© 2020, Éditions Hervé Chopin, Bordeaux ISBN 9782357205260 Tous droits de repro
© 2020, Éditions Hervé Chopin, Bordeaux ISBN 9782357205260 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Directrice éditoriale : Isabelle Chopin Conception de couverture : Philippe Arno-Pons © Éditions Hervé Chopin 32 rue Lafaurie de Monbadon – 33000 Bordeaux www.hc-editions.com Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Sඕඕඉඑකඍ Titre Copyright 1 - Une coccinelle sur une toile de tente 2 - Lire entre les lignes 3 - Bon débarras 4 - Dominer l'univers 5 - C'est pas moi 6 - Le Funambule 7 - Peindre 8 - Suis-je claire ? 9 - Nous et eux 10 - Sortir de l'enfer 11 - Le droit de vie et de mort 12 - Blanc comme un linceul 13 - Une blessure profonde 14 - Le bruit du moteur 15 - Le grand jour 16 - Anéantir la planète 17 - Deux étoiles à huit branches 18 - La route de Trpinja 19 - Plus que ses silences 20 - Merci 21 - Le moindre indice 22 - Un vieux clou rouillé 23 - Guernica 24 - De la même manière 25 - Présomption d'innocence 26 - Un vœu dans son cœur 27 - Au bord de la mer Rouge 28 - Deux plaies béantes 29 - Simple coïncidence 30 - Avec nous 31 - Où d'autres ont échoué 32 - Atteindre l'inaccessible 33 - Le symbole de l'amour 34 - Monsieur Bricolage 35 - Tu es Dieu 36 - La fin 37 - La fresque 38 - Deux possibilités 39 - Sa véritable dimension 40 - Bienvenue dans la Grande Serbie 41 - Une belle saloperie 42 - Deux silhouettes 43 - Une autre vie que la sienne 44 - La foire 45 - Toute la violence des hommes 46 - Un grand champ de blé 47 - Les principaux responsables 48 - Supplément divers 49 - Une présence fantomatique 50 - La mémoire des lieux 51 - Pauvre idiote 52 - L'automne meurtrier 53 - Le Danube Bleu 54 - Le Petit Poucet 55 - Cette nuit particulière 56 - Un duo de choc 57 - Petite sœur 58 - Par un heureux hasard 59 - Electra Glide 60 - Insaisissable 61 - Des héros nationaux 62 - Ne pas éveiller de soupçons 63 - En début de soirée 64 - Pour notre peuple 65 - Res ipsa loquitur 66 - Un poids écrasant 67 - Le tableau 68 - Les dernières heures 69 - Le prolongement naturel Épilogue Remerciements Interview de l'auteur des fresques reprises dans le roman 1 Une coccinelle sur une toile de tente L’homme posa les mains sur la table et le dévisagea. — J’ai l’impression de parler à un mur. Il ferma les yeux. Un mur. Un mur lézardé, dont chaque brique était moulée dans les larmes, le sang, la violence et la haine. Les rares moments de répit n’en étaient que le ciment précaire. L’homme tira une chaise à lui et s’assit. — Bien. Reprenons depuis le début. Il rouvrit les yeux, fixa un point devant lui. De quel début parlait-il ? Toute fin ramène au début. La mort ne survient que s’il y a eu naissance. Elle boucle la boucle. Einstein a dit que le temps n’est pas une ligne droite, Gaudi que rien n’est droit dans la nature. Ni l’eau, ni l’air, ni la terre, ni le feu. Pas même la ligne de l’horizon. Tout n’est que courbes et arabesques. Un atoll volcanique dans l’immensité de l’océan ? Tout est dans le détail, pour ceux qui savent les observer. L’homme reprit d’une voix monocorde. — Vous vous appelez Nikola Stankovic, vous avez 35 ans, vous n’êtes pas marié, vous n’avez pas d’enfants. Nikola ? Ce prénom lui parut étranger. Son père l’appelait Niko. Sa mère Dušo. Mon âme. Elle lui ébouriffait les cheveux quand il passait à sa portée. Želim da te zagrlim. J’ai envie de te prendre dans mes bras. Les parents dictent la norme. À ce moment, il croyait encore en leur pouvoir. À présent, il savait que le pouvoir appartient aux plus forts. La force permet d’imposer. L’homme poursuivit. — Vous êtes domicilié à Saint-Gilles, rue de la perche. Vous êtes artiste-peintre, vous n’avez pas de revenus fixes. Est-ce exact ? Des revenus fixes ? Les artistes n’ont pas de revenus fixes, sans quoi ils ne seraient pas des artistes. L’argent ne permet pas de réécrire le passé. Une boule de feu parcourant le ciel ? L’homme monta le ton. — Est-ce exact, monsieur Stankovic ? Il décela de l’impatience dans sa voix, une volonté d’en finir. Le silence était son allié. L’art ne dévoile ses secrets que dans le silence absolu. On devrait interdire aux gens de parler dans les musées. Le silence peut aussi être une arme. Il masque les mensonges, les aveux et les trahisons. L’homme secoua la tête avec dépit. — Vous ne m’aidez pas beaucoup, monsieur Stankovic. Il se tut. L’homme s’emporta. — Vous pourriez au moins me regarder quand je vous parle. Une coccinelle sur une toile de tente ? Il releva la tête. — Vous avez une tache sur votre chemise. 