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La mise en scène de la vie quotidienne : Mini-mémoire Erving Goffman Présenté par Matthieu VERRY Année Universitaire 2020 - 2021 Sous la direction de Madame la professeure Gaëlle PÉRIOT-BLED La présentation de soi 1 Sommaire : Introduction 2 I – La conception de la scène chez Goffman 3 A – Un contexte interactionnel 3 B – La mise en scène 4 C – Les régions 6 II – La critique de la théâtralité 6 A – La représentation consciente, l’acteur cynique 6 B – La représentation inconsciente, l’acteur sincère 8 C – Le jugement sur le théâtre 9 Conclusion 10 Bibliographie 10 2 Introduction « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles » William Shakespeare par ces mots pourrait résumer le premier tome de La mise en scène de la vie quotidienne, intitulé « la présentation de soi » d’Erving Goffman (1922 – 1982)1. L’écrit de Goffman incarne non seulement le miroir reflétant notre vie quotidienne mais aussi et surtout inverse les positions, avec un lecteur qui devient l’objet d’étude. Nombre d’exemples, de situation choisis par Goffman s’inscrivent dans une banalité des plus déconcertante qu’offre la vie. Goffman est un sociologue américain d’origine canadienne, il a saisi l’ensemble de son existence a principalement pensé les interactions humaines. Sa grande thèse est le soutient que la normalité s’inscrit dans un théâtre c’est-à-dire que toute action sociale s’apparente à une représentation théâtrale. Le phénomène de la théâtralisation du monde n’est pas nouveau en soi, et il a été traité par de nombreux auteurs auparavant2. Ce qu’il en différence, c’est son approche microsociologique de la vie quotidienne, analysant des milieux sociaux très variés suivant la métaphore du théâtre3. Avec un champ lexical relatif à la dramaturgie, Goffman décrit une vie sociale apparentée au théâtre. Représentant de l’école de Chicago, Goffman a analysé pendant douze mois la vie sociale à Shetland, une ville située au nord de l’Écosse afin de mieux observer et rendre compte du phénomène de la théâtralité. Son empirisme montre que l’art de la scène est omniprésent à partir d’exemples prenants que chacun peut conceptualiser. Pour autant, si la vie quotidienne est un théâtre, Goffman pose-t-il une conception critique de la théâtralité ? Par cet axe, il est intéressant de questionner l’identification de la scène et du théâtre dans la vie quotidienne puis la vision critique qui est faite à cette mise en scène. 1 Voir William Shakespeare, As You Like It. 2 On peut également trouver la Bruyère, Molière ou encore La Fontaine qui jouent de ce fait social dans leurs œuvres respectives avec une forme de légèreté, d’irrationnel. 3 Par exemple, Goffman s’inspire de la classe ouvrière qui se joue du patron en s’agitant lors de sa présence, sous peine d’être condamné par la morale qui y verrait de l’irrespect. Goffman modélise également la classe bourgeoise lors de dîners ou de réceptions, qui ont l’obligation de véhiculer une image correspondant à leur représentation sociale auprès d’autrui, cela peut s’incarner par la beauté du décor avec la présence de fleurs ou de tables bien dressées. 3 I – La conception de la scène chez Goffman A – Un contexte interactionnel Un individu qui converse avec un autre, transmet une information qui doit in fine figurer dans un jeu de rôle afin que l’émetteur reconnaisse le récepteur. Goffman définit le rôle dès l’introduction en tant que « modèle d’action préétabli que l’on développe durant une représentation et que l’on peut présenter ou utiliser en d’autres occasions », le rôle est désormais vu comme une représentation, une performance4. Par cet axe, le personnage par des faits volontaires ou non c’est-à-dire maîtrisé ou non dans son jeu d’apparence, s’engage à transmettre son individualité à l’autre sous le concept d’acteur. En d’autres termes, l’échange doit incarner l’impression que ce qu’il prétend être, voulant maintenir « une impression compatible avec la définition globale de la situation»5. Goffman s’appuie sur l’étymologie des mots, il rappelle que le mot personne signifie étymologiquement masque, c’est ce qui est l’essence même qu’un individu est perpétuellement dans la représentation. Pour aller plus loin, Goffman donne certains indices qui laisse penser que l’acteur continue de jouer un rôle alors même qu’il est seul, c’est un public invisible espéré par l’individu qui le fait rentrer en scène. Goffman pense que chaque interaction est une représentation : « Par interaction, on entend à peu près l’influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions respectives lorsqu’ils sont en présence physique immédiate les uns des autres. […] Par représentation, on entend la totalité de l’activité d’une personne donnée, dans une