ALLOCATION DE CRÉDIT ET CRÉATION DE VALEUR PAR LES BANQUES : L'IMPACT DE LA BAN

ALLOCATION DE CRÉDIT ET CRÉATION DE VALEUR PAR LES BANQUES : L'IMPACT DE LA BANQUE RELATIONNELLE EN TEMPS NORMAL ET EN TEMPS DE CRISE Hans Degryse, Steven Ongena Association d'économie financière | « Revue d'économie financière » 2012/2 N° 106 | pages 23 à 36 ISSN 0987-3368 ISBN 9782916920375 DOI 10.3917/ecofi.106.0023 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2012-2-page-23.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Association d'économie financière. © Association d'économie financière. Tous droits réservés pour tous pays. 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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) ALLOCATION DE CRÉDIT ET CRÉATION DE VALEUR PAR LES BANQUES : L’IMPACT DE LA BANQUE RELATIONNELLE EN TEMPS NORMAL ET EN TEMPS DE CRISE HANS DEGRYSE* STEVEN ONGENA** L e secteur financier a été durement éprouvé au cours des deux dernières années. La crise financière de 2007-2008 a mis en valeur l’exposition des banques à des risques bien trop éloignés de leurs activités principales. Partout dans le monde, les banques et les institutions financières ont procédé à des milliards de dollars de dé- préciation dans leurs bilans. La crise financière a eu d’énormes réper- cussions sur la sphère réelle de l’économie en provoquant des récessions dans de nombreux pays. La crise actuelle de la dette souveraine a contraint les banques à inscrire davantage de pertes considérables dans leurs bilans et montre que l’octroi de prêts à des États souverains n’est pas sans risque. Les chercheurs, les dirigeants et les autorités de contrôle ont suggéré que les banques devraient s’éloigner du modèle originate- to-distribute et revenir aux fondamentaux, en se concentrant sur leurs fonctions principales, à savoir la collecte de dépôts et l’octroi de prêts à des emprunteurs, activités pour lesquelles elles sont perçues comme étant des institutions spécialisées qui conserveront par la suite ces prêts dans leurs bilans. La récente crise financière est également à l’origine d’une adaptation de la réglementation, qui a abouti aux nouvelles normes des accords de Bâle en matière d’adéquation des fonds propres, ainsi qu’à l’adoption, par exemple, du Dodd-Frank Act aux États-Unis. * KU Leuven, CentER-Tilburg University ; Centre for Economic Policy Research (CEPR). ** CentER-Tilburg University ; Centre for Economic Policy Research (CEPR). 23 © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) La supervision, dans de nombreux pays, a été passée au crible et réorganisée. Dans cet article, nous passerons en revue la littérature sur l’allocation de crédit et la création de valeur par les banques. Nous nous concen- trerons sur l’activité de banque relationnelle qui se trouve au cœur de l’argument du « retour aux fondamentaux ». Il est question de banque relationnelle lorsqu’une banque et un emprunteur se lancent dans de multiples interactions et que chacun des deux agents s’efforce d’obtenir des informations spécifiques sur l’autre, liant dans une certaine mesure les deux contreparties dans le temps. Nous montrerons comment la banque relationnelle génère des coûts et des bénéfices à la fois pour les banques et les entreprises, mais nous soutiendrons qu’en règle générale, elle est source de valeur pour chacun d’eux. Néanmoins, l’incidence de ce type de relation est en grande partie fonction du contexte écono- mique (période normale ou période de crise). Nous aborderons la façon dont l’allocation de crédit mesurée par la spécialisation sectorielle affecte les entreprises et les banques. Dans une deuxième partie, nous passerons en revue la littérature récente en matière de titrisation et de relation bancaire, afin d’examiner comment la titrisation affecte les effets de cette relation. La première partie de cet article aborde les coûts et les bénéfices de la relation de crédit en temps normal et en temps de crise. La deuxième partie est consacrée à la banque relationnelle et à la spécialisation sectorielle. La troisième partie précise les liens entre banque relation- nelle et titrisation. LA BANQUE RELATIONNELLE : COÛTS ET BÉNÉFICES POUR LES ENTREPRISES ET LES BANQUES EN TEMPS NORMAL ET EN TEMPS DE CRISE Les banques et les entreprises tissent des relations de long terme. Ces relations peuvent être bénéfiques pour les banques et pour les entre- prises, mais l’ampleur des bénéfices dépend du contexte économique (normal ou en crise). Boot (2000) définit la banque relationnelle comme « une offre de services financiers