En dehors des temps de crise, pouvez-vous rappeler en quelques mots les princip

En dehors des temps de crise, pouvez-vous rappeler en quelques mots les principaux modes de financement pour une entreprise ? Florian Bercault : Concernant le financement des entreprises, il convient d’abord de distinguer les financements dilutifs des financements non dilutifs. Les financements dilutifs sont des financements en fonds propres qui visent à céder une partie du capital de la société contre des fonds. À l’inverse, les financements non dilutifs permettent de financer une entreprise sans ouvrir son capital comme la dette ou les subventions. A chaque entreprise sa stratégie de financement. Les financements diffèrent selon la maturité de l’entreprise – une startup ne se finance pas comme une entreprise du CAC40 ! – mais aussi selon le secteur d’activités. La prise en compte des spécificités de l’entreprise, de sa stratégie et de son potentiel de développement guident ses modalités de financement. En ce qui concerne les startups, c’est-à-dire les jeunes entreprises innovantes non cotées, on aime à dire qu’au début, elles se financent grâce aux fonds personnels des fondateurs ou grâce à leur indemnités chômage, puis grâce à des prix obtenus ou des subventions d’innovation. Ensuite vient généralement la première levée de fonds auprès de son réseau de proches, la « love money », puis celles auprès de Business Angels ou de plateformes de financement participatif et ensuite auprès de fonds de capital-risque (« fonds VC ») ou de fonds de capital-investissement d’entreprise (« fonds CVC »). En parallèle, les startups peuvent faire appel à diverses prêts bancaires, issus de banques privées ou de la banque publique d’investissement voire à des obligations convertibles. Enfin, un dernier outil répandu dans le monde des startups sont les bons de souscriptions d’actions qui permettent de lever plus vite des fonds ou des bons réservés aux fondateurs et salariés (BSPCE notamment) pour finalement financer autrement que par des salaires les réalisations des fondateurs et salariés. C’est une vision assez schématique du financement des entreprises. Plein d’autres dispositifs existent selon les spécificités et les aides comme le financement à l’export, le financement de la R&D avec les dispositifs de crédit d’impôt recherche pour ne citer qu’eux. Toute cette palette financière démontre qu’il faut être bien accompagné. Mark Kepeneghian : Je rejoins les propos de Florian. En dehors des temps de crise il y a de nombreuses méthodes de financement. Et nous sommes plutôt bien lotis en France. Il y a tout d’abord L’ARCE (Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise) qui est une aide attribuée par Pôle Emploi et qui consiste à recevoir 45 % du montant des droits restants. La Love Money consiste à solliciter son entourage proche (amis & famille) pour apporter du capital supplémentaire à la création de sa société ou au premier tour de table. La bourse French Tech qui est une subvention accordée par la BPI et votre Région peut couvrir jusqu’à 70% de vos dépenses R&D. Vous pouvez, dépendamment de votre activité, avoir recours au CrowdFunding avec des plateformes comme KissKissBankbank ou Ulule sur lesquelles pré-vendre votre produit, ce qui permet de financer leur fabrication. Il existe aussi une multitude de financements publics (français ou européens) ayant chacun des caractéristiques différentes (JEI, CIR, H2020 etc..) Il y a ensuite, en effet, le financement privé, qu’il soit dilutif (augmentation de capital via des plateformes comme Kriptown par exemple !) ou en dette (Obligation Convertible / CrowdLending). Et pour finir, il y a l’endettement bancaire, qui sera plus facile à réaliser si vous avez des fonds propres et du chiffre d’affaires. Quels sont les éléments qui changent en cas de crise pour une entreprise qui cherche à se financer ? Florian Bercault : En période de crise, comme celle que nous vivons actuellement, l’activité économique est complètement chamboulée et la confiance dans le futur est entravée par l’incertitude. Ainsi, le réflexe pour les investisseurs est souvent d’attendre que la tempête passe et de soutenir en priorité les entreprises qu’ils ont déjà financées et qui figurent dans leur portefeuille. En ce qui concerne plus précisément le financement de l’innovation et des startups, le risque réside dans le dysfonctionnement du circuit de financement sur toute la chaîne et freine l’effet vertueux permis par les succès entrepreneuriaux. En amont de la chaîne, les investisseurs vont naturellement à court terme diminuer leurs investissements futurs et risque eux-mêmes à plus long terme d’avoir des difficultés à convaincre des « Limited Partners », les investisseurs en capital d’un fonds, d’investir de nouveau dans leurs fonds d’innovation. En aval de la chaîne, le risque est de voir baisser les réussites entrepreneuriales caractérisées notamment par des « exits » positifs, c’est-à-dire des rachats de société par des plus grandes ou des introductions en bourses. Enfin, en période de crise économique, le déséquilibre entre offre de financement et demande de financement risque de se faire sentir, malgré une planche à billet qui fonctionne à plein régime. Les valorisations des sociétés vont donc baisser et un nouvel équilibre de la valeur devra être trouvée, quitte à freiner le développement des startups qui ne pourront plus lever autant que leurs consœurs plus matures. Pour résumer, en période de crise, les entreprises font généralement face à une raréfaction des financements en fonds propres et souffrent d’une baisse des valorisations. Mark Kepeneghian : Faire une augmentation de capital pour se financer revient à vendre une partie de son entreprise. Votre entreprise devient lors de cette opération le produit, avec des caractéristique (BP / Deck), une rareté (originalité du business model, concurrence) et un prix (valorisation). En face de ce produit il y a les potentiels clients : la demande, qui sont les VC / Business Angels. En cas de crise, l’offre augmente car de plus en plus d’entreprises vont avoir besoin de financement compte tenu du repli de leur chiffre d’affaire. A contrario, la demande va diminuer pour 3 raisons majeures : premièrement, les investisseurs deviennent plus fébriles et moins risquophiles. Ensuite, ils préfèrent se concentrer sur renforcer leur position existante plutôt que d’investir dans de nouvelles entreprises. Enfin, le cash disponible se raréfie car les LP ne privilégient en général pas le venture en cas de crise. Cela va donc impacter les valorisations (causées par ce nouvel équilibre entre l’offre et la demande) et une baisse des montants levés. Ce qui rend les tours de table bien plus difficiles. Concrètement, quels sont les moyens pour assurer un financement le plus fluide possible ? Florian Bercault : Durant cette crise, les dispositifs étatiques de soutien à l’activité et notamment la trésorerie est à regarder de près par les startups (prêt de trésorerie, remboursement anticipé de crédits d’impôts ou crédits de TVA, versement anticipé des aides à l’innovation accordées). Se faire payer au plus vite par ses clients permet également de soulager sa trésorerie. Enfin, un renforcement des fonds propres par ses investisseurs existants peut être une stratégie pour continuer par exemple les activités de R&D malgré le ralentissement de l’activité. Mark Kepeneghian : En temps de crise il faut profiter des différents dispositifs à disposition des entrepreneurs. Il y a tout d’abord les dispositifs publics mis en place par le gouvernement et la BPI (lien : https://www.economie.gouv.fr/coronavirus-startup-mesures-de- soutien-economique# ). Et il y a ensuite les diverses initiatives privées, dont ActForEntrepreneurs (lien : https://www.actforentrepreneurs.fr/), un collectif de Business Angels et d’investisseurs dont l’objectif est de soutenir le tissu de sociétés innovantes françaises qui sont directement ou indirectement impactées grâce à la mise en place d’un financement express en capital sur la base d’un dossier rapide à monter. uploads/Finance/ dif-present.pdf

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  • Publié le Dec 27, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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