Mpodol Ruben Um Nyobè AMOS Manguele EST A Ngo Mbondo Njee amis d’enfance amis d
Mpodol Ruben Um Nyobè AMOS Manguele EST A Ngo Mbondo Njee amis d’enfance amis d’enfance et amants Thérèse Nyemb époux Christine Manguele sœur de Alexandre Nyemb père époux Joseph Ndoumbe amants GÉRARD Le Gall demi-sœur de Pierre Le Gall père de géniteur de Jeanette Mbondo Njee Salomon Mbondo Njee époux de mère de Joseph Manguele Apolline Bayemi géniteur supposé de père de LIKAK Lipem MUULÉ Alexandre Nyemb fils mère de mère de oncle de Père Bayemi André Lipem époux Sœur Marie Bernard amies amants KUNDÈ Nyemb géniteur de mère de père de grand-père de grand-mère de Anna Nyemb époux amis Alèkè Bayemi mère de père de sœur cadette de mère de père de Hiini Nweka Nyemb Alèkè Nyemb époux petite bonne de père de Les Maquisards Hemley Boum Les Maquisards Roman Seconde édition La Cheminante Je ne puis devenir un homme à force de désirs, je resterai donc femme pour mourir de chagrin. William Shakespeare Beaucoup de bruit pour rien 9 Prologue La nuit était tombée comme un couperet tandis que Kundè fuyait. Il courait dans la forêt en gémissant. Surtout ne pas se retourner. La terre était meuble par endroits, puis sou- dain, il glissait sur une frondaison et se rattrapait de justesse aux branches basses des arbustes environnants. Il reprenait sa course folle sans s’apercevoir que maintenant ses pieds foulaient des ronces. « Sauve-toi, lui avait dit son père, notre peuple est prompt à la colère et lent au pardon. Va aussi loin que tu le peux et ne reviens pas. » Il fit un brusque mouvement de la tête comme pour chasser ce souvenir. Sa plainte s’intensifia mais il ne ralentit pas son allure pour autant. Les arbres paraissaient s’élancer à sa rencontre. Il pouvait sentir la gifle des branches qui laissaient sur son visage de fines zébrures d’où s’écoulaient de minuscules gouttes de sang. Elles se mêlaient à ses larmes, à sa sueur et lui piquaient les yeux. Il revit sa mère, accroupie près de son feu. Elle soufflait sur les braises afin que les émanations 10 acres du bois laissent place à la flamme. Il était entré dans cette cuisine ivre de colère. Une révélation malveillante avait suffi à ébranler sa vie, elle lui devait des réponses : — Qui est mon père ? gronda Kundè. Elle leva sur lui des yeux rendus larmoyants par la fumée noire qui envahissait l’espace clos de la petite pièce. Contre toute logique, il crut qu’elle pleurait pour lui et en conçut une joie mauvaise. — Tu m’as menti, cria-t-il, depuis toujours. Toute ma vie est un mensonge. Rien n’est réel, je ne suis personne. Il hurlait, pleurait, les mots coulaient comme de la bile. — Ton père ? demanda-t-elle en se redressant. Je ne com- prends pas ta question fils. Tu as eu à tes côtés un homme qui t’a aimé, choyé. Il t’a tenu la main lorsque tu en avais besoin. Il t’a appris à chasser, à pêcher et à bâtir une maison. Il a payé ta scolarité, offert une éducation, expliqué le bien-fondé de la lutte, la différence entre le bien et le mal. Tu poses la question et tu connais la réponse. Crois-tu qu’un autre t’en aurait plus offert simplement parce qu’il aurait été ton géniteur ? — Mensonges ! Tu essaies encore de m’embrouiller l’esprit. Réponds-moi, exigea-t-il. Pour une fois dans ta vie, donne-moi une réponse. Une seule. — Tu crois qu’il n’y a qu’une réponse, une unique vérité ? Tu t’imagines que les choses sont noires ou blanches, tranchées ? Mais ce ne sont pas les enfants qui décident de l’identité de leur père, ce sont les mères. À ta question mon fils, pour tout homme sur cette terre, il n’y a qu’une réponse : Tu es le fils de ta mère. C’est la seule certitude qui compte. Tu n’es pas rien, tu es réel, tu es mon enfant. 11 Il fit un pas vers elle comme pour la frapper, et dans un même mouvement, elle avança vers lui. Mais son bras levé resta suspendu. Ils s’affrontèrent du regard, il fut le premier à lâcher prise. Cette fois, les larmes de sa mère lui étaient bien destinées, aveuglé par son chagrin, Kundè ne les vit pas. — Cela ne se passera pas comme ça, murmura-t-il, cette journée sera la dernière que je vivrai dans le mensonge. Il tourna les talons et s’en alla comme il était venu, auréolé de haine. Le jeune homme repoussa ces souvenirs, ils le ralentissaient dans sa fuite éperdue. Penser à sa mère ouvrait en lui un abîme de colère et d’incompréhension. L’amour tortueux, douloureux, nourri à ses pleurs d’enfant jamais consolés, à ses silences