Ecole Eligible au Programme International de Développement de la Qualité Europe
Ecole Eligible au Programme International de Développement de la Qualité European Foundation for Management Development / Deans Across Frontiers (EFMD / EDAF) ECONOMIE INDUSTRIELLE Par Pr. NLOM Jean Hugues ETUDES SUPERIEURES DE COMMERCE (ESC) NIVEAU IV ANNEE ACADEMIQUE 2020 – 2021 UNIVERSITE DE DOUALA École Supérieure des Sciences Économiques et commerciales 1 L’économie industrielle l’étude de la structure des entreprises et des marchés, ainsi que de leurs interrelations. Elle développe une approche réaliste et détaillée du fonctionnement des entreprises et des marchés, complétant ainsi un cours de Microéconomie de base où seuls les modèles idéaux sont abordés. C’est donc dire que l’économie industrielle vient compléter le modèle de la concurrence parfaite par l’introduction des imperfections du monde réel : information limitée, coûts de transaction, coûts d’ajustement des prix, interventions publiques et barrières à l’entrée de nouvelles entreprises sur un marché. L’objectif de ce cours est d’étudier l’organisation des entreprises et la façon dont elles entrent en concurrence dans le monde réel. Première partie : Une nouvelle approche des marchés concurrentiels Chapitre 1 : La remise en cause du modèle de concurrence pure et parfaite Chapitre 2 : Les Oligopoles Chapitre 3 : Les monopoles Deuxième partie : Émergence de nouveaux concepts Chapitre 4 : L’économie de l’information et les asymétries d’information Chapitre 5 : Contribution de l’économie industrielle à l’analyse des marchés Références bibliographiques Carlton, D.W. & Perloff, J.M. (1998). Économie industrielle, Prémisses, Ouvertures Économiques, De Boeck Université Védie, J.-L. (2012). Mini-manuel d’économie industrielle, Dunod, Paris 2 Première Partie : Une Nouvelle Approche des Marchés Concurrentiels La Microéconomie s’est longtemps identifiée au modèle Walrasien, lequel reposait sur une structure de marché définie à partir de la concurrence pure et parfaite (CPP). Cela signifiait que la concurrence devrait être pure, aucun des acteurs ne pouvant agir unilatéralement et directement sur le prix du marché ; et parfaite, tous les acteurs disposant d’une information complète. C’étaient les conditions requises pour que les marchés fonctionnent à l’avantage des consommateurs, en leurs proposant un prix le plus bas possible, toutes choses égales par ailleurs. Modèle théorique, le modèle de CPP supposait que les cinq conditions suivantes sont réunies : l’atomicité du marché, la transparence, la fluidité, l’homogénéité et la mobilité. L’atomicité se caractérise par un grand nombre d’acheteurs. La transparence concerne l’information dont disposent les consommateurs : elle se doit d’être totale. La fluidité est la possibilité, pour une entreprise, d’entrer sur un marché ou d’en sortir sans coût (prohibitif). L’homogénéité est celle du produit : il s’agit d’un produit unique similaire. Enfin, la mobilité est celle des facteurs de production, le travail et le capital, qui doivent pouvoir se déplacer selon les besoins du marché. Comme on peut le voir, satisfaire aujourd’hui aux cinq conditions en même temps est chose quasi-impossible. C’est pourquoi ce modèle n’existe pratiquement qu’en théorie : il suffit qu’une seule de ces cinq conditions ne soit pas remplie pour que la concurrence devienne imparfaite. Dans la première moitié du XXe siècle, l’économiste allemand H. Von Stackelberg va proposer un tableau où vendeurs et acheteurs sont classés selon leur nombre : un acheteur, quelques acheteurs, de nombreux acheteurs. Il distingue alors neuf structures de marchés, et non une seule. 3 Tableau 1 : les neufs structures de marché selon H. Von Stackelberg Un vendeur Quelques vendeurs Grand nombre de vendeurs Un acheteur Monopole bilatéral Monopsone contrarié Monopsone Quelques acheteurs Monopole contrarié Oligopole bilatéral Oligopsone Grand nombre d’acheteurs Monopole Oligopole Concurrence parfaite Comme on peut le constater, la concurrence imparfaite devient la règle, et la CPP l’exception. Dans la pratique, cette concurrence imparfaite pourra se traduire par des situations très diverses, comme l’existence de monopoles, de cartels, d’oligopoles, etc. Dans l’hypothèse extrême, la concurrence est totalement absente : une seule entreprise s’impose au marché. Nous sommes alors en monopole. Comme pour la concurrence pure et parfaite, le monopole peut être un monopole purement théorique : on parlera alors de monopole pur, même si, dans la réalité, d’autres formes de monopoles existent. L’économie industrielle va donc essayer de se rapprocher de l’économie réelle, ce que n’avait pas réussi à faire la Microéconomie. Pour cela, elle va s’appuyer sur des réalités nouvelles, comme les asymétries de l’information et la non-homogénéité des produits. 