Le management des filiales bancaires étrangères en Afrique à l'épreuve de la cu

Le management des filiales bancaires étrangères en Afrique à l'épreuve de la culture locale : l'influence des directeurs adjoints autochtones The affiliate management of foreign banks in Africa in front of local culture: The autochthone deputy managers' influence André Tioumagneng Université de Yaoundé II, faculté des sciences économiques et de gestion, B.P. 1365, Yaoundé, Cameroun l a r e v u e g e s t i o n e t o r g a n i s a t i o n 1 0 ( 2 0 1 8 ) 6 9 – 8 2 i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Reçu le 16 avril 2018 Reçu sous la forme révisée le 7 juin 2018 Accepté le 23 juin 2018 Disponible sur Internet le 20 juillet 2018 Mots clés: Banques Filiales Multinationales occidentales Culture africaine r  e s u m  e Si de nombreux travaux s'intéressent au besoin de glocalisation des filiales étrangères des firmes transnationales, peu abordent jusqu'à présent le rôle que jouent les directeurs adjoints autochtones du pays d'accueil de telles filiales quand elles gèrent cette exigence. Notre recherche se propose de contribuer à la connaissance de l'organisation des filiales bancaires créées en Afrique par des multinationales occidentales face à la culture locale. Les données sont mobilisées sur quatre banques au Cameroun. Elles résultent d'un processus de multiangulation marqué par la consultation des sites internet et des entre- tiens réalisés avec des employés des filiales étudiées. Les résultats de l'analyse suggèrent que les directeurs adjoints locaux, en tant que collaborateurs des directeurs généraux qui sont des expatriés limités en termes de connaissances contextuelles, ont un pouvoir d'influence leur permettant d'infuser les filiales concernées de la mentalité africaine en termes de management. © 2018 Holy Spirit University of Kaslik. Publishing services provided by Elsevier B.V. This is an open access article under the CC BY-NC-ND license (http://creativecommons.org/ licenses/by-nc-nd/4.0/). E-mail address: tioumagneng@yahoo.fr. Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ScienceDirect journal homepage: www.elsevier.com/locate/rgo https://doi.org/10.1016/j.rgo.2018.06.001 2214-4234/© 2018 Holy Spirit University of Kaslik. Publishing services provided by Elsevier B.V. This is an open access article under the CC BY-NC-ND license (http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/). 1. Introduction Les territoires émergents constituent depuis une vingtaine d'années l'un des objets d'investigation majeurs des recherches qui traitent du Business à l'international. L'Afrique en fait évidemment partie. Son intérêt, en tant qu'opportunité d'affaires, conduit les multinationales des pays occidentaux à profiter de la globalisation des marchés à y implanter des filiales en l'occurrence dans le secteur bancaire (Ghauri & Mayrhofer, 2016). Nombre de telles filiales éprouvent néanmoins de réelles difficultés à se maintenir durablement en vie. Il est à cet égard intéressant d'observer que la plupart des filiales bancaires créées en Afrique dans les années 1950–1960 par des multinationales occidentales ont été liquidées vers la fin de la décennie 1980 par leurs maisons-mères sous l'effet des crises économiques (Tamba & Djine, 1995). L'on assiste donc au cours du temps à une sorte de mouvement de balancier entre la création des filiales bancaires en Afrique, par les entreprises transnationales occidentales, et la faillite de ces filiales. Au cœur de cette dynamique se situe la problématique qui préoccupe le présent article. Il s'agit de la complexité de l'adaptation des filiales étrangères au contexte local hôte (Klaus, Mudambi, & Varela, 2011). L'idée très répandue selon laquelle en Afrique la culture est de nature à freiner la performance des entreprises qui l'adoptent donne une certaine consistance conceptuelle à cette complexité de l'adaptation (Henry, 1991), tout au moins pour les filiales dont la culture managériale du contexte d'origine (en l'occurrence l'occident) est généralement idéalisée. Notre hypothèse de travail, eu égard à l'opposition théorique entre la culture occidentale et le modèle de gestion à l'africaine (Kamdem & Ongodo, 2007), est que les filiales bancaires implantées en Afrique par des multinationales occidentales (BFAMO) en sont particulièrement concernées. La plupart des auteurs ont pendant longtemps expliqué que les filiales africaines des multinationales occidentales, en raison du contrôle ethnocentriste au sein de Perlmutter & Heenan (1974) mené par leurs maisons-mères, ne s'adaptent pas aux réalités africaines et ressemblent davantage à leurs maisons-mères en termes de pratiques organisationnelles. Cette position est davantage développée dans l'économie financière, en l'occurrence bancaire, qui traite de l'adoption des politiques financières de type transactionnel par les banques dans les territoires en développement (Tioumagneng, 2012 ; Berger, Klapper, & Udell, 2001). Les discussions sur l'adaptation des dites filiales manquent souvent d'indiquer que l'ethnocentrisme ne va pas sans contraintes dans le contexte africain d'accueil. Les filiales étrangères en général sont susceptibles