LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses intérêts avec les lecteurs, son

LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses intérêts avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contemporains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. La belle littérature, les outils de développement personnel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’auteur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, lda). Il est également protégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. Comme un livre papier, le présent fichier et son image de couverture sont sous copyright, vous ne devez en aucune façon les modifier, les utiliser ou les diffuser sans l’accord des ayant-droits. Obtenir ce fichier autrement que suite à un téléchargement après paiement sur le site est un délit. Transmettre ce fichier encodé sur un autre ordinateur que celui avec lequel il a été payé et téléchargé peut occasionner des dommages informatiques susceptibles d’engager votre responsabilité civile. Ne diffusez pas votre copie mais, au contraire, quand un titre vous a plu, encouragez-en l’achat : vous contribuerez à ce que les auteurs vous réservent à l’avenir le meilleur de leur production, parce qu’ils auront confiance en vous. © Arbre d’Or, Cortaillod, (ne), Suisse, janvier 2009 http://www.arbredor.com Tous droits réservés pour tous pays Charles Schoebel Le mythe de la femme et du serpent ÉTUDE SUR LES ORIGINES D’UNE ÉVOLUTION PSYCHOLOGIQUE PRIMORDIALE 1876 LE MYTHE DE LA FEMME ET DU SERPENT PRÉFACE « Je ne doute pas que plusieurs ne trouvent cet ouvrage frivole : non dubilo fore plerosque, qui hoc genus scriplurœ leve... » Peut-être que ces paroles de l’honnête et élégant Cornelius Nepos paraîtront à quelques-uns en situation ici. Des recherches sur un sujet comme celui de cet écrit sont en effet de nature à ne convenir qu’aux hommes dont la pensée ne s’arrête pas à de petites et mesquines considérations de convenance. Et l’on sait si le nombre en est grand, même dans les compagnies et sociétés spécialement vouées aux études historiques et philologiques. Mais peu m’importe. D’ailleurs, n’ai-je pas parmi mes prédécesseurs dans ce genre de recherches des hommes comme Beger, Meiners et O. Jahn ? Je ne dois donc pas craindre de publier un travail qui vise à pénétrer un problème de la nature humaine, fût-ce même aux dépens d’un sentiment intime que je suis le premier, on peut m’en croire, à respecter profondément. Mais la science ne connaît ni le pur ni l’impur ; elle est toute observation, méditation et étude, et ne voit que son objet. Elle est aussi la méthode ; mais la méthode, c’est-à-dire la voie correcte pour arriver à un résultat positif et certain, est multiple, suivant la nature du sujet à étudier. Or, la nature humaine est bien compliquée ; elle est plus compliquée que quoi que ce soit dans ce cosmos où rien n’est simple ; elle a des coins et des recoins qu’aucun procédé historique, philologique ou linguistique ne suffit à explorer et à expliquer ; il y faut une forte dose de phy- siologie et de psychologie, un esprit nourri de deux disciplines dont l’étroite connexion est fondée sur l’état le plus intime de notre organisme. Particuliè- rement les phénomènes psychiques dont nous traitons dans ces pages exigent que nous cherchions leur première manifestation dans l’irritabilité physiolo- gique autant pour le moins que dans un mouvement animique ; mais il y a là une corrélation si intime, que l’analyse ne parvient pas à déterminer nettement 4 LE MYTHE DE LA FEMME ET DU SERPENT lequel des deux phénomènes est la cause de l’autre et lequel en est l’effet. Dès lors, autant vaut dire qu’il y a, pour le cas dont il s’agit comme pour beaucoup d’autres, réciprocité simultanée de cause et d’effet. Et ainsi, nous aboutissons à conclure que l’âme et le corps reviennent, en fin de compte, à un principe primigène identique. Que les esprits timorés ne crient pas au matérialisme. La philosophie de grande critique ne connaît ni matérialisme ni spiritualisme ; elle est positive et idéaliste, mais son positivisme est scientifique, et son idéalisme est rationnel, même dans ses abstractions les plus transcendantes. Cependant notre travail n’a pas pour but l’obtention d’un résultat abstrait. La scène où la légende place les conditions de ce qu’on a appelé la chute (et le mot que Platon a inventé est acceptable même en science), cette scène, puis- qu’elle est censée se passer dans