occasion donnée, pour influencer d’une certaine façon un des autres participants »6. C’est un point de référence qui permet à chaque acteur de savoir son rôle à jouer et d’identifier les positions des autres acteurs dans leurs interactions. En conséquence, le réel doit s’incarner dans l’acteur ce qui passe par certaines exigences sociales, c’est-à-dire des relations sociales codifiées selon l’image que chacun veut renvoyer. Par cet axe, les acteurs passent un certain temps à essayer de s’accaparer et mobiliser nombre d'informations sur leurs partenaires d’interactions. En d’autres termes, les acteurs cherchent à définir le statut de chacun afin d’adapter une situation interactionnelle pour choisir le bon masque c’est-à-dire faire son entrer dans son rôle. Aussi, cela ne veut pas dire qu’un acteur est figé dans son personnage, il s’adapte en permanence à son récepteur pour être en cohérence avec l’image qu’il souhaite renvoyer. La notion de volonté est ici importante à 4 Voir Erving Goffman, la présentation de soi, p. 23. 5 Voir Erving Goffman, la présentation de soi, p. 55. 6 Voir Erving Goffman, la présentation de soi, p. 23. 4 souligner, l’acteur est libre de faire ou non, de plaire ou non par le respect des codes. L’entrée dans le jeu de rôle, dans le personnage passe par son incarnation qui est essentielle à l'acteur pour la réussite de son spectacle : la présentation est une phase clé. Un des axes de réussite de la théâtralisation est de poursuivre une ligne conductrice permettant de donner bonne figure afin de garder la face, a contrario l’acteur peut être démasqué cela implique une rupture dans sa représentation7. Autrement dit, c’est la sincérité qui permet de créer le rôle. Les erreurs de non correspondance quant à elles vont jouer sur la performance de la prestation, c’est-à-dire s’il y a une accumulation d’erreurs la représentation sera considérée par le public comme un échec. De manière générale, le jeu d’acteurs suit son cours même si le personnage sait qu’un incident involontaire peut venir contredire à tout moment l’impression de réalité produite. En d’autres termes, aucune garantie est donnée à l'acteur pour assure que son public interprétera ses actes, ses paroles ou ses gestes tel que le commande sa prestation. En conséquence, il peut arriver que par maladresse, par l’advenue du hasard une signification non voulue peut prendre le dessus et transmettre un message erroné que celui voulu. Goffman affirme alors que l’acteur intègre un relief dramatique pour que sa représentation ne passe pas inaperçue et soit comprise en donnant l'opportunité de diriger l'attention de la situation. Dans un autre axe, chaque acteur agit non uniformément dû à leur a priori, c’est-à-dire de par leurs expériences passées. C’est une véritable liberté que propose Goffman où l’individualité est capable d’interpréter à sa manière la situation et agir différemment. En fonction d’un certain nombre de paramètre comme l’âge, l’expérience sur un sujet ou encore l’expérience. Ce qui donne une perspective plus ou moins à chacun d’obtenir de belles interactions. Au début toute interaction est précaire, c’est le temps qui permet de construire des informations que produisent ou dégagent les individus et leur environnement. B – La mise en scène La façade est l'image projetée par un acteur lors de sa représentation, elle permet d'établir la scène proposée. Chaque individu adopte une façade, selon Goffman, qui dépend du contexte et du public devant lequel l’individu se produit. Au théâtre comme dans l’interaction, les accessoires, le décor, la manière de jouer, la distribution des acteurs dans l’espace, la nature et l’attitude du public doivent être cohérent avec le rôle ; l’enjeu est de faire adhérer au public son image et persuader que l’acteur est l'homme de la situation. La façade permet de dégager 7 L'acteur se conformant à ce système normalisé, fera abstraction de tous les comportements ou attitudes incompatibles à ces valeurs sociales. 5 rapidement les différences statutaires et d'y associer les comportements correspondants. Goffman écrit dans le chapitre sur les représentations : « Une façade sociale donnée tend à s'institutionnaliser en fonction des attentes stéréotypées et abstraites qu'elle détermine et à prendre une signification et une stabilité indépendante des tâches spécifiques qui se trouvent être accomplies sous son couvert. […] La façade devient une « représentation collective » et un fait objectif »8. Dans ce contexte, Goffman comprend deux types de façades qui alimentent la dramaturgie de la scène : il y uploads/Finance/ la-mise-en-scene-de-la-vie-quotidienne-e.pdf
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- Publié le Fev 22, 2021
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