International Journal of Innovation and Scientific Research Volume 25, Issue 2,
International Journal of Innovation and Scientific Research Volume 25, Issue 2, July 2016, Pages 457–465 1 L’invasion FinTech : zone de turbulence en vue ! [ FinTech Invasion : Significant Turbulence in Perspective ] Richard-Marc Lacasse1, Berthe Lambert1 and José Omar Cárdenas Luza2 1MBA Program, UQAR Lévis, Québec, Canada 2Ingénieur, MBA, LM Québec City, Canada RESUME: L’avènement de l’Internet des objets (IdO) a causé dans le monde des finances un véritable tsunami économique. Cet article traite de la rupture technologique qui survient suivant l’implantation et la multiplication des plateformes numériques au sein des communautés financières. Le premier défi consiste à concevoir des modèles théoriques liés au secteur de la FinTech, et ce, malgré la complexité de celui-ci. À cette fin, des données qualitatives fourniront les bases conceptuelles sur lesquelles seront fondés les modèles d’affaires liés aux secteurs financiers. Ces modèles seront originaux et intuitifs, mais basés sur des observations empiriques et des études de cas. Il met en lumière l’évolution rapide des nouveaux modèles d’affaires dans les services financiers, en parallèle avec le développement des nouvelles technologies dans le secteur. Une attention spéciale est également consacrée à un pays émergent en pleine effervescence : une nouvelle plateforme FinTech hisse présentement le Pérou, un pays latino-américain, au plus haut échelon des transactions de monnaie électronique du monde. Grâce à une application mobile simple, les gens qui ne possèdent pas de compte bancaire pourront en effet, pour la toute première fois, accéder au système financier. MOTS-CLEFS: FinTech, plateformes numériques, complexité, modèles d’affaires, pays émergents. 1 Introduction Notre premier défi consiste à concevoir des modèles théoriques liés au secteur de la FinTech, et ce, malgré la complexité de celui-ci. À cette fin, des données qualitatives fourniront les bases conceptuelles sur lesquelles seront fondés les modèles d’affaires liés aux secteurs financiers. Ces modèles seront originaux et intuitifs, mais basés sur des observations empiriques et des études de cas. Dans un deuxième temps, il s’agira de démystifier la nature et la portée de la rupture technologique causée par l’avènement des technologies numériques. Au final, cet article se veut un regard englobant sur la FinTech, tout en proposant un programme de recherche d’envergure dans le domaine. Selon le magazine The Economist, la population nord-américaine investit présentement des milliards de dollars dans la FinTech : « Investors have poured billions of dollars into “fintech” startups, creating hundreds of new firms determined to shake up lending, payments, broking and data, among other financial niches » [1]. Mais qu’est-ce que la FinTech exactement? Selon le dictionnaire Oxford, il s’agit de « programmes informatiques et d’autres technologies utilisés pour soutenir ou permettre les opérations bancaires et les services financiers ». Notre équipe de recherche propose la définition suivante : il s’agit d’un secteur des services financiers à la frontière entre les plateformes numériques et les intelligences artificielles, généralement en rupture avec les services financiers traditionnels [2]. Richard-Marc Lacasse, Berthe A. Lambert, José Omar Cárdenas Luza 2 2 L’avènement des plateformes intelligentes interactives Plusieurs années ont peut-être été nécessaires, mais l’ordinateur a fini par dépasser l’être humain sur le plan de la stratégie : Deep Blue a battu le grand maître Kasparov aux échecs en 1997, et l’algorithme AlphaGo a écrasé le champion européen du jeu Go en 2016. Au départ, les machines intelligentes étaient programmées dans le simple but de calculer et de remplir des tâches spécifiques ; aujourd’hui, elles peuvent aller jusqu’à faire usage du deep learning, un ensemble d’algorithmes permettant de modéliser des données avec un haut niveau d’abstraction. Comme le révèle un article de la BBC News, un algorithme informatique a été élu au conseil d’administration de Deep Knowledge Ventures, une compagnie de Hong Kong : il s’agit d’un robot qui a droit de vote au conseil et qui fournit un éventail de statistiques sur les sujets discutés par les autres membres. En janvier 2016, Microsoft, Google et Facebook ont tous les trois ouvert leurs outils de deep learning en « open source », soutenant que cette décision permettrait à l’intelligence artificielle de se développer beaucoup plus rapidement. Plusieurs institutions bancaires privées utilisent déjà l’intelligence artificielle Watson de la compagnie IBM pour prédire le marché boursier. Dans l’arène de la FinTech, l’intelligence artificielle (IA) commence déjà à avoir un impact majeur sur les investissements et sur les comportements des consultants. Dans certains cas, l’IA elle-même joue le rôle de consultant et interagit directement avec l’utilisateur, sans que le recours à une interface humaine soit nécessaire. Trois figures majeures – Stephen Hawking, Elon Musk et Bill