3 reconnaître la puissance et l'éclat de toutes les écoles, depuis celle qui idéalise la forme humaine pour rappeler son origine céleste jusqu'à celle qui saisit la nature dans toute sa brutalité puis- sante et mystérieuse. Il n'y a point de mauvaises écoles, il y a de mauvais peintres. Rembrandt a raison dans les brumes de la Hollande, comme Raphaël sous le ciel italien. Cependant l'école flamande et hollandaise, dans sa sève luxuriante, a trop méconnu les droits de la pensée et du sentiment. Plus inquiète des forces vivantes de la vérité que des suaves rêveries de l'idéal, elle n'a pu atteindre à cette beauté suprême dont la Grèce et l'Italie ont laissé de si précieux monuments. La recherche du beau dans les arts a préoccupé tous les philosophes; les grands poètes et les grands artistes sont arrivés à la beauté sans toujours la chercher, guidés par le génie qui vient de Dieu, rayon qui éclaire l'âme comme le soleil éclaire la figure. La philosophie qui raisonne sur l'art ressemble souvent à la tortue de la fable; la poésie a les ailes de l'aigle pour parcourir le même espace. Ovide, en parlant des poètes, dit : « Il y a un Dieu au dedans de nous-mêmes. » Il aurait pu ajouter : C'est lui qui donne la vie à nos oeuvres; il est la lumière de notre esprit; c'est par lui que nous découvrons le beau. Le sentiment du beau est un sentiment profondément humain : c'est l'aspiration vers le monde des merveilles, c'est le uploads/S4/ houssaye-arse-ne-1815-1896-histoire-de-la-peinture-flamande-et-hollandaise-1866.pdf

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  • Publié le Jan 12, 2021
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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