MAPOUKA MBOUNGOU Francis Vol 4 N°3 Endettement de l’entreprise et création de v

MAPOUKA MBOUNGOU Francis Vol 4 N°3 Endettement de l’entreprise et création de valeur : Une expérimentation sur 230 les données des entreprises françaises ayant des filiales en Afrique centrale MAPOUKA MBOUNGOU Francis Institut Supérieur de Gestion-Université Marien Ngouabi BP 69 Brazzaville, Congo mmfabonas@yahoo.fr Endettement et Création de Valeur : une Expérimentation sur les Données des Entreprises Françaises ayant des Filiales en Afrique Centrale Résumé : L’objectif de l’article est de tester à travers les mécanismes de gouvernance la relation entre endettement et création de valeur de quelques entreprises françaises ayant des filiales dans la zone CEMAC1 . Nous étudions l’influence de l’endettement et de l’actionnariat à l’aide d’une régression linéaire simple des données de la période 2002- 2007 d’un échantillon de 5 groupes français détenant 16 filiales dans la zone CEMAC. Les résultats montrent que la structure financière est déterminante dans la création de la valeur. A l’exception de la variable de financement, les autres variables sont positives. En revanche, la valeur créée est davantage expliquée par la rentabilité économique et financière, c’est-à-dire la capacité d’une entreprise à rémunérer ses créanciers et à rentabiliser ses capitaux propres. Par ailleurs, la stabilité ou l’instabilité de l’actionnariat n’a pas d’effets sur la création de la valeur. Mots-clés : Endettement, Mécanismes de gouvernance, Création de Valeur, CEMAC Abstract: The aim of the paper is to empirically test through the governance mechanisms the relationship between debts and value creation of some French companies having subsidiaries in the CEMAC zone. We study the influence of the debts and the stability of the shareholding by means of a simple linear regression of the data of the period 2002- 2007 of a sample of 5 big French groups holding detaining 16 subsidiaries in CEMAC. The results show that, the financial structure is determining in the creation of the value. With the exception of variable of financing, the other variables of value creation are positive. However, the value creates is explained by the greater economic profitability, that is to say, the capacity of a company to pay the creditors and to make profitable own capital. Furthermore, our findings suggest that shareholding isn’t effects on value create. Keywords: debts, Mechanisms of governance, Value creation, CEMAC 1 Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, Centrafrique, Guinée équatoriale) MAPOUKA MBOUNGOU Francis Vol 4 N°3 Endettement de l’entreprise et création de valeur : Une expérimentation sur 231 les données des entreprises françaises ayant des filiales en Afrique centrale INTRODUCTION La dernière crise financière que les pays occidentaux ont traversée et dont les effets persistent encore a eu une résonance jusqu’en Afrique. Ainsi, le regain d’intérêt pour la crise financière incite a renouvelé les études sur l’endettement. De nombreux acteurs portent une attention particulière sur l’endettement de l’entreprise et la création de la valeur, l’importance de cette relation dans le développement du tissu économique est un fait incontestable. La structure financière qui regroupe capitaux propres et endettement financier, n’est certainement pas neutre sur la création de valeur de l’entreprise. Malgré une place imposante de l’endettement dans la société contemporaine, qui peut s’expliquer par l’évolution de la compétition sur le cœur de métier bancaire au Cameroun par exemple (Tioumagneng, 2012) ou par l’implantation des nouvelles banques sur le continent africain, ou encore par le besoin d’emprunt des entreprises en France, l’explication de la relation endettement-création de valeur n’est pas toujours évidente. D’où l’expression synthétique de la problématique de notre recherche est l’impact de l’endettement sur la création de la valeur de l’entreprise. Cette problématique générale nous conduit aux interrogations suivantes : quels sont les effets des mécanismes de gouvernance sur la gestion de la dette et par voie de conséquence sur la création de la valeur ? La dette réduit- elle l’espace discrétionnaire des dirigeants ? Dans quelle mesure la théorie de la gouvernance peut-elle contribuer à expliquer la création de valeur ? L’intérêt de cette recherche se justifie par le caractère novateur dans la mesure où peu d’études ont été réalisées pour expliquer le lien entre l’endettement et la création de la valeur de l’entreprise au-delà de l’effet de levier dans la sous-région Afrique centrale. Aussi, notre recherche s’inscrit dans le cadre de la réflexion sur les agissements des dirigeants des entreprises endettées. Un certain nombre de distorsions dans la gestion des diverses structures, ayant mis en évidence l’endettement surtout avec la crise financière mondiale, née de l’immobilier américain, propulse ce thème au premier plan. Cette observation contribue à justifier l’importance qu’il peut y avoir à aborder les contraintes que posent l’endettement et