CHAPITRE 4 : La politique monétaire théories et principes I. Introduction La th

CHAPITRE 4 : La politique monétaire théories et principes I. Introduction La théorie monétaire a toujours été un domaine de recherche très actif. Le dialogue entre théoriciens et praticiens de la politique monétaire a été l’un des plus fertile. Dans les années 1960-1970, la théorie keynésienne de la politique monétaire a été remise en cause par le courant monétariste. Initialement, sous la forme d’une critique des pratiques des banques centrales. Ensuite: • L’introduction des anticipations rationnelles • La cohérence temporelle et la crédibilité L’arrivée des modèles nouveaux-keynésiens « microfondés » comportant des rigidités nominales pour «contrer» les modèles monétaristes. Depuis 2007, la politique monétaire est révolutionnée : introduction des frictions dans les modèles. II. Principes La neutralité de la monnaie à long terme Il est aujourd’hui largement accepté que la monnaie est neutre à long terme. Cela signifie que la politique monétaire n’a pas, à long terme, d’effets sur les variables réelles. L’hypothèse d’une neutralité à long terme de la monnaie est à la base : • Des choix institutionnels comme l’indépendance de la banque centrale et la spécialisation (lorsque c’est le cas) dans la lutte contre l’inflation • Des objectifs de la politique monétaire parmi lesquels le ciblage d’inflation L’idée sous-jacente est que si la politique monétaire est sans effet à long terme sur le PIB réel, il est possible de la confier à une institution spécialisée et se centrant sur des objectifs nominaux étroitement définis. Mais cela ne va tout de même pas de soi… Cependant, la monnaie n’est pas neutre à court terme! L’existence d’une relation entre masse monétaire et niveau des prix est observée depuis longtemps. Exemple : en Espagne, au 16ème siècle, l’abondance de métaux précieux importé des Amériques aurait provoqué une forte inflation (prix multipliés par 5 en Espagne). L'équation de la TQM s'écrit : MV = PT Avec M la masse monétaire, V la vitesse de circulation de la monnaie, P le niveau général des prix, T le volume total des transactions. La partie gauche de l’équation (MV) représente la capacité totale d’achat de la monnaie. La partie de droite (PT) représente la valeur totale des biens achetés. V est la vitesse de circulation de la monnaie, i.e. le nombre de fois où la monnaie change de main au cours d’une période. L'équation MV = PT est une équation comptable. En différenciant on obtient : L'inflation dépend donc : • De l'évolution de la masse monétaire ΔM/M • De l'évolution de la vitesse de circulation de la monnaie ΔV/V • De l'évolution du volule des transactions, I.E. la croissance du PIB ΔY/Y Trois hypothèses sont posées par Fisher (1911) à partir de cette équation : • A court terme, la vitesse de circulation de la monnaie est constate • L'économie est en situation de plein-emploi. Dès lors, le volume des transaction est stable • L'offre de monnaie est exogène Dès lors, nous voyons que tout accroissement (restriction) de la masse monétaire provoque une augmentation (une diminution) du niveau général des prix. C'est la lecture causale qu'en font les monétaristes. Mais il faut que les hypothèses, notamment celle de constance de la vitesse de circulation, soient vérifiées. A la suite de la Bundesbank, la BCE avait initialement emprunté à la théorie quantitative de la monnaie la définition du premier pilier de sa stratégie monétaire. Le deuxième pilier regroupait les autres indicateurs, de coûts notamment, aidant à prévoir l'inflation future. Le premier pilier consistait en une cible de croissance de la masse monétaire M3 de 4.5% par an, avec un taux de croissance de 2.5% par an et une réduction de la vitesse de circulation de la monnaie de 0.5%. A travers ce pilier, la BCE visait une inflation d'environ 1.5%. En effet : La croissance de M3 était donc un objectif intermédiaire de la politique monétaire (rapidement observable et plus facilement contrôlable que l'objectif final de stabilité des prix). La BCE a décidé de faire passer le premier pilier au second plan en 2003. En effet, M3 croissait à un rythme supérieur à l'objectiffixé, sans que cela n'entraîne des tensions inflationnistes. Aujourd'hui, la progression des contrepartis de la masse monétaire (i.e. du crédit à l'économie) demeure un indicateur avancé des tensions inflationnistes ou déflationnistes mais le ciblage durect de l'inflation à travers M3 a été abandonné. Dans tous les cas, il faudra impérativement s'assurer que la masse monétaire s'accroisse à long terme selon le rythme de la croissance potentielle. Les rigidités nominales de court terme La principale explication de la déconnection à court terme entre la croissance de la masse monétaire et l’inflation est l’existence de rigidités nominales. On parle de rigidités nominales lorsque les prix et/ou les salaires