LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST PAR LUDOLPHE LE CHARTREUX NOUVELLE TRADUCTION INT
LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST PAR LUDOLPHE LE CHARTREUX NOUVELLE TRADUCTION INTÉGRALE AVEC PRÉFACE ET NOTES PAR Le P. Dom FLORENT BROQUIN Religieux du même Ordre TOME DEUXIÈME VIE PUBLIQUE † Deuxième édition Paris C. DILLET, LIBRAIRE-ÉDITEUR 15, RUE DE SÈVRES ___ 1883 Nous avons fait examiner avec soin la GRANDE VIE DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST , par Rodolphe le Chartreux, traduite et annotée par le Père dom Florent Broquin, religieux de notre Ordre. Sur le rapport favorable qui nous a été fait, nous en autorisons l’impression. À la Grande-Chartreuse, le 19 juin 1869. Fr. Charles-Marie, prieur de Chartreuse. IMPRIMATUR Fr. Anselmus Maria Prior Cartusiœ et Vic. gen. Gratianopi 22ª Xbris 1882 Paris-Auteuil. — Imp. Des App.-Orph. — Roussel. — 40, rue La Fontaine. LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST —————————— CHAPITRE XXI BAPTÊME DE JÉSUS-CHRIST (Matth. III, 13-17. — Marc, I, 9-11. — Luc. III, 22-23.) près avoir ainsi passé dans la peine et l’abjec- tion les vingt-neuf premières années de sa vie mortelle, notre divin Sauveur commençait déjà sa trentième année, dans les jours où Jean bapti- sait et prêchait, avant d’avoir été mis en prison. Jésus dit alors à sa Mère que le temps était venu pour lui d’aller glorifier et manifester son Père, de se montrer au monde auquel il était resté caché jusqu’à ce mo- ment, et d’opérer le salut des âmes pour lequel il avait été spécialement envoyé. Prenant avec respect congé de Marie et de Joseph, son père nourricier, il partit de la ville où il avait été élevé, c’est-à-dire de Nazareth, en Galilée, qui est située au nord de Jérusalem (Marc. A 1, 9), et il se dirigea vers l’endroit du Jourdain où Jean baptisait, non loin de Jéricho qui est à l’orient de Jéru- salem. Or, de Jéricho il y a deux milles environ jus- qu’à la Chapelle dite de saint Jean, où le Précurseur demeurait ; et de là un mille environ jusqu’au lieu du Jourdain, où, dit-on, le Sauveur fut baptisé. Quelques auteurs cependant, comme Remi d’Auxerre entre autres, prétendent que Jésus fut baptisé entre Ennon et Salim, non loin du mont Gelboé, à Béthanie qui est sur le Jourdain, à trois lieues de Jéricho et à deux lieues de la Chapelle de saint Jean. Le mot Galilée signifiant passage, et le mot Jourdain signifiant descente, Jésus vint de la Galilée au Jourdain, pour apprendre à ceux qui sont ses membres, que s’ils veulent être baptisés et purifiés par la grâce, ils doivent passer du vice à la ver- tu et descendre en s’abaissant par l’humilité. « Si Jésus-Christ, dit le Vénérable Bède (in Evang. Lucæ, III), ne commença qu’après avoir été baptisé dans sa trentième année, à faire des miracles et à ensei- gner les peuples publiquement, c’était afin de montrer que c’est l’âge le plus convenable pour être élevé au sacerdoce et chargé de la prédication. Il réfutait ainsi par avance ceux qui prétendent qu’à tout âge on peut exercer ces fonctions sacrées. Il est vrai que Jérémie et Daniel, dès leur jeunesse, furent remplis de l’esprit pro- phétique ; mais les miracles ne doivent pas servir d’exemples pour déterminer la pratique qu’on doit suivre ordinairement. L’âge de trente ans auquel Jésus fut baptisé, convenait spécialement, afin de nous rap- peler par le nombre dix trois fois répété le mystère de la Trinité et l’accomplissement du Décalogue ; car ce- lui qui a le bonheur d’être baptisé ou d’avoir été bapti- sé, doit montrer qu’il est parvenu à l’âge mûr, par la vi- vacité de sa foi en la Trinité, et par sa ferveur à obser- ver le Décalogue. » D’après la conduite du Sauveur, Raban-Maur conclut aussi que nul ne doit être établi prêtre, ou prédicateur, ou prélat dans l’Église, avant d’avoir atteint l’âge viril et parfait. Mais hélas ! au- jourd’hui, tels sont appelés à gouverner l’Église, qui ne savent pas se diriger eux-mêmes ; tels sont chargés d’administrer le patrimoine de Jésus-Christ, qui ne sont pas capables de gérer leurs propres affaires ; tels ont la prétention de commander les autres, qui ont eux- mêmes besoin d’être commandés. « Jésus-Christ, ajoute saint Chrysostôme, ne voulut pas être baptisé avant sa trentième année, parce qu’après son baptême, il devait abroger la loi ancienne ; et jusqu’à cet âge, où l’homme est susceptible d’avoir commis tous les pé- chés, il continua d’observer la loi, afin qu’on ne suppo- sât point qu’il l’avait abrogée à cause de son impuis- sance à