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RÉINVENTER LES RELATIONS BELGO-CONGOLAISES RAPPORT À LA FONDATION ROI BAUDOUIN

RÉINVENTER LES RELATIONS BELGO-CONGOLAISES RAPPORT À LA FONDATION ROI BAUDOUIN JUIN 2014 Pour le Groupe du Vendredi : NICOLAS BAISE, JONATHAN HOLSLAG, FRANÇOIS TOUSSAINT Pour Génération Congo : MADIMBA KADIMA-NZUJI, BLAISE MBATSHI, SYLVAIN MUDIKONGO UNE AMBITION DES NOUVELLES GÉNÉRATIONS GROUPE DU VENDREDI TABLE DES MATIÈRES Table des matières 3 Remerciements 4 Préambule : pourquoi à nouveau parler des relations belgo-congolaise ? 5 Résumé 8 Quatre principales facettes de la relation belgo-congolaise : mises en perspective 8 18 recommandations pour des relations belgo-congolaises réinventées 11 Une invitation à changer nos mentalités et à passer à l'action 12 1 Les relations diplomatiques et gouvernementales 15 1.1 Revue historique des relations belgo-congolaises 16 1.2 Messages clés et principaux constats 19 1.3 Recommandations : Renforcer les relations diplomatiques sur base d'un partenariat stratégique global 22 2 Les relations économiques 25 2.1 Introduction 26 2.2 Le contexte économique de la Belgique 26 2.3 Le contexte économique de la République Démocratique du Congo 27 2.4 L’évolution des relations économiques entre la Belgique et la RDC 28 2.5 Axes de reconstruction des relations économiques bilatérales belgo-congolaises 32 2.6 Recommandations : redynamiser les échanges économiques belgo-congolais autour d'un espace d'intérêts communs 33 3 Les échanges culturels 37 3.1 Introduction 38 3.2 La culture comme levier de renforcement de relations bilatérales 38 3.3 S'appuyer sur nos acquis en matière d'échanges culturels belgo-congolais 39 3.4 Recommandations : renforcer les échanges culturels comme élément distinctif de la relation belgo-congolaise 40 4 Les échanges humains 43 4.1 Les enjeux des échanges humains entre la Belgique et la RDC : perception, mesure et intérêt 44 4.2 Ceux qui voyagent : les flux migratoires 45 4.3 Ceux qui restent : les diasporas 45 4.4 La coopération universitaire entre la Belgique et la RDC 47 4.5 Recommandations : renforcer les échanges humains en restructurant l'espace commun belgo-congolais 48 Conclusion 50 Notes 52 Bibliographie 54 A propos des auteurs 56 Colofon 57 3 GROUPE DU VENDREDI GÉNÉRATION CONGO REMERCIEMENTS Ce rapport est le fruit de riches échanges entre les membres du Groupe du Vendredi et de Génération Congo, mais il s’appuie également sur les perspectives partagées par de nombreux interlocuteurs actifs dans diverses facettes des relations belgo-congolaises que nous avons eu l’occasion de rencontrer tout au long de sa réalisation. En particulier, nous tenons à remercier très chaleureusement Kathryn BRAHY, Georges DALLEMAGNE, Patrick DE WOLF, Touria EL GLAOUI, Amaury FASTENAKELS, Hans HOEBEKE, Paul KERSTENS, Eric de LAMOTTE, Michel LASTSCHENKO, Bernard LEPLA, Jérôme LIPPENS, Guy-Robert LUKAMA, Gisèle MANDAILA, Abdon MUNGA, Djo MUNGA, Vitshois MWILAMBWE BONDO, Jérôme ROUX, Michael SAKOMBI, Patrick SOHIER, Jean STEFFENS, Thomas STEVENS, Dominique STRUYE de SWIELANDE, Alexis THAMBWE-MWAMBA, Maddy TIEMBE, Brain TSHIBANDA, David VAN REYBROUCK, Jean-Louis WILKIN, Arnaud ZACHARIE. Enfin, nous remercions vivement la Fondation Roi Baudouin, et toute son équipe, pour son soutien considérable et la confiance qu’elle a accordée à notre projet. RÉINVENTER LES RELATIONS BELGO-CONGOLAISES 4 5 GROUPE DU VENDREDI GÉNÉRATION CONGO En avril 2013 se lançait à Bruxelles le Groupe du Vendredi, rassemblant des jeunes Belges souhaitant débattre des grands enjeux de notre société. Parallèlement, à Kinshasa, le think-tank Génération Congo se structurait autour de jeunes Congolais souhaitant contribuer au développement de leur pays, en réfléchissant aux voies et moyens pour en faire un pays émergent. Deux groupes de jeunes engagés dans la société dans laquelle ils vivent, la volonté d'échanger autour des enjeux stratégiques de nos deux pays et des liens d'amitiés : il n'en fallut pas plus pour que l'idée de ce rapport émerge. Et pourtant, durant ce trajet de plus d'un an, combien de fois nos interlocuteurs et nous-mêmes ne nous sommes pas posés cette question : pourquoi à nouveau parler des relations belgo- congolaises ? Pourquoi vous, les Belges, avez-vous toujours besoin de parler du Congo ? Pourquoi vous, les Congolais, ne pouvez-vous pas enfin oublier la Belgique pour vous tourner vers les pays émergents et les partenariats Sud-Sud ? La question est légitime au vu du bilan de près de 150 ans de relations communes. La fin de l'époque coloniale a-t-elle véritablement permis de sortir d'une relation et d’une mentalité d'évolué-évoluant ? Des dizaines de programmes de coopération au développement ont-ils vraiment permis d'améliorer le quotidien des Congolais ? L'influence diplomatique belge sur la question congolaise a-t- elle permis d'éviter 20 ans de guerre dans l'Est de la RDC ? La RDC a-t-elle pu et su s'appuyer sur la présence économique belge historique pour développer son infrastructure et son industrie ? Force est de constater que, pour beaucoup, la réponse à ces questions est