Crise du secteur financier[modifier | modifier le code] Crise de liquidité banc
Crise du secteur financier[modifier | modifier le code] Crise de liquidité bancaire[modifier | modifier le code] Les incertitudes sur les engagements directs et indirects des établissements financiers en matière de crédit à risque, mais aussi la crainte d'un ralentissement général des activités de banque de financement et d'investissement, très rentables et moteurs de la croissance au cours des années précédentes, ont fini par entraîner une véritable crise de confiance, ayant connu peu de précédent, entre banques. Celles-ci ont vu se tarir leurs principales sources de refinancement, le marché interbancaire et l'émission d'ABCP ((en) asset-backed commercial paper)19,20. Sur le marché interbancaire, sur lequel les banques en situation d'excédent de capitaux prêtent à celles qui en manquent, la défiance entre banques elle-même a conduit à une envolée du taux interbancaire21. Par ailleurs, les banques avaient mis en place au cours des années précédentes des structures de financement, appelées conduits ou SIV ((en) structured investment vehicles) qui émettaient du papier commercial à court terme à taux faible ((en) asset-backed commercial paper) vendu à des investisseurs. Les fonds levés étaient ensuite prêtés à long terme à des taux plus élevés, ce qui permettait de dégager une marge d'intérêt. Seulement, ces emprunts à court terme devaient être renouvelés régulièrement (tous les trois mois). Or, une fois la crise de confiance envers les banques engagée, les investisseurs ont cessé de financer les ABCP, obligeant les banques à les financer elles-mêmes. La crise de liquidité bancaire a conduit les banques centrales, Banque centrale européenne (BCE) et Réserve fédérale des États-Unis (Fed) en premier lieu, à procéder à de massives injections de liquidité sur le marché interbancaire afin de permettre aux établissements de refinancer leur activité et d'éviter le déclenchement d'une crise systémique (crise de tout le système). La première intervention a eu lieu le 9 août 2007, lorsque la BCE a injecté 94,8 milliards d'euros dans le système financier européen pour accroître les liquidités qui manquaient au marché. Il s'agit de la plus grande mise à disposition de fonds faite en un seul jour par la BCE, dépassant le prêt de 69,3 milliards d'euros fait après les attentats du 11 septembre 2001. Le même jour, la Fed injecte 24 milliards de dollars US dans le système financier de son pays. Les banques se financent traditionnellement en empruntant sur le marché monétaire interbancaire à des échéances de trois mois. Le taux d'intérêt auquel elles empruntent (en Europe continentale, il s'agit de l'Euribor à 3 mois) est habituellement supérieur de 15 à 20 points de base (0,15 à 0,20 % en langage courant) au taux directeur de la banque centrale qui est considéré comme le taux sans risque22. La différence entre le taux auquel les banques empruntent et le taux directeur est appelée prime de risque (ou spread en anglais) et est calculée par l'indice TED pour le cas américain. À partir de la crise de confiance du mois d'août 2007, le taux Euribor s'est envolé, atteignant 4,95 % en décembre 2007 alors que le taux directeur était de 4 % (2007) et qu'en temps normal, elles auraient emprunté à 4,20 %. En octobre 2008, l'indice TED a même atteint le niveau historique de 4 % de différence alors qu'il avait été de 0,5 % en moyenne de 2004 à 200723 La forte hausse, à partir du mois d'août 2007, des taux à court terme auxquels se refinancent les banques constitue un vrai risque pour leur équilibre financier : « L'envolée des taux du marché du refinancement bancaire (Eonia et Euribor), devenus supérieurs aux taux des prêts sans risque à long terme, [constitue] une situation intenable pour les établissements financiers », écrit le 15 septembre le journal spécialisé Investir24. En effet, certaines banques en arrivent à emprunter à des taux élevés pour refinancer des crédits qu'elles ont accordés précédemment à des taux moindres. La crise de liquidité est renforcée par l'asymétrie d'information entre banques, qui sont donc réticentes à se prêter entre