à elle, agissait comme un acide sur les plaies de sa solitude et lui obscurcissait l’esprit. Il avait alors l’impression de courir dans de la glaise, et qu’une multitude de petits fils comme autant de toiles d’araignée, le ramenait en arrière. « Va aussi loin que tu le peux, et ne reviens pas. » Tels avaient été les derniers mots de son père. Alors Kundè filait dans la forêt désertée par les hommes, les animaux, les dieux, les ancêtres. Si des hiboux hululaient au sommet des arbres, si des lièvres, des antilopes ou des serpents s’enfuyaient à son approche, si des essaims de guêpes ou de moustiques battaient en retraite, bouleversés par cet humain en perdition, il ne le remarqua pas. Kundè ne voyait rien, ne sentait que le martèlement désespéré de son cœur qui demandait grâce, l’odeur pestilentielle de sa propre sueur, de sa peur. Il n’entendait que son propre souffle rauque et l’écho de ses souvenirs. Avait-il tué le garçon ? Il pensait que oui, comment pouvait-il en être autrement. Il courait déjà depuis plusieurs heures et ne s’était 12 pas rendu compte qu’il était poursuivi. Soudain, il s’était senti tiré en arrière. — Où crois-tu aller comme ça ? hurla une voix dans son dos. Kundè se retourna d’un bloc pour faire face au jeune homme qui le menaçait, machette au poing. — Nous savons ce que vous avez fait ton père et toi, vous avez vendu Mpodol, vous l’avez livré aux Blancs, sale bâtard, fils de pute et de traître, je ne te laisserai pas t’en tirer à si bon compte. Il reconnut Joseph Manguele, le petit-fils d’Amos, son ami d’enfance. Pouvait-il encore prétendre à cette amitié ? D’ailleurs, quelle foi pouvait-il désormais accorder aux liens qui consti- tuaient sa vie, alors que tout n’avait été que mensonge ? — Manyan – mon frère –, tenta-t-il. — Tu n’es pas mon frère, salaud. Ta grand-mère était une putain et une sorcière, ta mère a tué son propre mari, et main- tenant vous avez trahi Mpodol. Il est temps de payer pour tout le sang que vous avez versé, pour toute la turpitude que vous portez en vous. Je te tuerai, puis je tuerai ta mère, je vous exter- minerai tous. Ensuite, Kundè ne savait plus. Des heures de doute et de colère, de bouleversements, cette course sans espoir dans la forêt. Une folie furieuse s’empara de lui, décuplant ses forces. Il se jeta sur le jeune homme, insouciant de la machette levée et le roua de coups. Frappant dans le ventre, sur le visage. Lorsque ses poings devinrent trop douloureux, il se saisit d’un morceau de branche et continua de frapper comme un sourd. Jusqu’à l’épui- sement, jusqu’à ce que ses dernières forces l’abandonnent et qu’il s’écroule près de sa victime inerte. Il s’aperçut alors que ce qu’il avait pris pour un bout de bois était en réalité la machette avec laquelle l’autre l’avait menacé. Le corps déchiqueté, méconnais- sable de son assaillant gisait par terre, les arbres alentour étaient éclaboussés de sang. Il poussa un hurlement de détresse et les oiseaux de nuit s’égayèrent avec effroi. « Qu’ai-je fait ? Quel monstre suis-je devenu ? » Ah, revenir en arrière, redevenir un enfant qu’une main aimante caresse, parler à sa grand-mère, marcher fièrement dans le sillage d’Amos, en tâchant d’imiter sa démarche décidée, son maintien droit, son rire sonore. Revenir en arrière, effacer, tout effacer. — Pitié, murmura-t-il, ayez pitié. Il n’y a pas d’écho dans la forêt, l’air se heurte à la touffeur végétale et s’éteint sans rebondir. Il était aussi seul qu’un homme peut l’être dans ce milieu indifférent aux peines et aux pas- sions humaines. Son cri mourut de lui-même, ses supplications aussi. Et ses questions restèrent sans réponse. Kundè se relevaet, comme un zombie, continua en titubant sa course folle. Fin septembre 1958 Les dernières heures 17 Mpodol remonta la rivière, s’enfonça dans la forêt. Là-haut dans le ciel, la lune était ronde mais ses faibles rayons ne pénétraient pas la toiture des grands arbres. Cela lui était égal. Il connaissait chaque pousse, chaque arpent de cette terre. Il n’y avait pas au monde, un lieu où il se sentait plus en sécurité. Il s’y était réfugié de nombreuses fois au cours des dernières années, y revenait à chaque fois que les menaces habituelles devenaient uploads/Finance/ hemley-boum-les-maquisards-a5-pdf.pdf
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- Publié le Fev 22, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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