Version du 01-01-07, Mise à jour le 01-12-01 © Gilles E. St-Amant, cours ADM770

Version du 01-01-07, Mise à jour le 01-12-01 © Gilles E. St-Amant, cours ADM7705 FICHE TECHNIQUE L’économique de l’information (Information Economics) L’économique de l’information (IE), développée notamment par Parker et Benson1, ajoute à la dimension strictement financière traditionnellement prise en compte en évaluation des technologies de l’information (TI), la dimension stratégique de l’investissement. Elle veut donc répondre non seulement à la question « combien? », mais aussi à la question « pourquoi? » et considérer, en plus du retour sur le capital investi, les bénéfices intangibles de l’investissement. Elle repose sur une comparaison de projets d’investissement visant à faire en sorte que les projets les plus pertinents stratégiquement soient financés. Cette comparaison résulte d’une évaluation structurée, faite par un groupe diversifié de décideurs touchés, plutôt qu’uniquement par les responsables des finances et des TI. Cette évaluation utilise plusieurs types de facteurs et non la seule valeur financière tangible traditionnellement retenue. Ses dix facteurs, pondérés pour correspondre au contexte particulier de chaque organisation, tiennent compte, en plus de la valeur financière, d’autres valeurs d’affaires, du risque d’affaires, de la valeur technologique et du risque technologique. L’évaluation traditionnelle du rendement (perspective financière classique) L’évaluation traditionnelle de la rentabilité d’un investissement repose sur le rendement sur le capital investi en terme de trésorerie (cash flow). Elle nécessite de connaître le plus précisément possible les coûts de l’investissement dans le projet (coût du matériel, du logiciel, des réseaux, du personnel lié au développement, à l’installation ou à la formation initiale, etc.) de même que ses coûts d’opération (entretien, soutien, location de liens, locaux, énergie, etc.) sur une période choisie. Ces coûts, immédiats et récurrents, sont ensuite comparés aux bénéfices escomptés pour la même période, qui peuvent être des économies (réduction de main d’œuvre, de l’augmentation des dépenses, des coûts d’opération, des inst allations, des frais d’administration, etc.) ou des gains (augmentation de la clientèle, de la productivité, de la satisfaction, de l’information, etc.). Ces bénéfices doivent être tangibles, comme les réductions de personnel et d’équipements. Ces quatre éléments (investissement, coûts d’opération, bénéfices, période de récupération) seront combinés différemment selon la méthode d’évaluation choisie, qui peut inclure les méthodes de ratio coûts-bénéfices, période de récupération, taux de rendement comptable sur investissement, valeur actualisée nette, taux de rendement interne et index de rentabilité. Par exemple, dans le cas de la méthode du ratio coûts/bénéfices, l’une des méthodes les plus courantes, les bénéfices totaux sont divisés par les coûts totaux pour obtenir le ratio. Ce ratio peut ensuite être comparé à un ratio minimal que l’entreprise se sera donné ou encore à celui d’autres projets. La méthode de la période de récupération, utilisée surtout lorsqu’il est difficile d’établir la durée de vie utile de l’investissement, divise simplement l’investissement initial par les bénéfices annuels nets (bénéfices moins coûts d’exploitation) pour obtenir le nombre d’années de récupération. Si celui-ci est bas, l’investissement pourra vraisemblablement se rentabiliser. 1 Parker, M.M. et Benson, R. (1988), Information Economics, Prentice-Hall, Toronto. Parker, M.M. (1996), Strategic Transformation and Information Technology, Prentice-Hall, Upper Saddle River (NJ). 2 © Gilles E. St-Amant, cours ADM7705 2 La méthode de rendement comptable sur investissement nécessite d’estimer la durée de vie utile de l’investissement. De plus, elle ajoute au calcul du bénéfice net moyen, la notion d’amortissement, selon la formule : bénéfice net – ((bénéfices totaux – coûts totaux – amortissement)/ durée de vie). Pour sa part, la méthode de la valeur actualisée nette actualise la valeur des coûts et bénéfices d’exploitation (les flux de trésorerie), qui se produisent dans l’avenir, pour permettre une comparaison plus juste avec l’investissement initial, qui est fait en dollars courants. Elle indexe donc les flux de trésorerie au taux d’intérêt prévu puis en soustrait l’investissement initial pour obtenir la valeur actualisée nette. La méthode du taux de rendement interne en est une variante, qui reprend la valeur actualisée du flux de trésorerie, divisé par l’investissement initial, et la compare au taux d’intérêt (ou taux d’actualisation). Pour permettre la comparaison entre investissements tout en tenant compte de la valeur future de l’argent, on peut utiliser plutôt l’index de rentabilité, qui actualise les bénéfices pour les diviser ensuite par l’investissement de départ. L’évaluation financière traditionnelle peut être critiquée principalement sous deux angles. D’une part, elle ne tient pas compte de tous les facteurs financiers, particulièrement de tous les facteurs intangibles, comme l’amélioration de la productivité, qui sont une conséquence importante d’un investissement en technologie. D’autre part, elle néglige d’autres facteurs, comme le risque, les pressions de la concurrence ou la