(11) Bourdieu, Pierre avec Loïc, Wacquant. 1992. Réponses : pour une anthropolo
(11) Bourdieu, Pierre avec Loïc, Wacquant. 1992. Réponses : pour une anthropologie réflexive. Paris, Seuil. - Construction de l’objet ; l’ordre, la reproduction sociale, la domination ; le champ –social ; les formes de classement ; l’habitus –condition de possibilité de l’action ; l’action –la stratégie ; le sens pratique ; le sujet – de l’action. Construction de l’objet ...avant de prétendre décrire les règles selon lesquelles les agents agissent, nous devrions nous demander ce qui rend ces règles efficientes... (91) ...C’est pour rendre compte de la logique réelle de la pratique (...) que j’ai proposé une théorie de la pratique comme produit d’un sens pratique, d’un sens socialement constitué. Il s’agissait pour moi, au départ, de rendre compte de la pratique dans ses formes les plus humbles (...) en échappant à la fois à l’objectivisme de l’action entendue comme réaction mécanique sans agent et au subjectivisme qui décrit l’action comme l’accomplissement délibéré d’une intention consciente... (96) ...contre l’empirisme, la théorie de la pratique comme pratique pose que les objets de connaissance sont construits et non passivement enregistrés ; contre l’idéalisme intellectualiste, elle rappelle que le principe de cette construction est, non le système de formes a priori et des catégories universelles propre à un sujet transcendantal, mais cette sorte de transcendantal historique que l’habitus, système socialement constitué de dispositions structurées et structurantes qui est acquis par la pratique et constamment orienté vers de fonctions pratiques... (96-97) L’ordre, la reproduction sociale, la domination Loin d’être le produit automatique d’un processus mécanique (du type structure – habitus – structure), la reproduction de l’ordre social s’accomplit seulement à travers les stratégies et les pratiques par lesquelles les agents se temporalisent et contribuent à faire le temps du monde (ce qui ne les empêche pas de l’éprouver maintes fois, par exemple dans l’attente, l’impatiente, l’incertitude, etc., comme une réalité transcendante, sur laquelle ils n’ont pas de prise). Par exemple, chacun sait que les corps sociaux ont des routines, des tendances immanentes à persévérer dans leur être, quelque chose qui ressemble à un mémoire ou à une fidélité et qui n’est en fait que la « somme » de toutes les conduites d’agents qui, forts de leur « métier » , engendrent (dans les limites des contraintes inscrites dans les rapports de force constitutifs du champ dont ils participent et des conflits qui les opposent) les conduites adaptées à la situation (telle qu’ils la perçoivent, en fonction même de leur « métier »), donc bien faites (sans être voulues comme telles) pour reproduire la structure dont ils ont incorporé la nécessité. De même, ce sont les innombrables stratégies de reproduction à la fois indépendantes, souvent jusqu’au conflit, et orchestrées de tous les agents concernés qui contribuent, continuellement, à reproduire la structure sociale, mais avec des aléas et de ratés, issus des contradictions inhérentes aux structures et des conflits ou des concurrences entre les agents qui y sont engagés... (114) Champ –social Par rapport à la notion de capital En termes analytiques, un champ peut être défini comme un réseau, ou une configuration de relations objectives entre des positions. Ces positions sont définies objectivement dans leur existence et dans les déterminations qu’elles imposent à leurs occupants, agents ou institutions, par leur situation (situs) actuelle et potentielle dans la structure de la distribution des différentes espèces de pouvoir (ou de capital) dont la possession commande l’accès aux profits spécifiques qui sont en jeu dans le champ, et du même coup, par leurs relations objectives aux autres positions (domination, subordination, homologie, etc). Dans les sociétés hautement différenciées, le cosmos social est constitué de l’ensemble de ces microcosmes sociaux relativement autonomes, espaces de relations objectives qui sont le lieu d’une logique et d’une nécessité spécifiques et irréductibles à celles qui régissent les autres champs... (72-73) Critique au marxisme ... on peut comparer le champ à un jeu (bien que, à la différence d’un jeu, il ne soit pas le produit d’une création délibérée et qu’il obéisse à des règles ou, mieux, des régularités qui ne sont pas explicitées et codifiées). On a ainsi des enjeux qui sont, pour l’essentiel, le produit de la compétition entre les joueurs ; un investissement dans le jeu, illusio (de ludus) : les joueurs sont pris au jeu, ils ne s’opposent, parfois, férocement, que parce qu’ils sont en commun d’accorder au jeu et aux enjeux, une croyance (doxa) qui échappe à la mise en question (...) et cette collusion