1 DOCUMENT N°1 Evolution de l’industrie tunisienne depuis l’indépendance Depuis

1 DOCUMENT N°1 Evolution de l’industrie tunisienne depuis l’indépendance Depuis l’indépendance la Tunisie a adopté plusieurs politiques industrielles. On va présenter une revue historique de cette évolution en analysant chaque période de l’histoire économique tunisienne à part. 1.1. Première partie : 1956- 1986 : Économie d’endettement 1.1.1. Nationalisation : 1956-1962 Dès l’indépendance la priorité établie par la Tunisie était de libérer l’économie et l’industrie de la colonisation française donc d’avoir une économie tunisienne indépendante, le gouvernement tunisien a favorisé au début l’agriculture et l’extraction minière. Entre 1959 et 1960, on a nationalisé les sociétés d’électricité, de gaz et d’eau; en 1960, les sociétés principales de transport sont nationalisées et le gouvernement acquiert 50% de la compagnie aérienne TunisAir et crée la Compagnie Tunisienne de Navigation. Cette période s’est caractérisée du contrôle de l’état sur toute l’économie tunisienne. L’objectif du gouvernement était de répondre au besoin stratégique de renforcer le contrôle de l’Etat sur certains aspects de l’économie tout en maintenant une politique économique libérale basée sur la promotion de l’investissement et du commerce extérieur. Pendant les cinq premières années après l’indépendance, l’Etat a offert des incitations fiscales et des facilités de crédit afin de motiver le secteur privé intérieur à jouer un rôle plus important dans l’investissement ; mais cet effort n’a malheureusement eu qu’un succès limité. 1.1.2. Expérience socialiste 1962-1969 La Tunisie optait pour une politique économique socialiste, le gouvernement tunisien commence à élargir son contrôle sur tous les domaines de l’économie. Le rôle de l’état dans le processus d’industrialisation était primordial mais le secteur privé national et étranger n’était pas exclu. L’industrie devait résoudre les problèmes de chômage, transformer et valoriser les ressources du pays, et surtout fournir les produits industriels nécessaires à la consommation nationale. 2 Dans cette période la structure des investissements dans l’industrie présente 32.7% dans l’IAA (Industries agro-alimentaires) ,67.4% dans l’IMCCV (Industrie des matériaux de construction de la céramique et du verre)…. En outre cette politique a permis de créer 115 900 emplois dans les industries manufacturières sur un total de 218 600 emplois pour l’ensemble du secteur industriel. Deux décisions importantes sont prises dans cette période : -la première est la création du Ministère de la Planification et des Finances, unifiant le Ministère des Finances, le Ministère du Commerce et de l’Industrie et le service de planification. -La deuxième décision était l’adoption d’un plan de développement de dix ans, les Perspectives décennales de développement, 1962-1971, préparé par le nouveau secrétariat et basé sur les résolutions du congrès de l’UGTT (l’Union générale tunisienne du travail)de 1956. . 1.1.3. Capitalisme sous contrôle 1970-1981 Après le rapport mondial sur le déficit des sociétés publiques, la Tunisie commençait à adopter une politique économique capitaliste sous contrôle de l’état (avec l’arrivée de monsieur Hadi Nuira au premier ministère) et l’état annonçait les buts suivants à atteindre : -Le contrôle demeure sur le secteur primaire tout en ouvrant le reste de l’économie au secteur privé; -Le rétablissement d’une économie de marché, -Dans le secteur industriel, la priorité doit être accordée à l’industrie légère et aux PME, en plaçant la rentabilité et le coefficient de main-d’œuvre au premier plan. -L’investissement extérieur doit être activement soutenue. -Le développement des entreprises exportatrices Monsieur Nouira a procédé à la création de nouvelles institutions dont le but était de promouvoir le secteur privé, telles que l’Agence de la Promotion de l’Industrie (API), le Centre de Promotion des Exportations (CEPEX) et le Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle (FOPRODI), avec l’objectif de rationaliser, moderniser et simplifier la politique industrielle. De plus, de nouvelles lois sont venues encourager l’investissement extérieur et intérieur. La première loi offrant des incitations aux investisseurs étrangers pour la création d’industries manufacturières a été promulguée en 1972 (loi 72-38). Cette loi accordait plusieurs avantages aux projets industriels approuvés : une panoplie de réductions fiscales, des importations hors taxes de biens d’équipement, des matières premières et des biens semi œuvrés. Les nouvelles unités devaient surtout produire pour l’exportation ce qui réduisait davantage leurs liens avec la base économique tunisienne. Sous cette loi, les investisseurs étrangers étaient exonérés de l’impôt sur les bénéfices pendant les dix premières années de leur activité et, entre autre, ils pouvaient rapatrier leurs bénéfices sans payer d’impôts. Une seconde loi sur l’investissement industriel, introduite en 1974 (loi 74-74) visait à lier d’une manière plus directe les incitations à la création d’emplois, par exemple en établissant une tarification des licences