nominaux s’ajustent imparfaitement à la hausse à la suite d’une augmentation de l’offre de monnaie. L’effet sur les prix induit un accroissement de la valeur réelle des encaisses monétaires détenues par les agents (la valeur de M/P augmente). Par conséquent, les agents modifient leurs choix de consommation (et d’offre de travail si celle-ci est flexible). Ceci modifie le niveau des variables réelles : demande, offre, niveau de chômage, taux d’intérêt, etc. Ces rigidités nominales sont un fait d’expérience. La théorie en propose trois types d’explications. L’information asymétrique, proposée par Lucas (1972) : • Idée de départ : un producteur observe mieux les variations de ses propres prix, que ceux des autres producteurs et donc de l’économie dans son ensemble • Par conséquent, il peut percevoir une hausse des prix de ses produits comme résultant d’une hausse de la demande, alors même qu’il ne s’agirait que d’inflation • Dès lors, le producteur répond en augmentant son offre • Ainsi, une stimulation monétaire (augmentation de l’offre de monnaie) peut se traduire à court terme par une stimulation de l’offre • On parle alors d’illusion monétaire. Cette dernière est micro-fondée, i.e. rationnelle du point de vue des agents • Ce n’est qu’à moyen terme que les prix s’ajustent à nouveau en fonction de l’offre et de la demande L’existence de contrats entre firmes et employés (explicites ou implicites) par Fischer (1977) et Taylor (1980) : • Ces contrats spécifient le niveau des salaires, la rémunération des heures supplémentaires, etc. • L’existence de ces contrats est justifiée par les coûts d’ajustement et de négociation qui résulteraient de l’ajustement permanent des conditions de rémunération aux conditions de production • L’implication macroéconomique est claire : les salaires ne réagissent pas immédiatement aux chocs de demande ou d’offre • Au mieux, l’ajustement se produit lors de la négociation salariale suivante, et on peut imaginer qu’il ne soit pas total L’existence des coûts de menu, caractéristiques des modèles développés par la « nouvelle économie keynésienne» (Akerlof et Yellen, 1985 ou Mankiw, 1985) : • Point de départ : constat que les entreprises ajustent en général leur prix une ou deux foispar an alors que les conditions économiques auxquelles elles sont confrontées (prix des matières premières, taux de change, etc.) changent plus vite • Ce comportement est microéconomiquement optimal en raison de coûts de menu (l’exemple des restaurants) • Considérons une entreprise face à une baisse de la demande : • Au niveau microéconomique, il est certainement optimal pour celle-ci de ne pas réagir de suite en ajustant ses prix • Chaque entreprise raisonne de la même façon et néglige le fait qu’une baisse des prix soutiendrait la demande • En raison de ce défaut de coordination, l’ajustement des prix est moindre que ce qu’il faudrait L’existence de rigidités nominales à court terme n’est pas incompatible avec un fonctionnement classique de l’économie à long terme. Ainsi, une relance monétaire aura initialement un impact sur l’activité, mais cet effet sera progressivement annulé par l’ajustement des prix. Plus la masse monétaire croît vite, plus les agents réagissent rapidement, éliminant les rigidités nominales. A la limite, dans une situation d’hyperinflation, l’ajustement des prix est quasiment instantané. Devinette : pourquoi le taxi est-il moins cher que le bus en Amérique latine dans les années 1980? Le pilotage du taux d'intérêt L’une des principales responsabilités des banques centrales est de décider du niveau des taux d’intérêt (directeurs) à court terme. Comment prennent-elles leurs décisions? Dans les années 1960, elles le font en grande partie de façon ad hoc et discrétionnaire. Dans les années 1970- 1980, la révolution monétariste préconise de fixer les taux d’intérêt directeurs compatibles avec la trajectoire souhaitée pour les agrégats monétaires. Cependant, le lien entre croissance de la masse monétaire (surtout M3) et taux d’inflation s’est avéré lâche, du moins à court terme. En outre la libéralisation et les innovations financières ont rendu difficile le contrôle des agrégats monétaires. Les banques centrales ont donc recherché des modèles alternatifs de conduite de la politique monétaire (les agrégats monétaires ont un rôle secondaire). Les règles monétaires actives s’opposent aux premières règles mises en place, i.e. à la fois aux règles passives et aux politiques discrétionnaires: • Les règles passives (initiées par Friedman) visent une croissance stable et modérée de la monnaie (règle de taux constants). Cependant, ces règles passives souffrent d’un manque de flexibilité • Les politiques discrétionnaires uploads/Finance/ la-politique-monetaire-odt.pdf

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  • Publié le Oct 06, 2022
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