Les dérivés de crédit Author(s): Jean-Paul LAURENT Source: Revue d'économie fin

Les dérivés de crédit Author(s): Jean-Paul LAURENT Source: Revue d'économie financière , 2000, No. 59, LA TITRISATION (2000), pp. 115-134 Published by: Association d'économie financière Stable URL: https://www.jstor.org/stable/42905176 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue d'économie financière This content downloaded from 196.200.131.104 on Sun, 07 Nov 2021 19:35:31 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Les dérivés de crédit Jean-Paul LAURENT* La problème. et gestion des marchés du Une risque financiers fonction de crédit importante est d'assurer n'est évidemment des la gestion établissements des pas financements un bancaires nouveau problème. Une fonction importante des établissements bancaires et des marchés financiers est d'assurer la gestion des financements des particuliers, des entreprises, des états, via le crédit bancaire, les émissions obligataires, les lettres de crédit, les garanties bancaires... Néanmoins, on assiste depuis plusieurs années à une certaine efferves- cence se manifestant par les débats sur la refonte des ratios de solvabilité et l'utilisation de modèles internes quantitatifs de mesure du risque de crédit. Cette évolution est hautement symbolique et s'apparente à une nouvelle extension de la finance de marché dans le royaume de la banque 1 ^ commerciale, l'octroi et la gestion des crédits. Après le phénomène de « désintermédiation » bancaire et l'essor de la titrisation, assiste-t-on à une nouvelle étape du démantèlement de la banque traditionnelle et de la « vieille économie » au profit d'une idyllique « banque éclatée » et d'une efficace « finance des particules », avant par exemple une généra- lisation de la comptabilisation des crédits en valeur de marché ? Les dérivés de crédit sont des produits de hors-bilan, de gré à gré transférant divers aspects du risque de crédit. Les dérivés de crédit permettent aux banques de gérer leurs expositions aux risques de crédit, que ce soit à travers leurs activités de crédit proprement dites, mais plus généralement dès qu'apparaît un risque de contrepartie. On peut notamment penser aux activités de gré à gré sur les marchés financiers. Pour les « hétérodoxes », les dérivés de crédit ne sont qu'un « gadget » supplémentaire dans le mécano des salles de marché et cette nouvelle ingénierie est l'alibi d'opérations plus ou moins avouables, ainsi qu'en témoigne certain retrait de licence bancaire au Japon. Avant de présenter quelques grandes catégories de dérivés de crédit, nous discutons brièvement du nouveau contexte intellectuel et institu- tionnel en matière de gestion du risque de crédit. Après avoir évoqué * ISFA, Université de Lyon I et CREST, laboratoire de finance-assurance. This content downloaded from 196.200.131.104 on Sun, 07 Nov 2021 19:35:31 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE quelques utilisations des dérivés de crédit, nous abordons leur relation complexe avec les outils de la titrisation. Ceci nous permet de mettre en relief la nature économique des dérivés de crédit. Cette meilleure compréhension de la dynamique et des facteurs de croissance du marché des dérivés de crédit nous amène à esquisser quelques perspectives quant à son évolution. MESURE ET GESTION DU RISQUE DE CRÉDIT PAR LES BANQUES Un des éléments caractéristiques de l'évolution institutionnelle est la dialectique entre la mesure du risque de crédit et sa « marchéïsation ». Une meilleure mesure du risque de crédit appelle des outils pour transférer les risques indésirables et le développement de nouveaux instruments comme les dérivés de crédit accroît en retour la nécessité de mesurer les risques qu'ils engendrent. La mesure des risques de crédit Le risque de crédit a une nature profondément asymétrique ; tout au plus le prêteur peut-il gagner une marge modeste1 par rapport à des financements non risqués alors que l'amplitude des pertes est deux à 116 trois fois supérieure à celle d'un krach boursier : pour donner un ordre de grandeur, un taux de recouvrement de 30 % sur une créance en défaut implique une perte de 70 % du nominal à mettre en rapport avec des pertes de l'ordre de 20 % lors d'un krach boursier. La faible probabilité de défaut pour des emprunteurs de bonne qualité, de l'ordre de 0,03 % sur un horizon d'un an pour un émission AA, explique également la difficulté de la mesure. Ainsi le risque de crédit est-il particulièrement sujet aux phénomènes de Peso et d'aléa moral : il suffit de considérer l'appétence des hedge fiinds pour les risques de crédit, de se remémorer certaines expériences passées de compagnies d'assurances ayant investi