Revue El Manara, n°06, Décembre 2018 Impact des Instruments de la Politique Bud

Revue El Manara, n°06, Décembre 2018 Impact des Instruments de la Politique Budgétaire sur la Croissance Economique en Algérie (1970-2017) Dr. Amani Ismail Maitre-Assistant B/ Université d’Oran 2 Mohammed Ben Ahmed Résumé : Cet article vise à mesurer l’impact des instruments de la politique budgétaire ; dépenses courantes, investissements publics, fiscalité ordinaire, recettes fiscales et dette publique sur la croissance économique et l’inflation. L’étude est réalisée à travers un modèle à correction d’erreur et appliquée sur l’économie algérienne sur une période allant de 1970 à 2017, dont les estimations sont réalisées par la méthode des moindres carrés. Les résultats démontrent un impact positif mais faible des dépenses budgétaires globales, du seulement aux dépenses courantes, les investissements publics n’ayant aucun effet alors que les recettes budgétaires et la dette public exercent un impact négatif. Par contre concernant l’effet sur les prix, les dépenses courantes provoquent une faible inflation alors que les dépenses d’investissement et l’imposition la réduisent. Mots-clés : Politique budgétaire, croissance, inflation, MCE, régression Abstract : This paper aims to assess the effect of fiscal policy instruments; current expenditures, public investment, taxation revenues, hydrocarbon revenues and debt on economic growth and inflation. An error correction model is used in this study and applied to the algerian economy over a period from 1970 to 2017, while the estimations are made using the least squares method. The results show a positive but weak impact of global public expenditures, due lonely to current expenditures, as public investments has no noticeable effect, while public revenues and public debt have a negative impact. As for the effect on prices, current expenditure causes low inflation, while investment expenditure and taxation reduce it. Keywords: fiscal policy, growth, inflation, ECM, regression Revue El Manara, n°06, Décembre 2018 1. Introduction : Les effets de la politique budgétaire font toujours débats dans la littérature économique. D’ailleurs le rôle interventionniste de l’état n’a été reconnu qu’au début du 20ème siècle et l’émergence des idées keynésiennes. Depuis, les économistes de ce courant et les économistes classiques, néoclassiques et nouveaux classiques, s’opposent sur la nature des interventions et l’impact qui en découle. Si pour les keynésiens, les dépenses budgétaires encouragent la croissance économique en stimulant la consommation des ménages, eux-mêmes attirant plus d’investissements. Pour les classiques, les effets d’éviction sont beaucoup trop important pour permettre un effet positif sur ces derniers, allant même jusqu’à considérer des effets négatifs notamment sur les investissements privés. Plus tard d’autres approches ce sont développées, avec l’amenuisement des ressources budgétaires, axées plus sur une utilisation optimale de ces instruments, insistant donc sur les effets individuels de chaque type de dépenses et recettes. Par ailleurs, les interventions budgétaires de l’état en Algérie ont, depuis l’indépendance, été plus ou moins importantes selon les orientations économiques et politiques des gouvernements en place. De politiques d’investissements publics axés sur l’industrialisation de l’économie dans le cadre d’un système de planification à une libéralisation progressive de l’économie en maintenant une intervention budgétaire importante de l’état plus axées sur les secteurs sociaux et privilégiant une relance économique par la demande. Ainsi, l’objectif principal de cette étude est de mesurer l’impact de la politique budgétaire sur la croissance économique et l’inflation en Algérie. Pour cela nous étudions d’abord l’effet des dépenses et recettes budgétaires globales, puis dans un second temps, nous nous intéressons aux impacts individuels des composantes de ces derniers ; dépenses courantes, investissements publics, fiscalité ordinaire et fiscalité des hydrocarbures, en plus des effets de la dette public. Pour répondre à cet objectif, nous utilisons un modèle à correction d’erreur MCE inspiré par des travaux de la banque mondiale sur les pays en développement. Les estimations sont réalisées par la méthode des moindres carrés sur les données de l’économie algérienne sur une période allant de 1970 à 2017. Avant, nous commençons par une revue de la littérature théorique et empirique de ces effets, dans le monde et en Algérie particulièrement. Revue El Manara, n°06, Décembre 2018 2. Une revue de littérature sur les effets de la politique budgétaire : L’impact de la politique budgétaire suscite un vif débat au centre de la politique économique de chaque pays depuis le début du 20ème siècle et l’apparition des idées interventionnistes keynésiennes. Cette opposition théorique fût, d’abords, axée sur le court terme dans une perspective de demande, puis élargie au long terme dans une perspective d’offre à partir de la moitié de ce siècle. Ce débat s’est encore accentué depuis la crise économique du début du 21ème siècle et l’amenuisement des ressources financières des pays. Ainsi nous aborderons les différents développements théoriques et empiriques dans ce domaine façonnés par ce débat en partant du classement fait par Michael Boskin (1988) en, trois niveaux ; soutient de la croissance et réduction du chômage, frein à la croissance en évinçant les investissements et finalement une neutralité de la politique budgétaire. 