Gates – ont joint leurs voix à des centaines d’autres pour avertir des dangers potentiels de l’intelligence artificielle, prévenant dans une lettre ouverte qu’elle pourrait se révéler « plus dangereuse encore que les armes nucléaires » [3]. L’avènement de l’Internet des objets (IdO) a provoqué un bouleversement profond dans l’économie : « Innovations in IoT, which has its roots at MIT, are driving remarkable new technologies and enhancing existing platforms in almost every major industry. » [4]. L’environnement qui survient ne constitue donc rien de moins qu’un « écosystème numérique » qui résulte de la symbiose de l’intelligence artificielle et des plateformes numériques, et qui réinvente de fond en comble les règles du jeu (voir figure 1). Figure 1 Ingrédients un nouvel écosystème numérique Au lendemain de ce tsunami numérique, les limitations géographiques deviennent de moins en moins significatives ; l’information est transmise en temps réel ; les habitudes des consommateurs se modifient. Il s’ensuit que les modèles d’affaires, dans tous les secteurs d’activité, doivent être repensés du tout au tout. À titre d’exemples, la télécopie a été complètement remplacée par le courriel ; l’industrie de la musique doit composer avec les règles d’ITunes ; Blockbuster a été supplanté par Netflix ; Kodak, par IPhoto ; les libraires doivent partout affronter le géant qu’est devenu Amazon ; etc. Internet des objets ( IdO ) Génération Wi-Fi Plateformes numériques Intelligence artificielle L’invasion FinTech: zone de turbulence en vue! 3 3 Le secteur financier et le spectre FinTech La crise financière de 2008 a complètement bouleversé les secteurs financiers ; l’émergence des outils numériques a terminé de précipiter l’avènement de la FinTech. Aussi, ce n’est pas par hasard que la MIT Sloan School of Management du Massachussetts offre désormais un cours spécifiquement consacré à l’innovation de rupture de la FinTech. L’innovation de rupture – de l’anglais « disruptive innovation », telle que définie par Clayton Christensen – est une innovation qui crée de la valeur et qui déstabilise un marché en perturbant ou en supplantant ses leaders établis. Des concepts qui se dégagent de la matrice de complexité [5] et de la matrice de l’incertitude [6] nous inspirent de nouvelles façons d’étudier un phénomène. Ainsi, l’élaboration d’un modèle exploratoire peut s’avérer révélatrice dans l’analyse des perturbations créatrices dans les services financiers. Figure 2 Spectre des solutions financières Le modèle de la figure 2 «Spectre des solutions financières» positionne les problèmes selon le degré de confiance des parties prenantes envers leurs solutions, ainsi que selon la certitude qu’une intervention donnée provoquera l’effet désiré. L’axe vertical représente des solutions qui s’éloignent de plus en plus de cette certitude ; l’axe horizontal, un mouvement des marchés classiques vers des marchés de plus en plus instables ou incertains. Si une grande confiance est présente à l’égard à la fois des solutions et des marchés, les problèmes demeurent simples : une « bonne » réponse existe, et les acteurs traditionnels peuvent rester dans leur zone de confort. Mais plus la confiance diminue, plus les problèmes deviennent complexes, brouillés, voire chaotiques. Il va sans dire que les services financiers traditionnels préfèrent opérer au sein des zones de confort ; les acteurs qui se situent du côté de la FinTech, quant à eux, sont stimulés, attirés et excités par la « zone de complexité » ou même la zone de turbulence. Contrairement aux services financiers traditionnels, une nouvelle génération d’entrepreneurs numériques se plaît à opérer dans les zones plus complexes et les zones de turbulence. Dans les conditions qui s’éloignent grandement de la certitude (absence de régulations), les outils et les techniques standards deviennent désuets ; les aspects les plus complexes d’une situation donnée deviennent très difficiles à prédire. De façon générale, les écosystèmes de la FinTech privilégient un mélange de situations « complexes » et « compliquées ». Par exemple, le moteur de recherche Baidu commence à appliquer l’intelligence artificielle à la souscription d’assurance et de prêt, afin de mieux évaluer les risques en cause : « In insurance and consumer loans, A.I. and machine learning can help you identify all the patterns to help you reduce risk. » [7]. Compliqué Zone de complexité, de ruptures & de créativité (Arène FinT ech ) Compliqué Incertitude Certitude Certitude Incertitude Solution technologique Marché Zone de confort Chaos,Désordre Anarchie, Confusion, Turbulence Absence de régulation Zone de complexité, de rupture & de créativité (Arène FinT ech) - Stau-quo, Services financiers traditonnels Zone de complexité, de rupture & de créativité (Arène FinT ech ) Richard-Marc Lacasse, Berthe A. Lambert, José Omar Cárdenas Luza 4 4 uploads/Finance/ invasion-fintech-site-web.pdf
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- Publié le Mai 02, 2021
- Catégorie Business / Finance
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