Les grands procès de l’Histoire * Présenté par Bernard Michal Landru Les Templi
Les grands procès de l’Histoire * Présenté par Bernard Michal Landru Les Templiers Les poisons L’affaire Calas Gilles de Rais Dreyfus Le maréchal Ney Charlotte Corday Introduction Y a-t-il une continuité dans la justice ? Chaque époque a-t-elle sa propre justice ? On peut répondre, paradoxalement, oui à chacune de ces deux questions. Les procès que nous vous relatons vous permettront d’en mieux juger. Une chose est certaine : l’histoire judiciaire et l’Histoire tout court se confondent. C’est donc, finalement, l’histoire de France que nous retraçons avec ces grands procès. Cela est d’autant plus vrai que « nos » procès ne sont pas des procès comme les autres. Il ne s’agit pas, en effet, de simples comptes rendus sténographiques des débats, mais ceux-ci sont replacés dans leur contexte historique, politique, social, passionnel, mystique ou magique… Nous ouvrons pour vous les archives de la justice française en complétant les comptes rendus d’audiences avec ce qui n’a pas été dit au cours des débats, avec ce qui a été escamoté – souvent involontairement – avec ce qui a été découvert plus tard, avec d’autres interprétations données ultérieurement. Nous faisons, en fait, le point des principaux événements. Il s’agit donc de procès- dossiers. Nous avons cherché à « refaire » ces procès sans passion ni polémique et avec le maximum d’objectivité. L’ordre chronologique n’est pas respecté. Les thèmes sont divers. D’ailleurs, la diversité est la règle de ces grands procès de l’Histoire de France publiés en deux volumes. Chacun de ces Procès-dossiers pourra donc être lu séparément des autres et dans l’ordre choisi par le lecteur. Huit grands procès vous sont présentés dans ce volume : de l’assassinat considéré comme l’un des beaux-arts, crapuleux ou politique, au procès d’intolérance ou de sorcellerie, sans oublier les grands scandales, les trahisons, ou les affaires qui ont divisé ou traumatisé la France. L’arrestation et le procès de Landru ont peut être fait oublier aux Français, passionnés par cette affaire, certaines clauses du Traité de Versailles qui a suivi la Grande Guerre. Mais ce qui est certain, c’est que le « Barbe Bleue de Gambais », spécialiste de l’escroquerie au mariage, n’avait rien d’un assassin banal. Landru fut « en relation avec 283 femmes », et une dizaine d’entre elles – elles étaient toutes ses « fiancées » – disparurent à tout jamais. Il clamera sans répit son innocence, mais mourra courageusement sous le couperet de la guillotine. Il lancera au cours de son procès : « Vous me rappelez que je joue ma tête. Je regrette de ne pas en avoir plusieurs à vous offrir. » En octobre 1307, Philippe Le Bel lance une vaste opération contre les Templiers. Les chevaliers héroïques des Croisades avouent aussitôt d’innombrables forfaits : avoir craché sur la croix ; s’être livrés à la sodomie, avoir pratiqué le culte d’une idole… L’irrégularité du procès est flagrante : les aveux des Templiers ont été obtenus sous la torture. Toutefois, les chevaliers sont-ils vraiment innocents ? Le Pape, devant jouer une partie très serrée face au roi de France, proteste, mais mollement. Des Templiers reviennent sur leurs aveux, mais sont néanmoins envoyés au bûcher. L’ordre du Temple est supprimé et ses richesses confisquées. Les biens des Templiers, véritables banquiers de l’époque, tombent alors dans les caisses de Philippe le Bel qui en avait bien besoin. Mais le vrai trésor des Templiers ne sera jamais retrouvé. Le procès de la Brinvilliers créera une véritable psychose d’empoisonnement. Il servira, en fait, de prélude à une série de procès de sorcellerie qui mettront en cause l’entourage même de Louis XIV. Poudre de successions, sorcellerie, messes noires, sont les ingrédients des affaires des poisons. « Si je faisais une religion, je mettrais l’intolérance au nombre des sept péchés mortels. » V oltaire, qui a écrit cette phrase, luttera de toutes ses forces contre l’intolérance après le procès Calas. En 1761, à Toulouse, ancienne capitale des Cathares, où règne un fanatisme religieux exacerbé, un homme est accusé d’avoir tué son fils. Jean Calas est protestant, son fils voulait, dit-on, se convertir au catholicisme. Il l’aurait assassiné par « devoir religieux ». Sans aucune preuve, Jean Calas sera exécuté après avoir subi le supplice de la roue. Erreur judiciaire ou non ? Le problème est beaucoup plus vaste. C’est, en fait, celui du fanatisme et de la liberté humaine et religieuse qui est posé. La contre-enquête de V oltaire permettra finalement, mais non sans mal, la réhabilitation des Calas. L’alchimie, la sorcellerie, la luxure contre nature, les croyances et les superstitions du Moyen Age serviront de toile de fond à l’hallucinante et tragique aventure