B A N Q U E D E S E T A T S D E L ’ A F R I Q U E C E N T R A L E D I R E C T I

B A N Q U E D E S E T A T S D E L ’ A F R I Q U E C E N T R A L E D I R E C T I O N G E N E R A L E D E S E T U D E S F I N A N C E S E T R E L A T I O N S I N T E R N A T I O N A L E S Etude thématique 2019 MICROFINANCE ET SURLIQUIDITÉ BANCAIRE DANS LA CEMAC B A N Q U E D E S E T A T S D E L ’ A F R I Q U E C E N T R A L E 7 3 6 , A v e n u e M o n s e i g n e u r V o g t B P : 1 9 1 7 Y a o u n d é C a m e r o u n T e l : ( 2 3 7 ) 2 2 2 2 3 4 0 3 0 F a x : ( 2 3 7 ) 2 2 2 2 3 3 3 2 9 D i r e c t i o n d e s E t u d e s , d e l a R e c h e r c h e e t d e s S t a t i s t i q u e s 0 3 j a n v i e r 2 0 2 2 Les opinions émises dans cet article sont propres à leur (s) auteur (s) et ne représentent pas nécessairement la position de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale. ------------------------------------------------------------------------- The opinions expressed in this paper are those of the author (s) and don’t necessarily represent the views of the Central Bank of Central Africa States. IMPACT MACROECONOMIQUE DES ETABLISSEMENTS DE MICROFINANCE EN AFRIQUE CENTRALE BIKAI Jacques Landry bikai@beac.int KEUNGNE KOUOTANG Leo spencer keungne@beac.int NGOMBA BODI Francis Ghislain ngomba@beac.int Impact Macroéconomique des Etablissements de Microfinance en Afrique Centrale 1 Etude thématique 2019 Impact Macroéconomique des Etablissements de Microfinance en Afrique Centrale 2 Etude thématique 2019 Résumé L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact macroéconomique induit par les activités des Microfinances. En effet, celles-ci exhibent depuis maintenant une décennie une explosion de leurs activités, notamment les crédits octroyés aux agents économiques. Ce développement des microfinances, en touchant une large partie de la population défavorisée avec des services financiers de base, pourrait influencer positivement la création de richesse. Nous évaluons empiriquement ce postulat dans le cadre d’un modèle vectoriel autorégressif structurel. Les diverses simulations effectuées, confortées par des tests de robustesse, montrent une faiblesse marquée de la contribution de l’activité des EMF à l’accroissement de la valeur ajoutée dans la CEMAC. Cette faiblesse peut s’expliquer par la destination des crédits octroyés par les EMF, principalement à des fins de consommation. Elle peut aussi s’expliquer par le coût élevé du crédit qui potentiellement pourrait annuler les gains initiaux de bien-être. Impact Macroéconomique des Etablissements de Microfinance en Afrique Centrale 3 Etude thématique 2019 Introduction L’activité bancaire traditionnelle a pour but de convoyer la liquidité des agents en excédent vers les agents en déficit. Pour ce faire, les banques mettent en œuvre des moyens et des méthodes permettant d’acquérir des informations pertinentes sur les comportements des emprunteurs, qui pourraient impacter leur capacité de remboursement futur. En ce sens, une des justifications théoriques de l’activité bancaire se trouve être la capacité des banques à réduire les asymétries d’informations dans les contrats de crédit (Diamond et Dybvig, 1981). Cependant, il existe des agents économiques pour lesquels la réduction des asymétries d’information s’avère ardue du point de vue de la banque traditionnelle, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’activité économique de ces agents s’exerce en dehors des canaux dits « formels ». Dans les pays en voie de développement, notamment en zone CEMAC, le tissu économique est constitué d’un nombre important d’entités informelles. Ces dernières ne tiennent généralement pas de comptabilité adéquate et à jour. Parce que ces activités sont informelles : (i) le banquier traditionnel n’arrive pas à saisir le cycle de production et de commercialisation ; (ii) l’accès au crédit des agents économiques dans l’informel est restreint car ceux-ci ne disposent pas de collatéraux consistants (étant entendu que les facteurs de production ont deux fonctions à savoir, d’une part produire des biens et services, et d’autre part constituer des collatéraux aux contrats de crédit. Ensuite, les revenus de ces agents sont assez faibles. Ils ne sont donc pas en mesure de supporter les coûts bancaires minimums. Ainsi, les banques préfèrent se concentrer sur les segments de clientèle à revenus moyens et élevés. A cet élément d’explication pourrait se greffer la forte préférence que les agents ont pour les billets et pièces, par rapport à la monnaie scripturale. De ce fait, une bonne partie des