Principes et pratique du financement Semestre d’automne 2004-2005 L’introductio

Principes et pratique du financement Semestre d’automne 2004-2005 L’introduction en bourse source de tous les bienfaits en matière de financement ? L'introduction en bourse peut paraître une étape normale dans la vie de l'entreprise lorsque celle-ci a atteint une certaine taille. Ainsi, l'appel public à l'épargne (APE) complète ou vient se substituer aux fonds apportés par les propriétaires d'origine et les banques pour financer la croissance. Ce postulat qui semble juste a priori ne va pas sans soulever un certain nombre de questions. Ainsi un certain nombre d’entreprises qui avec des volumes d’affaires conséquents se refusent au financement par le marché. C'est par exemple le cas d'UPS, aux Etats-Unis, dont le chiffre d'affaires consolidé sera d’environ 32 milliards de dollars en 2004. Il en va de même pour certains groupes français non moins célèbres tels que Auchan dont le chiffre d’affaires hors taxes a atteint 28 milliards d’euros en 2003. L'introduction en Bourse n'est donc pas simplement un passage obligé dans la vie de l'entreprise, mais résulte d'un véritable choix. La question qui vient alors naturellement est celle des motivations des entreprises qui décident de se faire coter. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux motivations financières. L’introduction en bourse est-elle bénéfique en matière de financement ? Les possibilités de financement offertes par les marchés financiers (I) ne vont pas sans poser un certains nombre de contraintes (II) qui à terme soulèvent le problème du meilleur relais de financement. * * * De nombreux facteurs peuvent amener une entreprise à s’introduire en bourse et ouvrir son capital. Le désir de notoriété figure au premier rang des motivations affichées par les 1/5 12/01/05 entreprises s'introduisant en bourse. Ainsi, la publicité faite autour d'une opération d'introduction sera importante et la présence d'une entreprise à la cote lui assure une visibilité permanente. Cette visibilité est valable pour l’ensemble des partenaires, qu’il s’agisse des clients, fournisseurs, apporteurs de capitaux ou encore employés. Cette notoriété et cette visibilité donnent à l'entreprise une plus grande crédibilité par rapport à ses partenaires commerciaux et par rapport à ses salariés (qui pourront être mobilisés via le système de stock options), actuels et futurs. Une entreprise non cotée aura plus de mal à attirer des collaborateurs de haut niveau, ou à entrer dans des relations de long terme avec de grandes entreprises. Ce gain de notoriété a d'autant plus de valeur que la société introduite en bourse est jeune et se trouve dans un secteur de pointe. Il suffit de se remettre en mémoire la frénésie qui a eu lieu sur les marchés actions durant le gonflement de la bulle des valeurs technologiques. Toutefois, l’introduction en bourse est avant tout une opération financière. Les avantages financiers de l'introduction dépendent de sa motivation. Nous pourrons distinguer trois types de situations.  L'entreprise souhaite financer des projets d'envergure qui dépassent la capacité de financement de ses bailleurs de fonds habituels (actionnaires actuels et banquiers).  L'entreprise souhaite réduire son endettement.  L'entreprise souhaite liquidifier la position de certains de ses actionnaires et leur permettre de « sortir », soit à l'introduction soit par la suite. Dans les deux premiers cas, l'essentiel des actions proposées lors de l'introduction sont des actions nouvelles. Dans le dernier cas, l'introduction se traduit surtout par la vente d'actions anciennes. Lorsque l'introduction correspond à un placement d'actions nouvelles, elle transforme les modalités de financement de l’entreprise. L’entreprise, avant son introduction en bourse avait à sa disposition un nombre déjà significatif de possibilités de financement. Elle pouvait selon ses besoins et selon le projet se financer par endettement bancaire ou alors faire appel à ses actionnaires et/ou actionnaires associés. Toutefois la caractéristique principale d’une société cotée est d’avoir un actionnariat peu répandue et peu diversifié. Il s’avère difficile de faire appel à cet actionnariat (bien souvent historique) pour des sommes importantes. 2/5 12/01/05 Une fois l’introduction en bourse effectuée on observe nombre de changements dans les possibilités de financement des entreprises qui ont fait appel public à l’épargne. Très concrètement ces changements se traduisent par une baisse du coût du crédit après introduction. Une étude récente réalisée en Italie suggère que cette baisse se situe en moyenne entre 0,4 % et 0,7 %. Une partie de cette baisse est directement attribuable à l'assainissement de la structure financière due à l'apport d'argent frais, mais, pour une portion non négligeable (de 0,3 % à 0,55 %), elle est liée au simple « effet d'introduction en bourse ». La cotation rassure le banquier, qui devient moins exigeant, mais l'introduction permet surtout d'acquérir une meilleure position de négociation, en faisant jouer la concurrence entre les banques. La bourse qui