de Gilles de Rais, fidèle compagnon de Jeanne d’Arc et maréchal de France. L’acte d’accusation sera accablant : égorgements d’enfants, sodomie, pacte avec le diable, divination, attaque à main armée contre une église, hérésie… Un exhibitionnisme délirant marquera la confession de celui qui fut l’un des plus glorieux soldats de son époque. La France de la Belle Epoque est déchirée par l’affaire Dreyfus. Tout commence en 1894 : un officier de l’état-major français est accusé d’avoir fourni des renseignements secrets à l’Allemagne. Apparemment banal, ce fait divers bouleversera et traumatisera la France pendant de longues années. A l’issue d’un premier procès à huis clos, le capitaine Dreyfus sera condamné. Après avoir subi l’humiliation de la dégradation publique, l’officier, accusé de haute trahison, sera déporté à l’île du Diable. Tout aurait pu s’arrêter là. Ce ne sera pourtant que le début de l’affaire Dreyfus proprement dite. L’antisémitisme flambe et la presse montre sa véritable puissance. Les Français se diviseront en dreyfusards et antidreyfusards. Emile Zola lance son retentissant « J’accuse » dans l’Aurore. Ce qui lui vaudra d’être à son tour traduit devant les juges. On parlera de forfaiture et de justice bafouée. Certaines pièces à conviction du dossier se révéleront fausses ou truquées… Finalement, après avoir été gracié, Dreyfus sera reconnu innocent et réhabilité. Cependant, certains mystères ne seront jamais éclaircis. L’Armée sortira meurtrie de ces différents procès, et l’anticléricalisme des années 1900 prendra naissance avec « l’affaire ». L’ouverture de grands procès politiques est l’un des tout premiers résultats d’un changement de régime, surtout si celui-ci ne s’est pas opéré dans le calme. Les révolutions ont eu leurs grands procès ; les contre-révolutions également. Cela a été vrai de tout temps. Le procès du maréchal Ney – « le brave des braves » de Napoléon – coïncide, après Waterloo, avec le retour de la royauté. Le sens du mot culpabilité y sera dépassé. Plus que la trahison d’un militaire, c’est la Révolution et l’Empire qu’on a voulu souiller en faisant comparaître le maréchal Ney devant les pairs du royaume, par ordonnance du roi Louis XVIII. En apprenant l’arrestation de Ney, le roi n’avait pu s’empêcher de dire : « V oilà une maladresse qui nous fera plus de mal que sa trahison. » Ney sera fusillé le 7 décembre 1815 au terre-plein de l’Observatoire, mais certains parleront de mise en scène. Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday assassine Marat dans sa baignoire. Aristocrate, mais républicaine fervente, Charlotte Corday affirme avoir accompli cet attentat pour mettre fin aux massacres et à la guerre civile. Pour elle, le responsable numéro un des drames de la Révolution était Marat. C’est pourquoi elle a décidé d’abattre « l’Ami du peuple ». A-t-elle réellement agi seule ? Quel rôle ont joué ses sympathies girondines ? A l’accusateur public Fouquier-Tinville, elle lance, superbe : « Oh ! le monstre. Il me prend pour un assassin ! » Comme le dit la formule consacrée : justice est faite ! C’est maintenant à vous de juger avec toute la sérénité que donne notamment le recul du temps. Bernard MICHAL Landru L’exécution Le 24 février 1922, vers 22 heures, le commissaire de police de Versailles, M. Laurens, prie les chroniqueurs judiciaires de la presse parisienne et les représentants de la presse internationale, présents dans la capitale, de venir le rejoindre, de toute urgence, à l’hôtel de ville de Versailles. Quand les premiers d’entre eux arrivent et franchissent les grilles de l’édifice municipal, il est près de minuit. Introduits dans le bureau du commissaire, ils se voient remettre une simple feuille de papier verte. Celle-ci, en l’occurrence, vaut une fortune. Ce modeste bout de papier va leur permettre d’assister à l’exécution de Landru. Téléphonée de salles de rédaction en salles de rédaction, colportée d’amis en amis, chuchotée de bouches à oreilles, la nouvelle de l’exécution du « Barbe-Bleue de Gambais » ne tarde pas à faire le tour de Paris, et plus particulièrement du Paris nocturne, celui des cercles, des clubs, des cabarets à la mode et des soirées recherchées. Bientôt, c’est la ruée. On décide de se rendre à Versailles assister à l’exécution, comme la veille on décidait d’une soupe à l’oignon aux Halles. Il est trop tard pour prendre le dernier train, on prendra les voitures. Ce 24 février, dans la nuit, un étrange cortège d’automobiles traverse le bois de Boulogne et, par le pont de Saint-Cloud et le bois de Ville-d’Avray, uploads/S4/ les-grands-proces-de-lhistoire-by-michal-bernard.pdf
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- Publié le Fev 07, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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