2 Lire entre les lignes — Passez-moi son dossier. La secrétaire avança d’un pas prudent et posa une chemise cartonnée sur le bureau. — S’il vous plaît, madame. — C’est bon. Vous pouvez y aller. Pauline Derval parlait peu, ne souriait pas, disait à peine bonjour, jamais merci. Telle était l’image que son personnel avait d’elle. Elle était capable d’assister à de longues réunions sans desserrer les dents, se contentant de prendre des notes à la volée avant d’asséner son verdict qui ne supposait aucune discussion. Sa gravité, accentuée par sa haute taille, sa blondeur nordique et ses yeux bleu acier en glaçaient plus d’un. Il n’était pas rare qu’un membre de son équipe emprunte une voie de traverse à la vue de sa silhouette arpentant les couloirs à grandes enjambées. En aparté, certains la surnommaient Sa Sévérité, d’autres, Folcoche, la mère indigne du roman d’Hervé Bazin. Elle le savait et s’en moquait. Qu’ils s’amusent avec ces gamineries, tant qu’ils font leur boulot. Hors de son contexte professionnel, ses amis et connaissances la voyaient comme une quadragénaire distinguée et cultivée, à la compagnie agréable, maniant l’humour à froid avec brio. Cette métamorphose s’opérait de manière spontanée durant le trajet entre sa maison située dans le Brabant wallon et son lieu de travail. Quatre-vingt-cinq kilomètres qu’elle avalait à vive allure dans son cabriolet Mercedes bleu marine en écoutant de la musique classique. Elle ouvrit le premier rapport, une vingtaine de pages, et chercha le nom de l’expert. Philippe Bourmanne. Ils auraient pu trouver mieux. Elle releva la tête et passa en revue les diplômes alignés sur le mur. Son regard fut attiré par la voiture d’un auxiliaire qui remontait l’allée du parking à contresens. Ce n’était pas la première fois qu’il enfreignait la règle. Elle nota de lui adresser un avertissement. Certains sont là pour commander, d’autres pour obéir, chacun son métier. Elle revint au dossier et commença par le rappel des faits. Les faits enseignent ce qu’il convient de faire. Ils étaient sordides, comme elle le craignait. En vingt ans, elle avait appris à se blinder. Elle imagina la scène, leva les yeux au ciel et poursuivit par la biographie du sujet, sa scolarité, son parcours professionnel et sa sphère psychosexuelle. Intéressant. Elle aborda ensuite le contenu de l’entretien. Fidèle à lui-même, le vieux Bourmanne avait été expéditif. Il lui avait fallu moins d’une demi-heure pour établir son diagnostic. Elle jeta un coup d’œil aux résultats de l’évaluation sur l’échelle de Hare, passa au pronostic et aux conclusions. Jargon prétentieux et précautions oratoires. La vieille école. Elle s’empara du deuxième rapport, plus volumineux, élaboré quelques semaines plus tard en vue d’un nouvel examen. Les noms des trois signataires étaient plus prestigieux, le contenu plus dense, mais les conclusions identiques. Elle referma le dossier d’un geste sec. En vingt ans, elle avait aussi appris à lire entre les lignes. Une chose était claire. Ce type allait lui poser des problèmes. 3 Bon débarras La vie de Franco avait basculé le 27 juin 2006. Ce soir-là, alors qu’il regardait le match France-Espagne à la télévision en compagnie de sa sœur, deux individus étaient entrés par effraction dans une villa cossue du sud de Bruxelles, à vingt kilomètres d’où il se trouvait. Par malchance, le cambriolage avait mal tourné. Surpris par le propriétaire armé d’une batte de base-ball, les malfaiteurs n’avaient pas hésité à l’éliminer, son épouse et une domestique dans la foulée. Accusé à tort de ce triple meurtre, il avait écopé de vingt-six ans de prison. Son alibi avait été balayé par le juge qui estimait que ses empreintes digitales et son ADN trouvés sur la scène de crime l’emportaient sur le témoignage de sa sœur, par ailleurs connue des forces de police pour des faits de mœurs. Pour ajouter à son malheur, l’arme utilisée avait été retrouvée chez lui lors d’une perquisition. Desservi par ses antécédents uploads/S4/ toute-la-violence-des-hommes.pdf
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- Publié le Oct 17, 2022
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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