proposée par un intermédiaire financier qui investit de façon à obtenir des informations propres à un client, informations souvent de nature confidentielle, et qui évalue la rentabilité de ces investissements grâce aux multiples échanges avec ce même client, dans le temps et/ou à travers la gamme de produits ». C’est grâce à l’évolution de la relation dans le temps qu’une banque est en mesure d’en apprendre plus que d’autres financiers sur la capacité d’une entreprise à satisfaire ses obligations futures soit à travers le contrôle des clauses restrictives de ses contrats de prêts et de son historique des REVUE D’ÉCONOMIE FINANCIÈRE 24 © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) paiements, soit à travers d’autres services proposés à l’entreprise par la banque. Par exemple, cette dernière a la possibilité de dresser un tableau complet de l’entreprise en observant ses activités passées sur son compte courant, ce qui peut s’avérer utile pour évaluer avec plus de précision les défaillances de l’entreprise et conférer à la banque informée un avantage informationnel sur les autres banques (Mester, Nakamura et Renault, 2007 ; Nakamura, 1993 ; Norden et Weber, 2010). C’est cette asymétrie d’information entre la banque informée et les autres banques qui confère à la première un avantage concurrentiel et qui lie les entreprises aux banques, impliquant une interaction continue pres- que toujours assurée entre la banque et ses emprunteurs de bonne qualité (Fisher, 1990 ; Ioannidou et Ongena, 2010 ; Rajan, 1992 ; Sharpe, 1990 ; Von Thadden, 2004). Examinons à présent comment la banque relationnelle affecte l’al- location de crédit, induisant des coûts et des bénéfices pour les banques et les entreprises ; cette analyse nous donnera une représentation de la valeur pour chacune des parties impliquées. Coûts et bénéfices pour les entreprises Les entreprises peuvent tirer profit d’une relation bancaire en termes de disponibilité/flexibilité, de contrôle, de réputation et de confiden- tialité. Il existe une importante littérature empirique qui montre qu’une relation de crédit augmente l’accès aux capitaux, potentielle- ment à moindre coût et/ou avec des exigences moindres en termes de collatéral. Ces caractéristiques bénéfiques des relations de crédit amé- liorent l’allocation de crédit et stimulent la croissance de l’entreprise. En plus d’accroître la disponibilité, une relation de crédit peut favoriser une flexibilité ex ante dans la vente de contrats de prêts et permettre à une entreprise que ses besoins plus complexes et plus atypiques en matière de crédits soient satisfaits (Boot et Thakor, 1994 ; Von Thad- den, 1995). Pour une entreprise qui rencontre des difficultés à rem- bourser ses contrats de prêts, une banque peut adapter les taux d’intérêt et rééchelonner les versements de capitaux au travers, par exemple, d’une autorisation de découvert et de la possibilité de renégocier (Chemmanur et Fulghieri, 1994). Mais la banque peut également fournir de nouveaux prêts à l’entreprise ou, au contraire, lui refuser de futurs prêts, en fonction des mesures que cette dernière aura prises pendant et après la période de crise. Ainsi, les banques peuvent être en mesure d’exercer un contrôle sur la gestion des actifs de l’entreprise, contrôle qui peut inciter les gestionnaires à prendre des décisions optimales (Rajan, 1992). Si des prêts répétés, consentis par une insti- tution financière réputée, fournissent une certification crédible et un contrôle des mesures prises par les gestionnaires, une relation de crédit ALLOCATION DE CRÉDIT ET CRÉATION DE VALEUR PAR LES BANQUES : L’IMPACT DE LA BANQUE RELATIONNELLE EN TEMPS NORMAL ET EN TEMPS DE CRISE 25 © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) © Association d'économie financière | Téléchargé le 22/09/2021 sur www.cairn.info (IP: 160.154.157.227) peut également renforcer la réputation de l’entreprise. Une réputation sans tâche peut faciliter les financements présents et futurs de la part des actionnaires tout comme d’autres sources de financement (Diamond, 1991). La confidentialité d’une relation bancaire peut également faci- liter la sélection et le contrôle (Campbell, 1979), permettre de prévenir les fuites d’information confidentielle vers des concurrents sur le mar- ché (Degryse et Ongena, 2001 ; Von Rheinbaben et Ruckes, 2004 ; Yosha, uploads/Finance/ banq-relationnelle.pdf

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  • Publié le Fev 18, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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