1.1. La politique budgétaire frein à la croissance économique : L’approche néoclassique, et notamment celle des monétaristes, est devenue dominante à partir des années 60, selon Douglas Bernheim (1989), ceci grâce notamment à l’insistance sur la notion d’effet d’éviction. Pour ces derniers les déficits occasionnent des effets d’éviction importants qui freinent les perspectives de croissance et accélèrent l’endettement extérieur. Ainsi, pour Milton Friedman (1970) la politique budgétaire sans une politique monétaire d’accompagnement n’exerce aucun effet significatif sur la croissance économique. Ces effets d’éviction sont de deux types ; Eviction directe, qualifié d’ultrarationalité par Willem Buiter (1990), induit que toute hausse des dépenses budgétaires s’accompagne d’une baisse de la consommation ou de l’investissement privé, les agents économiques, rationnels, anticipant une substitution de ces derniers par les dépenses de l’état. Cette hypothèse est notamment valable, selon Sam Peltzam (1973), pour les dépenses d’éducation, de santé ainsi que les cotisations de retraite. Eviction indirecte, lorsque l’état finance son déficit sur les marchés financiers, augmentant la demande de fonds prêtables et de fait les taux d’intérêt. La demande privé liée à ce dernier, notamment l’investissement, diminue en réaction à cette hausse. De même qu’une émission d’une dette intérieure, dans une situation proche du plein emploi, augmente la richesse des agents privés qui augmentent leur consommation au détriment de l’investissement. Revue El Manara, n°06, Décembre 2018 Cependant, les économistes keynésiens critiquent cet effet d’éviction en considérant qu’un déficit budgétaire exerce un impact positif et rapide sur le revenu qui permet de générer une épargne nouvelle et donc une augmentation des fonds prêtables qui permet de satisfaire la demande nouvelle sans hausse significative des taux d’intérêt. Dans la ligné néoclassique, existe un courant d’économistes hyperclassiques qui insistent sur les effets négatifs des politiques de relance budgétaire et préconise des politiques de rigueur dont ils démontrent les bienfaits, à travers, principalement, des études empiriques. Ainsi, en étudiant les contractions budgétaires dans dix pays européens, Francesco Giavazzi & Marco Pagano (1990), démontrent que ces politiques de rigueur, baisse des dépenses ou hausse des impôts, ont un effet positif sur la croissance économique. On retrouve les même résultats dans l’étude d’Alesina & Perotti (1995) et, à un moindre degré, celle de Philippine Cour & Jean Pisani-Ferry (1995). Manfred Hellwing & Martin Neumann (1987), expliquent que l’effet direct d’une contraction budgétaire est négatif sur la croissance économique, cependant, l’effet indirect induit sur la demande globale par les anticipations optimistes des agents économiques est positif permettant de couvrir l’impact négatif. Cette théorie est, selon les auteurs, valable si la politique budgétaire est crédible, poursuivant un objectif de consolidation budgétaire à moyen et long terme. 1.2. La politique budgétaire neutre : La neutralité de la politique budgétaire est associée notamment à la théorie d’équivalence ricardienne qui a été réhabilitée par Robert Barro (1974). Cette théorie part du principe que les ménages, rationnels, élaborent un plan intertemporel et intergénérationnel de consommation et d’épargne qualifié d’optimal, selon Solow (2002), suivant la théorie du revenu permanent du cycle de vie RPCV. Les ménages sont considérés comme ricardiens s’ils savent et incorporent dans leurs anticipations la contrainte d’équilibre inter-temporel de l’état. Donc ces derniers anticipent une hausse des impôts suite à une hausse du déficit public, dépenses publics, en ce sens, ils ne considèrent pas la dette publique comme une richesse pour eux. Ainsi, suite à une politique d’expansion budgétaire, le revenu disponible des ménages augmente certes. Cependant, ces derniers anticipent des impôts supplémentaires dans le futur, destinés à financer l’emprunt qui a servi à la réalisation de la politique budgétaire Revue El Manara, n°06, Décembre 2018 expansionniste. De fait, les ménages reviennent à leur affectation intertemporelle optimale. En ce sens, les ménages génèrent un surcroit d’épargne privée qui compense la désépargne publique, laissant l’épargne national inchangée, équivalence entre épargne publique et privée, ce qui explique la neutralité de la politique budgétaire au sens du principe de l’équivalence ricardienne. Cette théorie est d’ailleurs vérifiée empiriquement dans un sondage récent réalisé par Mathew Shapiro & Joel Slamrod (2009). Par ailleurs, la théorie des Cycles Réels des Affaires RBC (Real Business Cycle) introduite par Finn Kydland & Edward Prescott (1982) puis élargie par B. Long & C. Plosser (1983) ni tout impact à la politique budgétaire. Cette uploads/Finance/ amani-impactpolbudgcroissance2017.pdf

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  • Publié le Dec 30, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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