est au principe de leur compétition et de leurs conflits. Ils disposent d’atouts, c’est-à-dire de cartes maîtresses dont la force varie selon le jeu : de même que la force relative des cartes change selon les jeux, de même que la hiérarchie des différentes espèces de capital (économique, culturel, social, symbolique) varie dans les différents champs. Autrement dit, il y a des cartes qui son valables, efficientes, dans tous les champs –ce sont les espèces fondamentales de capital-, mais leur valeur relative en tant qu’atout varie selon les champs et même selon les états successifs d’un même champ. (73) C’est, à chaque moment, l’état des rapports de force entre les joueurs qui définit la structure du champ : on peut imaginer que chaque joueur a devant lui des piles de jetons de différentes couleurs, correspondants aux différentes espèces de capital qu’il détient, en sorte que sa force relative dans le jeu, sa position dans l’espace de jeu, et aussi ses stratégies au jeu, ce que l’on appelle en français son « jeu », les coups, plus ou moins risqués, plus ou moins prudents, plus ou moins subversifs ou conservateurs, qu’il entreprend, dépendent à la fois du volume global de ses jetons et de la structure des piles de jetons, du volume global de la structure de son capital... (74) La question des limites du champ est toujours posée dans le champ lui-même et, par conséquent ; n’admet pas de réponse a priori. Les participants d’un champ (...) travaillent constamment à se différencier de leurs rivaux les plus proches, afin de réduire la concurrence et d’établir un monopole sur un sous-secteur particulier du champ... (75-76) Au risque de paraître sacrifier à la tautologie, je dirai qu’on peut concevoir un champ comme un espace dans lequel s’exerce un effet de champ, de sorte que ce qui arrive à un objet qui traverse cet espace ne peut être expliqué complètement par ses seules propriétés intrinsèques. Les limites du champ se situent au point où cessent les effets de champ (...) Dans le travail de recherche empirique, la construction d’un champ ne s’effectue pas par un acte décisoire... (76-77) Le principe de la dynamique d’un champ réside dans la configuration particulière de sa structure, dans la distance, les écarts entre les différentes forces spécifiques qui s’y affrontent. Les forces qui sont actives dans le champ et que l’analyste sélectionne de ce fait comme pertinentes, parce qu’elles produisent les différences les plus importantes, sont celles qui définissent le capital spécifique. Comme je l’ai dit a propos du jeu et des atouts, un capital n’existe et ne fonctionne qu’en relation avec un champ : il confère un pouvoir sur le champ, sur les instruments matérialisés ou incorporés de production ou de reproduction dont la distribution constitue la structure même du champ et sur les régularités et les règles qui définissent le fonctionnement ordinaire du champ, et, par là, sur les profits qui s’y engendrent. (77) Champ de forces actuelles et potentielles, le champ est aussi un champ de luttes pour la conservation ou la transformation de la configuration de ces forces. De plus, le champ, en tant que structure de relations objectives entre des positions de force, sous- tend et oriente les stratégies par lesquelles les occupants de ces positions cherchent, individuellemet ou collectivement, à sauvegarder ou à améliorer leur position et à imposer le principe de hiérarchisation le plus favorable à leurs propres produits. Autrement dit, les stratégies des agents dépendent de leur position dans le champ, c’est- à-dire dans la distribution du capital spécifique, et de la perception qu’ils ont du champ, c’est-à-dire de leur point de vue sur le champ en tant que vue prise à partir d’un point dans le champ (77-78) Dans un champ, il y a des luttes, donc de l’histoire. Je suis très hostile à la notion structuraliste et la notion d « appareil de domination » d’appareil qui est pour moi le cheval de Troie du fonctionnalisme du pire : un appareil est une machine infernale, programmée pour atteindre certains buts. (Ce phantasme du complot, l’idée qu’une volonté démoniaque est responsable de tout ce qui se passe dans le monde social, hante la pensée « critique »)(...) Dans un champ, les agents et les institutions luttent, suivant les régularités et les règles constitutives de cet espace de jeu (et, dans certains conjonctures, à propos de ces règles mêmes), avec de degrés divers de force et, par là, des possibilités diverses de succès, pour s’approprier les profits spécifiques qui sont en jeu dans le jeu. Ceux qui dominent dans un champ donné sont uploads/Finance/ bourdieu-et-wacquant-1992-ficha-re-ponses.pdf
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- Publié le Jul 07, 2021
- Catégorie Business / Finance
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