dans des junk bonds , l'expérience des crédits aux pays d'Amérique Latine, le financement de la promotion immobilière. Une des caractéristiques du risque de crédit est un surcroît de rentabilité immédiat (d'autant plus que les conditions de refinancement sont bonnes), une faible probabilité de perte, mais des pertes d'un montant alors considérable. On pourrait presque parler de « cycle inversé », le prêteur commençant par encaisser des marges de crédit avant de devoir faire face à des défauts. Ainsi que l'a mis en évidence la crise des Caisses d'épargne américaines, la comptabilisation en coût historique peut avoir pour effet de masquer certaines pertes2 et entraîner une surexposition au risque. Ce n'est certes pas par pure coïncidence que la plupart des crises bancaires, y compris parmi les plus récentes trouvent leur origine dans le risque de crédit. Pour citer un document récent de la banque des This content downloaded from 196.200.131.104 on Sun, 07 Nov 2021 19:35:31 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LES DÉRIVÉS DE CRÉDIT règlements internationaux, « puisque l'exposition au risque de crédit, continue d'être la cause principale des difficultés bancaires de par le monde, (...) les banques devraient maintenant avoir une perception claire du besoin d'identifier, mesurer, gérer et contrôler le risque de crédit ainsi que de déterminer si elles détiennent bien un niveau suffisant de fonds propres pour faire face à ces risques et si ces fonds propres sont correctement rémunérés pour les risques pris ». La prise en compte de modèles statistiques internes de mesure des risques par la réglementation bancaire est une mutation du système financier d'une importance aussi grande que l'essor des produits dérivés, dont elle est en quelque sorte la contrepartie naturelle. Si l'on reste dans un schéma certes naïf, mais populaire, c'est-à-dire si l'on considère qu'il s'agit d'un jeu de gendarmes et de voleurs, n'est-il pas normal que les gendarmes du risque aient à leur disposition les outils de détection les plus modernes afin de prévenir toute risquophilie excessive, tout phéno- mène d'aléa moral préjudiciable aux emprunteurs et au bon fonctionne- ment du système financier. Qui plus est, les surveillants traditionnels du système financier, banques centrales, autorités prudentielles régulant les marchés organisés, organismes de contrôle des maisons de titres se sont trouvés associés pour le meilleur et pour le pire aux surveillants internes que sont les départements de gestion des risques des intermédiaires financiers via par exemple la validation des modèles internes et de leur utilisation. Ces succès notables du contrôle des risques ont mis en relief les lacunes bien connues des ratios de solvabilité pour le risque de crédit. Ces ratios visant à limiter le levier financier des banques sont menacés d'obsolescence. Sous la pression des actionnaires et en vue d'améliorer la rentabilité de leurs fonds propres, les banques se sont engagées dans une gestion plus rationnelle du risque de crédit. Cette politique a deux visages. Pile, une meilleure mesure des pertes potentielles sur les porte- feuilles de crédit, ou fonds propres en risque, face, un transfert des risques indésirables à des tiers, dans un sorte de chasse au « gaspi », via une variété de techniques qui tendent à une marchéïsation accrue du risque de crédit : titrisation, marché secondaire des crédits, dérivés de crédit. La mesure des risques de crédit met en évidence un besoin de transfert des risques de crédit Si la mesure des risques de marché, au-delà des débats passionnés des spécialistes et des divergences parfois significatives dans la mise en application, fait l'objet d'un relatif consensus, avec la prééminence du concept de VaR ( Value at Risk ), il n'en est pas de même pour le risque de crédit. La cœxistence de comptabilisations en valeur de marché This content downloaded from 196.200.131.104 on Sun, 07 Nov 2021 19:35:31 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms REVUE D'ÉCONOMIE FINANCIÈRE (obligations risquées) et en coût historique (crédit), la grande hétérogé- néité des marchés de crédit (crédits aux particuliers, versus crédits aux grandes entreprises par exemple), l'omniprésence du risque de crédit dans les opérations financières, la difficulté à disposer des historiques nécessaires à une bonne analyse du risque de crédit expliquent une relative diversité des méthodes quantitatives de mesure du risque de crédit et les difficultés rencontrées par les banques quant à une mise en uploads/Finance/ derives-de-credit.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Fev 28, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 1.6591MB