négative. Faut-il dès lors encore espérer quelque chose des relations belgo-congolaises ? Nous nous sommes forgés la conviction que, oui, il y a un intérêt pour deux groupes de jeunes belges et congolais d'élaborer ensemble leur vision pour le futur des relations belgo-congolaises, et ce, pour trois raisons. Premièrement, il y a une opportunité de s'appuyer sur les jeunes générations pour construire une relation objectivée et décomplexée ; deuxièmement, nous croyons dans la possibilité de construire des relations win-win qui s'appuient sur l'alignement des intérêts stratégiques de la Belgique et de la RDC ; troisièmement, nous pensons qu'il est encore temps de bâtir sur la connaissance mutuelle des deux pays qui est un atout distinctif dans les relations entre Belges et Congolais. 1. S'appuyer sur les jeunes générations pour construire une relation objectivée et décomplexée Les relations entre la Belgique et le Congo (RDC), et leurs peuples, sont complexes. Elles s'inscrivent dans l'héritage d'un lourd passé colonial et postcolonial, qui a associé Belges et Congolais pour le meilleur et pour le pire. Elles sont souvent empreintes de sentiments forts et très variés : nostalgie, reconnaissance, colère, rancune, amitié, espoir, culpabilité, etc. En particulier, il est frappant que beaucoup de nos interlocuteurs très impliqués PRÉAMBULE : POURQUOI À NOUVEAU PARLER DES RELATIONS BELGO-CONGOLAISES ? dans les relations belgo-congolaises nous confirment qu'un sentiment paternaliste reste très présent. Même si les perceptions évoluent, et certains considèrent que le cinquantième anniversaire de l'indépendance du Congo a permis de marquer un tournant important, cela reste à notre sens un enjeu majeur : peut-on construire des relations objectivées si le Belge se considère ou est considéré toujours comme le "noko" (oncle) du Congolais ? Même si l'appellation peut sembler sympathique et affectueuse, elle entretient ce sentiment paternaliste évoqué ci-dessus. Il s’agit d’un contexte que les nouvelles générations n’ignorent pas, mais qui doit être dépassé. Or s'appuyer sur les jeunes générations constitue une opportunité de construire une relation objectivée et décomplexée, une relation d'adultes. Plusieurs générations séparent les trentenaires d'aujourd'hui de l'époque coloniale. Ces jeunes générations qui ont grandi avec le développement de l'Internet et de la téléphonie mobile sont aujourd'hui connectées aux mêmes réseaux sociaux globaux. En Afrique, ces jeunes entendent que l'Afrique sera le continent du XXIème siècle, et ils veulent être des acteurs de premier plan de ce projet. En Occident, la Génération Y1 a beaucoup voyagé et questionne le monde dans lequel nous vivons, développant ainsi son sens civique, sa conscience du monde et la volonté de le changer. Sans entrer plus en avant dans le débat de la caractérisation sociologique des jeunes générations occidentales et africaines, mais en nous appuyant sur nos propres expériences et tout en étant conscient aussi des réalités dans lesquelles de nombreux jeunes doivent survivre en RDC, il nous semble clair qu'il y a chez les jeunes générations un terreau favorable au développement de nouvelles formes objectivées et décomplexées de relations. Allant dans ce sens, un jeune entrepreneur belge actif en RDC nous indiquait que quand un Congolais l'interpelle comme "noko" (oncle), il lui propose plutôt de l'appeler "ndeko" (frère ou cousin). Peut- être est-ce une bonne manière de se positionner, enfin, d'égal à égal, tout en gardant la conscience du lien historique et affectif ? 2. Construire des relations win-win qui s'appuient sur l'alignement des intérêts stratégiques de chacun Des relations saines et durables entre la Belgique et la RDC, entre Belges et Congolais, ne pourront se construire que sur la base d'un alignement des intérêts de chacun (Etats, organisations ou individus). Nous sommes convaincus de la nécessité d'établir une véritable vision stratégique et dépassionnée de la relation entre nos deux pays : que veut-on construire ensemble ? Comment cela peut-il répondre aux attentes des Belges et des Congolais ? Les réponses à ces questions doivent permettre d'établir des relations bénéfiques pour chacun. Le préalable à une telle démarche est évidemment de comprendre les enjeux stratégiques de chacune des parties, afin de pouvoir identifier ensuite les alignements d'intérêts possibles. Chaque individu ou organisation impliqué dans une relation bilatérale adopte cette logique. Celle-ci est également applicable à l'échelle des Etats. Nous nous plions donc volontiers à l'exercice d'identification des principaux enjeux stratégiques de la Belgique et de la RDC. La suite du rapport évoquera un certain nombre d'alignements d'intérêts que nous avons identifiés sur les plans diplomatique, économique, culturel et humain. La Belgique fait face à des enjeux politico- économiques stratégiques importants, décrits notamment dans le premier rapport du Groupe du Vendredi2. La remise en cause de l'ordre géostratégique uploads/Finance/ friday-group-generation-congo-reinventer-les-relations-belgo-congolaises-juin-2014.pdf