ANALYSE FINANCIÈRE DES COMPTES CONSOLIDÉS Présenté par : BENZAKOUR Othmane – Ex
ANALYSE FINANCIÈRE DES COMPTES CONSOLIDÉS Présenté par : BENZAKOUR Othmane – Expert-Comptable DPLE CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS 1. LA DÉMARCHE D’ANALYSE FINANCIÈRE L’analyse financière est une technique visant à évaluer la réalité économique et financière d’une entreprise ou d’un groupe à partir de ses documents comptables. Elle consiste à porter un regard à la fois extérieur et global sur l’entreprise ou le groupe. Il s’agit d’un regard extérieur car l’analyse est réalisée à partir de documents publiés. Au Maroc comme en France, les entreprises ayant le statut de société de capitaux et les groupes sont tenus de publier leurs comptes au greffe du tribunal de commerce où ils sont disponibles au public. Les entreprises cotées sont quant à elles astreintes à des obligations de publicité plus importantes. Il s’agit également d’un regard global car les documents comptables appréhendent l’entreprise ou le groupe dans sa globalité. A l’inverse, les métiers de la gestion, on parle là des contrôleurs de gestion et des analyses financiers, se concentrent davantage sur des analyses limitées à un centre de responsabilité ou à une activité de l’entreprise. Ils utilisent l’analyse financière lorsque la vision globale sur l’entreprise devient nécessaire, notamment pour évaluer l’endettement, les capitaux propres ou la trésorerie. Cette démarche est menée par des analystes externes et internes à l’entreprise. L’analyste interne est évidemment privilégié par rapport à l’analyste externe car il a accès à l’information interne permettant de mieux expliquer les performances globales de l’entreprise. Toutefois, les groupes cotés doivent publier une information sectorielle découpant des données clé telles que le chiffre d’affaires, le résultat opérationnel, les immobilisations ou les investissements par secteurs d’activité et zones géographiques. Il s’agit également d’un regard en tendance. Une analyse financière menée sur une période de 3 à 4 années permet de dégager des tendances et le cas échéant d’isoler un exercice atypique ou normalisé. L’analyse porte d’abord sur les éléments économiques : l’évolution du chiffre d’affaires, des marges, des investissements. Cette analyse économique de l’entreprise ne peut être menée que comparativement à d’autres entreprises du même secteur. L’analyse évalue ensuite les conséquences financières de ces facteurs économiques : - Comment l’entreprise finance-t-elle ses investissements ? - Sa rentabilité lui permet-elle d’autofinancer ses investissements et son cycle d’exploitation ou doit-elle au contraire trouver des financements externes ? - Sa profitabilité est-elle suffisante pour rembourser les emprunts ? - Sa rentabilité des capitaux propres est-elle satisfaisante pour les actionnaires ?… Il est indispensable de suivre une démarche rigoureuse sous peine de se noyer dans la multitude des données chiffrées. L’analyste a besoin d’un fil conducteur pour ordonner sa réflexion et parvenir à une synthèse. Notre cours se déroulera dans l’ordre de la démarche de l’analyse financière. CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS 2. POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS ? Seule l’analyse financière réalisée à partir des comptes consolidés permet d’évaluer l’activité, la profitabilité et la structure financière d’ensemble du groupe. Le chiffre d’affaires intra groupe représente parfois une part importante de l’activité des différentes entités. Alors que, les comptes individuels ne distinguent pas entre le chiffre d’affaires intra groupe et le chiffre d’affaires réalisé auprès de clients externes. Seul le chiffre d’affaires consolidé mesure l’activité réelle du groupe car il élimine le chiffre d’affaires intra groupe. Les opérations intra groupe ne se limitent d’ailleurs pas au seul chiffre d’affaires. Elles portent également sur des royalties, management fees, mise à disposition de personnel, intérêts,..Au moment où vous avez étudié le cours de consolidation, parmi les retraitements, les opérations intra groupe sont éliminées sans que cela entraîne une incidence sur le résultat du groupe. Vous avez également vu que les bénéfices provenant d’opérations réalisées avec d’autres entités du groupe apparaissent dans les comptes individuels ( tel que les plus-values de cession, dividendes, provisions…) L’élimination de ces opérations dans les comptes consolidés permet de mesurer la profitabilité d’ensemble du groupe. Finalement, les relations entre les entités d’un groupe sont marquées par des liens financiers. La société mère finance ses filiales sous forme de capital et également fréquemment sous forme de prêt. Elle joue un rôle d’intermédiaire entre les apporteurs de capitaux (banquiers, investisseurs) et ses filiales. Elle « transforme » parfois la nature de ses ressources, en empruntant par exemple pour réaliser un apport en capital ou au contraire en prêtant à partir de ses capitaux propres. Comme l’illustre