stratégie de l’entreprise, qui doivent être examinés pour choisir un projet technologique. Une évaluation financière élargie (les intangibles que l’on peut estimer en dollars) Pour corriger ces deux lacunes, l’économique de l’information propose d’abord d’élargir la partie financière de l’analyse pour y inclure quatre types formalisés de bénéfices, souvent intangibles, découlant des technologies de l’information: les valeurs de liaison, d’accélération, de restructuration et d’innovation. Celles-ci sont ajoutées au retour sur l’investissement (ROI) simple pour calculer le « ROI étendu » ou ROI+. Ces quatre types de valeurs peuvent être décrits comme suit: • La valeur de liaison. Elle est une estimation des avantages et des coûts potentiels, le plus souvent récurrents, résultant de la création de nouvelles interdépendances entre des activités qui étaient jusqu’alors indépendantes. Par exemple, une meilleure circulation de l’information permettra de corriger plus rapidement des erreurs, dont le coût sera en conséquence réduit. • La valeur d’accélération évalue l’impact économique de l’accélération des activités résultant de l’implantation de la technologie de l’information, par exemple l’augmentation de la rapidité d’analyse ou la diminution de délais d’implantation. Elle s’apparente à la valeur de liaison sauf que les gains et coûts dont elle traite ne se produisent généralement qu’une fois. • La valeur de restructuration évalue l’augmentation de productivité découlant de la restructuration du travail. Par exemple, le courrier électronique réduit le temps de préparation et d’expédition des notes de service et libère donc du temps chez le personnel qui effectuait ces tâches; le temps récupéré est alors calculé et ajouté à la valeur de restructuration. • La valeur d’innovation estime pour sa part l’impact de la TI sur la qualité des services et produits de même que sur le marché. Bien qu’il soit utile de quantifier les bénéfices découlant de ces quatre valeurs, et de compléter ainsi l’analyse financière, l’examen du ROI étendu, même lorsqu’il demeure qualitatif, permet d’élargir et de structurer la discussion des impacts liés à chaque projet et favorise ainsi la compréhension des décisions. 3 © Gilles E. St-Amant, cours ADM7705 3 La prise en compte de la valeur et du risque (vers un alignement des stratégies d’affaires et des technologies de l’information) L’économique de l’information évalue chaque projet selon neuf autres facteurs, séparés en deux groupes. Le premier groupe comprend six facteurs d’affaires. Il inclut, en plus du ROI étendu, les liens du projet avec la stratégie organisationnelle (alignement stratégique), avec la position des concurrents (avantage compétitif et réplique concurrentielle) et avec l’importance de l’information générée pour la qualité de la gestion de l’organisation. Ces cinq premiers facteurs contribuent à la valeur et obtiennent une pondération positive tandis que le dernier des facteurs d’affaires, le risque que présente le projet compte tenu des compétences actuelles de l’organisation, contribue à l’accroissement du risque et est pondéré négativement. Trois des quatre facteurs technologiques sont aussi liés au risque et, en conséquence, soustraits de l’évaluation du projet. Ils examinent l’incertitude liée à l’évaluation des besoins menant au projet, l’incertitude dans la définition des spécifications techniques et l’incertitude que crée le projet en matière de nouvelles infrastructures technologiques. Le premier des facteurs technologiques, l’architecture stratégique, c’est à dire le lien du projet avec la stratégie technologique de l’entreprise, est pour sa part une contribution à la valeur et son pointage est ajoutée à l’évaluation du projet. L’économique de l’information prend donc en compte à la fois le risque et la valeur du projet et cela tant dans le domaine d’affaires que dans le domaine technologique. La figure 1 résume les dix facteurs2 à évaluer et pondérer par les décideurs d’une organisation dans le cadre d’une évaluation de projets selon l’économique de l’information. Ces facteurs sont bien adaptés pour les entreprises privées. Il est toutefois nécessaire de les modifier pour des entreprises publiques. Figure 1: Les dix facteurs de décision3 FACTEURS D’AFFAIRES FACTEURS TECHNOLOGIQUES Sigle Nom Explication Valeur Sigle Nom Explication Valeur ROI+ Retour sur l’investissement étendu Retour sur l’investissement simple (ROI) + valeur de liaison + valeur d’accélération + valeur de restructuration + valeur d’innovation + ARS Architecture stratégique Niveau d’intégration à un plan stratégique de développement et d’intégration des TI + AS Alignement stratégique Niveau d’alignement avec la stratégie corporative + IB Incertitude de définition des besoins Niveau de risque lié à des spécifications des besoins mal définies ou non approuvées - AC Avantage compétitif Niveau d’impact sur la possibilité de se démarquer des concurrents + IT Incertitude technique Niveau de risque lié à des spécifications techniques mal définies ou non approuvées - RC Réplique concurrentielle Niveau d’impact si on ne va pas uploads/Finance/ info-econ.pdf

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  • Publié le Jui 01, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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