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REMFO N°4 Décembre 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=RE

REMFO N°4 Décembre 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about 1 Revue D’Etudes en Management et Finance D’Organisation N°4 Décembre 2016 PROBLÉMATIQUE DU COMMERCE AMBULANT AU MAROC: CONTRIBUTION À LA RESTRUCTURATION D'UNE ACTIVITÉ PORTEUSE. "ITINERANT TRADE ISSUE IN MOROCCO: A CONTRIBUTION IN RECONSTRUCTING A PROMISING BUSINESS". MESSAOUDI Abdelouahed Enseignant chercheur Faculté des Sciences Juridiques Economiques de Settat, Université Hassan 1ier E-mail : messaoudi@uhp.ac.ma Résumé Décidément, le commerce ambulant ne cesse de défrayer la chronique et de poser d'épineux problèmes aux pouvoirs publics tant au niveau central qu'au niveau local. En effet, le nombre de marchands ambulants ne cesse d'augmenter irrémédiablement à un rythme qui échappe au contrôle des responsables. Le chômage accentue ce phénomène en drainant vers les villes des personnes majoritairement jeunes à la recherche de travail. Etant donné leur vulnérabilité, les marchands ambulants sont une proie facilement manipulée aussi bien par les politiques que par les milieux intégristes déguisés en mécènes. Mais cette branche d’activité joue un rôle relativement important dans les domaines économique et social en tant que débouché non négligeable pour la production nationale et pour l’importation et occupant une main d'œuvre relativement importante. Pour participer à la résolution de ce problème, nous proposons une démarche d’organisation concrète qui s’appuie sur notre expérience de plusieurs années de gestion effective de ce dossier. Elle est basée sur une approche participative de tous les acteurs intervenant dans cette activité. Mots clés : Commerce informel, structuration du commerce ambulant, entrepreneuriat commercial, Marketing mix dans le commerce ambulant ; Diagnostic SWOT Abstract Decidedly, itinerant trading continues to make headlines and raises some major challenges to public authorities at central and local levels. Indeed, responsibles are no longer able to control the exponential increase of street traders’ number. This phenomenon is mainly enhanced by unemployment that drains young people to cities in aim to look for a job. Considering their vulnerability, street traders are easily manipulated by both politics and integrist environments disguised as sponsors. However, this branch of activity has a major impact on the economic and social fields. In fact, it occupies an important workforce and represents a significant outlet for national production and importation. In order to assist in resolving this issue, we suggest a concrete organisational approach based on many years of experience in effectively managing this file. It is based on a participatory strategy of this activity's relevant actors. Keywords: Informal trade, structuring of itinerant trade, commercial entrepreneurship, Marketing mix in itinerant trade; SWOT Diagnosis Introduction REMFO N°4 Décembre 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about 2 La problématique du commerce ambulant au Maroc se pose avec acuité et prend des allures beaucoup plus dangereuses si les pouvoirs publics n’abandonnent les solutions de replâtrage et de facilité et n’élaborent une véritable stratégie basée sur un diagnostic neutre et rationnel. Il est désormais notoire que l’option d’éradication mise en œuvre d’une façon systématique dès l’apparition du phénomène des marchands ambulants dans les années soixante du XXème siècle n’a abouti qu’à son aggravation. Devant l’échec de sa logique éradicatrice, l’Administration territoriale a privilégié d’autres options visant la sédentarisation et l’organisation dynamique des marchands ambulants à partir des années quatre-vingt dix du même siècle sans pour autant parvenir à restructurer cette branche d’activité commerciale. En effet, grâce à la facilité d’accès à cette activité, au manque de contrôle des personnes et des produits qui y sont vendus, ce secteur devient de plus en plus opaque échappant à tout contrôle des autorités devenues même complices voire acteurs dans la prolifération du commerce ambulants. Les marchands ambulants sont traversés par plusieurs courants aussi bien politiques que religieux, car de par leur vulnérabilité, l’absence de protection juridique et réglementaire de leur activité, leur faible niveau culturel, l’état de subsistance dans laquelle ils se trouvent, le traquenard dont ils font l’objet à longueur de journée, le bakchich qu’ils sont obligés de verser chaque jour pour écouler leurs marchandises, ils sont devenus une proie facile prêts à s’allier au diable pour préserver leurs intérêts. Par ailleurs, cette armée de réserve silencieuse est courtisée par les différents candidats à l’approche des échéances électorales. Elle constitue également un milieu propice pour l’intégrisme de tout bord et un lieu de prédilection pour les repris de justice, les délinquants et les vagabonds. A force d’être traquée et exploitée en permanence, elle risque soit de s’exploser spontanément et instantanément avec des conséquences