Introduction Contexte Les années 1870 voient le début de la libéralisation fina

Introduction Contexte Les années 1870 voient le début de la libéralisation financière et la mise en place d’instruments spéculatifs. Les empires austro-hongrois, prussien et français soutiennent la création de nouvelles institutions capables d’émettre des prêts hypothécaires (ex : le crédit mobilier des frères Pereire (1852), le Crédit Lyonnais (1863), la Société Générale (1864) en France). Les financiers s’endettent massivement, tablant sur l’explosion des prix de l’immobilier. La frénésie spéculative gagne l’Europe. La fin de la guerre entre la France et la Prusse (juillet 1870 à janvier 1871), récemment devenue l’Empire Allemand (1871) entraîne le versement par la France d’une indemnité de guerre de 5 milliards de francs or. Cette somme colossale vient inonder le marché financier encourageant encore davantage les comportements spéculatifs. C'est en Autriche, alors que le secteur de l'immobilier connaissait une très forte croissance depuis 1870, que le marché spéculatif lié à l'immobilier s'effondre entraînant la faillite de centaines de banques en quelques heures et un krach boursier. La crise s'étend rapidement à l'Allemagne dont les banques ont pratiqué la même spéculation immobilière, ainsi qu'en France. C'est à l'automne 1873 que la crise frappe les Etats-Unis touchant les compagnies ferroviaires dont les bons s'effondrent après l'euphorie des dernières années. Le 20 septembre, la bourse de Wall Street doit même fermer dix jours après l'annonce de la faillite de la banque Jay Cooke et de la compagnie de chemins de fer Union Pacific. Les causes La longue dépression 1873-1897 a trois causes. La première est agricole, due aux mouvements climatiques très forts durant ces quelques années. Le gouvernement essaie d’améliorer la situation en élargissant la masse monétaire. Pour cela il réintroduit partiellement la frappe monétaire de l’Argent racheté par le Trésor avec une parité fixe (le Bland Bill de février 1878 aggravé par le « Sherman Act » de 1890). En fait cela revient à fournir des fonds au public au détriment de la quantité d’or détenu par le Trésor .Ainsi le gouvernement entre 1878 et 1893 a acheté au prix « légal » 1/3 de la production mondiale. Les deux autres causes sont financières a) Selon le modèle de Minsky, l’amélioration de la situation économique provoque des excès de crédit jusqu’au moment où le remboursement n’est plus possible car la confiance a disparu. Ainsi en1883 le taux au jour le jour atteint 72 % en Juin,à nouveau 72 % le 28 Juillet et encore 51 % le 4 Août ; b) L’existence d’une masse monétaire exagérée puisqu’essentiellement réalisée par le développement du crédit, entraîne des spéculations malsaines ; Le déroulement La crise bancaire de mai 1873 démarre le vendredi 9 mai à la Bourse de Vienne, qui réagit à la faillite de centaines de banques autrichiennes, incapables de récupérer leurs créances hypothécaires sur l'immobilier. Elle s'étend à Paris et Berlin et déclenche une récession rapide : les banques européennes manquent de liquidités et ne se font plus confiance, rendant les prêts interbancaires extrêmement coûteux. Le krach se propage à la Bourse de New York où la bulle spéculative ferroviaire se dégonfle. La banque d'affaires du financier Jay Cooke, composant majeur de l'économie américaine, annonce qu'elle n'est plus en mesure d'apporter son appui à la Northern Pacific Railway. Cette compagnie fait faillite le 18 septembre, ainsi que la Jay Cooke & Company, bientôt suivi par l'Union Pacific. Wall Street est contrainte de fermer 10 jours à partir du 20 septembre. La Northern Pacific réussit cependant à finir le 16 décembre le tracé menant au port de Tacoma. Toutefois, son lourd endettement l'asphyxie : elle doit provisoirement déposer le bilan le 30 juin 1875. La période de crise rompt avec la forte croissance économique mondiale des années 1850 qui s'était prolongée dans les années 1860 par des investissements immobiliers massifs dans les métropoles en expansion : Vienne, Berlin, New York, San Francisco et Paris, avec les tracés du baron Haussmann. La crise se répercute sur la sidérurgie en Europe et les chemins de fer aux États- Unis : au total, 89 compagnies de chemin de fer américaines sur 364 firent faillite. Après une petite embellie en 1878, elle s'aggrave au début des années 1880. La spéculation sur les chemins de fer en France et aux États-Unis provoque des krachs, respectivement en 1882 et 1884, entraînant de nouveau la disparition de certaines banques d’affaires dont l'Union générale en France. Enfin, en 1890, l'une des plus célèbres banques britanniques, la Barings, dépose provisoirement le bilan du fait de placements spéculatifs à l’étranger. Les conséquences La dépression économique durera jusqu’au milieu des années 1890 : 1893 ou 1896 selon les références. Face à la crise, les grandes entreprises se concentrent afin de maintenir leurs profits, formant des cartels en Allemagne, des trusts aux États-Unis. Cette stratégie est fortement encouragée en Allemagne, pays qui connaissait une certaine prospérité. Aux États-Unis, la constitution de ces trusts sera combattue dès la fin de la crise par la législation du Sherman Anti-trust Act (1890). En plus de la concentration, l’autre conséquence majeure de la crise est l’arrêt soudain de la première expérience de libéralisation des échanges internationaux. Depuis le traité de libre-échange de 1860 entre le Royaume-Uni et la France, les pays industrialisés d’Europe occidentale multipliaient les traités de libre- échange bilatéraux, tout en s’accordant la clause de la nation la plus favorisée (qui rendait finalement les traités multilatéraux). Pour protéger leurs entreprises dans un contexte de crise, les États relèvent leurs tarifs douaniers : les tarifs Méline en France calment les agriculteurs ; le tarif MacKinley élève les tarifs américains à 49 % en 1890 (57 % en 1897). Seul le Royaume-Uni, terre promise du libéralisme, conserve unilatéralement le libre-échange. Pour trouver de nouveaux débouchés, les nations européennes se lancent dans une nouvelle vague de colonisation. Conclusion La crise de 1873-1896 s’inscrit dans le mouvement des cycles économiques longs décrits par Kondratiev et expliqués par Joseph Schumpeter en 1911 dans sa Théorie de l’évolution économique. Cette période correspondrait selon cette théorie à la phase B d'un cycle long : les innovations de la précédente période de croissance, dans la métallurgie, les chemins de fer ou la chimie, ne suffisent plus à assurer les profits des entrepreneurs. Toutefois de nombreuses inventions sont porteuses d’espoir d’innovation pour une future période de croissance : électricité, automobile, pétrole, premiers essais de l’aviation mais aussi, avec les débuts du Phonographe et du Cinématographe, l'industrie culturelle avec l'arrivée de sociétés comme Pathé ou Gaumont. Ces nouvelles activités prendront leur essor lors de la seconde révolution industrielle. uploads/Finance/ 1873.pdf

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  • Publié le Mar 19, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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