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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/2 Ruée vers le charbon : une bombe climatique en devenir PAR MICKAËL CORREIA ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 15 JUIN 2021 L’industrie du charbon planifie 432 nouveaux projets miniers dans le monde. De quoi mettre en péril les objectifs mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique. Les plus grands extracteurs de minerai noir bénéficient de l’appui financier d’investisseurs français. Vue aérienne de la mine de charbon à ciel ouvert de Garzweiler, en Allemagne. 8 mai 2020. © INA FASSBENDER / AFP Pour avoir une chance de limiter le réchauffement de notre planète à 1,5 °C, l’Organisation des Nations unies est claire : les entreprises charbonnières doivent réduire leur production de 11 % par an jusqu’en 2030. Le 18 mai dernier, l’Agence internationale de l’énergie a encore enfoncé le clou. Pour espérer atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, elle estime que plus aucun projet d’ouverture ou d’expansion de mine de charbon ne doit voir le jour à partir de cette année. Pourtant, d’après un rapport publié ce mois-ci par l’association nord-américaine Global Energy Monitor – une organisation de référence mondiale en matière de suivi des infrastructures énergétiques fossiles –, 432 mines de charbon sont en cours de développement ou de planification à travers le monde. Ces nouvelles exploitations minières permettront aux industriels du charbon d’accroître leur capacité de production de 30 % d’ici à 2030. Et un quart de cette capacité d’extraction à venir est déjà en cours de construction, les trois quarts restant au stade de la planification – et donc encore possiblement annulables. Vue aérienne de la mine de charbon à ciel ouvert de Garzweiler, en Allemagne. 8 mai 2020. © INA FASSBENDER / AFP Cette ruée vers le charbon s’opère principalement en Chine, en Australie, en Inde et en Russie. Ces quatre pays concentrent 77 % de tous les projets internationaux de développement minier. Alors que la demande internationale en minerai noir s’effondre, l’industrie du charbon mise encore sur les marchés asiatiques, notamment le marché chinois, et espère bénéficier du rebond économique post-Covid. Pour exemple, la Chine a construit en 2020 trois fois plus de nouvelles capacités de production d’électricité au charbon que tous les autres pays du monde réunis et plus de 50 % de sa consommation d’énergie provient encore de la houille. En avril dernier, le président Xi Jinping a pour sa part annoncé que la Chine ne commencerait à réduire sa consommation de charbon qu’à partir de 2026. Auteur principal de l’étude, l’analyste Ryan Driskell Tate estime qu’il s’agit avant tout pour le secteur charbonnier d’engranger des profits à court terme : « Ces nouveaux projets miniers produiront du charbon pour un monde dans lequel cette énergie fossile sera à la fois insoutenable pour l’environnement et économiquement non rentable. » Émissions mondiales, profits français Les premiers promoteurs de ces 432 projets climaticides sont de grandes entreprises publiques indiennes et chinoises, à l’instar de Coal India, China Datang ou encore China Energy, ainsi que des multinationales privées, notamment le suisse Glencore, le géant minier australien BHP ou le conglomérat indien Adani Group. Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 2 2/2 Des groupes industriels qui ont été généreusement soutenus par des actifs français. D’après la Global Coal Exit List, une base de données qui recense les investisseurs fossiles, entre octobre 2018 et octobre 2020, le Crédit agricole possédait 1,29 million de dollars d’actions de Coal India, la firme qui prévoit d’augmenter le plus sa production de charbon d’ici à 2030. La banque agricole hexagonale détenait sur la même période 22 millions de dollars d’actifs d’Adani Group. Onze banques et gestionnaires d’actifs français avaient investi plus de 403 millions de dollars dans BHP, tandis que la Société générale, Groupama, le Crédit agricole, BNP Paribas et La Banque postale avaient injecté au total 5,35 millions de dollars de capital dans China Energy. La palme revient au groupe bancaire français BPCE, qui a acheté pour plus de 2 milliards de dollars d’actifs de Glencore. D’après Global Energy Monitor, les capacités d’extraction houillère des 432 exploitations minières programmées par les industriels fossiles sont quatre fois supérieures au niveau de production de charbon nécessaire d’ici à 2030 pour stabiliser le réchauffement climatique à + 1,5 °C. Ces projets miniers abreuvés, entre autres, par des capitaux français, pourraient ainsi faire dérailler à eux seuls l’accord de Paris sur le climat. Directrice de programme de recherche au sein de l’organisation états-unienne et coautrice du rapport, Christine Shearer prévient : «Si elles étaient construites, ces nouvelles mines de charbon rejetteraient des émissions de gaz à effet de serre équivalentes aux émissions actuelles des États-Unis [le deuxième pays le plus émetteur au monde – ndlr].» Une véritable bombe climatique, en somme. Directeur de la publication : Edwy Plenel Direction éditoriale : Carine Fouteau et Stéphane Alliès Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Capital social : 24 864,88€. Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Laurent Mauduit, Edwy Plenel (Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, François Vitrani. Actionnaires directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, Marie- Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, Société des Amis de Mediapart, Société des salariés de Mediapart. 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- Publié le Mar 08, 2021
- Catégorie Business / Finance
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