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Le lien entre activité et prix À long terme, il est généralement admis que la monnaie est neutre : la masse monétaire, le niveau des prix et le taux d'inølation n'ont pas d'impact sur la production (même si l'incertitude sur les prix peut être défavorable) ; en retour, le niveau de production et la croissance n'ont pas d'impact sur les prix. Selon les mots de Milton Friedman : « L'inølation est partout et toujours un phénomène monétaire » (Milton Friedman reconnaissait toutefois que le « court terme » pouvait durer plusieurs années). À court terme, l'activité subit des chocs positifs et négatifs touchant l'o÷fre (les capacités et les coûts de production) et la demande (la consommation, l'investissement, les exportations). Les prix ne s'ajustent que progressivement pour rééquilibrer l'o÷fre et la demande (on parle de rigidités nominales). L'activité et les prix réagissent dans le même sens à un choc de demande (par exemple, une baisse de l'activité aux États-Unis freine à la fois les exportations et l'inølation en Europe), mais ils réagissent en sens contraire à un choc d'o÷fre (par exemple, une baisse du prix du pétrole ou une vague d'innovation technologique stimule l'activité tout en abaissant les prix). Tel est l'enseignement du modèle o÷fre agrégée-demande agrégée, dit encore modèle de la synthèse classico-keynésienne. Dans un diagramme production/prix, on représente l'o÷fre agrégée à court terme par une courbe croissante (graphique 2). En e÷fet, une hausse des prix ne se répercute pas immédiatement sur les salaires, ce qui améliore les conditions de production des entreprises et les incite temporairement à produire davantage. Dans ce même repère, on représente la demande agrégée par une courbe décroissante. La raison en est qu'une hausse de prix réduit la demande en abaissant la richesse réelle des consommateurs et/ou en incitant la banque centrale à relever les taux d'intérêt. Un choc positif sur la demande déplace la courbe de demande vers la droite. La production et les prix augmentent simultanément. La hausse des prix incite les entreprises à produire la nouvelle quantité demandée. De son côté, un choc positif sur l'o÷fre entraîne une hausse de l'activité, mais une baisse de prix. La baisse de prix est la condition pour que la nouvelle quantité o÷ferte trouve un débouché. Graphique 2. Effet sur la production et les prix d'un choc de demande et d'un choc d'offre Responsabilité politique de la BCE L'organisation du système européen des banques centrales Des cercles concentriques : le SEBC, l'Eurosystème et la BCE Un système fédéral Les organes de décision du SEBC Le système européen de banques centrales (SEBC) réunit les banques centrales nationales des vingt-huit États membres de l'Union européenne (la Banque d'Angleterre, la Banque de France, la Bundesbank, la Banque nationale de Bulgarie, etc.) autour de la BCE. L'Eurosystème ne comprend quant à lui que la BCE et les dix-huit banques centrales nationales de la zone euro (schéma 1). Le conseil des gouverneurs de la BCE définit la politique monétaire de la zone euro. Il réunit le premier et le troisième jeudis de chaque mois les dix-huit gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro et les six membres du directoire de la BCE, soit vingt-quatre personnes en 2014. Les gouverneurs des BCN sont nommés par les gouvernements nationaux, tandis que les membres du directoire sont désignés par le Conseil européen pour des mandats de huit ans non renouvelables, après consultation du Parlement européen. Les décisions de politique monétaire sont prises lors de la première réunion mensuelle ou, en cas d'urgence, lors d'une conférence téléphonique. Le directoire de la BCE met en œuvre les grandes orientations définies par le conseil des gouverneurs et gère quotidiennement la BCE. Il comprend le président, le vice-président et quatre autres membres. Chaque membre du directoire reçoit des attributions spécifiques : études économiques, relations internationales, opérations monétaires, billets, etc. Les trois premiers présidents de la BCE ont été le Néerlandais Wim Duisenberg (1998-2003), le Français Jean-Claude Trichet (2003-2011) et l'Italien Mario Draghi, nommé en 2011. Le règlement européen de 2013 faisant de la BCE le contrôleur unique de quelque 130 banques de la zone euro prévoit une gouvernance spécifique à cette activité sous l'autorité d'un comité de supervision (voir le chapitre iv). Le conseil général de la BCE, qui réunit le président et le vice-président de la BCE ainsi que les vingt-huit gouverneurs de l'Union européenne, gère les questions communes à tout le SEBC ainsi que les relations monétaires entre la zone euro et les autres États membres. L'Eurosystème est indépendant des pouvoirs politiques : ses dirigeants ne peuvent recevoir d'instruction des ministres des Finances européens ni de la commission ; il lui est interdit de financer directement les États membres et leurs institutions publiques (à l'exception de banques de développement comme la Banque européenne d'investissement), ce qui lui assure le contrôle de la monnaie qu'elle émet ; enfin, le budget de la BCE est distinct de celui de l'UE. : Schéma 1. Les organes de décision de la politique monétaire Conclusion : La solitude de la BCE 'Union monétaire européenne est un exemple unique d'États partageant un attribut essentiel de leur souveraineté, la monnaie, tout en en conservant les autres attributs. Pour gérer la monnaie unique, la Banque centrale européenne (BCE) s'appuie sur les banques centrales nationales des pays participants, telles que la Banque de France. Dans ce premier chapitre, nous décrivons les missions et l'organisation de la BCE. Le chapitre suivant est consacré à la mise en œuvre de la politique monétaire. 1 L La BCE a été créée en 1998. Ses statuts, décidés à Maastricht en décembre 1991, sont inscrits dans le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (ou traité de Lisbonne et, dans la suite de ce livre, le Traité), plus précisément, dans l'article 105 et dans le protocole annexé au Traité portant statuts du système européen des banques centrales (SEBC). La BCE est responsable de la définition et de la mise en œuvre de la politique monétaire, de la conduite des opérations de change et d'autres missions comme la surveillance des systèmes de paiement, la coopération avec les pays candidats à l'adhésion à l'Union sur les questions monétaires, l'établissement des statistiques monétaires et de balance des paiements... Ses missions peuvent évoluer : comme on le verra au chapitre iv, des responsabilités supplémentaires lui ont été confiées en 2013 en matière de contrôle bancaire. 2 Le Traité assigne à la BCE la mission principale de maintenir la stabilité des prix à moyen terme dans la zone euro. La « stabilité des prix » est en pratique mesurée par la variation sur douze mois de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), calculé par l'o÷fice statistique de l'Union européenne, Eurostat, à partir d'une définition commune des indices de prix dans chaque pays de la zone. Sans préjudice de cet objectif principal, la BCE apporte son soutien aux politiques économiques générales de l'Union européenne de manière à « promouvoir un développement harmonieux et équilibré des activités économiques dans l'ensemble de la Communauté, une croissance durable et non inølationniste respectant l'environnement, un haut degré de convergence des performances économiques, un niveau d'emploi et de protection sociale élevé, le relèvement du niveau et de la qualité de la vie, la cohésion économique et sociale, et la solidarité entre États membres » (article 2 du Traité). Cette définition des objectifs soulève d'emblée trois questions importantes. 3 En pratique, la BCE vise à moyen terme une hausse annuelle de l'indice des prix à la consommation de la zone euro inférieure à 2 % par an et proche de cette valeur. Au cours de la crise, la banque centrale a clarifié que son objectif est symétrique autour de 2 %, c'est-à-dire que l'inølation est tout aussi préoccupante à 1 % qu'à 3 %. 4 Un objectif d'inølation précis et crédible permet aux acteurs économiques de prendre leurs décisions en connaissance de cause, mais le chi÷fre de 2 % est-il le bon ? On connaît les dangers d'une inølation très élevée : en favorisant une indexation généralisée sur les prix, elle rend l'économie instable et finit par détruire la confiance dans la monnaie, comme l'Allemagne des années 1920, les Balkans des années 1990 ou le Zimbabwe des années 2000 l'ont illustré. Surtout, l'inølation a÷fecte le pouvoir d'achat des plus pauvres qui uploads/Finance/ i-la-bce-aux-commandes-de-l-x27-euro-cairn-info.pdf

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  • Publié le Oct 23, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
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