l’accomplir. Après qu’il eut ainsi rempli toute justice pendant trente ans, il vint enfin recevoir le bap- tême, comme pour mettre le comble à toutes les obser- vances légales. » Jésus s’achemine vers saint Jean : lui qui est le Maître du monde, il va seul, à pied et parcourt une longue route. Contemplez avec respect et avec dévo- tion ce divin Sauveur, et compatissez vivement à ses peines et à ses humiliations. Il ne traîne avec lui ni sol- dats, ni chevaux, ni courtisans ; il n’avait encore ni disciples, ni compagnons. Personne ne le précède dans les hôtelleries pour disposer les choses nécessaires ; il n’est point entouré de ces pompes et de ces honneurs que des vermisseaux comme nous recherchent et am- bitionnent. Mais lui, que des milliers et des millions d’Anges et d’esprits servent et assistent dans son royaume, il marche sans aucune suite sur la terre qu’il foule de ses pieds sacrés, en s’exposant à d’extrêmes fatigues. Ah! c’est qu’il n’est point de ce monde le royaume de Celui qui s’est anéanti lui-même, en pre- nant la forme d’un esclave et non d’un roi. Il s’est fait esclave pour nous faire rois ; il s’est fait voyageur et étranger, pour nous conduire à son royaume céleste qui est notre véritable patrie. Il nous a ouvert et tracé le chemin par lequel nous pouvons y monter et y arriver auprès de lui. Mais pourquoi négligeons-nous de le suivre ? Pourquoi ne nous humilions-nous pas ? Pour- quoi désirons-nous et convoitons-nous avec tant d’avi- dité de vains honneurs et des pompes fragiles ? C’est assurément parce que de ce monde nous faisons notre royaume ; parce que nous ne nous regardons pas comme exilés et pèlerins sur cette terre ; telle est la cause de toutes nos misères. Folles créatures que nous sommes ! nous préférons la vanité à la vérité, l’incer- tain au certain, les biens temporels aux biens éternels, et nous y mettons tout notre cœur. Méprisons plutôt ces choses qui passent, et ne les estimons pas plus que si elles étaient déjà passées. Celui donc qui voulait nous racheter, sans avoir besoin d’être racheté lui-même, s’avance humblement pendant plusieurs jours consécutifs, jusqu’à ce qu’il arrive au Jourdain. Là, il trouve Jean qui baptisait des pécheurs et une grande foule accourue pour entendre ses prédications, parce qu’on le regardait comme le Christ. Le Seigneur mêlé avec les esclaves, le Juge confondu avec les coupables vient au baptême, désirant non pas être purifié par les eaux, mais purifier lui- même les eaux. Ainsi, Jésus vient vers Jean, c’est-à- dire le Créateur vers la créature, le Maître vers le serviteur, le roi vers le soldat, la lumière vers le flambeau, le soleil vers l’aurore, pour confirmer la prédication de Jean et pour recevoir le témoignage de Jean. Il vient demander l’ablution extérieure à Jean qui n’est que le canal, l’instrument et le ministre du baptême, tandis que lui-même en est la source, la plénitude et l’auteur : Ce n’est pas pour se laver, mais pour nous laver ; ce n’est pas pour obtenir la rémission des péchés, mais pour approuver le baptême de Jean comme venant de Dieu même ; c’est afin d’inaugurer le sacrement de son baptême qu’il devait instituer dans la suite, et afin de nous révéler le mystère de la Trinité. Il vient pour accomplir en sa qualité d’homme et pour enseigner par l’efficacité de son exemple toute justice et toute humilité, afin que nul, quelle que fût sa sainteté, ne pût regarder la grâce du baptême comme superflue. Il vient pour pratiquer d’abord lui-même ce qu’il devait ensuite prescrire aux autres, afin que les serviteurs s’empressent de recourir au baptême de leur Seigneur, puisque le Seigneur n’a pas dédaigné de recevoir celui de son serviteur, et afin que personne ne repousse le baptême de la grâce, puisque le Christ n’a pas refusé celui de la pénitence. Il vient pour écraser la tête du dragon dans l’eau du Jourdain, pour y effacer les péchés du monde et pour y noyer le vieil homme. Il vient pour sanctifier les eaux par le contact de sa chair immaculée, afin de leur communiquer et de leur laisser la puissance de purifier et de régénérer ceux qui seraient baptisés après lui. Il vient pour montrer par l’image de la colombe qui descendit sur sa tête dans le Jourdain, que le Saint-Esprit descend sur les fidèles chrétiens dans le sacrement du baptême. Il vient pour que le peuple juif entende le témoignage de Jean et de Dieu uploads/S4/ la-grande-vie-de-jesus-part2.pdf
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- Publié le Jul 01, 2022
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