elles25. Crise de solvabilité bancaire[modifier | modifier le code] C'est le président de la banque d'Angleterre, Mervyn King, qui l'explique dans un câble diplomatique du 17 mars 2008, publié sur WikiLeaks26. Les banques ne disposent pas d'assez de ressources dans leurs caisses pour répondre aux besoins de leur créancier, à long terme. En effet, si le Ratio McDonough impose une limite de fonds propres, ce ratio n'a pas été suffisant pour pallier les problèmes engendrés par la crise. Cependant, la limite entre crise de solvabilité (qui serait particulièrement pénalisant pour l'économie), et une crise de liquidité (qui ne nécessite qu'un ajustement conjoncturel), est difficile à cerner27. Conséquences sur les comptes des banques[modifier | modifier le code] Les banques australienne Macquarie, américaine Bear Stearns, britannique HSBC et allemande IKB ont été parmi les premières touchées. Bear Stearns, notamment, possédait des fonds spéculatifs qui avaient misé sur une remontée du secteur immobilier pour le recouvrement de fonds prêtés par des banques. La banque a été affaiblie dès le début par la faillite de deux de ses hedge funds. Une panique bancaire, limitée à la banque britannique Northern Rock, a eu lieu en septembre 2007. En trois jours, les clients de la banque ont retiré 12 % des montants déposés28. Les grandes banques mondiales ont annoncé des résultats des troisième et quatrième trimestres 2007 en forte baisse à la suite de la crise à cause à la fois : de pertes directes sur les crédits subprimes ; mais surtout de dépréciations d'actifs dérivés des subprimes (la valeur des actifs financiers de type RMBS, CDO inscrite dans les comptes, établie à leur valeur de marché, a fortement baissé au cours du trimestre) ; d'un net ralentissement des activités de banque d'affaires et de marché qui avaient été les moteurs des bénéfices des années précédentes (titrisation, financement des LBO et des hedge funds, fusion-acquisition, gestion d'actifs, etc.). Les grandes banques d'affaires américaines et européennes ont enregistré d'importantes dépréciations d'actifs au troisième trimestre 200729 : Goldman Sachs : 1,5 milliard de dollars. Bear Stearns : 0,7 milliard de dollars. Lehman Brothers : 0,7 milliard de dollars. Morgan Stanley : 1,5 milliard de dollars. Merrill Lynch : 8,4 milliards de dollars. Citigroup : 5,9 milliards de dollars30. UBS : 11 milliards de francs suisses30. Crédit suisse : 2,5 milliards de francs suisses. Deutsche Bank : 2,2 milliards d'euros. D'autres importantes dépréciations d'actifs ont été passées au titre du quatrième trimestre 2007 et du premier trimestre 2008. Les grandes banques françaises cotées en Bourse ont affiché pour leur part des dépréciations d'actifs limitées au troisième trimestre 200731 mais plus fortes au quatrième : BNP Paribas : 301 millions d'euros. Et un total de 1,2 milliard d'euros pour l'ensemble de 200732. Crédit agricole : 546 millions d'euros. Le 20 décembre 2007, Crédit agricole SA annonce une dépréciation supplémentaire de 2,5 milliards d'euros (1,6 milliard hors fiscalité) au titre du 4e trimestre33. Dexia : 212 millions d'euros. Les pertes de Dexia dépassent 11 milliards d'euros, en 201134, un record mondial entièrement financé par le budget des Etats, dont la France. Société générale : 404 millions d'euros. Et au total 2,57 milliards d'euros35 ou 2,9 milliards36. Natixis : les erreurs de gestion commises avant et pendant la crise ont entraîné la chute financière des actionnaires principaux, les ex-groupes banques populaires et caisses d'épargne. Très affectés par les pertes, ils s'effacent pour fusionner dans une nouvelle entité, baptisée BPCE. Le coût effectif de la crise pour les banques (dépréciations d'actifs au titre de la juste valeur comptable et provisions pour risques liés à la crise) est évalué à37 : 110 milliards de dollars en novembre 2007, 188 milliards en mars 2008, 250 milliards en avril 2008, 400 milliards en juin 2008. uploads/Finance/ crise-du-secteur-financier-crise-de-liquidite-bancaire.pdf
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- Publié le Nov 29, 2022
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