industrielles inversement liée au nombre d’emplois crée par le projet en question. La loi visait également à encourager l’investissement privé tunisien qui bénéficiait jusque-là de moins d’avantages que l’investissement étranger. Dans les années 1970, la Tunisie connaît une expansion du secteur privé et une croissance rapide de l’emploi manufacturier. Toutefois, la structure de l’industrialisation se caractérise par une concentration sectorielle et régionale. À la fin de 1977, 54 % des investissements et 87 % des emplois créés se trouvent dans le domaine du textile et l’industrie de l’habillement et du cuir. En outre, les nouvelles entreprises sont 3 concentrées dans peu de régions, ce qui renforce davantage les disparités régionales et encourage les migrations vers le nord-est du pays. En réalité, le retour à une économie de marché est moins décisif qu’annoncé : la Tunisie maintient largement le subventionnement de certains prix, le secteur financier est entièrement géré par le gouvernement et l’économie est protégée par des droits de douane très élevés et des restrictions d’importation. Cependant, l’économie bénéficie de résultats positifs bénéficiant des deux chocs pétroliers (1973 et 1979), qui font augmenter les prix du pétrole et des phosphates, mais aussi grâce à une production agricole en hausse et à des recettes touristiques plus élevées Dans ce contexte de relance économique, le secteur public demeure dominant mais recule avec une dissociation progressive entre des secteurs ouverts à une dose de concurrence extérieure et ceux destinés au marché intérieur et qui bénéficient de rentes de situation. Cette timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le développement d'une meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement instruite et la croissance d’une classe moyenne. Toutefois, à la fin des années 70, la Tunisie était trop dépendante des recettes pétrolières et avait étendue son endettement extérieur ; elle n’avait pas de base productive stable en mesure d’absorber le surplus de travailleurs et d’exporter une gamme de produits diversifiée et compétitive. Le manque d’investissement de base de l’Etat dans l’infrastructure a entravé la croissance et dissuadé les investisseurs privés : une réorientation vers l’investissement public était donc apparente dans le Cinquième Plan (1977-81) mais seulement en tant que mesure de soutien pour l’investissement privé. 1.1.4. La crise économique : 1982-1986 Les années 80 ont été moins avantageuses que la décennie précédente. Le Sixième Plan de Développement (1982-86) était un plan austère, conçu pour introduire les ajustements économiques nécessaires pour préparer la Tunisie à une période marquée par la baisse des recettes pétrolières. L’investissement se dirigeait vers les industries non pétrolières. Par ailleurs, la dette extérieure et la balance des paiements étaient sévèrement contrôlées ; l’investissement public et la consommation ont été soumis à des mesures restrictives par un gel des salaires et des restrictions sur l'importation. La plupart des objectifs du Plan n’on pas abouti : la croissance annuelle du PIB est resté sous les 3%, n’a donc pas atteint les 6% prévus; le déficit du compte courant s’élevait à 7,8% du PIB et pas à 4,7% comme prévu, et la dette extérieure s’élevait à 56% du PIB. En outre, entre 1985 et 1986, le prix du pétrole a baissé, une série de sècheresses a frappé le pays et le salaire des travailleurs a diminué. En 1986, la Tunisie a connu sa première année de croissance négative depuis son indépendance. Les agitations sociales ont également augmenté de façon dramatique pendant cette période, et l’UGTT, qui critiquait ouvertement la politique économique adoptée par le gouvernement, organisait des grèves et des manifestations contre l’augmentation du chômage et la politique salariale. Pour faire face à ce déséquilibre interne et à la dette extérieure, la Tunisie a négocié son premier programme d’ajustement économique en 1986 et a finalement reconnu la crise qui était à l’origine de cette aggravation de la situation économique et financière, fait qui avait été auparavant niée par les autorités. En 1986, le gouvernement s’est officiellement mis d’accord avec le FMI (Fonds monétaire international) sur la mise en place d’un Programme d’Ajustement Structurel (PAS) en signant un accord stand-by sur un programme de reprise économique durant 18 mois. En 1988, on accordait à la Tunisie le recours à des fonds étendus pour une période de trois ans. Par la suite, la période de prêt a été étendue plusieurs fois d’un an jusqu’en 1992, mettant en évidence la confiance en l’aptitude du gouvernement de mettre en œuvre une réforme structurelle de l’économie. 4 1.2. Deuxième partie : 1986-2010 : De la crise vers une véritable économie du marché : Libéralisation de l'économie (1986-1995) 1.2.1. Le programme d'ajustement structurel : 1986-1992 Avant que le FMI (Fonds Monétaire International) devient au niveau institutionnel, le uploads/Finance/ evolution-politique-economique-tunisie.pdf

  • 50
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 21, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.2225MB