4 Chapitre 1 : La Remise en Cause du Modèle de Concurrence Pure Il est question dans ce chapitre de rappeler la consistance du modèle de concurrence pure d’une part, et de comprendre les raisons de sa remise en cause et en tirer les conséquences d’autre part. 1.1. Des hypothèses de moins en moins réalistes Parmi les cinq conditions nécessaires pour que l’on puisse parler de concurrence parfaite, il suffit qu’une seule d’entre elles ne soit pas vérifiée pour que la concurrence devienne imparfaite. Comme on va le voir, aucune d’entre elles n’est véritablement en phase avec la réalité industrielle d’aujourd’hui. L’atomicité est l’une des conditions rarement atteintes. Elle suppose en effet que les petites et moyennes entreprises (PME) et les entrepreneurs individuels constituent l’essentiel du monde de l’entreprise, ce qui n’est pas le cas dans un marché mondialisé où cohabitent monopoles et oligopoles. De fait, le libéralisme et la déréglementation ont eu raison de la CPP. Dans tous les milieux industriels – des médias à la distribution -, la réalité de ce début de XXIe siècle est celle de la concentration et de la fusion, afin de constituer des pôles industriels suffisamment puissants pour répondre à la mondialisation des marchés. Dans le cas des oligopoles, la tentation sera grande, pour un certain nombre d’entre eux, de limiter davantage encore la concurrence en constituant des cartels, officiellement interdits, ou en pratiquant des ententes. La transparence, condition essentielle pour accéder à toutes les informations du marché, et ce gratuitement, permet théoriquement aux consommateurs comme aux autres producteurs de prendre en toute connaissance la bonne décision. 5 Aujourd’hui, si le progrès technique a considérablement amélioré l’accès à l’information, en réduisant plus particulièrement le temps d’accès, on est cependant loin de la gratuité : l’information a un coût de plus en plus important. Par ailleurs, si le consommateur est de mieux en mieux informé, il faut noter qu’il est souvent influencer par les campagnes publicitaires et que l’asymétrie d’information est la règle (G. Akerlof, 1970). La fluidité des marchés est une autre condition nécessaire du modèle de la concurrence parfaite. Elle permet à de nouveaux producteurs de bénéficier de la profitabilité du secteur et/ou de la filière, mais aussi à ceux existants déjà sur le marché de sortir de la filière, considérée par eux comme insuffisamment rentable, pour se reconvertir dans d’autres activités. Cette fluidité est aujourd’hui principalement remise en cause par la recherche d’économie d’échelle, qui seule permet d’atteindre la capacité de produire dans une économie mondialisée, où la part belle du marché est faite aux entreprises qui ont les coûts de production les plus bas. Mais les économies d’échelle ont un coût, et des conséquences directes contraires au principe d’atomicité. Ce coût s’identifie aux besoins de capitaux, à leur mobilisation seule capable de permettre d’atteindre la taille optimale leur permettant d’affronter la concurrence. Toutes les entreprises ne disposant pas des moyens financiers capables de les réaliser. Dans un marché dominé par la petite entreprise, un petit nombre d’entre elles sera capable de mobiliser les capitaux nécessaires. Les autres devront disparaître à long terme. Parmi les conséquences directes de cette recherche d’économie d’échelle, il y aura donc d’une part une diminution importante de PME et, d’autre part, l’arrivée sur le marché d’entreprises de taille de plus en plus importante. On s’éloigne ainsi à grand pas du principe d’atomicité, ce qui se vérifie particulièrement dans la grande distribution, avec l’avènement de véritables oligopoles dominés par des enseignes comme CARREFOUR, SUPER-U, CASINO, MAHIMA, etc. De même, on ne saurait oublier les obstacles d’ordre administratif, règlementaire, technique, etc., qui sont autant d’obstacles à la fluidité. L’homogénéité des produits n’est plus aujourd’hui qu’une hypothèse d’école que l’on retrouve encore, par exemple, sur le marché financier avec l’action ou l’obligation. Dans la quasi-totalité des cas, la différenciation des produits est la règle. En effet, elle permet de mieux affronter la concurrence directe, pour une même branche d’activité. Cette 6 différenciation peut dépasser le produit lui-même et se traduire dans le service après-vente, l’emballage, le conditionnement, etc. L’homogénéité a donc fait place à l’hétérogénéité. Enfin, la mobilité des facteurs est souvent contradictoire. En ce qui concerne la mobilité du capital technique, elle est souvent rendue difficile par les coûts qu’elle génère – ce qui n’empêche pas pour autant de constater des mouvements importants de délocalisations d’entreprises. Pour ce qui est de la mobilité du facteur travail, elle est souvent constatée dans les pays émergents comme la Chine et l’Inde et à un degré moindre, dans les pays anglo- saxons où la pratique du contrat à durée déterminée est la règle. Par contre dans les pays de l’Union Européenne (UE), les contraintes sociales et le droit du travail sont souvent des obstacles à la fluidité. En conséquence, la uploads/Finance/ cours-esc4-20202021.pdf
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- Publié le Oct 20, 2021
- Catégorie Business / Finance
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