d'être aux prises avec les pressions isomorphes dans leur territoire hôte (Kostova & Roth, 2002). Cette affirmation permet de rebondir sur les politiques d'africanisation des cadres telles que conçues par bon nombre de pays africains, dans les années postindépendances, et imposées aux filiales implantées sur leurs territoires (Vuerings, 1964). Les recherches qui étudient les BFAMO, lorsqu'elles s'intéressent à leur adaptation, abordent rarement la portée de telles politiques auxquelles résistent éventuellement la plupart des multinationales. L'on peut présumer que cette résistance des multinationales ou de leurs filiales à l'exécution des politiques nationales d'africanisation des cadres se justifie par une certaine crainte d'être « contaminée » par la culture africaine ou de connaître en Afrique ce qu'on peut qualifier, suivant Savall, Zardet, et Bonnet (2006) d'« isomorphisme dysfonctionnel ». Cette culture est généralement l'objet d'une vision péjorative qui considère qu'elle est de nature à freiner la performance des entreprises qui l'adoptent. Les politiques d'africanisation des cadres, menées historiquement par les gouvernements en Afrique (Vuerings, 1964), apparaissent de ce point de vue comme problématique pour les multinationales qui envisagent d'y implanter des filiales. Elles constituent le fil rouge de la présente étude qui est, dans son aspect empirique, réalisée en contexte camerounais. À la lumière de certains travaux en management international notamment sur des grands groupes comme EADS (Barmayer & Mayrhofer, 2007 ; Ghauri & Mayrhofer, 2016), nous l'appréhendons comme l'illustration des rapports conflictuels chaque BFAMO avec l'État de son Keywords: Banks Affiliate company Western multinational company African culture a b s t r a c t While the literature abounds on the glocalization of foreign multinational firms' affiliates, studies on the role of autochthone deputy manager in the management of these affiliated companies appear to be scarce. The purpose of this paper is to contribute to knowledge on affiliate management of foreign banks in Africa in front of local culture. The used data come from four affiliated banks located in Cameroon. They result from a process of multiangula- tion marked by the websites consultation and interviews with employees of these banks. The results of the analysis suggest that the autochthone deputy managers, as collaborators of general managers (expatriates and limited in terms of contextual knowledge), have a great influence allowing them to introduce the African mentality in the management of the company. © 2018 Holy Spirit University of Kaslik. Publishing services provided by Elsevier B.V. This is an open access article under the CC BY-NC-ND license (http://creativecommons.org/ licenses/by-nc-nd/4.0/). l a r e v u e g e s t i o n e t o r g a n i s a t i o n 1 0 ( 2 0 1 8 ) 6 9 – 8 2 70 pays d'accueil et dans lesquels chaque acteur (maison-mère/État) cherche à infuser la filiale de sa culture ou de sa « pensée » en termes de gestion. L'infusion est analysée comme procédant de la nomination des décideurs et managers au sein des organes sociaux de la filiale. La principale question que nous cherchons à adresser dans le présent article est celle de savoir comment les filiales bancaires créées en Afrique par des multinationales occidentales s'organisent face à la culture locale ? Elle s'inscrit dans la perspective des travaux qui étudient la double contrainte qui pèse sur les filiales, en matière d'organisation, d'écouter à la fois le local et le siège (Jaussaud & Mayrhofer, 2013). L'objectif du travail est de contribuer à l'amélioration des connaissances sur le fonctionnement des filiales étrangères d'origine occidentale en Afrique. Pour ce faire, une étude empirique est réalisée au Cameroun sur quatre filiales bancaires dont les résultats suggèrent que leurs pratiques organisationnelles sont davantage cohérentes avec les réalités culturelles africaines en termes de management. L'analyse conduit à identifier les directeurs adjoints des dites filiales comme les agents de transmission de ces réalités. Cette identification permet, par la mobilisation des travaux sur le « Middle Management » (Wooldridge & Floyd, 1990), de repousser les limites de la pensée sur l'internationalisation des entreprises et des filiales bancaires en l'occurrence. En effet, si de nombreux travaux académiques s'intéressent depuis longtemps au besoin de glocalisation des filiales étrangères des firmes transnationales (Ghauri & Mayrhofer, 2016 ; Klaus et al., 2011), peu de chercheurs abordent jusqu'à présent le rôle que jouent les directeurs adjoints d'origine locale de telles filiales quand elles gèrent cette exigence. En s'intéressant à ces acteurs des directoires des filiales étrangères, notre travail s'inscrit dans une perspective d'approfondissent des recherches axées essentiellement sur le rôle des directeurs uploads/Finance/ 1-s2-0-le-management-des-filiales-bancaires-etrangeres-en-afrique-a-l-x27-epreuve.pdf

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  • Publié le Dec 22, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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