ses conséquences au-delà de l’angle fiscal. Nous enrichissons considérablement la perspective en dépassant les frontières de « l’entreprise boîte noire » et dans le cadre de marchés parfaits, en introduisant le comportement, et les intérêts parfois, conflictuels des acteurs dans l’analyse. On se trouve, alors, dans une conception « contractuelle de la firme » d’Alchian et Demsetz (1972), ainsi que de Jensen et Meckling (1976), et de Fama (1980). En effet, dans une telle conception, l’étude entre ‟endettement et création de valeur” passe par l’étude des relations entre les acteurs de la firme. Cet article est structuré comme suit. Une revue de la littérature conduisant à l’élaboration des hypothèses est présentée, ensuite la méthodologie et les caractéristiques de l’échantillon sont décrites, et enfin les résultats seront analysés et interprétés. MAPOUKA MBOUNGOU Francis Vol 4 N°3 Endettement de l’entreprise et création de valeur : Une expérimentation sur 232 les données des entreprises françaises ayant des filiales en Afrique centrale I Fondement théorique et enjeux de l’endettement comme mécanismes de gouvernance Notre approche du sujet s’inspire largement des orientations micro-économiques, postulant notamment la rationalité substantielle des acteurs. Compte tenu du Caractère extrêmement restrictif de la plupart des hypothèses, une explication des comportements réels des firmes en matière d’endettement et de création de valeur s’avère difficile. D’après Pallas et Labaki (2009) cité par Tioumagneng (2012), le défi à relever est multidimensionnel et touche aussi le comportement au sein de l’organisation. Ragaigne, Ewan Oiry et Grimand (2014, p. 9) montrent que la force des outils de contrôle réside dans la mise en visibilité des acteurs et des relations qui les unissent. L’endettement par les contraintes qu’il impose constitue des outils de contrôle et il rend visible l’entreprises et ses acteurs. Les modèles proposés par la théorie traditionnelle nous laissent penser, que la création de la valeur est prise indépendamment des acteurs impliqués dans la vie de l’entreprise, et des mécanismes de gouvernance qui l’entourent. L’observation de la réalité des entreprises nous amène à nous intéresser à d’autres déterminants potentiels de la création de la valeur via l’endettement. Afin de parvenir à mieux circonscrire le lien entre endettement et création de valeur, il est tout d’abord essentiel de faire appel aux fondements théoriques qui ont jeté un éclairage novateur sur la création de valeur. Il s’agit notamment de la théorie de valeur évoquée par Sophie Giordano-Spring, Isabelle Martinez et Olivier Vidal (2015, P.124) dans leur étude, de la théorie contractuelle (Williamson, 1988), de la théorie du compromis (Myers ; 1984), de la théorie de l’agence (Jensen M.C. & Meckling W.F., 1976) et de la théorie des free cash-flows (Jensen, 1986). Pour ce faire, nous nous focaliserons sur le fait que la création de la valeur est le résultat d’une influence du comportement des dirigeants. Dans ce cadre la pertinence d’un comportement relationnel ou non se conçoit sur la base de sa cohérence avec les attentes des entreprises (V. Des Garets, M. Paquerot et I. Sueur, 2009). 1 Rôle de l’endettement Modigliani et Miller (1963) incorporent dans leur raisonnement le fait que les intérêts de la dette sont une dépense déductible du revenu imposable alors que les dividendes et l’investissement autofinancé ne le sont pas. Sous ces conditions, ils montrent que la valeur économique d’une entreprise endettée est égale à la valeur de l’entreprise non endettée plus la valeur actuelle des économies fiscales liées à la déductibilité des frais financiers. Ce raisonnement peut faire l’objet d’un parallèle avec la création de la valeur. Une précision mérite d’être apportée pour lever une éventuelle confusion entre valeur et création de valeur de l’entreprise. La valeur de l’entreprise est ce que reviendrait aux apporteurs des capitaux après la vente de l’entreprise tandis que la création de la valeur renvoie beaucoup plus au résultat de l’entreprise. Serge Agbodjo, (2015, p.79) dans son MAPOUKA MBOUNGOU Francis Vol 4 N°3 Endettement de l’entreprise et création de valeur : Une expérimentation sur 233 les données des entreprises françaises ayant des filiales en Afrique centrale étude confronte les différentes conceptions avancées par les interviewés, et remarque qu’il semble émerger une représentation qui tienne compte de quatre critères : le profit, la rentabilité, la valorisation boursière et la croissance (long terme). Ainsi, cette représentation peut être résumée de la manière suivante : la création de valeur est l’aptitude d’une entreprise à être rentable, profitable, performante et à faire évoluer son cours de bourse sur le long terme. L’analyse du rôle de l’endettement dans le cadre de la création de uploads/Finance/ endettement-et-creation-de-la-valeur.pdf

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  • Publié le Oct 10, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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