pourrait être définie comme le lieu où se rencontrent les excédents de trésorerie et les besoins de financements permet aux entreprises l’accès à ces surplus de liquidités. Ainsi, les possibilités de financement des entreprises sont démultipliées. Au-delà des possibilités de financement bancaires dits classiques, l’entreprise pourra le marché financer ses différents besoins à travers des opérations spécifiques. Elle pourra se financer par le biais d’augmentations de capital en touchant un nombre plus important d’actionnaires et donc lèvera des sommes plus importantes. Le marché obligataire est également une solution qui s’offre à des entreprises qui recherchent un financement. Les divers produits financiers à la disposition des entreprises sont également autant de sources nouvelles de financement. Nous ne rentrerons pas dans l’énumération des financements et leur description pour ne pas nous écarter de notre ligne directrice qui est le questionnement sur les bienfaits de l’introduction. Après avoir souligné les apports successifs à une introduction en bourse, nous étudierons les contraintes qui lui sont inhérentes. * * * L’introduction en bourse semble à priori source de tous les bienfaits. Toutefois elle implique des coûts ainsi que des dangers pour les entreprises. L'introduction en Bourse engendre un ensemble de coûts pour l'entreprise, certains immédiats, d'autres récurrents. 3/5 12/01/05 Au moment de l'introduction, les intermédiaires financiers assurant le placement des actions parmi les investisseurs et perçoivent une commission. Son montant varie suivant le type d'entreprise, la taille de l'opération et la procédure. En moyenne, sur le nouveau marché, les commissions perçues par les intermédiaires depuis 1996 se situent dans une fourchette de 5 à 7 % des fonds levés, suivant la taille de l'opération (aux Etats-Unis, elle est typiquement de 7 %). La commission rémunère plusieurs services fournis par les intermédiaires : le montage, la garantie et le placement. D'autres intermédiaires ou conseils interviennent aussi, dont, au minimum, un audit externe, un conseil en communication et un conseil juridique. Outre ces coûts directs et visibles, une entreprise cotée mobilise énormément l'attention des dirigeants de l'entreprise. Les obligations légales, les exigences de transparence, les publications trimestrielles sont autant de coûts à prendre en compte. Les financements possibles, offerts par l’introduction en bourse ne sont donc pas gratuits, loin de la. Une fois l’entreprise introduite, elle est exposée, si son capital n’est pas cadenassé à une prise de contrôle hostile. La libération du capital induit des risques que l’on pourrait qualifier de classiques. Au-delà, en terme de financement, les risques sont tout autres. La capitalisation boursière représentant l’argument principal lors de négociations avec les banquiers notamment, les risques de voir son titre travaillé existent. Ainsi, de nombreux titres, sont victimes de la spéculation, et donc confrontées à des difficultés pour se financer. Prenons l’exemple de la société Alstom. Celle-ci s’est financée, durant les dernières années par emprunts bancaires et par augmentations de capital successives. Le schéma pour l’entreprise est le suivant : la chute du cours depuis les 9 euros baisse considérablement la capitalisation boursière et donc par la même occasion ses garanties pour emprunter. Dès lors elle s’appuie sur des augmentations de capital à 9€, à 5€, 3€ et enfin 0,40€ pour pouvoir financer son activité (son carnet de commande s’étant fortement étoffé). Son endettement augmentant considérablement, et impactant très fortement ses ratios. On pourrait penser que le schéma pour la spéculation et pour les établissements financiers est le suivant : La faiblesse de l’entreprise est constatée, on organise donc les augmentations de capital sur lesquelles des commissions non négligeables sont perçues. La baisse du titre déclenche la baisse de la dette et provoque des pertes chez les apporteurs de capitaux externes. Dès lors la seule couverture possible est de vendre le titre à découvert afin de se couvrir des pertes subies sur les dettes détenues. Au final ces établissements toucheront des commissions sur les opérations de 4/5 12/01/05 refinancement de l’entreprise, des intérêts sur les lignes de crédit accordées ainsi que des plus value sur les ventes à découvert. Au final on retrouve des établissements qui participent au sauvetage de l’entreprise et qui dans le même temps via les attaques sur le titre participe à sa déstabilisation. Par ailleurs, la plus grande transparence d'une entreprise cotée a pour corollaire une perte de confidentialité, tant vis-à-vis de ses concurrents que de ses clients et fournisseurs. Il est probable que ce coût indirect d'une cotation dissuade certaines entreprises. Enfin entrer sur le marché implique d’une manière ou d’une autre de devoir uploads/Finance/ introduction-en-bourse.pdf

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  • Publié le Jui 05, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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