imprévisibles, soit de se radicaliser pour devenir une force difficile à maitriser par la suite. Mais cette branche d’activité joue un rôle important dans les domaines économique et sociale. C’est ainsi qu’en tant qu’animateur économique, le commerce informel en général et ambulant en particulier constitue un débouché non négligeable pour la production nationale et pour l’importation. L’enquête nationale sur le secteur informel - 999/2000 confirme d’ailleurs ce constat. Les résultats de cette enquête révèlent que le secteur « commerce et réparation » intervient à raison de 77% du chiffre d’affaires total du secteur informel estimé à 166.346,2 millions de DH, bien qu’il ne regroupe que 52,8% des unités de production informelles. En termes de chiffre moyen par unité, il dégage un chiffre d’affaires de l’ordre de 196.874 DH supérieur de 45,95% à la moyenne du chiffre d’affaires réalisée par chaque unité de production informelle qui est de 134.886 DH1. Quant aux unités de production informelles opérant dans le commerce de détail hors magasin (ambulant), elles réalisent un chiffre d’affaires moyen par unité de l’ordre de 150.058DH, supérieur de 11,25% au chiffre d’affaires moyen unitaire produit par les unités de production informelles. 1 Direction de la Statistique : Enquête nationale sur le secteur informel- 1999/2000. REMFO N°4 Décembre 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about 3 Toujours sur le plan économique, le commerce ambulant est un commerce de proximité et de modération de prix. La ménagère peut acheter l’essentiel de ce dont elle a besoin devant sa porte ou à quelques mètres de chez elle à des prix abordables parfois défiant toute concurrence. Ce faisant, le commerce ambulant corrige les imperfections des pouvoirs publics en matière d’urbanisme commercial. A cet égard, il est flagrant de constater que la métropole de Casablanca par exemple qui compte une population dépassant trois millions d’habitants n’est approvisionnée que par 55 marchés municipaux2. Sur le plan social, le commerce ambulant est une activité créatrice d’emploi. En effet, les unités ne disposant pas de locaux professionnels interviennent à raison de 51% des emplois générés par le secteur informel, soit 969.183 personnes3. Sur le plan socio- culturel, le commerce ambulant comporte aussi une dimension culturelle rappelant la tradition commerciale séculaire au Maroc dominée par le souk et les contacts sociaux qu’il occasionne (rencontres entre les gens, échanges d’information, animation). Néanmoins, cette activité est actuellement le théâtre de contradictions et de luttes infernales entre les différents acteurs qui y sont impliqués et qui posent, en termes aigus, la légalité de cette forme d’échange et de l’opportunité de la laisser se développer hors de toute contrainte4. Dans ce contexte, les pouvoirs publics, les associations professionnelles tant des marchands ambulants que des sédentaires et les experts intéressés ne cessent de se poser un certain nombre de questions pour tenter de résoudre ce problème, notamment :  L’activité de commerce ambulant est-elle en contradiction avec l’activité sédentaire formelle au point d’amener les pouvoirs publics à ne privilégier que l’alternative d’éradication ou de l’intégration à tout prix dans le secteur formel?  Peut-on structurer efficacement cette activité pour lui permettre de jouer pleinement son rôle d’animateur économique et sociale ? Pour répondre à ces questions, il serait judicieux de développer les axes suivants : - Axe 1 : Le diagnostic du commerce ambulant ; - Axe 2 : Les perspectives de développement du commerce ambulant. I. DIAGNOSTIC DU COMMERCE AMBULANT 2 Sources : - Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2004 : 2. 936.874 habitants. - Wilaya du Grand Casablanca. Ces marchés comptent 9.856 locaux dont 899 sont inexploités et qui, de surcroît, sont dépourvus d’équipements nécessaires (revêtement du sol, des murs et des plafonds, toilettes, eau, électricité). 3 Direction de la Statistique : Enquête nationale sur le secteur informel- 1999/2000. 4 A. Fejjal, « le commerce ambulant à Fès », in « l’emploi invisible au Maghreb », collectif sous la direction de Mohamed SALAHDINE, Ed. SMER, page 51. REMFO N°4 Décembre 2016 ISSN 2489-205X REMFO http://revues.imist.ma/?journal=REMFO&page=about 4 Nous allons analyser le phénomène du commerce non sédentaire en mettant en exergue ses forces et ses faiblesses d’une part, les opportunités ainsi que les menaces de son environnement d’autre part. I.1. Forces du commerce ambulant Les forces du commerce ambulant résident dans sa capacité créer de la valeur, à l’emploi d’une main d’œuvre relativement importante, son rôle de substitut à l’emploi salarié, son aptitude à développer l’esprit entrepreneurial, son caractère d’activité de service public et dans sa capacité à distribuer les produits à des prix abordables là où la demande se manifeste . I.1.1. Le commerce ambulant : une activité génératrice de revenu Pour le public, le commerce ambulant offre plusieurs aspects qui améliorent la qualité de la vie, en l’occurrence des rapports humains plus uploads/Finance/ 5841-17133-1-pb.pdf