un milieu terrestre nettement déterminé, nous impose un problème historique, préhistorique si l’on veut, et nous en avons trouvé la solution dans le fait de l’idolâtrie. Jusqu’ici on n’avait pas dit le fin mot de l’idolâtrie ; on en avait indiqué le motif dans des causes extérieures à l’homme, dans des causes pour ainsi dire accidentelles. J’espère que mon étude montrera que l’idolâtrie est en son origine un acte de détermination psychique et, à vrai dire, volontaire de l’homme. L’homme, arrivé à un certain moment de son évolution, a voulu être démiurge ; il a voulu être semblable à la fonction souveraine de la nature ; il a voulu créer et, par suite, s’adorer lui-même ou s’adorer dans son œuvre. C’est, du reste, ce qu’il veut encore et toujours, quels que soient les déguisements sous lesquels la réflexion et les convenances le poussent à cacher cette infirmité héréditaire. Le caractère profondément an- thropomorphique de toutes les religions le démontre sans réplique. Toujours et partout l’homme adore un dieu fait à son image et à sa ressemblance. La mo- rale seule est divine, mais personne ne la suit. Pourquoi ? Dirons-nous avec l’Écriture que c’est parce que tout homme est menteur : πας ανθρωποςψεύστης1 ? Nous n’y contredisons pas ; bien au con- 1 Psalm. CXV, 11 ; Epist. ad Romanos, III, 4. 5 LE MYTHE DE LA FEMME ET DU SERPENT traire : pourvu toutefois qu’il soit entendu que notre état de menteur est en principe inconscient et involontaire. Il est inconscient, parce que la nature dont nous relevons et dont nous sommes l’ouvrage est inconsciente ; il est in- volontaire, parce que la morale est une conception idéale et que l’idéal est ab- solument inaccessible à l’homme. Rien d’ailleurs ne peut transmuter la nature : non mutat genus. Les théologiens et les moralistes qui emboîtent le pas marqué par les ingénieuses imaginations des « doctes » sont, il est vrai, d’un autre avis. Ils affirment carrément que la faute de l’état imparfait de l’homme est à l’homme, que la tradition de la chute le démontre. L’homme était libre ; il a abusé de sa liberté, et ce faisant, il a faussé à jamais une nature qui, à l’origine, était parfaite. Ce raisonnement n’a qu’un défaut : il pèche par sa base. L’homme était libre ! Mais c’est ce qu’avant tout il fallait démontrer. Si on ne l’a pas fait, c’est que probablement cela est impossible. Nous venons de le dire, l’homme pro- cède de la nature et ne procède que d’elle. Rien, en effet, n’existe en dehors de la nature ; jamais on n’a vu une créature surnaturelle. Or, « la nature obéit for- cément, semblable au battement mécanique de l’horloge, à la loi de la pesan- teur », sa propre loi. Donc, toutes ses créatures, les génies les plus transcen- dants comme les plus pauvres esprits, y obéissent aussi ; et de la sorte, ce qu’on appelle la chute est tout simplement un de ces phénomènes auxquels la loi uni- verselle et fondamentale de la pesanteur donne lieu à tous les moments de l’existence du cosmos. Maintenant aussi on s’explique comment il se fait que le mythe de la chute est, sous une forme ou sous une autre, si universellement répandu. Un lucide et vigoureux esprit critique, K. Müllenhoff, a dit et prouvé par de remar- quables exemples que des mythes analogues peuvent naître partout où les con- ditions de la nature ambiante se combinent d’une manière analogue avec la vie et les habitudes propres aux divers peuples, et qu’ainsi les mythes qui se res- semblent ne prouvent pas toujours qu’ils proviennent d’une source unique qui, dans l’espèce, serait l’apologue de la chute tel que le donne la Bible. Notre mythe montre d’ailleurs une telle variété de forme et de détails, que cela seul 6 LE MYTHE DE LA FEMME ET DU SERPENT suffit déjà pour nous autoriser à repousser l’argument de l’emprunt en faveur de la source où a puisé la Genèse mosaïque. Néanmoins, un fait général domine tous les mythes de cette famille, et ce fait auquel, astreint à l’interprétation directe, nous avons à peine touché dans notre livre, c’est l’apparition qui s’y dégage d’une force nouvelle de l’humanité. Cette force est celle qui achève de constituer l’homme, car c’est la conscience consciente, la connaissance réfléchie. L’homme l’avait de tout temps possédée en principe, il en avait naturellement la capacité, mais il fallait uploads/S4/ mythe-femme-serpent.pdf

  • 33
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Mai 14, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.8808MB