l’exemple ci-dessous, seul le bilan consolidé permet d’évaluer la structure financière d’ensemble du groupe. Il présente l’ensemble des actifs détenus et des ressources « externes » du groupe, les liens financiers intra groupe, en capital et en financement étant éliminés. Seuls les comptes consolidés permettent d’évaluer la capacité de la société mère à satisfaire ses actionnaires. La rentabilité pour les actionnaires de la société mère dépend de la rentabilité des entités inclues dans le périmètre de consolidation. Lorsque la société mère emprunte pour financer ses filiales, sa capacité de remboursement dépend également de la profitabilité de ses filiales. Illustration Le schéma suivant montre le cas de la société mère SM qui se constitue avec un capital de 100. Son banquier imposant la proportion maximale d’un Dhs emprunté pour un Dhs de capitaux propres, M emprunte 100. Au lieu d’acheter un outil de production, M crée une filiale, F1 et lui apporte 200 de capital. F1 étant soumise aux mêmes contraintes d’endettement que M emprunte 200 et crée à son tour une filiale, F2 à qui elle apporte un capital de 400. Grâce à ce capital, F2 emprunte 400 et investit dans un outil de production pour 800. CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS Calculé à partir des comptes individuels, le ratio « emprunt / capitaux propres » est équilibré car strictement égal à 1 pour chaque entité. Cet équilibre est toutefois fictif car les liens intra groupe ont donné lieu à une « transformation » d’emprunt en capital comme le montre le bilan consolidé. CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS Seul le bilan consolidé traduit la structure financière réelle du groupe et le ratio « emprunt / capitaux propres » y est de 7 ! Ne demeurent au bilan consolidé que les 100 de capital d’origine et les 700 représentant le cumul des emprunts souscrits par chacune des entités auprès de leurs banques. La capacité de remboursement des emprunts ne peut également s’évaluer qu’à partir des comptes consolidés. Si F1 et SM sont de pures sociétés holding sans activité économique, leurs emprunts ne pourront être remboursés que grâce aux dividendes provenant des bénéfices réalisés par F2. CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS Parfois, le bilan individuel d’une filiale montre un déséquilibre de la structure financière qui n’est qu’apparent. Exemples : - Une filiale de distribution bénéficie d’un crédit fournisseur supérieur à la normale de la part de sa société mère pour compenser la faiblesse de son capital. - Une filiale située à l’étranger est financée grâce à une convention de compte courant conclue avec sa société mère. Ce financement dispense la filiale d’emprunter auprès des banques locales. Les avances de trésorerie de la société mère étant réalisées à vue, elles sont comptabilisées en dette CT au bilan de la filiale bien qu’elles financent certaines dépenses d’investissement. Dans ces deux exemples, le déséquilibre provient de la faiblesse des capitaux propres ou d’un recours important à des dettes à court terme. Ce déséquilibre n’est qu’apparent si le groupe finance ces filiales à partir de ressources stables. L’analyse de la structure financière de ces filiales à partir de leurs comptes individuels est par conséquent peu pertinente, sauf à reclasser les dettes vis-à-vis du groupe en ressources stables. CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS Le prêteur (fournisseur ou banquier) qui évalue le niveau de risque d’une décision de crédit dispose des comptes individuels de son client et des comptes consolidés du groupe dont son client fait partie. Quelle est l’importance respective de ces deux séries d’états ? – le fournisseur prend un risque de crédit sur une entité juridique ; pour cette raison, il commence par analyser les comptes individuels ; – toutefois, lorsque les liens entre l’entité et le groupe sont forts, l’analyse des comptes consolidés renforce l’évaluation du risque. Ces liens peuvent être d’ordre : • économique : la part du chiffre d’affaires intragroupe est élevée. Dans ce cas, c’est l’ensemble de l’activité du groupe qui se porte bien ou mal ; • financier : le groupe a mis en place une centralisation de trésorerie (cash pooling). Cette centralisation crée une solidarité de fait entre les différentes entités ; • juridique : la maison mère garantit le paiement des dettes de sa filiale. CHAPITRE 1: POURQUOI ANALYSER LES COMPTES CONSOLIDÉS 3. LES DIFFÉRENTS UTILISATEURS DE L’ANALYSE FINANCIÈRE ET LEURS ATTENTES • Le fournisseur réalise des analyses financières pour évaluer le risque de défaillance de ses clients. Lorsqu’il vend à la filiale d’un groupe, il analyse tout d’abord la solvabilité de l’entité cliente à partir de ses comptes individuels. Il s’intéresse ensuite à la uploads/Finance/ analyse-financiere-des-comptes-consolides-normes-ifrs 1 .pdf
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- Publié le Oct 07, 2021
- Catégorie Business / Finance
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