transactions financières entre agents s’effectue en dehors des circuits bancaires. Ce flux d’information non capté par les banques participe à accroître les asymétries d’informations, et partant, réduire la probabilité de conclusion des contrats de crédit. Enfin, dans la CEMAC subsiste un environnement généralisé de fortes asymétries d’information. Les droits de propriété ne sont pas clairement identifiés à cause du déficit d’intégrité des registres de propriété. L’exemple le plus patent est relatif aux droits fonciers, pour lequel plusieurs affaires de multiples ventes ou de propriété nébuleuse sont pendantes devant les tribunaux. Cette circonscription imprécise des droits de propriété entraîne des délais allongés dans la conclusion des contrats, et bien plus, des coûts de transaction élevés. La lenteur des procédures judiciaires, et le manque de confiance en la justice viennent encore exacerber cet environnement délétère des affaires. Dans ce type de configuration, la banque est incitée à se cantonner à ses activités traditionnelles en se focalisant sur des signatures fiables. Face à cette prudence du système bancaire traditionnelle, et tenant compte des facteurs lointains tels que le manque de confiance aux banques suite aux faillites bancaires des années 1990, ont émergé des établissements de microfinance dans l’ensemble des pays de la CEMAC [Avom et Eyeffa (2007)]. Ces établissements viennent en appui aux entités exclues du système bancaire traditionnel. Impact Macroéconomique des Etablissements de Microfinance en Afrique Centrale 4 Etude thématique 2019 Le Règlement N°01/17/CEMAC, en son article 1er définit l’activité de microfinance comme étant « une activité exercée par des entités agréées n’ayant pas le statut de banque ou d’établissement financier tel que défini à l’annexe portant harmonisation de la réglementation bancaire dans les Etats de l’Afrique Centrale et qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de crédit et ou de collecte de l’épargne et offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l’essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel ». Cette définition tient compte du fait que les EMF offrent des services financiers de base aux agents économiques délaissés par les banques traditionnelles. Pour ce faire, elles utilisent des méthodes de gestion du risque différentes de celles des banques traditionnelles. La méthode la plus emblématique est basée sur la réputation sociale. Ainsi, le contrat de crédit ne met pas seulement en présence l’emprunteur et le bailleur de fonds ; y sont également associés les autres membres de la communauté. De ce fait, l’emprunteur est incité à rembourser son crédit au risque d’être symboliquement exclu de sa communauté. Son expression la plus connue se retrouve dans les tontines, mais aussi dans les réseaux MC2 (Mutuelle Communautaire de croissance). Cette notion de réputation sociale implique une certaine proximité que n’autorise pas l’activité bancaire traditionnelle où les relations avec les emprunteurs sont essentiellement formelles. La proximité entre les parties au contrat de crédit permet au bailleur de fonds de suivre de près l’activité économique de l’emprunteur, et ainsi de lui proposer des outils de financement adaptés à son environnement et à son activité. Cette proximité devrait ainsi participer à la réduction des taux de non remboursement des crédits. Dans la CEMAC, l’activité de microfinance est en plein essor : le total actif des EMF a doublé entre 2010 et 2016, passant de 600 milliards de FCFA à plus de 1 230 milliards FCFA. Cette évolution exponentielle est confirmée par le niveau élevé des dépôts des EMF auprès du système bancaire1. Les crédits distribués par les EMF ont suivi la même dynamique, passant de 200 milliards à plus de 500 milliards sur la même période. Au 31 décembre 2018 la CEMAC dénombrait 619 EMF2 avec un volume de crédit approchant les 600 milliards de FCFA, soit environ 10 % seulement des crédits octroyés par des banques commerciales. Une si faible proportion laisse penser à des effets marginaux de l’activité de microfinance sur l’activité. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que les travaux sur les canaux de transmission de la politique monétaire sur l’activité des pays de la CEMAC tendent généralement à montrer uploads/Finance/ microfinance-et-surliquidite-bancaire-dans-la-cemac-etude-thematique-2019.pdf

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  • Publié le Apv 24, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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